Notes de travail Août 2006 – Cigognes

 

 

Principaux thèmes abordés :

Fleur de la vision chrétienne de la sexualité : 1

L’arbre anthropologique : « arbre à Cigognes » 2

Le péché : début de réflexion 3

De nouvelles sphères modales de la connaissance 3

Les enjeux du choix du mode de la planification familiale. Introduction 4

Lien entre célibat consacré et vie des époux mariés suivant la planification naturelle des naissances 6

Les choix éthiques qui sous-tendent l’action « humanitaires » dans le monde actuel 9

Vérité et Miséricorde. Introduction 10

La doctrine sociale de l’église : principes généraux 10

La pornographie. Etat des lieux 12

Choix pédagogique : information, enseignement, formation. Introduction 13

Le prochain colloque : introduction 13

Ce que recouvre le terme écologie dans le langage commun 13

Vision de l’homme et de la femme. Lecture de la bible 14

La relation homme-femme et le pouvoir de procréer : St Paul revisité 15

Recueil de réflexions concernant l’impact du choix de régulation des naissances 16

Approche théologique de la régulation naturelle des naissances 18

La relation sexuelle, source d’alliance et de filiation 19

ANNEXES : 20

La Doctrine Sociale de l'Église. (analyse rédigée par Philippe Verkimpe) 20

La relation homme/femme et le pouvoir de procréer : Saint Paul revisité 38

Le signe de la Femme   Anne-Marie Pelletier 42

Extraits de Raison de Croire – Cerf pages 224-226 rédigé par Yves Gavault 45

A propos du livre « l’Eglise et la contraception : l’urgence d’un changement » de C.Grémion et H.Touzard 47

La civilisation de la contraception – La limitation des naissances (Spes). Le Chapitre VII, sur la Civilisation de la Contraception, (ré-écrit en 1960)  Du père de Lestapis 51

La relation sexuelle, source d’alliance et de filiation. Proposé par René Ecochard 56

 

________________________

 

Matin : une expérience pédagogique des Cigognes.

1) Adaptation de la fleur pour la présentation d’une vision pleine de la sexualité conjugale et

2) Mise au point de l’arbre anthropologique pour présenter la place respective des fondements des conditions et des bénéfices du mode de vie que nous vivons et proposons.

 

Présentation par Isabelle Ecochard de la pédagogie utilisée à l’Ile Maurice :

Fleur de la vision chrétienne de la sexualité :

Présentation de la fleur avec ses 5 pétales : corps, tendresse, communication, enfant, être respecté comme une personne ;

le cœur de la fleur, tenant ces 5 pétales, est

union

procréation

 

La séparation (rupture du lien) entre union et procréation a pour conséquence :

·          une hypertrophie du corps, et

·          une hypotrophie de la place,

*        de la tendresse,

*       de la communication,

*      de l’enfant,

*      du respect de l’autre, personne.

 

 

 

 

 

L’arbre anthropologique : « arbre à Cigognes »

Positionnement :

·          des fondements, humains et certains plus spécifiquement spirituels, (racines)

·          des conditions, (tronc de l’arbre)

·          et des bénéfices, pour la sexualité, pour le couple, et pour l’homme qui croît en un monde créé.(branches et fruits)

 

RACINES :

L’attrait pour le vrai, le beau et le bien

Fondements humains

L’autre tel qu’il est

Fondements humains

L’autre est une personne

Fondements humains

Créés ainsi

Fondement spirituel

Projet de Dieu sur notre fertilité

Fondement spirituel

 

 

TRONC :                                          

Rigueur dans la méthode

Condition

Méthode connue

Condition

Dialogue nécessaire

Condition

BRANCHES :

Reconnaissants

Bénéfice pour l’homme qui croit en un monde créé

L’enfant est une richesse

Bénéfice pour l’homme qui croit en un monde créé

Gérer à deux

Bénéfice pour le couple

Choisir le moment

Bénéfice pour la sexualité

Désir retrouvé

Bénéfice pour la sexualité

Dialogue augmenté

Bénéfice pour le couple

Autres expression de l’amour

Bénéfice pour le couple

Il connaît ma fertilité

Bénéfice pour le couple

Sous le regard de Dieu

Bénéfice pour l’homme qui croit en un monde créé

Louange

Bénéfice pour l’homme qui croit en un monde créé

Humbles serviteurs de la Vie

Bénéfice pour l’homme qui croit en un monde créé

 

Quelques remarques :

- Cette pédagogie est une très bonne base de départ

- ajouter : Obéissance, comme racine (choix d’obéir à ce que je reçois de Dieu), comme bénéfice pour l’homme qui croit en un monde créé, joie de se sentir en cohérence avec l’attente du Créateur

- prolonger la réflexion : cet arbre est une bonne base de départ ; nous allons poursuivre afin d’introduire divers éléments de la vie : en particulier

 

Le péché : début de réflexion

- l’homme est parfois orienté sur le mal plutôt que sur le bien, « opacité » du corps, désunion du corps et du cœur : notre vie de couple est difficile à vivre car nous sommes en « état de péché » ; il y a un « orage » qui est venu blesser la « fleur » des dimensions d’une sexualité pleinement humaine (fleur présentée ci-dessus) et l’arbre anthropologique ;

- l’intelligence obscurcie n’est plus en mesure de voir le bien, le vrai et le beau ;

- le corps est à la fois « hypertrophié » et hypotrophié dans notre monde : il est chosifié, maltraité ;

- nous ne sommes pas pleinement « libres » ;

- nous n’aimons pas notre corps : les jeunes et leur corps, le corps vieillissant ;

- …. à poursuivre !

 

La rédemption 

Le Seigneur qui nous sauve : nous retrouvons un regard clair et pur sur l’autre, la louange nous lave les yeux, transforme notre regard ; notre contact avec Dieu nous permet enfin de voir la beauté de la sexualité ; mais aussi, la découverte de la beauté de la création nous invite à découvrir la beauté et la grandeur du Créateur ; l’homme a « besoin » de Dieu fait homme pour « devenir » pleinement homme.

 

De nouvelles sphères modales de la connaissance

Autrefois tout était interprété religieusement ; c’est encore le cas dans plusieurs continents, en particulier en Afrique.

L’introduction de la science a « changé la donne » dans notre continent. Cependant il n’y a pas encore un statut bien clair et défini pour les sciences humaines : sont-t-elles sciences, avec le même statut que les sciences mathématiques ou physiques ?

Dans le contexte africain où la sphère modale de connaissance est unique, religieuse, la compréhension est avant tout symbolique ; dans notre contexte, « scientifique » la compréhension est plutôt fonctionnelle.

Il serait bon de voir si en occident il y a eu ou non introduction (inconsciemment) de nouveaux symbolismes. En effet les notions éthiques ne peuvent pas reposer sur la seule approche fonctionnelle. Quels sont les symboliques qui sous-tendent les choix éthiques dans notre société ?

Venant supporter ce type de réflexion sur notre temps, l’accueil du livre de Luc Ferry (Apprendre à vivre), exprimant que dans notre monde où la technique l’emporte, la clef qui manque est l’amour ! . « La transcendance doit rentrer dans l’immanence ! ».

 

 

Après-Midi : les enjeux

Les enjeux du choix du mode de la planification familiale. Introduction

Présentation par Philippe Verkimpe des apports du colloque de Février en matière d’enjeux ; début de discussion sur l’apport de la doctrine sociale de l’Eglise, dont l’étude sera poursuivie mercredi matin.

« Voici quelques extraits des réponses développées par les participants :

Les méthodes naturelles,

·          sont source d’épanouissement et de bonheur,

·          décentre la femme (et l’homme) de lui-même,

·          sont bonnes pour se construire affectivement,

·          bonnes pour l’affermissement de son identité,

·          la différence homme/femme,

·          éclairent mieux la complémentarité homme/femme,

·          montre sous un éclairage toujours neuf la vision du couple comme image de Dieu,

·          renforce l’institution du mariage et de son sacrement,

·          sont un antidote à la déstabilisation des familles,

·          excellent moyen au plan social et culturel par le fait de diffuser une culture qui va contre la société dépressive et la culture de mort,

·          sont au plan ecclésiales attendues même si le discours et la pratique sont contestés au niveau local.

·          freinent cette culture de mort,

·          mettent de la joie dans ce monde de tristesse,

·          donnent la foi en la vie,

·          donnent de l’espérance en un avenir possible.

Il est intéressant de noter comme unanimement les participants faisaient un lien entre les méthodes naturelles et la dignité de la personne humaine, l’identité de la femme, du couple et de la famille, le mariage et la « santé » du corps social.

 

Car les méthodes naturelles respectent la femme dans sa dignité, en ne l’exposant pas comme un objet de plaisir. Elles permettent de la respecter en tant que femme dans son identité.

Elles respectent l’homme dans son identité en le mettant face à ses responsabilités d’époux et de père.

Elles respectent la dignité et l’égalité des époux en tant que personnes.

Elles permettent la reconnaissance de la complémentarité entre homme et femme.

Elles sous-entendent la coopération des époux.

De part le dialogue nécessaire, dans le choix de donner la vie et de se positionner  de manière responsable, elles impliquent le couple comme famille.

Elles nécessitent une véritable éducation dès l’enfance sur le respect d’autrui, le respect du corps et les réalités de la sexualité. Sur l’égalité des droits et des devoirs entre l’homme et la femme car fondement de la responsabilité mutuelle.

C’est donc un point d’ancrage fort pour le corps social que ces familles là. »

 

A qui voulons nous annoncer la vision de l’homme et de la sexualité conjugale ?

- aux croyants en un monde créé

- à tout homme de bonne volonté

- à toute homme qui prend comme acquis l’existence d’une nature humaine, à découvrir et à mieux comprendre par la réflexion ; (au contraire d’une conviction selon laquelle la nature humaine n’existe pas a priori et serait à redéfinir par chaque personne ou groupe de pensée).

 

Définition des « enjeux » :

Le groupe recherche une définition des enjeux :

1 –L’homme :

Trois enjeux :

·          Qui est l’homme ? « l’homme intégral »

·          Quelle est la destinée de l’homme ? « L’homme en devenir »

·          Comment parler de l’homme au-delà de la sphère des personnes qui partagent notre vision ? « trouver des mots pour dire qui est l’homme et quelle est sa destinée »

 

2 – Choix d’une conception de la vie :

·          de la même manière qu’un bon aiguillage de chemin de fer permet à de lourds chargement de prendre la bonne direction, le « bon choix » d’une vision anthropologique adéquate permettra une vie en plénitude ; (note : le terme d’aiguillage utilisé ici sert simplement à indiquer un point où un choix est effectué ; à tout moment un choix correctif peut être fait, un peu comme il est possible de couper à travers les bosquets sur un chemin forestier….)

·          une vision juste, permet un choix (volontaire) adéquat aux conséquences directes et indirectes importantes ;

 

3 – Qu’est-ce est en jeu, qu’est-ce qui se joue ?

·          à quoi est-ce qu’on touche en faisant un choix plutôt que l’autre en matière de vie sexuelle ?

·          un choix inadéquat dans le domaine de la régulation des naissances peut en entraîner d’autres (comme les choix techniques font système- voir présentation de Charles Daniel à Cigognes 1) en face de l’hypofertilité, du handicap etc..

 

4 – Enjeux en termes de « conséquences » :

Deux listes de conséquences :

-          celle qui est issue de l’article du père de Lestapis

-          une liste complémentaire en matière de conséquences pour notre relation à Dieu

Extraits de Amour et Famille N° 178 pages 7-18

MUTATIONS IMPLIQUÉES PAR UNE CIVILISATION DE LA CONTRACEPTION

- La disparition progressive du groupe des familles volontairement nombreuses, la famille nombreuse tendant à apparaître comme une monstruosité.

- Un vieillissement spirituel et une sclérose prématurée des populations et des familles devenues volontiers moins créatrices.

- Un certain avilissement de l'idée et de l'idéal du bonheur familial, en fonction d'un soi-disant « droit au bonheur » et de ce qu'on pense en être les « techniques ».

- Une baisse de la moralité dans la jeunesse. Licences plus nombreuses des célibataires. Décrochage de la sexualité féminine d'avec le mariage.

- Une altération grave du lien amoureux, due à l'inversion imposée à la fonction sexuelle, et à la fixation de celle-ci à un stade très « adolescent ». Enlisement de la société dans ce stade « transitoire ».

- Une stérilisation volontaire de l'instinct maternel en raison de la répression imposée au voeu de l'enfant, inné dans la femme. Généralisation d'une sourde hostilité contre la vie et ses premières manifestations : grossesses, maternités, voire parfois poupons et bébés.

- Une conception nouvelle du sexe, essentiellement défini désormais comme « une capacité de jeu érotique au service du couple », la référence à la procréation n'étant plus qu'accidentelle.

- Un confusionnisme croissant des deux sexes et une moindre résistance aux « inversions sexuelles » : dévirilisation de l'homme, et déféminisation de la femme.

- Une indulgence croissante envers l'homosexualité, comme jeu érotique à la rigueur expressif d'intimité personnelle entre amis.

Enfin par les espoirs qu'elle fait naître, mais qu'elle ne parvient pas à combler, la contraception, à travers bien des frustrations et bien des insatisfactions profondes, porte aussi sa responsabilité :

·          Dans la crise des divorces et l'instabilité conjugale moderne.

·          Dans la baisse de la santé mentale, et dans l'anaphrodisie féminine, indiquée dans le Rapport Kinsey.

·          Dans l'abdication des parents, face à leurs tâches éducatrices.

·          Dans l'ennui dont suinte une civilisation tout entière tournée vers la culture du confort et des satisfactions sexuelles.

On peut nous accuser d'avoir poussé le tableau au noir. On ne pourra pas nous reprocher de n'avoir pas été franc. Reste maintenant à justifier ces prévisions, dont nous avons commencé par dire qu'elles n'étaient que trop malaisées à fonder statistiquement.

 

Première liste d’enjeux concernant notre relation à Dieu

-          acceptation ou refus de notre dépendance à Dieu (opposé à un sentiment de toute puissance)

-          découverte progressive de la volonté de Dieu pour le couple

-          lecture par le couple de ce que Dieu a prévu pour lui : le cycle de l’épouse est comme une écriture spécifique par Dieu, que le couple va déchiffrer et accueillir

-          garder à l’esprit que notre sexualité est le cadre de la « mise au monde d’un être à l’image de Dieu »

-          l’enfant est cadeau reçu de Dieu, il nous est aussi confié de l’accueillir, au nom de Dieu dans le monde

-          baisse des vocations à la vie religieuse

-          garder à la vie sa pleine signification : à la fois don et joie d’une part mais aussi croix et douleur (ce que l’église Catholique décrit comme une vision eucharistique de la vie conjugale) ; évite de présenter une vision idyllique et fausse de la vie humaine, en maintenant les notions d’échec de péché mais aussi de progression et pardon, dans une vie qui ne se limite pas au temps présent ni à sa dimension intime.

 

Lien entre célibat consacré et vie des époux mariés suivant la planification naturelle des naissances

Matin du mardi 22 août : Françoise Pinguet nous introduit le lien entre de célibat consacré et le mariage en ce qui est de la vie sexuelle

 

Pour écrire une synthèse de la présentation et des débats nous utilisons ici 2 paragraphes, l’un listant des concepts évoqués, l’autre des points pour lesquels des correspondances apparaissent aisément entre la continence du célibataire consacré et celle du couple vivant la continence périodique.

 

Quelques concepts abordés

 

A – Texte de Mathieu

[Matthieu 19]

[1] Or, quand Jésus eut achevé ces instructions, il partit de la Galilée et vint dans le territoire de la Judée au-delà du Jourdain.

[2] De grandes foules le suivirent, et là il les guérit.

[3] Des Pharisiens s'avancèrent vers lui et lui dirent pour lui tendre un piège : " Est-il permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif ? "

[4] Il répondit : " N'avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, les fit mâle et femelle

[5] et qu'il a dit : C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair.

[6] Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni ! "

[7] Ils lui disent : " Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit de délivrer un certificat de répudiation quand on répudie ? "

[8] Il leur dit : " C'est à cause de la dureté de votre coeur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais au commencement il n'en était pas ainsi.

[9] Je vous le dis : Si quelqu'un répudie sa femme-sauf en cas d'union illégale-et en épouse une autre, il est adultère. "

[10] Les disciples lui dirent : " Si telle est la condition de l'homme envers sa femme, il n'y a pas intérêt à se marier. "

[11] Il leur répondit : " Tous ne comprennent pas ce langage, mais seulement ceux à qui c'est donné.

[12] En effet, il y a des eunuques qui sont nés ainsi du sein maternel ; il y a des eunuques qui ont été rendus tels par les hommes ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à cause du Royaume des cieux. Comprenne qui peut comprendre ! "

 

3 parties dans ce texte :

- l’insolubilité du mariage

- choix de se faire eunuque

- pour le royaume (l’existence du « royaume » de Dieu, entrevu dès maintenant ; le témoignage en est donné 1) par le célibat, 2) par le mariage, alliance indissoluble marqué par le sacrement de mariage)

 

B – Dimension de sacrement

Le sacrement de mariage signifie et réalise :

-          signifie l’alliance de Dieu avec son peuple

-          signifie ce qu’est la fidélité

Dieu dans l’ancien et dans le nouveau testament utilise l’image du couple pour représenter l’amour de Dieu avec son peuple, du Christ et de l’Eglise.

 

C – Le célibat chrétien : comporte le célibat et la virginité

Le « célibat chrétien » concerne le prêtre, le religieux, mais aussi l’adolescent, le fiancé, le veuf, et encore le célibat non choisi.

Il est différent d’être « célibataire » et d’être « solobataire », état fréquent actuellement de l’individu seul entre deux périodes de vie à deux temporaires ; dans ce dernier aucun des état n’est marqué par la fidélité ; dans le célibat chrétien il y a au contraire le choix d’accueillir ce temps et cet état de vie reçu sous le regard de Dieu.

 

D – Solitude du consacré face à Dieu :

Le consacré se place face à Dieu accueillant une solitude ; cette solitude rappelle celle d’Adam ; le célibataire consacré annonce et témoigne (atteste) de ce face à face, en attente

 

E – Les 2 conditions, celle du célibat consacré et celle du mariage sont des charismes (c'est-à-dire des dons reçus de Dieu)

[I Corinthiens 7]

[1] Venons-en à ce que vous m'avez écrit. Il est bon pour l'homme de s'abstenir de la femme.

[2] Toutefois, pour éviter tout dérèglement, que chaque homme ait sa femme et chaque femme son mari.

[3] Que le mari remplisse ses devoirs envers sa femme, et que la femme fasse de même envers son mari.

[4] Ce n'est pas la femme qui dispose de son corps, c'est son mari. De même ce n'est pas le mari qui dispose de son corps, c'est sa femme.

[5] Ne vous refusez pas l'un à l'autre, sauf d'un commun accord et temporairement, afin de vous consacrer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que votre incapacité à vous maîtriser ne donne à Satan l'occasion de vous tenter.

[6] En parlant ainsi, je vous fais une concession, je ne vous donne pas d'ordre.

[7] Je voudrais bien que tous les hommes soient comme moi ; mais chacun reçoit de Dieu un don particulier, l'un celui-ci, l'autre celui-là.

[8] Je dis donc aux célibataires et aux veuves qu'il est bon de rester ainsi, comme moi.

[9] Mais s'ils ne peuvent vivre dans la continence, qu'ils se marient ; car il vaut mieux se marier que brûler.

[10] A ceux qui sont mariés j'ordonne, non pas moi, mais le Seigneur : que la femme ne se sépare pas de son mari

[11] --si elle en est séparée, qu'elle ne se remarie pas ou qu'elle se réconcilie avec son mari--,et que le mari ne répudie pas sa femme.

[12] Aux autres je dis, c'est moi qui parle et non le Seigneur : si un frère a une femme non croyante et qu'elle consente à vivre avec lui, qu'il ne la répudie pas.

[13] Et si une femme a un mari non croyant et qu'il consente à vivre avec elle, qu'elle ne le répudie pas.

[14] Car le mari non croyant est sanctifié par sa femme, et la femme non croyante est sanctifiée par son mari. S'il en était autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints.

[15] Si le non-croyant veut se séparer, qu'il le fasse ! Le frère ou la soeur ne sont pas liés dans ce cas : c'est pour vivre en paix que Dieu vous a appelés.

[16] En effet, sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ?

[17] Par ailleurs, que chacun vive selon la condition que le Seigneur lui a donnée en partage, et dans laquelle il se trouvait quand Dieu l'a appelé. C'est ce que je prescris dans toutes les Eglises.

[18] L'un était-il circoncis lorsqu'il a été appelé ? Qu'il ne dissimule pas sa circoncision. L'autre était-il incirconcis ? Qu'il ne se fasse pas circoncire.

[19] La circoncision n'est rien et l'incirconcision n'est rien : le tout c'est d'observer les commandements de Dieu.

[20] Que chacun demeure dans la condition où il se trouvait quand il a été appelé.

 

Toutes deux sont reçus de Dieu. Nous évoquerons plus loin le célibat non choisi.

F – Les 2 conditions se soutiennent et s’enrichissent mutuellement

- encouragé, confirmé, soutenu :

Le célibataire consacré est enrichi, encouragé, confirmé, dans son vécu par les couples vivant la continence périodique choisie pour répondre au plan de Dieu proposé à l’homme ; Le couple est confirmé par ce que choisit le célibataire consacré et le prêtre

- complémentarité pour comprendre et vivre un amour en plénitude : l’amour est à la fois chaste et fécond

* le consacré rappelle au couple la dimension de chasteté et de fécondité au-delà d’une fécondité directe, de l’enfant

* le couple rappelle au consacré la dimension de fécondité directe et concrète ici bas

 

G - Les 2 fidélités s’épaulent, celle du couple, et celle du consacré.

 

H – Disponibilité du célibataire consacré

Saint Paul a pointé l’importance que revêt le célibat pour donner de la disponibilité « pour vivre les affaires d’en haut ». Est-ce aussi parfois ainsi avec la période de continence au chrétien marié ?

 

Des points pour lesquels des correspondances apparaissent aisément entre la continence du célibataire consacré et celle du couple vivant la continence périodique.

 

Le prêtre, le célibataire consacré, le veuf, etc..

Le couple vivant la continence périodique

Signe de contradiction : pose question à nos contemporains étonnés par le vécu de la continence

Signe de contradiction : pose question à nos contemporains étonnés par le vécu de la continence périodique

L’amour est premier ; il y a une part de renoncement ; renoncement pour un plus grand amour ; le choix de l’amour est premier, le renoncement est seulement une conséquence choisie pour cet amour ; le désir est celui d’aimer Dieu, de vivre en sa présence ;

L’amour est premier non le désir ou le plaisir ; part de renoncement du couple vivant la continence périodique ; cette continence périodique n’est pas une fin en soit, mais nécessaire pour vivre la chasteté conjugale : accueil d’une vie conjugale telle que Dieu l’a créé donc voulu

La vie du célibataire consacré prêtre ou laïc est d’une part un état et d’autre part une vertu ; il n’est pas suffisant d’être célibataire pour en vivre la valeur

L’utilisation des méthodes est un état ; cela peut se vivre de manière contraceptif ou au contraire être un état de vie riche de sens

Le célibataire consacré est enrichi, encouragé, confirmé, dans son vécu par les couples vivant la continence périodique choisie pour répondre au plan de Dieu proposé à l’homme

Le couple est confirmé par ce que choisit le célibataire consacré et le prêtre

Une parole est mise sur la continence du consacré, qui devient ainsi part du sacrement

Une parole pourrait (devrait ?) être mise par le prêtre sur la continence périodique pour que son sens soit pleinement connu et reconnu

Attente : le consacré se place dans une situation d’attente d’une rencontre totale avec le Seigneur ; il accueille le « manque » non comme une frustration mais comme une attente de la communion totale

L’attente périodique du couple vivant la continence périodique a-t-elle des points communs, avec cet accueil de l’incomplétude et du manque

Piège intellectuel de dire que si la ligne de crête est difficile à tenir il est mieux de ne plus la suivre

Il en est de même de la continence périodique

Le célibat consacré n’est pas pour le consacré, il est signe au milieu de nous de la vocation ultime de tout être humain, rencontrer  Dieu et vivre avec lui (« noces éternelles »)

Le couple vivant la continence périodique est-il lui aussi signe ? Oui, il vit l’incarnation de l’amour par une attitude de don, concret, au quotidien

On ne devient pas prêtre ou célibataire consacré par refus ou crainte du mariage

« Si vous vous mariez pour trouver la plénitude vous serez floués !  Cherchez d’abord une plénitude de vie puis mariez vous ! » d’après Ingrid Trobish

La continence du consacré rappelle le sens de l’union charnelle, qui n’est pas analysable en termes de besoins, comme le boire et le manger

Primauté du sens sur la sensation : l’union sexuelle n’est pas analysable de manière quantitative mais dans la qualité de ce que les époux vivent et deviennent

La crédibilité des affirmations du croyant est renforcée ou blessée par ce que vit le consacré

La crédibilité de ce que disent les époux chrétien sur la vie conjugale est renforcé, confirmé ou blessée par leur conduite

 

 

Les choix éthiques qui sous-tendent l’action « humanitaires » dans le monde actuel

Après-midi du mardi 22 août :

Analyse d’extraits du document de Memisa, intitulé ‘ Memorandum « Ethique et Sida »’ publié en 2006 (paragraphe I- Convictions éthiques de MEMISA France)

A – Texte de première vue riche d’humanité

Le texte est documenté et argumenté ; il est miséricordieux ; la première impression est positive

B – Mais plusieurs affirmations choquent le groupe

-          Subjectivisme :

o         La diversité des courants de pensées, des cultures, des conditions sociopolitiques, des convictions philosophiques et religieuses interdit de prétendre à une éthique purement normative qui définirait définitivement et universellement les conditions de légitimité des actions à mener dans la lutte contre le SIDA. L'imaginer serait prendre le risque de nier la dimension singulière de la maladie et la dimension particulière des contextes dans laquelle elle émerge.” 

o         ‘soucieuse de la liberté des personnes’

o         ‘Les experts de Memisa France n’entendent pas subordonner leur travail à l’adhésion ou à l’appartenance confessionnelle des acteurs ou à une quelconque spécificité des projets qui leurs sont soumis’

-          Analyse sur le registre du fonctionnel :

o         sociologisme : argumentation par de la ‘diversité des courants’, ‘des conflits d’écoles’

o         analyse technique : argumentation par la ‘complexité’ de la problématique, la nécessité d’être ‘efficace (effectivité)’, le recours à des ‘experts’ dont l’expertise est technique, non pas philosophique ou théologique ; il faut ‘s’appuyer sur les savoirs et expériences’

o         primauté de la santé qui est à la base de la justification : 

§          ‘les couples eux même ne sont pas à l’abri de l’adultère, pouvant dès lors se voir contaminé par défaut de protection’

§         

-          la pluralité est annoncée comme un a priori, mais unicité du programme retenu !

o         pluralité est à l’origine du choix de relativisme : ‘diversité des courants de pensées’, ‘conflits d’écoles’, ‘éviter la tentation de penser qu’une seule voie unique d’action et de moyen suffirait, à elle seule, de venir à bout de la pandémie’

o         mais unicité du programme :

§          Memisa est particulièrement vigilante et attentive à ce que les projets s’inscrivent dans la politique de santé du pays en tenant compte des directives de l’OMS’

§          ‘lutte sans faiblesse, sans concession et sans merci’

 

-          a priori d’adaptation des choix à la faiblesse humaine :

o         ‘l’éducation et l’invitation à une vie sexuelle unifiée [] fondée sur la valeur de fidélité, ne sont pas contradictoires avec une information sur l’usage du préservatifs pour ceux et celles qui ne peuvent ou ne veulent pas s’inscrire dans un tel état de vie’ (il est fort différent d’adapter une proposition à la décision de la personne « pour ceux qui ne veulent pas… » et de prévoir une solution pour ceux qui « ne peuvent pas », ce qui est l’abandon de l’appel au dépassement).

 

Vérité et Miséricorde. Introduction

Face à ce document reflétant un vif intérêt de répondre aux besoins des populations, nous souhaitons approfondir la recherche d’une attitude juste alliant Vérité et Miséricorde. Comment après avoir eu un mouvement de « haut en bas » adaptant nos actions à notre réflexion première nous reprenons le chemin de « bas en haut » modifiant nos convictions pour adapter celles-ci aux ‘problématiques du terrain’ (cette tendance à adapter nos convictions aux difficultés de mise en œuvre des choix peut être lourde de conséquences, si nous faisons alors des choix qui s’écartent de la vérité). Il est adéquat d’accueillir la personne en partant « d’où elle en est » pour l’inviter à progresser ; il ne serait pas adéquat de prévoir des solutions de vie dégradé à proposer aux personnes en les considérant nous même comme fixés dans leur état présent. C’est la question délicate de la « loi de gradualité » qui est abordée ici et qu’il serait utile d’approfondir.

 

La doctrine sociale de l’église : principes généraux

Mercredi 23 août 2006

Matin: Yves. La doctrine sociale de l'Eglise

 

Yves a collaboré au livre:"raisons de croire"n°5 édité au Cerf, et notamment au chapitre 13 consacré à la doctrine sociale de l’Eglise. Dans ce chapitre il y a d'abord une introduction de 3 pages, puis une série de textes d'auteurs

Ces raisons de croire ne préjugent pas de l'adhésion de la personne car cela s'adresse à l'intelligence. Le but est donc l'éclairage de l'intelligence.

"Soyons toujours prêts à rendre raison de notre espérance devant ceux et celles qui vous le demandent"

Le monde contemporain est marqué par le divorce entre raison et foi. Il y a 4 attitudes dommageables à l'intelligence de la foi et donc à l'adhésion à la foi:

1) le cynisme: à relier au péché d'orgueil; il sait mais ne veut pas adhérer car il a fait un autre choix et l'assume.

2) le scepticisme: relié au péché d'ignorance: on est dans l'ignorance et on s'y complet; c'est différent du doute méthodologique, où je me donne les moyens de sortir de ce doute. Le doute septique par contre ne fait pas le chemin pour se laisser éclairer.

Il y a aussi une grande dose de naïveté sur les enjeux.

3) le sociologisme, ou conformisme sociologique:la sociologie a envahi la pensée et cela fait tomber dans le relativisme. Il se met en place une pensée unique, qui permet d’accueillir tout le monde, attitude de tolérance, tout se vaut, et on a là un pseudo humanisme

(le politique doit dire ce qui doit être, et le sociologue dit ce qui est , mais le problème est que le politique s’en empare et n’est plus dans son rôle)

4) le pessimisme : manque de vertu d’espérance, ne pas croire que « tout est accompli »d’où un « aquabonisme ». Mais fondamentalement l’intelligence de la foi nous fait dire : »oui, tout est accompli ! ». Le temps ne nous appartient pas, c’est celui de Dieu et nous sommes co-créateurs.

Colossien2

 

La doctrine sociale de l’Eglise pose Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ. On ne peut pas poser un constat sociologique d’entrée.

Cette doctrine sociale de l’Eglise s’adresse aux chrétiens en priorité et aux hommes de bonne volonté, c.a.d. quelqu’un qui n’est pas cynique, pas septique, éventuellement pessimiste.

L’intelligence même nous entraîne à vouloir une cité idéale. L’homme cherche ce qui est bon.

Dans tout homme est inscrit cette loi naturelle qui est la capacité innée de discerner le bien et le mal, ce qui veut dire que le bien existe et le mal existe.

St Augustin : « 2 amours ont bâti 2 cités : celle de la terre par l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, celle du ciel par l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi (don de soi). L’une se glorifie en elle-même, l’autre dans le SG. L’une en effet demande sa gloire aux hommes, l’autre tire sa plus grande gloire de Dieu témoin de sa conscience. L’une dans sa gloire redresse la tête ; l’autre dit à son Dieu »tu es ma gloire et tu élèves ma tête ». L’une dans les chefs ou dans les nations qu’elle subjugue, est dominée par le désir de dominer ; dans l’autre, on se rend service mutuellement dans la charité…. »

La finalité est la béatitude céleste ; le bonheur peut être en partie sur cette terre, mais pas plein. Cela nous conduit à l’idée de transcendance. La cité des hommes est à l’horizontale, la cité de Dieu vient de Dieu qui donne son Esprit St et permet à l’homme d’être cocréateur.

La tour de Babel c’est tous les efforts des hommes pour construire une cité. Elle s’écroulera forcément si c’est fait sans Dieu.

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » entraîne cette possible séparation du spirituel et du temporel

Le culte doit être rendu à Dieu et non à César, mais aujourd’hui séparation du temporel et du spirituel : « ça c’est du domaine politique… » « ça, c’est du domaine privé »

Mais  avec doctrine sociale de l’Eglise on ne peut dissocier les 2.

L’Eglise catholique est experte en humanité. Elle a la prétention de dire à l’humanité comment faire que la cité soit la meilleure possible ; et pour cela il n’est pas nécessaire que le temporel et le spirituel soient totalement imbriqués mais que chacun dans son charisme soit bien à sa place et dans le service du bien commun.

Aujourd’hui en France, l’état providence a remplacé Dieu providence. Les médias construisent l’opinion. Les français passent 3h/jour devant la télé…Militantisme antichrétien dans les médias + ignorance des personnes….

Le sentiment de culpabilité est en lien avec la voix de la conscience qui a un problème et il faut le réhabiliter (par rapport à l’homosexualité, il y a un sentiment de  culpabilité, .mais on en a juste une lecture sociologique : »si cela existe c’est qu’on nous montre du doigt… ». Oui mais il y a aussi une voix de la conscience qui rappelle à l’individu ce pour quoi il est fait.

Le péché obscurcit la capacité de l’homme à se lire et on vit  un peu comme des « animaux », ayant perdu la capacité à reconnaître la loi naturelle. On est dans le déploiement de la philosophie des lumières et donc de la mort de Dieu.

Par la doctrine sociale de l’Eglise : recherche d’un humanisme intégral, le bien de tous les hommes  et de tout l’homme.

La doctrine sociale de l’Eglise a été initié par Léon XIII  avec  Rerum Novarum en 1891.Depuis  textes de JPaul II, Cath E Cath, et le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise. Le but=pour une société plus humaine, plus conforme au dessin de Dieu sur le monde.

 

Méthode de la doctrine sociale de l’Eglise : VOIR, JUGER, AGIR

VOIR = examiner la situation dans toute sa profondeur, donc vrai travail d’investigation. Savoir discerner les structures de péché.

JUGER = appel aux facultés de l’intelligence+ révélation pour dégager le sens, donc trancher, sortir de la confusion, de la pensée unique, donc jugement critique au sens noble car la révélation nous éclaire. Pas d’acte juste si pas de jugement juste.

AGIR = construire la civilisation de l’amour

La politique, c’est le lieu militant de l’h ; intégral (un militant est quelqu’un qui a un certain nombre de croyance et qui les propose, et dans mon libre arbitre, je fais mon choix ;

 

Principes de la doctrine sociale de l’Eglise

1) Principe de l’égale dignité de la personne humaine

2) Principe du respect de la vie humaine.

3) Principe d’association et de participation

4) Principe de solidarité

5) Principe de la protection préférentielle des pauvres et des personnes vulnérables

6) Principe de gérance

7) Principe de subsidiarité (pose la question de l’autorité, servant, et du pouvoir, qui se sert puisqu’il détient le moyen de coercition ; mais l’autorité  a aussi besoin du pouvoir) la subsidiarité= l’autorité compétente laisse faire le subordonné tant qu’il est capable de faire et ne s’immisce pas lorsque l’autre est en difficulté pour l’aider à atteindre l’objectif.

8) Principe du bien commun

 

Témoignage de Philippe par rapport à la gestion du plan social qu’il a vécu, ou il a réussi grâce à une conversion personnelle à donner du sens, à aider chaque personne à rester dans sa dans sa dignité

« Dans le chao, il existe toujours une place pour la liberté et pour les personnes quand on met la dignité de la personne humaine au centre. »

Dans l’esprit du monde, on convainc que ce n’est pas possible de faire le bien, donc on fait le moindre mal (voir, en annexe, le document rédigé par Philippe).

 

La pornographie. Etat des lieux

Mercredi 23 août 2006

Après midi :

 

1 - La pornographie   23 Aout 2006                        Marie-Sophie et Bruno Peytou

Etat des lieux

Pornographie signifie commerce du sexe et nous vivons dans un monde imprégné de pornographie.

Elle passe à la télévision, dans la présentation de marques de sous- vêtements, dans les catalogues pour le « grand public » proposant la vente d’appareils destinés à la masturbation comme si aujourd’hui toutes les femmes devaient être des prostituées ! Les jeunes sont très informés.

La pornographie s’est durcie en s’orientant vers des scènes de torture

Il y a derrière, des intérêts financiers énormes et l’état taxe les produits à 60% :

Des femmes elles-mêmes présentent des ‘sex toys’ à domicile !

La sexualité est une force qui a toujours besoin d’être maîtrisée sinon on est livré à toutes formes de recherches sur son corps et sur le corps de l’autre.

L’escalade n’est pas terminée puisqu’en Europe du Nord, il y a réclamation du plaisir sexuel pour les enfants.

Le travail de SESAME

Des questions sont envoyées aux jeunes 15 jours avant l’intervention d’un couple animateur.les jeunes « vident leur poubelle », mais nous  avons la possibilité de les rejoindre dans leur idéal. Avant de leur répondre nous posons les fondements, en partant de leurs propres réponses :

-          le corps = un tas d’organes et chaque organe a une fonction

-          le corps est une enveloppe : il donne donc son identité       

-          mon corps est à moi : est ce que j’ai un corps ou suis-je un corps ? 

-          Ce corps je l’ai reçu, c’est le même de la conception à la mort

-          mon corps se marque : portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde

-          A quoi sert mon corps ? à communiquer : il y a toutes sortes de langage et le langage du geste doit être en accord avec la vérité de la personne

Si mon corps c’est moi, je dois le respecter, et le corps c’est la personne

Quand je touche le corps de l’autre je touche à sa personne.

La vie c’est l’unité de toutes les zones qui nous constituent :

- le corps

- sentiments et émotions

- intelligence et volonté

- l’âme ou coeur profond

Jouer avec son corps c’est jouer avec son être, cette unité est une conquête permanente

A l’adolescence le corps et les émotions prennent beaucoup de place et l’unification demande du temps. La pornographie déstructure l’individu et émiette la personne

A quoi sert la sexualité ? A partager du plaisir, à faire des bébés, à dire l’amour, c’est comme un tabouret à 3 pieds.

 

Choix pédagogique : information, enseignement, formation. Introduction

2 - Remarque concernant le choix pédagogique fait par la Fédération Africaine d’Action Familiale : le projet ‘Valeurs versus VIH’

L’Action Familiale africaine a fait un choix différent : développer un canevas éducatif d’une à deux heures par semaine (36 séances par an et pour 12 ans).

Le fait que le programme est échelonné sur les 12 années de la scolarité à un rythme régulier est  un moyen important pour construire du solide. Ce programme commence avec de jeunes enfants et leur donnent du temps pour construire leur caractère afin qu’à l’adolescence ils aient développé le sens de la maîtrise d’eux même pour vivre les valeurs de l’amour et ne pas subir l’influence des groupes. Cette formation vise aussi à construire des adultes responsables ayant le sens du partage et forme des citoyens qui contribueront à la construction de leur pays. Le projet aurait un impact non seulement sur les élèves mais aussi sur les enseignants qui recevront une formation spécialisée pour le faire. Des rencontres sont aussi prévues pour les parents et les prêtres.

La distinction suivante apparaît très importante : il convient de distinguer l’information, l’enseignement et la formation. Face à la situation actuelle de la famille et de la société il semble nécessaire de proposer plus qu’une information : un enseignement et une formation.

 

Le prochain colloque : introduction

3 - Echanges sur le prochain colloque

L’objectif :

-          retrouver ou regrouper les associations qui ont manifesté leur interet et leut attente lors du 1er colloque

-          Elargir les invitations

-          partager notre travail sur les fondements anthropologiques 

-          écrire une charte

-          faire passer les MAO de la sphère privée à la sphère publique pour

la mise en place d’une politique familiale

-          montrer que la loi naturelle rejoint tous les hommes de bonne volonté

-          développer l’humanisme integral

Date

Prévoir une journée à Lyon fin mars 2007 le partage des cigognes  aurait lieu le matin (l’arbre à cigognes) et plusieurs ateliers animés par 4 ou 5 associations se dérouleraient l’après –midi. 

Intervenants :

Ont été pressentis : le cardinal Cottier, le père Bandelier, le Père Hoser, Charles-Daniel et Evelyne Maire.

Penser à inviter le Père Brice de Malherbe

Proposition de titres :

- avancer au large pour le service des familles : fondements anthropologiques, la réflexion des cigognes.

- les racines du bien

Ce que recouvre le terme écologie dans le langage commun

Jeudi 24 août 2006

Matin :

 

 

1 - Doctrine sociale de l’Eglise  et  ECOLOGIE

 

Approche bistouri

Il s’agit d’identifier les fondements idéologiques pernicieux de l’écologie perçue de prime abord sous l’angle de la défense de l’environnement.

Origine du mot : oïkos : maison et logos : étude. D’où une apparence de neutralité.

Mot inventé au XIXème ; d’origine païenne en référence à l’anthroposophie de R. Steiner.

Il s’agit en fait d’une vision païenne.

Il existe un parti écologique et des experts en écologie et des structures supranationales qui s’approprient ces questions.

En réalité l’orientation est au-delà de la défense de l’environnement un positionnement idéologique qui consiste à fonder un projet sociétal donc politique.

En ce sens l’écologie est d’abord une écologie politique.

Pour illustration : livre de Guillebaud : le principe d’humanité (dilution entre animal et homme donc pas de suprématie de l’homme).

Un article de P. Ide rappelle que Jésus Christ est sauveur de toute la création donc aussi des espèces animales.

Deux conceptions

- conception naturaliste :  la deep-écologie est fondée sur un bio centrisme(Terre mère)

- conception anthropocentrique : chrétienne car relation homme- Dieu Père.

2 conceptions irréconciliables car la première réfute la Création ; on a même entendu que le Sida est une chance pour la planète.

Se positionner 

La doctrine sociale de l’Eglise peut  nous  éclairer. Le chrétien ne doit pas être dupe et l’homme de bonne volonté être alerté.

 

Vision de l’homme et de la femme. Lecture de la bible

2 - Fiche de lecture par Françoise, du livre de Anne Marie Pelletier : Le signe de la femme.

 

a – L’homme et la femme

Génèse : racines anthropologiques. Elle nous parle pour aujourd’hui.

1-       différence des sexes : proximité avec le Créateur. L’Homme est unique et duel (le-les).

2-      Le femme est-elle subordonnée ?  elle permet à l’homme d’avoir un avenir. Pas de maîtrise de l’homme sur la femme.

3-      Dieu masculin :pas au sens mâle mais Père (principe de paternité mais pas d’engendrement par la sexualité).

4-      Confiance mise à mal : Dieu interdit en vertu de son autorité (l’arbre de la connaissance)

5-      Chute à cause d’une femme : l’interdit est donné à l’homme or le serpent s’adresse à la femme.

Le texte est symbolique pas chronologique ; il est porteur de sens.

L’homme est muet il est infante. Ouvre la bouche pour manger. C’est la femme nourricière qui transgresse.

Pour autant ils sont pleinement conscients de ce qu’ils font tant ils ont la connaissance directe de Dieu.

La faute touche l’humanité.

6-      Remède : Cantique des cantiques. Fin des hostilités. C’est dans la similitude du dialogue avec Dieu que s’enracine le dialogue conjugal.

 

b- Pour l’Autre

La femme créée pour l’Autre

1- La femme est créée pour l’homme.

La femme a une fonction féminine mais plus encore a une fonction du « Pour l’Autre » à l’image de Dieu ; càd la maternité pour toute l’humanité.

2- Pour l’Autre : l’altruisme

Dieu est Pour l’Autre ; il se donne aux hommes (eucharistie). Dieu pour nous.

Le féminin est plus proche de Dieu. Fécondité de la femme qui dépasse la maternité physique qui n’est pas toujours indispensable.

3- Le mystère pascal : le féminin et la patience.

Chaque fois qu’une femme s’obstine à faire vivre l’autre quel qu’il soit, fût-il le plus petit et le plus désarmé, elle fait œuvre de puissance et travaille à l’histoire humaine.

Le signe de la femme

H et F sont signes pour l’Autre de l’amour de Dieu pour l’homme.

1- « Femmes, soyez soumises à vos maris… »

Paul a un souci pastoral mais pas théologique. Soumission par amour qui respecte la liberté. Jésus lui-même est soumis à ses parents, au     Père.

2- chacun (homme et femme) est signe pour l’autre d’une partie du mystère du Christ.

     La femme signe de l’amour de l’Eglise pour le Christ quand elle aime son mari.

     L’homme signe de l’amour du Christ pour l’Eglise qd il aime sa femme.

    Jésus s’est fait reconnaître comme esclave plutôt que comme maître et invite dans son      royaume ceux qui deviennent comme des enfants.

 

La relation homme-femme et le pouvoir de procréer : St Paul revisité

Voir texte intégral dans les annexes : La relation homme/femme et le pouvoir de procréer : Saint Paul revisité 38

Ci-dessous les commentaires du groupe

3 - La relation homme-femme et le pouvoir de procréer : St Paul revisité par Charles-Daniel Maire

 

Quelle est la part de la culture dans les prises de positions de Paul, notamment concernant la soumission.

2 positions : la subordination de la femme est pour certains de l’ordre de la culture, pour d’autres elle est fondée sur l’ordre de Dieu à la Création.

De nombreuses contradictions difficiles à lever. Paul déclare aussi en Galates 3.28 …  « il n’y a plus esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme… » .

Thèse de CH. Daniel : le motif de la pensée de Paul est de défendre l’unité du couple et de refuser d’envisager l’H sans la F et la F sans l’H.

En termes de méthodes si nous ne comprenons pas les paroles biblique, il faut postuler que nous ne le comprenons pas encore et non que Paul partageait les erreurs de son temps.

Raisonnement de Paul

Paul décrit la place de l’H et de la F dans 3 perspectives distinctes.

pour le salut : il n’y a ni H ni F.

dans l’exercice du culte : la place de chacun est marquée symboliquement par la tenue et le rôle joué.

dans le couple : la relation époux/épouse proclame la seigneurie du Christ qui se donne pour son Eglise.

Il y a donc de fausses conceptions par confusion et non reconnaissance de ces 3 perspectives distinctes.

Pour le culte par exemple la seule présence des femmes dit l’égale dignité avec l’homme alors que dans les lieux publics de l’époque elles n’étaient habituellement pas admises. Cependant la dissymétrie est soulignée.

La femme a le privilège exorbitant de la maternité aussi l’homme en avait fait sa chose pour que la procréation ne lui échappe pas. C’est par la contraception moderne que la femme sortira de la domination masculine au prisme  duquel la maternité est vue comme une servitude.

L’évangile libérateur restaure la femme dans la condition d’avant la chute. Homme et femme se retrouvent  face à leur Créateur et le culte rendu à Dieu représente cette relation retrouvée.

Si la femme néglige les signes de sa féminité (1 Co 11) ou bien si elle se met en situation de prendre de force ce qui revient à l’H de lui donner le culte perd de son sens. Mais si l’homme ne donne pas à la femme sa place le culte perd également de son sens.

Ainsi la dissymétrie qui semblait reléguer la femme au second plan constitue en fait un levier qui permet à l’homme de mieux la valoriser. Mais le souci de Paul va plus loin.

Dissymétrie fondatrice qui fait que le rapport homme-femme peut être qualifié par 3 adjectifs :

-          rapport initiatique : initiation au mystère de la dissymétrie du rapport Créateur/créature. Le rôle du père prolonge celui d’époux, celui de la mère met en œuvre la procréation qui reflète la Création.

-          rapport éthique : la relation homme-femme se situe entre le possible et le souhaitable. L’ordre donné à l’homme de s’attacher à sa femme détermine l’intersection entre le possible et le souhaitable. C’est ici toute la société qui est traversée par le masculin/féminin qui peuvent s’opposer, se concurrencer ou s’harmoniser.

-          rapport esthétique : le « beau couple » en est une illustration. Complémentarité homme-femme où homme et femme donnent le meilleur d’eux-mêmes ; chacun allant au devant des besoins de l’autre, ne se séparant que pour mieux se retrouver (exemple de la danse sur glace).    Homme et femme sont vraiment à l’image de Dieu.

Ceci touche non seulement le couple en lui-même mais aussi la vie sociale (mixité dans le travail…). Cet exemple de lien relie vision du monde et organisation sociale. Dans le culte les codes vestimentaires doivent en refléter quelque chose.

Le rapport conjugal

La démonstration de Paul est basée sur le rapport du corps et de la tête d’une part, du Christ et de l’Eglise de l’autre. La subordination dégage la soumission mais surtout l’unité organique du couple. La soumission de la femme dans cette perspective est transfiguration de la culture de l’époque ; elle est porteuse d’Evangile et agit ainsi comme un levain dans la pâte qui transforme la culture.

Outre ce rapport à l’ordre culturel de l’époque il y a aussi un rapport au salut (Galates 3, 28) :

Il n’y a plus ni homme ni femme.

Recueil de réflexions concernant l’impact du choix de régulation des naissances   

Jeudi 24 Août 2006, après midi : Impact du choix de régulation des naissances

           

Travail de type « brain storming » afin de collecter de manière libre et spontané une liste d’impacts du choix de la régulation des naissances

 

Item

personne

Enfant

Couple

Famille

Société

Foi

Rendre l'homme plus homme tendance à l'humanisation

+

 

 

 

 

 

valorise la fertilité

+

 

+

 

+

 

c'est écologique

+

 

 

 

+

 

L'enfant n'est pas un geneur

 

+

 

 

 

 

relation homme/femme : sa qualité

 

 

+

 

 

 

Met la femme et l'homme au même niveau pas de domination de l'un sur l'autre

 

 

+

 

+

 

L'autre n'est pas un risque pour moi je ne dois pas me proteger de l'autre

 

 

+

 

+

 

Contradiction avec les valeurs ambiantes

 

 

 

 

+

 

insupportable car met en relief la vérité sur l'homme et la femme et comment construire leur harmonie

 

 

 

 

+

+

enfant comme richessse

 

+

+

+

+

 

harmoniser le temps de l'homme et le temps de Dieu

+

 

+

 

 

+

évite de réduire la vie humaine à une série de plaisir er de déplaisirs evite de se retrécir à des êtres de sensation

+

 

 

 

 

 

temps naturel et temps social : (imposé technique)

+

 

 

 

+

 

loi= chemin de libération liberté intérieure grndit quand on se soulet à une loi

+

 

 

 

 

 

anticonsumeriste antiécconomique dans la société de consommantion

 

 

 

 

+

 

acceptation vulnérabilité et dépendance

+

 

+

 

 

 

stimule la véritable connaissance

+

 

 

 

+

 

Mon conjoint est une richesse

+

 

+

+

 

 

mieux se connaître et connaître l'autre

+

 

+

 

 

 

favorise l'accueil réciproque

+

 

+

 

+

 

met le plaisir au service de l'amour

+

 

+

 

+

 

lutte contre l'esprit Malthusien

 

 

 

 

+

 

accorder le rythme de vie sur la nature donnée par le Créateur plutot que la technique

+

 

 

 

+

 

Dieu ne s'est pas trompé

 

 

 

 

 

+

permet à l'homme de reconnaître d'où il vient , où il va et donc ce qu'il est

+

 

 

 

 

+

ouverture à l'autre, aux autres, au tout Autre

+

 

 

 

+

+

accepter l'imperfection, obéir à l'écriture du corps

+

 

+

 

 

 

propose une autre voie que la pensée unique

+

 

 

 

+

 

se liberer des lobby medicaux et pharmaceutiques

+

 

 

 

+

 

gratuité

 

 

 

 

+

+

autonomie du couple

 

 

+

 

+

 

dialogue

 

 

+

+

 

 

chemin de verité et de liberté

+

 

 

 

 

+

alternative

 

 

 

 

+

 

ouverture à la tendresse et au dialogue

 

 

+

+

+

 

integrité du corps

+

 

 

 

 

 

3 vertus théologales

 

 

 

 

 

+

liberte égalité fraternité

 

 

+

 

+

 

grandir dans le don de soi

 

 

+

 

 

+

maitrise de soi

+

 

+

 

 

 

formidable moyen d'évangélisation sur le clergé les chrétiens et toutes personnes

 

 

 

 

 

+

libération de la femme comme objet de plaisir tout le temps disponible

 

 

+

 

+

 

Humilité

+

 

 

 

 

+

respect de Dieu présent dans sa puissance ccréatrice au cours du cycle

 

 

 

 

 

+

changement du regard

+

 

 

 

+

 

avenir de la famille

 

 

 

 

+

 

place de l'enfant dans la relation conjugale

 

+

+

 

 

 

outils de media vers la jeunesse

 

 

 

 

+

 

pour la femme sexualité "féminine" et n on plus "masculine"

+

 

 

 

 

 

identité sexuée

+

 

 

 

+

 

chasteté

+

 

+

 

+

+

l'enfant en puissance respecté

 

+

 

 

+

+

union et procréation non séparés

+

 

+

 

+

+

alternance évite la fusion , fait apparaître l'altérité

+

 

+

 

 

 

universalité point communn entre les cultures

 

 

 

 

+

+

prrincipe d'humanité

+

 

 

 

+

 

efforts et réconfort

+

 

 

 

 

 

tyrannie du plaisir

+

 

+

 

+

 

question du désir

+

 

 

 

+

 

besoin envie désir

+

 

 

 

+

 

met la personne et le couple en chemin de croissanc e avec les obsatcles à traverser

+

 

+

 

+

+

attention à l'autre

+

 

+

 

 

 

la fertilité constitutive de la personne

+

 

 

 

 

 

liturgique (touche aux rythmes, symboles, sacré, beauté

 

 

 

 

 

+

confiance

 

 

 

 

 

+

grandir grâce à l'effort

+

 

 

 

 

 

progrés scientifique sans reponse technique mais réponse humaine

 

 

 

 

+

 

ne pas oublier que Dieu est créateur

 

 

 

 

 

+

 

Approche théologique de la régulation naturelle des naissances

Vendredi 25 Août 2006, matin : Approche théologique de la régulation naturelle des naissances et Impact du choix de régulation des naissances (suite)

 

1 - Approche théologique de la régulation naturelle des naissances (Hélène Perez, après lecture du chapitre 10 du livre de Michel Seguin ‘La contraception et l’église’, aux éditions Pauline :

 

Il y a un acte créateur de Dieu à l’origine de toute vie humaine.

Notre fécondité nous rend coopérateur de la puissance créatrice de Dieu

Il existe une potentialité procréatrice cyclique du couple, et dans celle ci, il y a une ouverture à Dieu (HV13 : fertilité, fonction à part, sommet de la création… « toute vie humaine est sacrée ; dès son origine elle engage directement l’action procréatrice de Dieu » )

C’est pourquoi le couple n’a pas un pouvoir illimité sur sa fonction procréatrice et ne peut pas employer le principe de totalité utilisé ailleurs.

La liberté humaine entre en conjonction avec la liberté divine pour le surgissement d’une nouvelle vie. Dieu a voulu se lier lui même au couple dans sa capacité de procréation et réciproquement.

En s’approchant du pouvoir de Vie qui les habite, l’h ; et la f. s’approchent mystérieusement de Dieu qui a voulu ainsi se lier à eux dans un acte dont les effets les dépassent infiniment

Pour les conjoints, la façon d’aborder cette source de Vie qu’ils portent réellement en eux et qui a son origine plus profonde en Dieu, manifestera s’ils reconnaissent ou non que la liberté divine leur est supérieur et qu’elle demeure souveraine.

Il faut faire une distinction capitale : entre « procréation effective » d’un enfant et « ouverture’particulière’ au créateur » que constitue la potentialité procréatrice du couple qui revient périodiquement.. Cad : quand un acte sexuel est posé, l’ouverture du couple à la « présence de Dieu possiblement procréatrice » est une chose. L’enfant en chair et en os  qui peut naître d’un rapport en est une autre. On pourrait presque dire que le mot prononcé par le couple dans la rencontre amoureuse est moins « enfant » que « ouverture des conjoints à l’activité créatrice de Dieu »

C’est cette distinction entre la « procréation effective » et « l’ouverture particulière au créateur » qui met vivement en relief la différence fondamentale qui existe entre la contraception et la continence périodique.

dessins

Quand contraception : attitude différente par rapport à « l’ouverture particulière au créateur » inhérente à leur sexualité. Il y a une fermeture, on ne pense même plus à une telle ouverture au partenaire divin

Quand MN : les conjoints manifestent qu’ils reconnaissent, acceptent , accueillent cette présence de Dieu possiblement créatrice et inhérente à leur sexualité, même s’ils ne veulent pas d’enfant

Les MN contrairement à la contraception permettent de séparer sexualité et procréation effective, sans séparer sexualité et présence particulière de Dieu au cœur de la procréation humaine.

Dieu est présent dans toute la vie humaine et est présent au cœur de la vie sexuelle d’un h ; et d’une f. qui se donnent totalement .Et pourtant il est facile dans la griserie de l’union sexuelle d’oublier que tout amour véritable, toute donation totale et réciproque ouvre sur Dieu, et le retour cyclique de la fécondité vient lui rappeler que son amour le met en relation avec Dieu.

Cette procréativité périodique est comme la partie visible de l’iceberg indiquant la présence de profondeur facilement oubliée.

Ce retour cyclique de la puissance vitale n’a t-il pas valeur de support pédagogique ?

Mais Dieu ne s’impose pas. Il a laissé à  l’h. et la f. le pouvoir de s’ouvrir ou de se fermer à sa présence créatrice toujours féconde spirituellement, parfois porteuse de vie humaine.

 

Sens ultime de la continence : les époux savent que l ‘amour du Christ passe avant tout

L’abstention de RS pourra devenir lorsqu’elle est moralement requise et même lorsqu’elle est librement choisie(1Co 7-5)le signe de leur amour inconditionnel du SG

Ainsi comprise et partagée par les époux, la continence peut devenir source de fécondité spirituelle et source de croissance humaine. Les faisant grandir dans un amour authentique l’un de l’autre, la continence elle même pourra devenir le signe et la réalisation du don total réciproque d’eux même qu’ils offrent à Dieu.

En optant pour un tel moyen de RN, le couple manifeste que pour lui Dieu a la 1ère place en toute chose : il témoigne aussi de sa confiance en Dieu qui n’éprouve jamais au delà de nos forces1 Co 10-13

La relation sexuelle, source d’alliance et de filiation

2 - Impact du choix de régulation des naissances (suite)

René Ecochard présente ce qu’il avait proposé à Tobie et Sarra en Août 2005, pour situer la régulation des naissances dans le contexte des « liens liaison-déliaison» qui était le thème abordé par ce groupe.

Voici une présentation un peu plus rédigé de la proposition : voir en annexe.

 


 

ANNEXES :

 

La Doctrine Sociale de l'Église. (analyse rédigée par Philippe Verkimpe)

A.       La doctrine sociale de L'Église. 20

1.1.          La doctrine sociale de l’Eglise n’est pas : 20

1.1.1.            Une idéologie?. 20

1.1.1.            Ce n’est pas non plus... 21

1.2.          La doctrine sociale de l’Eglise c’est : 21

1.1.2.            En résumé. 21

1.2.1.            Dix pierres de construction. 21

1.1.3.            Une approche : 3 niveaux. 23

1.1.4.            Une méthode :Voir-Juger-Agir. 24

1.2.          Pourquoi la doctrine sociale de l’Eglise ?. 24

1.2.1.            Est-elle applicable ?. 25

1.2.2.            La tendance actuelle est-elle irréversible?. 27

1.2.3.            Une réforme des mœurs au préalable?. 28

1.2.4.            Quel est l'obstacle le plus puissant?. 29

B.       La doctrine sociale de l’Eglise et la famille. 29

1.3.          En bref 29

1.4.          La famille, cellule vitale de la société. 30

1.4.1.            La famille, première société naturelle. 30

1.4.2.            Le mariage, fondement de la famille. 31

1.4.3.            La subjectivité sociale de la famille. 31

1.4.4.            La famille, protagoniste de la vie sociale. 33

1.4.5.            La société au service de la famille. 33

C.       Méthodes Naturelles et Doctrine Sociale : quels liens, quels enjeux ?. 33

1.5.          Les liens entre les méthodes naturelles et la Doctrine Sociale de l’Eglise. 33

1.6.          Quels sont les enjeux des méthodes naturelles au regard de la Doctrine Sociale de l’Eglise ?. 34

1.6.1.            Des fondements anthropologiques solides. 34

1.6.2.            L’homme intégral. 35

1.6.3.            Le développement intégral. 36

 

La doctrine sociale de L'Église.

La doctrine sociale de l’Eglise n’est pas :

Une idéologie[1]?

Ce serait une erreur d'imaginer un "avènement" de la doctrine sociale de l'Eglise comme on a salué en 1981 le "changement de société". Ce serait une erreur précisément parce que la doctrine sociale de l'Eglise n'est pas une idéologie[2].

Est-elle une idée abstraite engendrant déductivement un système logique comme l'individu abstrait engendre l'individualisme, ou comme la nation engendre le nationalisme, la race: le racisme, la liberté: le libéralisme ou encore l'égalité: le socialisme, etc. ...

Evidemment, non! La doctrine sociale conforme à l'ordre surnaturel étant fondée, sur le droit naturel, va au rebours d'une idée abstraite purement théorique. Elle ne constitue pas un "système" logique.

Elle est, en toute vérité, induite à partir de la réalité.

C'est nécessairement l'induction qui nous fait connaître les principes rationnels[3].

En éthique comme en politique, c'est la fin qui sert de principe[4].

C'est donc au terme d'une démarche inductive que l'Eglise enseigne que l'homme est sujet de droit, que le mariage et la famille sont de droit naturel, que la destination universelle des biens implique la diffusion la plus large possible de la propriété privée, que le bien commun politique est le bien du tout, que c'est par nature que les membres du corps social sont solidaires...

Ce n’est pas non plus...

·          Une doctrine ni économique, ni politique.

·          Un ersatz du capitalisme.

·          Une troisième voie entre le capitalisme et le socialisme.

La doctrine sociale de l’Eglise c’est :

En résumé

La dimension sociale de la foi chrétienne qui pousse de l´évangile de Jésus, traduite en faveur de la vie, de la justice, de la solidarité, etc.… qui illumine et qui transforme la société selon la volonté du Royaume de Dieu.

..Le riche patrimoine d´apprentissage que l´Eglise a acquise progressivement pendant les temps contemporains ( XIX et XX), comme réponse aux défis de la réalité humaine et sociale, en prenant comme fondement la dignité de la personne humaine, à la lumière de la Parole de Dieu et de la Tradition de l´Église.

Il s’agit d’aller dans le sens d’une civilisation de l’Amour en ordonnant chaque réalité.

·          Un Principe central : la dignité de la personne humaine.

·          3 institutions[5] dont l’équilibre est nécessaire à toute société :

a.        La Famille

b.        La propriété privée qui est le socle de la famille[6]

c.        L’Etat.

·          Une Activité ou un mode spécifique de l’Agir Humain : Le Travail.

Ce travail ne peut être rémunéré équitablement, protégé dans sa fonction spirituelle, organisé dans sa faculté de réalisation communautaire qu’au sein des 3 institutions fondamentales citées ci-dessus.

Le travail est vu comme un accroissement, non pas au sens matériel, comme s'il était seulement une source d'accroissement de richesses, ou de production, mais plutôt comme un accroissement anthropologique (voir les enjeux chap 1.6.1)[7].

Et c’est en tant que personne que l’homme est sujet du travail[8] (conception personnaliste du travail).

·          Ce principe, ces 3 institutions et le travail doivent être considérés au sein d’un Corps Social, d’une Communauté dont l’Unité profonde est toujours à restaurer, par un incessant effort de Solidarité (conséquence du principe de subsidiarité).

·          4 valeurs sociales inhérentes à la dignité de la personne humaine, favorisant un développement authentique : la vérité, la liberté, la justice et l’amour.

Dix pierres de construction.

Dix pierres sur lesquelles repose toute la doctrine sociale de l'Église:

Le principe de la dignité de la personne humaine.

Chaque personne quels que soient sa race, son sexe, son âge, sa nationalité d'origine, sa religion, son orientation sexuelle, son statut vis-à-vis de l'emploi, son niveau économique, sa santé, son intelligence, sa réussite ou n'importe quelle autre caractéristique engendrant des différences, est digne de respect.

Ce n'est pas ce que vous faites ou ce que vous avez qui vous donne droit à être respecté, mais c'est le simple fait d'être un Homme qui établit votre dignité.

A cause de cette dignité, la personne humaine n’est, dans l'optique catholique, jamais un moyen, mais toujours une fin.

L'ensemble de l'enseignement social catholique commence avec la personne humaine, mais ne finit pas là.

Les personnes individuelles ont une dignité, mais l'individualisme n'a pas de place dans la pensée sociale catholique. Le principe de la dignité humaine donne à la personne humaine un droit d'appartenance à une communauté, la famille humaine.

Reposent sur ce principe tous les autres principes et contenus de la doctrine sociale : ceux du bien commun, de la subsidiarité et de la solidarité.

Le principe du bien commun.

“Le bien commun est compris comme les conditions sociales qui permettent aux gens d'atteindre leurs pleines potentialités et de réaliser leur dignité humaine”.

Les conditions sociales, auxquelles l'Eglise pense, présupposent “le respect des personnes”, “le bien-être et le développement social du groupe” et le maintien de la paix et de la sécurité par l'autorité publique.

Aujourd'hui, dans un âge d'interdépendance globale, le principe du bien commun conduit au besoin de structures internationales qui peuvent promouvoir le juste développement des personnes et des familles par-delà les frontières régionales et nationales.

Ce qui constitue le bien commun sera toujours matière à discussion. L'absence de sensibilité au bien commun est un signe certain de décadence dans une société. Quand le sens de la communauté s'érode, le souci du bien commun diminue. Un bon souci communautaire est l'antidote à un individualisme effréné qui, comme l'égoïsme sans limite dans les relations personnelles, peut détruire l'équilibre, l'harmonie et la paix au sein des groupes, des voisinages, des régions et des nations.

Le principe de subsidiarité.

Ce principe a trait principalement aux “responsabilités et limites du gouvernement et au rôle essentiel des associations bénévoles”.

Le principe de subsidiarité met une limite nécessaire au gouvernement en insistant sur le fait que le niveau supérieur d'une organisation ne doit pas effectuer des opérations qui peuvent être prises en compte efficacement et effectivement à un niveau inférieur par des personnes ou des groupes qui sont plus proches des problèmes et du terrain. Les gouvernements oppressifs violent toujours le principe de subsidiarité (Chine et avortement) ; des gouvernements trop actifs le violent aussi parfois (éducation sexuelle et Etat en France ; rôle des organisations internationales-planning familale et pressions sur les Etats et les familles, etc…).

D'un autre côté, les individus se sentent souvent démunis face à des problèmes sociaux décourageants : le chômage, les gens qui dorment sur les pas de porte ou qui mendient au coin des rues. Comme ces problèmes ont des dimensions de société, ce n’est ni une personne ni un groupe qui pourront les résoudre. Tout en respectant la subsidiarité, le gouvernement qui reçoit les impôts doit aider les individus, les communautés plus petites et la communauté nationale à faire quelque chose pour résoudre de tels problèmes sociaux. En payant des impôts, nous contribuons ainsi à l'établissement de la justice sociale.

La participation.

Conséquence de la subsidiarité, la participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer, d’une manière responsable et en vue du bien commun.

Les gens ont le droit et le devoir de participer à la société en cherchant ensemble le bien commun et le bien-être de tous, spécialement des pauvres et des personnes vulnérables.

Sans participation, les biens qui sont mis à la disposition de la personne par une quelconque institution sociale ne peuvent être obtenus.

La personne humaine a le droit de ne pas être privée, de participer à ces institutions qui sont nécessaires à l'épanouissement humain.

Ce principe s'applique de façon particulière aux conditions liées au travail. “Le travail est plus qu'une manière de gagner sa vie ; c'est une forme de participation continue à la création de Dieu. Si la dignité du travail doit être protégée, les droits fondamentaux qui sont le privilège des travailleurs doivent aussi être respectés -le droit à un travail productif, à un salaire convenable et juste, le droit d'organiser des syndicats et d'y adhérer, le droit à la propriété privée et à l'initiative économique.

La solidarité.

Il a été énoncé à plusieurs reprises par Léon XIII sous le nom « d’amitié », « charité sociale » par Pie XI, « civilisation de l’amour » par Paul VI.

Nous sommes les gardiens de nos frères et de nos sœurs où qu’ils se trouvent. Nous formons une seule famille humaine... Apprendre à pratiquer la vertu de solidarité signifie apprendre que “aimer notre prochain a des dimensions globales dans un monde interdépendant”.

Le principe de solidarité conduit à des choix qui assureront la promotion et la protection du bien commun.

La solidarité nous appelle à ne pas répondre seulement à des malheurs personnels et individuels; il y a des problèmes de société qui sont un cri exigeant des structures sociales plus justes.

Pour cette raison, l'Église nous appelle souvent, aujourd’hui, non pas seulement à nous engager dans des œuvres charitables, mais aussi à travailler à la justice sociale.

Le principe d’association.

La personne n'est pas seulement sacrée mais sociale. La façon dont nous organisons la société -au niveau économique et politique, légal et juridique- affecte directement la dignité humaine et la capacité des individus à grandir en communauté.

La famille est le point central de la société ; la stabilité familiale doit toujours être protégée et jamais dévaluée.

En s'associant avec d'autres -en famille et dans d'autres institutions sociales qui favorisent la croissance, protègent la dignité et promeuvent le bien commun- les personnes humaines atteignent leur épanouissement.

La destination universelle des biens.

Nous montrons notre respect pour le Créateur par notre gestion de la création”.

Chaque homme doit avoir la possibilité de jouir du bien-être nécessaire à son plein développement. Il s’agit d’un droit naturel, inscrit dans la nature de l’homme et non pas d’un droit positif, lié à la contingence historique[9].

Il est inhérent à l’individu, à chaque personne, et il est prioritaire par rapport à toutes interventions humaines sur les biens,, tout ordre juridique, toute méthode, systèmes économiques et sociaux.

Tous les autres droit y sont subordonnés : propriété et libre commerce[10].

Ce principe invite à cultiver une vision de l’économie inspirée des valeurs morales qui permettent de ne jamais perdre de vue ni l’origine, ni la finalité de ces biens, de façon à réaliser un monde juste et solidaire[11].

La propriété privée individuelle et les autres formes de possession privée des biens assurent à chacun une zone indispensable d’autonomie personnelle et familiale, prolongement de la liberté humaine.

En stimulant l’exercice de la responsabilité, elle constitue une des conditions des libertés civiles. La propriété privée est un élément essentiel d’une politique économique authentiquement sociale et démocratique et la garantie d’un ordre social juste[12].

Celui qui « possède » est un administrateur, un gérant, qui doit pouvoir regarder ce qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais aussi les regarder comme communes en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui mais aux autres.

A une époque de prise de conscience grandissante de notre environnement physique, notre tradition nous appelle à nous sentir moralement responsables de la protection de l'environnement -terres cultivables, prairies, espaces boisés, air, eau, minéraux et autres gisements naturels-.

Les responsabilités de gérance s'appliquent aussi à l'attention de notre santé et à l'usage de nos talents personnels et de nos biens.

La protection préférentielle des pauvres et des personnes vulnérables.

Nous rejoignons le Christ lorsque nous rejoignons les personnes dans le besoin.

Ce principe est étroitement lié au précédent. Il reste une priorité dans la pratique de la charité chrétienne. Elle s’applique également à nos responsabilités sociales, à notre façon de vivre, à nos décisions au sujet de la propriété et de l’usage des biens[13].

Le principe d’égalité humaine.

“L'égalité de toutes les personnes vient de leur dignité essentielle... Si les différences de talents font partie du plan de Dieu, la discrimination sociale et culturelle vis-à-vis des droits fondamentaux n'est pas compatible avec le dessein de Dieu”.

Traiter ses semblables avec égalité est une manière de définir la justice, comprise aussi de façon classique comme le fait de rendre à chacun ce qui lui revient. Sous-jacent à cette notion d'égalité est le simple principe de justice ; un des plus précoces sentiments éthiques ressentis dans l'être humain en développement est le sens de ce qui est “juste” et de ce qui ne l'est pas.

Le respect de la vie humaine.

“Chaque personne, depuis le moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle, a une dignité inhérente et un droit à la vie en conformité avec cette dignité”.

La vie humaine à chaque étape de son développement et de son déclin est précieuse et donc digne de protection et de respect. Il est toujours coupable d'attaquer directement une vie humaine innocente.

La tradition catholique voit le caractère sacré de la vie humaine comme faisant partie de toute vision morale d'une société juste et bonne.

Finalement.

Ces dix pierres nous montrent qu’il n’y a pas seulement des vérités à croire, mais aussi des vérités à mettre en pratique.

Une approche : 3 niveaux[14].

Les niveaux de rapprochement reflètent la progressivité dans les exigences dérivées de la foi chrétienne.

Un niveau doctrinal qui énonce les Principes permanents.

Un niveau éthique-moral par des critères de jugement qui apportent une valorisation des attitudes humaines tout au long de l´histoire.

Un niveau familial, social, économique et politique qui énonce des orientations pour l´action dans le cadre des différentes cultures et circonstances historiques des peuples.

Leur but idéal est celui du Royaume de Dieu. Elles signalent ce qui doit être et ce qui peut être.

Une méthode :Voir-Juger-Agir.

C’est la méthode de discernement chrétien devant la réalité.

o         Voir:

C´est percevoir avec sensibilité ; s´émouvoir et se préoccuper avec la réalité.

C´est percevoir avec l´intelligence, se renseigner et comprendre les problèmes, les situations injustes, leurs causes et leurs effets....

C´est analyser en équipe, avec l´aide des diverses sciences, depuis les différents points de vue une même réalité familiale, sociale, économique ou politique.

o         Juger:

C´est interpréter la réalité et discerner s’il s’agit d’un projet de Dieu sur l´homme et sur le monde.

C´est illuminer et valoriser ce qu’est « péché-injustice », « oppression-domination », « libération », etc..

Ici le chrétien agit d´une manière spécifique et originale à travers les principes de réflexion, les valeurs permanentes et les critères de jugement de la doctrine sociale de l’Eglise.

o         Agir:

C´est donner de la vie à des élections et décisions cohérentes avec les valeurs du Royaume de Dieu

C´est s´engager à des actions précises pour influencer sur la transformation de la société, sur la direction choisie ; la justice sociale, la vérité, la liberté, la paix, la vie…

Pourquoi la doctrine sociale de l’Eglise[15] ?

·          En cette aube du troisième millénaire, l'Eglise ne se lasse pas d'annoncer l'Évangile qui donne le salut et la liberté authentique même dans les choses temporelles.[16]

·           « La charité qui aime et qui sert la personne ne peut jamais être séparée de la justice : l´une et l´autre exigent la pleine reconnaissance des droits de la personne, selon laquelle la société organise ses structures et ses institutions[17] ».

De fait, quand l'Eglise «accomplit sa mission d'annoncer l'Évangile, elle atteste à l'homme, au nom du Christ,

o         sa dignité propre

o         sa vocation à la communion des personnes;

o         et elle lui enseigne les exigences de la justice et de la paix, conformes à la sagesse divine ».

·          En se découvrant aimé de Dieu, l'homme comprend sa dignité transcen­dante, il apprend à ne pas se contenter de soi et à rencontrer l'autre dans un tissu de relations toujours plus authentiquement humaines[18].

Des hommes rendus nouveaux grâce à l'amour de Dieu sont en mesure de changer les règles et la qualité des relations, ainsi que les structures sociales: ce sont des personnes capables d'apporter la paix là où sont les conflits, de construire et de cultiver des rapports fraternels là où se trouve la haine, de chercher la justice là où domine l'exploitation de l'homme par l'homme (voir les chapitres plus loin sur l’homme et le développement intégral).

Seul l'amour est capable de transformer de façon radicale les rapports que les êtres humains entretiennent entre eux. Inséré dans cette perspective, tout homme de bonne volonté peut entrevoir les vastes horizons de la justice et du développement humain dans la vérité et dans le bien.

·          Le chrétien sait qu’il peut trouver dans la doctrine sociale de l'Église

o         les principes de réflexion,

o         les critères de jugement

o         et les directives d'action…

…afin d'interpréter la réalité d'aujourd'hui et de chercher des voies appropriées à l'action.

Est-elle applicable ?
Un exemple vécu en entreprise[19]

« Cadre dans une grande Entreprise Française, je me suis trouvé un jour confronté au dilemme suivant :

Dois je participer au plan social demandé par le Groupe, ou bien dois je démissionner ?

Je dois dire que l’Evangile et en particulier la Doctrine Sociale de l’Eglise a été durant cette période un aiguillon et un moyen d’aide à la décision important.

Etudiant j’avais travaillé sur la DSE ( le primat de la personne sur le travail, collectivisme et économisme, etc.) et cela m’avait forgé une bonne idée du type de Manager que je souhaitai être plus tard dans ma vie professionnelle. Mais de la théorie à la pratique il y a du chemin à parcourir ...

Une usine rentable et une stratégie Européenne en mouvement rapide.

Je venais 6 mois auparavant, d’être embauché par le Directeur de cette usine comme Responsable de Production.

L’usine avait eu, les deux dernières années une forte croissance. J’avais bien vu une forte présence syndicale (CGT extrêmement revendicative et fortement liée à la mairie communiste et sa cellule locale) qui indisposait fortement le management central, mais le niveau d’investissements injecté ne pouvait pas me laisser prévoir que, 6 mois après mon embauche, le Directeur d’usine, convoquerait son équipe rapprochée pour nous annoncer la fermeture du site.

L’entreprise, dégageait à cette époque de très bons résultats mais ce plan social s’inscrivait dans une stratégie industrielle à long terme : fermeture des sites « en ville » du fait d’une taxe professionnelle trop élevée, traitement des rejets polluants plus coûteux, personnels citadins plus revendicatifs et moins consciencieux, européanisation des capacités de production et surcapacités des machines dernièrement installées, etc.

Les raisons invoquées, compte tenu de la concurrence actuelle, me semblait être cohérentes mais injustes. Je sentais bien au fond de moi-même que les bons arguments que nous développions butaient sur un nœud moral[20].

Cette annonce fut pour moi comme un grand coup de massue.

Cas de conscience

On m’avait pris en traître car ce genre de plan est travaillé longtemps à l’avance du fait des  conséquences médiatiques et financières possibles. Je me retrouvai piégé sans possibilité de m’exprimer librement . Nous, les cadres opérationnels avions la charge d’exécuter les transferts de production, les reclassements du personnel et les licenciements, tout en recevant tous les mauvais coups : tracts injurieux, tensions extrêmes du personnel, etc.

J’étais donc avec mon cas de conscience, face à 2 types de difficultés.

1/ Face à moi-même.

-C’est à dire face à mes propres contradictions.

« Si je pars, ne suis je pas en train de fuir mes responsabilités ? Et puis, je viens de rentrer ... rechercher un travail avec une famille à charge, c’est redémarrer avec tous les soucis logistiques associés ».

-Face à mes fragilités. Car accepter les injures, encaisser les tensions au sein des services (grèves, arrêts de travail ponctuels, médias) nécessite une réponse adéquate.

Comment gérer tout cela ? Se blinder, se fermer ou bien accueillir, écouter, conseiller, aider à trancher, décider...prier pour ses équipes.[21]

2/ Face à la justice des hommes.

-Etait il juste de fermer un site comme celui-là où nous touchions à cette époque un pourcentage sur les bénéfices très substantiel[22].

-Etait il normal de nous demander d’exécuter ce travail sans prévenir au préalable leurs exécutants?

-Où se trouvait dans tout cela l’équité (pourquoi ce site et pas un autre ?), la Justice Sociale ?

 Je dois dire qu’à cette époque, mon conseiller spirituel, me soutenait fortement . Il ne connaissait rien au monde de l’entreprise mais cet homme d’intériorité savait discerner ce qui était pour moi de l’ordre du combat spirituel  et de la tentation.

De l’idée d’aller au cinéma...

Un soir toujours en butte avec mes questionnements sur ce que je devais faire et comment je devais le faire, nous sommes allés au cinéma, avec mon épouse, voir « la liste de Schindler » de Stevens Spielberg.

Ce film raconte l’évolution d’un allemand chef d’entreprise utilisant la main d’œuvre servile juive des camps de concentration et sa prise de conscience progressive que tout être humain a une valeur infinie. Il sauvera un maximum de juifs de la mort en utilisant sa fonction au sein du système nazie.

Et j’ai trouvé là le déclencheur à  ma réponse.

Se convertir

Nous vivons dans un monde où les structures de péché sont légions. Evidemment le monde de l’Economie et des Entreprises n’échappe pas à ce constat.

Mais où que nous nous trouvions, nous avons le devoir de travailler pour le développement du Royaume de Dieu sur terre comme au ciel , en unissant travail et prière.

Dans et grâce à mon travail, je devais m’attacher à prendre soin du respect et de la dignité de chacun comme personne, de garder la cohésion de mon équipe en leur témoignant ma confiance et mon soutient, les aider à prendre conscience qu’il restaient libres de décider, choisir, prendre en main leur existence et cela malgré les difficultés qu’ils vivaient[23].

J’étais donc appelé à une conversion du cœur pour vivre en chrétien au milieu de mes collègues. Et non pas subir en maugréant « tous pourris ».[24]

Nos actes, nos paroles, nos décisions, nos engagements expriment nos valeurs et nos convictions (même les plus spirituelles).

J’ai donc pris la décision de m’investir dans ce plan social.

Et cela a été pour moi, une expérience humaine très riche.

Donner du sens

J’ai alors observé que dans ce contexte, les situations de crise pouvaient être une fantastique opportunité, pour une remise en question porteuse de changement et de progrès personnel. Facile à écrire mais difficile à vivre !

-Crise d’abord pour les salariés, présents sur ce site depuis des années. Ils avaient à faire le deuil de leur travail, à se remettre en cause, prendre des risques (déménager, suivre une formation, changer de métier, être suivi par le conjoint, etc.) .

J’étais en même temps très frappé par les dégâts d’un matérialisme omniprésent : des familles sur endettées, une obligation pour les deux conjoints d’avoir un travail salarié compte tenu du niveau de vie trop élevé par rapport à leurs ressources, etc.

-Crise ensuite par rapport à soi-même.

Car dans des situations de fortes tensions, on voit poindre ses limites :  sa capacité d’écoute,  sa capacité à ajuster la bonne distance face aux événements, son degré de compassion, sa capacité à maîtriser sa propre révolte, etc.

Je compris le besoin impératif de trouver un sens à mon action[25].

Celui également de poser des actes gratuits pour réaliser notre présence à autrui.

Et dans un cadre comme celui-là,  seuls des actes gratuits centrés vers les autres pouvaient redonner confiance les uns envers les autres (conseils et adresses d’amis, constitution de dossiers pour le conjoint, « souplesse » au cas par cas dans la gestion des horaires selon les demandes, etc.).

Et ces actes n’ont de sens que parce que nous voyons au travers de nos frères et sœurs des personnes, images crées à la ressemblance de Dieu[26].

Une source d’eau vive

Cette expérience m’a montré que l’Eglise est experte en humanité, et que connaître son enseignement en matière sociale est une grande source d’eau vive pour vivre en cohérence la bonne nouvelle de l’évangile. Dans le même temps cet enseignement est civilisateur[27] dans un monde qui gémit dans les douleurs de l’enfantement. Les chrétiens dans le monde de l’Entreprise et les hommes politiques  devraient y puiser beaucoup d’innovations et de richesses pour rendre « l’humain plus humain »[28].

Dans cette épreuve et ce combat  j’y ai trouvé un grand réconfort et un puissant moteur dans mon action et dans ma vie spirituelle d’aujourd’hui. »

Mise en œuvre dans le contexte actuel : une utopie ?

Dans quelle mesure la mise en œuvre de la doctrine sociale de l'Eglise est-elle indépendante d'une réforme spirituelle et morale ?

C'est, je crois, la question-clé!

Par quoi faut-il commencer?

Par la restauration de la famille. C'est à la taille humaine.

On peut y travailler chez soi et autour de soi. Cela dépend en partie, bien sûr, des lois. Tant que la fiscalité avantagera les concubins et rendra presque invivable l'existence d'une famille de trois enfants, certains relèvements moraux continueront d'être entravés par l'iniquité d'une telle législation.

Mais, bien entendu, cela dépend aussi de notre apostolat.

Rendre le sens de la grâce divine aux fiancés et aux époux, de la lumière et de la force surnaturelle qu'elle apporte à ceux qui s'aiment dans le sacrement de mariage est possible. Les jeunes foyers, dont l'amour rayonne la lumière et la chaleur de la sainteté,conjugale existent et témoignent.

·          Ici les méthodes naturelles par le message qu’elles véhiculent sur la personne, le couple et la famille et leurs conséquences positives sur la famille sont un élément clé dans cette stratégie de restauration.

·          On pourrait d'ailleurs dire aussi que l'on peut commencer par la restauration de l'amitié dans l'entreprise ou dans l'établissement scolaire, ou universitaire.

Même si des tensions sont évidentes entre organisations patronales et ouvrières, il n'empêche qu'au sein des communautés de travail qui sont encore à taille humaine, des initiatives concrètes: spirituelles, fraternelles, contractuelles, caritatives sont possibles.

Alors: réforme des institutions? Réforme des mœurs?

Je répondrai volontiers: la première venue. La première possible. Et à tout moment.

A attendre toute une vie une "mutation" ou un "changement de société", on perd sa vie.

A se refuser, aux nécessaires interventions dans la vie civique pour empêcher ou appuyer des lois, à écarter les formules facilitant la participation dans l'entreprise, on se soustrait à la nécessaire amélioration de l'ordre temporel.

Mais à oublier que les premiers chrétiens, qui ne pouvaient rien contre Rome ni contre César, n'en ont pas moins renouvelé en quelques dizaines d'années le climat spirituel du bassin méditerranéen, on risque d'oublier le commandement de l'Amour.

Jeanne d'Arc, qui ne raidissait point les questions de principe faisait chaque jour tout le possible avec ce seul impératif: "Dieu premier servi".

N'est-ce pas Lui qui donne le temps pour prier? Le temps et la manière pour agir? Le temps aussi, même aujourd'hui, pour rendre grâce?

Pourtant si loin de notre contexte politique, social et économique actuel, cela semble utopique.

La tendance actuelle est-elle irréversible?

Il faut en prendre conscience: dire que "le dynamisme actuel", au moins dans nos sociétés très industrialisées d'Europe et d'Amérique du Nord est "permissif, féministe, libéral, individualiste, ou simultanément matérialiste et totalitaire" est une analyse équivoque.

Elle peut vouloir dire que la tendance actuelle va principalement dans ce sens. Elle peut aussi, de plus, impliquer que cette tendance est une "évolution" radicalement irréversible, qu'elle est l'effet d'un déterminisme historique plus fort que toutes les libertés humaines et que contre ce déterminisme désormais inéluctable, tous les efforts sont vains.

Beaucoup aujourd'hui le croient, soit de façon floue, soit avec des âmes déçues mais passives, soit encore parce qu'adhérant aux idéologies, ils travaillent dans le sens même de ces déterminismes.

Or il faut distinguer. Le dynamisme (principal) de nos sociétés est souvent tel. C'est vrai. Mais cette "évolution" est-elle irréversible? C'est la première interrogation à laquelle il faut répondre pour lever l'objection.

On peut le tenter de bien des façons. Mais la réponse la plus immédiatement sensible est peut-être l'argumentation par l'exemple. C'est l'histoire elle-même qui nous le fournit.

Que l'on y songe! Quelle chance Jésus avait-il d'introduire l'amour et la sainteté dans le monde?

Quelle chance avait-il, même, de changer le cœur d'apôtres choisis qui, à l'heure du Calvaire, s'enfuirent "tous"?

Quelles chances de voir, par la prédication de la folie de la croix, se lever, de Jérusalem à Antioche, Ephèse, Corinthe, Rome, des dizaines, des centaines de petites communautés chrétiennes?

Quelles chances de voir les chrétiens surmonter dix persécutions atroces en trois cents ans?

Quelles chances de voir s'instaurer, à travers quatre siècles de barbarie souvent victorieuse, puis à partir de Charlemagne, pendant cinq siècles, une société européenne qui culmine du XIème au XIIIème siècle, établissant, en dépit d'imperfections réelles "une nouvelle civilisation, la civilisation chrétienne, autrement plus parfaite que tous les progrès réalisés jusque-là au prix de tant d'efforts, chez certains peuples privilégiés ?"[29].

Cette réalisation déclina. On assista à un retour au paganisme avec la Renaissance, à une fracture interne de la chrétienté, avec la Réforme, à la rupture entre la morale et le droit, avec la Révolution.

Mais précisément, quelle chance y avait-il, en 1791 lors de la loi Le Chapelier, de voir rétablir moins de cent ans plus tard, en France, le droit d'association?

Quelle chance y avait-il de voir le programme de "Rerum novarum" (1891) se réaliser très largement dans les principales législations occidentales au cours du demi-siècle suivant?

Quelle chance y avait il de voir l’idéologie soviétique s’effondrer en l’espace de quelques mois sans un bain de sang généralisé ?

Quelle chance y avait-il de voir le rayonnement du Vicaire de Jésus-Christ s'étendre et s'affermir à la dimension du monde, après les deux guerres mondiales?

Or jamais autant qu'aujourd'hui la papauté n'a tenu une telle place spirituelle dans l'humanité.

Songe-t-on au "miracle" que constitue cette simple évidence: Benoit XVI, Vicaire du Christ, sous les yeux du monde, deux mille ans après la Résurrection et la première Pentecôte?

N'est-elle pas attestée, au sein des tribulations quotidiennes, la parole du Seigneur: "J'ai vaincu le monde[30] »?

Sans doute, à chaque génération, chaque homme demeure un enjeu. Et nul ne peut servir deux maîtres.

Mais le Christ est ressuscité. Invisible, il est là, tous les jours.

Le combat n'a pas cessé. Mais à considérer toute l'histoire, le dynamisme des erreurs, des passions, des vices aussi, n'a jamais triomphé que pour un temps. Néron est mort. Arius est mort. Et Attila...

Mais l'Eglise vit, depuis deux mille ans. Et les abbayes de saint Benoît, depuis la fondation du Mont Cassin, en 529. Et la sainteté du mariage défendue depuis le dialogue de Jésus avec les pharisiens et la lettre aux Corinthiens jusqu'à "Humanae Vitae", de Paul VI et "Familiaris Consortio" de Jean-Paul II.

Le Christ vit. C'est l'application des mérites de sa Rédemption qui, dès qu'ils sont reconnus par la foi, reçus et accueillis à l'intime des cœurs, brisent le déterminisme des erreurs et des passions, rend la liberté à l'homme.

Car dans le Christ, c'est l'homme qui crée l'histoire[31].

Il le fait parfois invisiblement: Tacite ignore saint Paul. Mais aujourd'hui, saint Paul est plus lu que Tacite.

Donc, l'histoire humaine n'est pas inéluctablement dirigée par un ou plusieurs déterminismes irréversibles, par une idéologie ou par des passions à jamais victorieuses.

Une réforme des mœurs au préalable?

De ce qui précède, on peut conclure qu'il n'y a pas à attendre un "avènement" soudain, autoritaire et par-dessus le marché, global, de la doctrine sociale de l'Eglise!

Précisément parce qu'elle n'est pas une idéologie bâtie sur une abstraction arbitraire, mais parce qu'elle formule une anthropologie, des principes, ou des droits inscrits dans la réalité, elle n'appelle pas un "changement de société" au sens que la France a connu par le train des lois permissives de 1974 ou par le train des lois totalitaires depuis 1981 et jusqu’à nos jours. Il s'agit d'une approche bien différente[32].

Celle de la nécessaire conversion des cœurs, à la "metanoia ", au retournement vers le Seigneur de l'orientation de toute notre vie.

Sous un certain rapport, c'est l'essentiel du message évangélique que le triple appel à l'esprit de pauvreté, de chasteté et d'obéissance.

Mais si la réforme des institutions présuppose au moins une ébauche de réforme des mœurs, n'est-il pas utopique d'imaginer que la rectitude des cœurs, la fidélité à la grâce et la maîtrise de soi seront un jour si répandues dans nos pays qu'il deviendrait enfin possible d'y opérer une réforme des institutions correspondantes?

Cette objection semble d'autant plus forte que, les dynamismes actuels opposent la société de consommation et la croissance du niveau de vie à l'esprit de pauvreté. Ils opposent l'érotisme public, les lois permissives et la légalisation de l'avortement à l'esprit de chasteté. Ils opposent la contestation, le terrorisme intellectuel et parfois la violence révolutionnaire à l'esprit d'obéissance. Dans le climat actuel, les vertus naturelles telles que la tempérance semblent naïvetés, et les vertus évangéliques, vieilles          lunes.      /1

La réforme des mœurs est en cours

Tout cela est vrai. Pourtant, la réforme des mœurs est en cours.

« La sortie du régime de chrétienté n'est pas si totale qu'on le prétend.[33]

Certes la loi n'est plus la morale, puisque désormais le droit est évolutif au lieu d'être nor­matif, mais il n'en demeure pas moins des zones dures dans l'inconscient collectif où s'ancrent des interdits qui aujourd'hui vont de soi: l'inceste, le cannibalisme, le viol, et tout particulièrement la pédérastie - ou la pédo­philie - surtout quand celle-ci s'accompagne de meurtre. Il faut même y ajouter une notion récemment éclose, la parenté indissoluble pour les divorcés, sorte d'avatar issu de l'indissolubilité du mariage chrétien qui dura douze siècles. Enfin l'aspiration à la monogamie, le mono-par­tenariat comme disent les sociologues, reste fondamenta­le et générale.

Donc, si laïcisées que soient les fondations chrétiennes du mariage, elles n'en restent pas moins présentes.

Je considère d'ailleurs que l'une des dernières conquêtes du christianisme, à savoir l'égale gravité des adultères mas­culins et féminins, est une des causes actuelles en France du fait que 75% des divorces sont demandés par les femmes qui ne supportent plus, comme leurs consœurs du XIXe siècle, les passades de leurs époux. » 

Il y a, dans la mouvance de l'apostolat de l'Eglise, et par l'action, parfois visible, du Saint-Esprit, une avancée quotidienne de l'action de Dieu au secret des personnes, des foyers, des jeunes communautés chrétiennes, des mouvements qui mettent en œuvre toute la noblesse de la vie évangélique.

Jamais peut-être comme en notre temps, les groupes de prière, l'action de couple à couple pour la chasteté du mariage, des groupes de formation d'enfants ne se sont développés à ce point. Ce sont des dizaines de pays, de tous les continents, que l'on perçoit -où que l'on reçoit- les nouvelles qui témoignent que, dans notre temps aussi, là où le péché abonde, la grâce surabonde. Sans doute même, avons ­nous, dans nos villes, beaucoup plus de vrais chrétiens que n'en comptait Ephèse, Philippe ou Corinthe au temps de saint Paul!

Partout où cela se produit, partout où l'on prie ensemble, où l'on pratique les vertus chrétiennes ensemble, où les communautés familiales, scolaires, universitaires, les entreprises parfois vivent dans le Christ, l'application de la doctrine sociale progresse.

Le mal est bruyant de nature. Le bien, souvent, ne fait pas de bruit. Cette disposition peut, parfois, nous dissimuler une partie de la réalité sociale.

Quel est l'obstacle le plus puissant?

Il suffirait que des hommes, à la fois déterminés et prudents, comprennent l'enjeu d'un tel renouveau.

Le principal obstacle à l'application de la doctrine sociale de l'Eglise n'est pas tant l'hostilité de ceux qui la refusent que la léthargie des autres.

Ce n'est point tant déclarations, prises de positions, manifestes ou multiples cortèges que requiert le renouvellement de l'ordre temporel par les laïcs, dont c'est la "tâche propre".

C'est de prière fervente, de coopération à la grâce, de prudence naturelle et surnaturelle, de justice et de charité aussi.

Si ces actions, si ces vertus se répandaient simplement chez les fils de l'Eglise, il se pourrait que la doctrine sociale de l'Eglise devienne applicable, par tous, et pas à pas.

La doctrine sociale de l’Eglise et la famille.

En bref[34]

Comme nous le signalait le Cardinal Barbarin en février dernier[35], la famille tient une place centrale dans la doctrine sociale de l’Eglise.

Le Compendium réalisé sur ce sujet est intéressant dans sa structure.

Il se compose de trois parties :

·          La première partie en 4 chapitres de 116 pages :

o         Le dessein d’amour de Dieu pour l’humanité

o         La mission de l’Eglise et la doctrine sociale

o         La personne humaine et ses droits

o         Les principes de la doctrine sociale de l’Eglise

·          La seconde partie en 7 chapitres de 200 pages :

o         La famille, cellule vitale de la société

o         Le travail humain

o         La vie économique

o         La communauté politique

o         La communauté internationale

o         La sauvegarde de l’environnement

o         La promotion de la paix

·          La troisième partie en 1 chapitre d’une vingtaine de pages :

o         L’action ecclésiale et la doctrine sociale.

Voilà ce que nous dit le Pape Benoît XVI lors de son dernier voyage apostolique à Valence en Espagne en juillet 2006. Toute la doctrine sociale de l’Eglise sur la famille se trouve synthétisée en quelques phrases.

« La famille est une institution intermédiaire entre l’individu et la société, et rien ne peut la remplacer totalement.

Elle s’appuie elle-même par-dessus tout sur une relation interpersonnelle profonde entre l’époux et l’épouse, soutenue par l’affection et la compréhension mutuelles.

Pour y parvenir, elle reçoit l’aide abondante de Dieu dans le sacrement du mariage, qui comporte une vocation véritable à la sainteté[36].

La famille est un bien nécessaire pour les peuples, un fondement indispensable pour la société et un grand trésor pour les époux durant toute leur vie.

C’est un bien irremplaçable pour les enfants, qui doivent être le fruit de l’amour, du don total et généreux de leurs parents.

Proclamer la vérité intégrale de la famille, fondée sur le mariage comme Église domestique et sanctuaire de la vie, est une grande responsabilité pour tous.

C’est le milieu essentiel pour la personne humaine.

La famille est le lieu privilégié où toute personne apprend à donner et à recevoir de l’amour.

Outre la transmission de la foi et de l’amour du Seigneur, une des tâches les plus importantes de la famille consiste à former des personnes libres et responsables.

J’invite donc les gouvernants et les législateurs à réfléchir sur le bien évident que les foyers en paix et en harmonie assurent à l’homme, à la famille, centre névralgique de la société, comme le rappelle le Saint-Siège dans la Charte des droits de la famille.

L’objet des lois est le bien intégral de l’homme, la réponse à ses besoins et à ses aspirations. C’est une aide notable à la société, dont on ne peut se passer, et cela demeure pour les peuples une sauvegarde et une purification.

De plus, la famille est une école d’humanisation de l’homme, pour qu’il grandisse jusqu’à devenir pleinement homme. Dans cette perspective, l’expérience d’être aimés par leurs parents conduit les enfants à avoir conscience de leur dignité de fils. »

La famille, cellule vitale de la société[37]

La famille, première société naturelle

La famille est la première société naturelle, titulaire de droits propres et originels qui la met au centre de la vie sociale.

Reléguer la famille «à un rôle subalterne et secondaire, en l'écartant de la place qui lui revient dans la société, signifie causer un grave dommage à la croissance authentique du corps social tout entier »[38].

Car, la famille

·          naît de l'intime communion de vie et d'amour conjugal fondée sur le mariage entre un homme et une femme[39],

·          possède une dimension sociale spécifique et originelle en tant que lieu premier de relations interpersonnelles,

·          est une institution divine qui constitue le fondement de la vie des personnes, comme prototype de tout ordre social[40].

L'importance de la famille pour la personne

Pour la personne, la famille est importante et centrale[41].

Dans ce ber­ceau de la vie et de l'amour, l'homme naît et grandit: lorsque naît un enfant, à la société est fait le don d'une nouvelle personne qui «au plus profond d'elle-même (. .. ) est appelée à vivre en communion avec les autres, et à se donner aux autres »[42].

Dans le climat d'affection naturelle qui lie les membres d'une commu­nauté familiale, les personnes sont, dans leur intégralité, reconnues et responsabilisées : «La première structure fondamentale pour une "écologie humaine" est la famille, au sein de laquelle l'homme reçoit des premières notions déterminantes concernant la vérité et le bien, dans laquelle il apprend ce que signifie aimer et être aimé et, par conséquent, ce que veut dire concrètement être une personne[43]».

L'importance de la famille pour la société

Une société à la mesure de la famille est la meilleure garantie contre toute dérive de type individualiste ou collectiviste, car en elle la personne est toujours au centre de l'attention en tant que fin et jamais comme moyen[44].

Il est tout à fait évident que le bien des personnes et le bon fonctionnement de la société sont étroitement liés «à la prospérité de la communauté conjugale et familiale[45] ».

Sans familles fortes dans la communion et stables dans l'engagement, les peuples s'affaiblissent.

C'est dans la famille que sont inculquées dès les premières années de vie

·          les valeurs morales,

·          que se transmettent le patrimoine spirituel de la communauté religieuse et

·          le patrimoine culturel de la nation.

C'est en elle que l'on fait l'apprentis­sage des responsabilités sociales et de la solidarité[46].

La priorité de la famille par rapport à la société et à l'État doit être affirmée[47].

En effet, la famille, ne serait-ce que dans sa fonction procréa­trice, est la condition même de leur existence.

Dans les autres fonctions au bénéfice de chacun de ses membres, elle précède, en importance et en valeur, les fonctions que la société et l'État doivent remplir[48].

La famille, sujet titulaire de droits inviolables, trouve sa légitimation dans la nature humaine et non pas dans sa reconnaissance par l'État.

Elle n'existe donc pas pour la société et l'État, mais ce sont la société et l'État qui existent pour la famille.

La société et l'État, dans leurs relations avec la famille, ont en revanche l'obligation de s'en tenir au principe de subsidiarité. En vertu de ce principe, les autorités publiques ne doivent pas soustraire à la famille les tâches qu'elle peut bien remplir toute seule ou librement associée à d'autres familles; par ailleurs, ces mêmes autorités ont le devoir de sou­tenir la famille en lui assurant toutes les aides dont elle a besoin pour assumer l'ensemble de ses responsabilités de façon adéquate[49].

Le mariage, fondement de la famille
La valeur du mariage

Le mariage a les traits caractéristiques suivants[50]:

·          la totalité, par la­quelle les époux se donnent mutuellement dans toutes les composantes de la personne, physiques et spirituelles;

·          l'unité qui fait d'eux «une seule chair» (Gn 2, 24);

·          l'indissolubilité et

·          la fidélité que comporte le don réci­proque et définitif;

·          la fécondité à laquelle il s'ouvre naturellement[51].

Le sacrement du mariage

Le sacrement du mariage assume la réalité humaine de l'amour conju­gal avec toutes ses implications et «rend les époux et les parents chrétiens capables de vivre leur vocation de laïcs ( ... ) et donc de "chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu'ils ordonnent selon Dieu"[52]».

La subjectivité sociale de la famille
L'amour et la formation d'une communauté de personnes

La famille se propose comme espace de la communion, si nécessaire dans une société toujours plus individualiste[53].

L'harmonie du couple et de la société dépend en partie de la manière dont sont vécus entre les sexes la complémentarité, le besoin et l'appui mutuels ».

La stabilité et l'indissolubilité de l'union matrimoniale ne doivent pas être confiées exclusivement à l'intention et à l'engagement des personnes impliquées individuellement: la responsabilité de la tutelle et de la pro­motion de la famille comme institution naturelle fondamentale, précisé­ment en raison de ses aspects vitaux et incontournables, revient plutôt à la société tout entière.

L'introduction du divorce dans les législations civiles a alimenté une vision relativiste du lien conjugal et s'est largement manifestée comme une «véritable plaie sociale ».

Les couples qui conservent et dévelop­pent les biens de la stabilité et de l'indissolubilité «assument (H') d'une manière humble et courageuse, la tâche qui leur a été donnée, d'être dans le monde un "signe" - signe discret et précieux, parfois soumis à la tentation, mais toujours renouvelé - de la fidélité inlassable de l'amour de Dieu et de Jésus-Christ pour tous les hommes, pour tout homme ».

La famille est le sanctuaire de la vie

L'amour conjugal est, par nature, ouvert à l'accueil de la vie[54].

C'est dans le devoir de procréation que se révèle de façon éminente la dignité de l'être humain, appelé à se faire l'interprète de la bonté et de la fécondité qui descendent de Dieu: «

Tout en étant biologiquement semblables à celles d'autres êtres de la nature, la paternité et la maternité humaines ont en elles-mêmes, d'une manière essentielle et exclusive, une "ressemblance" avec Dieu, sur laquelle est fondée la famille entendue comme communauté de vie humaine, comme communauté de personnes unies dans l'amour (communia personarum) »

La procréation exprime la subjectivité sociale de la famille et fait naître un dynamisme d'amour et de solidarité entre les générations qui est à la base de la société.

Il faut redécouvrir la valeur sociale d'élément du bien commun inhérent à tout nouvel être humain: chaque enfant « fait don de lui-même à ses frères, à ses sœurs, à ses parents, à toute sa famille.

Sa vie devient un don pour les auteurs mêmes de la vie, qui ne pourront pas ne pas sentir la présence de leur enfant, sa participation à leur existence, son apport à leur bien commun et à celui de la communauté familiale[55] ».

La famille contribue de façon éminente au bien social par le biais de la paternité et de la maternité responsables[56], formes particulières de la parti­cipation spéciale des époux à l'œuvre créatrice de Dieu.

Le poids d'une telle responsabilité ne peut pas être invoqué pour justifier des replis égoïs­tes, mais doit guider les choix des époux vers un généreux accueil de la vie: «Par rapport aux conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales, la paternité responsable s'exerce soit par la détermination réflé­chie et généreuse de faire grandir une famille nombreuse, soit par la décision, prise pour de graves motifs et dans le respect de la loi morale, d'éviter temporairement ou même pour un temps indéterminé une nou­velle naissance ».

Les motivations qui doivent guider les époux dans l'exercice responsable de la paternité et de la maternité découlent de la pleine reconnaissance de leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie de valeurs.

Le recours aux moyens contraceptifs sous leurs différentes formes doit également être réfuté:  ce refus se fonde sur une conception correcte et intégrale de la personne et de la sexualité humaine et revêt la valeur d'une exigence morale pour défendre le véritable développement des peuples.

Les mêmes raisons d'ordre anthropologique justifient en revanche, comme étant licite, le recours à l'abstinence périodique durant les pério­des de fertilité féminine.

Refuser la contraception et recourir aux mé­thodes naturelles de régulation des naissances signifie choisir de baser les rapports interpersonnels entre époux sur le respect réciproque et sur l'ac­cueil total, avec des conséquences positives aussi pour la réalisation d'un ordre social plus humain[57].

Seuls les époux peuvent juger de l'intervalle entre les naissances et le nombre des enfants à procréer. C'est leur droit inaliénable, à exercer de­vant Dieu, en considérant leurs devoirs envers eux-mêmes, envers les enfants déjà nés, la famille et la société.

L'intervention des pouvoirs publics, dans le cadre de leurs compétences, pour diffuser une informa­tion appropriée et adopter des mesures opportunes dans le domaine démographique, doit être effectuée dans le respect des personnes et de la liberté des couples: elle ne peut jamais se substituer à leurs choix;  les diverses organisations opérant dans ce secteur sont encore moins habilitées à le faire[58].

Tous les programmes d'aide économique destinés à financer des campa­gnes de stérilisation et de contraception ou subordonnés à l'acceptation de ces campagnes doivent être moralement condamnés comme des attentats à la dignité de la personne et de la famille. La solution des questions liées à la croissance démographique doit être plutôt recherchée dans le respect simultané aussi bien de la morale sexuelle que de la morale sociale, en encourageant une plus grande justice et une solidarité authentique pour assurer dans tous les cas la dignité à la vie, à commencer par les condi­tions économiques, sociales et culturelles

En tant que ministres de la vie, les parents ne doivent jamais oublier que la dimension spirituelle de la procréation mérite une considération su­périeure à celle réservée à tout autre aspect[59].

Le devoir d'éducation

La famille joue un rôle tout à fait original et irremplaçable dans l'éducation des enfants[60].

Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, mais pas les seuls. Il leur revient donc d'exercer avec responsabilité l'œuvre éducative, en collaboration étroite et vigilante avec les organismes civils et ecclésiaux[61].

La famille a la responsabilité d'offrir une éducation intégrale. De fait, toute éducation véritable vise à «former la personne humaine dans la perspective de sa fin la plus haute et du bien des groupes dont l'homme est membre et au service desquels s'exercera son activité d'adulte ». L'intégralité est assurée quand les enfants - par le témoignage de vie et par la parole - sont éduqués au dialogue, à la rencontre, à la socialité, à la légalité, à la solidarité et à la paix, en cultivant en eux les vertus fondamentales de la justice et de la charité[62].

La famille, protagoniste de la vie sociale
Solidarité familiale

La subjectivité sociale des familles, individuellement ou associées, s'exprime aussi par des manifestations de solidarité et de partage, non seulement entre les familles elles-mêmes, mais également sous diverses for­mes de participation à la vie sociale et politique[63].

Loin d'être seulement objet de l'action politique, les familles peuvent et doivent devenir sujet de cette activité, en œuvrant pour «faire en sorte que les lois et les institutions de l'État non seulement s'abstiennent de blesser les droits et les devoirs de la famille, mais encore les soutiennent et les protègent positivement. Il faut à cet égard que les familles aient une conscience toujours plus vive d'être les "protagonistes" de ce qu'on ap­pelle "la politique familiale" et qu'elles assument la responsabilité de transformer la société[64] ».

Famille, vie économique et travail

Un rapport tout à fait particulier lie la famille et le travail: «La famille constitue l'un des termes de référence les plus importants, selon lesquels doit se former l'ordre social et éthique du travail humain ».561 Ce rapport s'enracine dans la relation qui existe entre la personne et son droit de posséder le fruit de son travail et concerne le particulier non seulement comme individu, mais aussi comme membre d'une famille, conçue comme «société domestique ».

Le travail est essentiel dans la mesure où il représente la condition qui rend possible la fondation d'une famille, dont les moyens de subsistance s'acquièrent par le travail. Le travail conditionne aussi le processus de développement des personnes, car une famille frappée par le chômage risque de ne pas réaliser pleinement ses finalités[65].

La société au service de la famille

Le point de départ pour un rapport correct et constructif entre la famille et la société est la reconnaissance de la subjectivité et de la priorité sociale de la famille. Leur rapport intime impose à «la société de ne jamais manquer à son devoir fondamental de respecter et de promouvoir la famille ». La société et, en particulier, les institutions de l'État - dans le respect de la priorité et de 1'« antériorité» de la famille - sont appelées à garantir et à favoriser l'identité authentique de la vie familiale et à éviter et combattre tout ce qui l'altère et la blesse. Cela requiert que l'action politique et législative sauvegarde les valeurs de la famille, depuis la promotion de l'intimité et de la vie familiale en commun, jusqu'au respect de la vie naissante et à la liberté effective de choix dans l'éduca­tion des enfants. La société et l'État ne peuvent donc ni absorber, ni substituer, ni réduire la dimension sociale de la famille; ils doivent plutôt l'honorer, la reconnaître, la respecter et l'encourager selon le principe de subsidiarité.[66]

Méthodes Naturelles et Doctrine Sociale : quels liens, quels enjeux ?

Les liens entre les méthodes naturelles et la Doctrine Sociale de l’Eglise

Lors du colloque de février 2006 à Lyon sur « Pourquoi les méthodes naturelles ? » un questionnaire préalable fut envoyé à chacun des participants avec un certain nombre de questions dont celle-ci : Les méthodes naturelles, quels enjeux ?

Voici quelques extraits des réponses développées par les participants :

Les méthodes naturelles,

·          sont source d’épanouissement et de bonheur,

·          décentre la femme (et l’homme) de lui-même,

·          sont bonnes pour se construire affectivement,

·          bonnes pour l’affermissement de son identité,

·          la différence homme/femme,

·          éclairent mieux la complémentarité homme/femme,

·          montre sous un éclairage toujours neuf la vision du couple comme image de Dieu,

·          renforce l’institution du mariage et de son sacrement,

·          sont un antidote à la déstabilisation des familles,

·          excellent moyen au plan social et culturel par le fait de diffuser une culture qui va contre la société dépressive et la culture de mort,

·          sont au plan ecclésiales attendues même si le discours et la pratique sont contestés au niveau local.

·          freinent cette culture de mort,

·          mettent de la joie dans ce monde de tristesse,

·          donnent la foi en la vie,

·          donnent de l’espérance en un avenir possible.

On le voit les enjeux développés se situent également dans la D S E.

Il est intéressant de noter comme unanimement les participants faisaient un lien entre les méthodes naturelles et la dignité de la personne humaine, l’identité de la femme, du couple et de la famille, le mariage et la « santé » du corps social.

Car les méthodes naturelles respectent la femme dans sa dignité, en ne l’exposant pas comme un objet de plaisir. Elles permettent de la respecter en tant que femme dans son identité.

Elles respectent l’homme dans son identité en le mettant face à ses responsabilités d’époux et de père.

Elles respectent la dignité et l’égalité des époux en tant que personnes.

Elles permettent la reconnaissance de la complémentarité entre homme et femme.

Elles sous-entendent la coopération des époux.

De part le dialogue nécessaire, dans le choix de donner la vie et de se positionner  de manière responsable, elles impliquent le couple comme famille.

Elles nécessitent une véritable éducation dès l’enfance sur le respect d’autrui, le respect du corps et les réalités de la sexualité. Sur l’égalité des droits et des devoirs entre l’homme et la femme car fondement de la responsabilité mutuelle.

C’est donc un point d’ancrage fort pour le corps social que ces familles là.

Il y a donc tout lieu de considérer la doctrine sociale de l’Eglise comme un outil important permettant d’approfondir les enjeux qui sous-tendent les méthodes naturelles.

Quels sont les enjeux des méthodes naturelles au regard de la Doctrine Sociale de l’Eglise ?

Il s’agit ni plus ni moins d’expliciter la régulation naturelle des naissances sur des bases anthropologiques fortes, pleinement développées sur le plan philosophique auquel croyants et non croyants puissent s’attacher[67].

Des fondements anthropologiques solides.

1er enjeux : Retrouver une définition de l’humain avec des fondements anthropologiques solides.

Comment en pratique ?

L’enseignement des méthodes naturelles est un bon terrain :

·          en enrichissant les valeurs interpersonnelles.

·          en développant le respect (des autres, de soi-même, de son corps, de la nature, etc..), de la gratuité et du service.

·          en facilitant la convivialité humaine

·          en redonnant la possibilité de refaire son unité intérieure de manière à ce que la conscience de chaque personne puisse retrouver une conscience morale plus éclairée.

Pourquoi ?

Car une conscience morale plus éclairée élargie l’horizon de sa réalité physique vers une réalité où son existence possède un caractère transcendant.

·          Et saisir le caractère transcendant de son existence permet de se voir non pas comme une chose mais comme ayant un caractère sacré, comme sujet doué de conscience et de liberté, appelé à vivre de façon responsable dans la société et dans l’histoire

Nous ne devons pas avoir peur de nous appuyer sur cette anthropologie chrétienne si riche et certainement la source de nombreux renouvellements à venir si tant est que l’on y puise.

L'expression "anthropologie chrétienne" est récente[68] ; elle est employée pour la première fois par Jean-Paul II.[69].

"Nous devons nous replacer dans le contexte du "commencement" biblique où la vérité révélée sur l'homme comme "image et ressemblance de Dieu" constitue la base immuable de toute l'anthropologie chrétienne[70]. "Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa" Gn 1,27. Ce passage concis contient les vérités fondamentales de l'anthropologie : l'homme est le sommet de tout l'ordre de la création dans le monde visible ; le genre humain, qui commence au moment où l'homme et la femme sont appelés à l'existence, couronne toute l'œuvre de la création."[71]

Lorsque le Compendium se réfère à l'anthropologie chrétienne, particulièrement au paragraphe 9, il s'appuie sur Centesimus annus 55, qui éclaire les relations entre l'anthropologie et la théologie :

"L'Église reçoit de la révélation le sens de l'homme… L'anthropologie chrétienne est donc en réalité un chapitre de la théologie, et, pour la même raison, la doctrine sociale de l'œuvre, en s'occupant de l'homme, en s'intéressant à lui et à sa manière de se comporter dans le monde, "appartient [...] au domaine de la théologie et spécialement de la théologie morale"[72].

La dimension théologique apparaît donc nécessaire tant pour interpréter que pour résoudre les problèmes actuels de la convivialité humaine. Voilà pourquoi elle se consacre avec des forces et des méthodes toujours nouvelles à l'évangélisation qui assure le développement de tout l'homme[73]."

·          Le point de départ est moral. Il est sur la personne humaine puisque les êtres humains sont les seuls créatures capables de moralité.

Cette personne morale, homme ou femme, n’étant pas une entité désincarnée, mais est une unité de corps et d’esprit. En tant qu’agent moral libre, je suis une unité de corps et d’esprit.

De surcroît, la nature a inscrit une grammaire et un langage moral dans la structure sexuelle du corps humain.

Celle-ci peut être discernée par l’intelligence humaine et délibérément respectée.

Poser des actes moralement appropriés honorent ce langage et cette grammaire dans toute leur complexité, y compris les aspects unitifs et procréateurs de la sexualité humaine : les rapports sexuels en tant que manifestation de l’amour et moyen de transmettre le don de la vie.

Tout acte niant l’une de ces deux dimensions enfreint cette grammaire et relègue nécessairement, bien qu’involontairement, l’épouse au rang d’objet de plaisir.

La chasteté conjugale est une question de don de soi mutuel qui se transcende et atteint à sa nature véritablement humaine par son ouverture à la possibilité d’une nouvelle vie.

L’homme intégral.

2ème enjeux : Poser une réflexion fondamentale sur l’homme intégral où l’homme est au centre de la réflexion sociale[74].


l’Eglise considère l'homme comme "l'axe de tout son exposé, l'homme dans son unité et sa totalité, l'homme corps et âme, cœur et conscience, pensée et volonté."

·          L'homme image de Dieu est très certainement le fondement de toute l'anthropologie chrétienne, mais dans son sens plénier : c'est du point de vue de sa nature que l'homme est appelé à dominer sur la création.

En cela il y a bien quelque chose d'anthropologique.

·          Un homme en devenir.

Rien de statique, ni de figé. L'image est une image en développement, en ‘révélation' pour employer une métaphore photographique.

"L'homme est un devoir être. Il n'a pas seulement, il est une vocation[75]."

Sur le plan de la réflexion économique, il y a là quelque chose de capital. C'est l'idée d'un développement humain en même temps que d'un progrès technique et économique.

L'immatériel fait irruption dans le champ de la réflexion. D'autre part, la perspective d'une croissance à la fois matérielle et pourrait-on dire existentielle ouvre la doctrine sociale de l'Église à une vision très positive du progrès économique et social[76].

·          L'homme conçu à la ressemblance de Dieu

Que l'homme soit créé à l'image de Dieu, voila un élément fondamental, qui constitue la clé de voûte de la doctrine sociale de l'Église[77].

Cependant, l'homme pourrait-on dire est encore plus que cela. Il est plus qu'un image, il est appelé par le mystère du Christ, Dieu fait homme, à cet admirable échange dont parlent les Pères, à une alliance qui produit une transformation intérieure.

"Il est capable de se connaître, de se posséder, et de librement se donner et entrer en communication avec d'autres personnes et il est appelé par grâce à une alliance avec son Créateur, à lui offrir une réponse de foi et d'amour[78]".

Cette sublimité de la vocation humaine, que le Concile appelle vocation divine, s'enracine par le fait que le Christ s'est uni à tout homme (CDS 105 et GS 22) Comme le dit aussi saint Paul, nous sommes prédestinés à reproduire l'image de son fils (Rm 8,29).

On comprend mieux, dans ce cas, l'importance du thème de la croissance, du développement anthropologique.

Une expression centrale va revenir comme un refrain dans le Compendium : celle du développement intégral de la personne[79].

Le développement intégral.

Ce développement en soi n'est pas séparé de la vie quotidienne, de la vie ordinaire, et en particulier du labeur humain.

C'est en posant des actes, en répondant à sa vocation divine par sa fidélité sa droiture et son intelligence que l'homme, assisté par la grâce, est constructeur de sa personne et de la société [80].

On trouve aussi une expression riche de sens dans le Compendium, au paragraphe 185 : "la personnalité créative du citoyen."

Citant l'encyclique Centesimus annus (§ 48), au sujet de l'intervention de l'État et du principe de subsidiarité, le Compendium revient au principe même des relations personnelles, à savoir la dimension créatrice de la vocation humaine.

Le domaine social est un lieu d'inventivité et de création, d'entreprise pourrait-on dire. Jean-Paul II rappelait la nécessité de recourir aux institutions de proximité, en rappelant que l'assistance sociale ne s'exprime pas seulement par des secours matériels mais par "un soutien sincèrement fraternel" ; cela exige une application du principe de subsidiarité, comme le recommande Centesimus annus (§ 48) : un soutien matériel qui n'humilie pas l'homme, et qui l'affermit dans sa dignité de personne[81].

En raison de la conception de l'homme intégral, la dynamique qui touche l'homme est également intégrale[82].

Cette notion de développement intégral se trouve la première fois dans l'encyclique de Jean XXIII Mater et Magistra (§ 65). Elle est appliqué alors au bien commun, qui est susceptible de promouvoir un "développement intégral de la personnalité." Lors du Concile Vatican II, la même expression apparaît à propos de la culture qui doit lui être subordonnée (Gaudium et Spes 59). C'est le pape Jean-Paul II qui va l'utiliser en rapport avec les réalités économiques, et spécifiquement le travail humain. Il éclaire cette notion dans Centesimus annus 43 : "Le développement intégral de la personne humaine dans le travail ne contredit pas, mais favorise plutôt, une meilleure productivité et une meilleure efficacité du travail lui-même[83]."

Cela veut dire que l'homme mûr, atteignant un certain développement physique et intellectuel, mais aussi spirituel, dans sa relation de foi et de prière, dans son contact à Dieu par la grâce, va aussi être capable, dans son foyer tout autant que dans son milieu professionnel de suggérer des propositions, de voir des choses qu'il n'aurait pas vues auparavant.

L'homme accompli devient en même temps capable de propositions, inventif, créatif. Il se fait ou plutôt il est mû par Dieu pour être moteur dans son milieu, même s'il se trouve au bas de la hiérarchie sociale. Mettant en œuvre toutes les ressources de sa personnalité, de son intelligence, il va favoriser les relations humaines, les contacts, il usera de sa compétence en vue d'une meilleure productivité et une meilleure efficacité. En même temps, il se construit et se réalise.

Il devient authentiquement et profondément "humain". "L'homme, dit Grégoire de Nysse, s'engendre lui-même il est père de son propre être, il construit l'ordre social[84]."

Une telle conception du développement intégral nous paraît très riche de sens et prolonge ce que les économistes appellent théorie du capital humain. La valeur du "capital humain
[85]" contient beaucoup d'éléments qualitatifs : les connaissances des ouvriers, leur disposition à tisser des relations, leur créativité, leurs capacités d'entreprise, leur habileté à affronter la nouveauté.

Ces éléments ne sont pas sans rapport avec la manière dont Adam Smith concevait le travail humain. Lorsqu'il évoquait les éléments fondamentaux de la division du travail, sa conception n'était pas du tout utilitaire ni réductrice. Il ne voyait pas dans l'ouvrier une paire de bras utile pour le rendement ou la performance industrielle, mais quelqu'un susceptible de compétence et de savoir faire.

Comme l'une des causes premières de la richesse des nations, il mentionne l'habileté, la compétence et le bon jugement de ceux qui participent à l'activité productive[86].
Comment ne pas établir un parallèle entre cette intuition fondatrice du père de la science économique et, à un niveau plus spirituel, ce qu'affirme le Compendium sur les prémices de l'Esprit ? (CDS 522 citant Rm 8,23)

La richesse des nations est bien plus que matérielle. Elle est faite de biens matériels autant que de richesses spirituelles, de vie morale, de savoir vivre, d'institutions sociales.

Ainsi le Compendium affirme que "le fondement de la moralité de toute action sociale réside dans le développement humain de la personne et elle situe la norme de l'action sociale dans l'exigence de correspondre au vrai bien de l'humanité et dans l'engagement visant à créer des conditions qui permettent à tout homme de réaliser sa vocation intégrale."

3ème enjeux : des bases anthropologiques, pleinement développées sur le plan philosophique auquel croyants et non croyants puissent s’attacher.

Dans le domaine des MAO, voir tout le travail des Cigognes déjà réalisé.

Dans le domaine économique, voir les Mutuelles, les coopératives agricoles, l’économie de communion etc

Alors ?………Y a du boulot pour tout le monde !!!!!

 


La relation homme/femme et le pouvoir de procréer : Saint Paul revisité

Cigogne 5, Chardon 24 août 2006, jour de la Saint Barthélémi

 

 

Introduction

Ce qui m'intéresse, c'est de voir quelle part il faut faire à la culture dans les prises de position de Paul. Les commentateurs divergent énormément sur ce point. D'un côté, il y a ceux qui mettent toutes les difficultés des textes de Paul sur le compte de la culture, de l'autre, ceux qui reçoivent les paroles de l'apôtre comme Parole de Dieu, font remarquer que Paul se réfère à l'ordre de la création et que la subordination de la femme qu'il enseigne se base sur Genèse 2 et non sur Genèse 3. Cette subordination est donc incontournable puisqu'elle est fondée sur l'ordre de Dieu à la création.

Mais Paul est aussi celui qui déclare : « Il n'y a plus ni Juif, ni Grec; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre; il n'y a plus l'homme et la femme; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus-Christ » (Ga 3.28). Cette dernière affirmation est-elle bien du même Paul qui écrit aussi « la femme a été faite pour l’homme » (1 Co 11.9) déclaration inacceptable pour de nombreuses femmes chrétiennes à qui Anne-Marie PELLETIER[87] répond avec pertinence, mais cette réponse suffit-elle à empêcher que le grand apôtre ne passe pour un odieux machiste ? Si  l'on ajoute l'exhortation aux Éphésiennes : « femmes soyez soumises à votre mari » et la lettre à Timothée qui concerne aussi l'Église d'Éphèse où l'apôtre ne permet pas pas aux femmes d'enseigner, cela fait beaucoup de contradictions à résoudre ! Est-il possible d’en sortir ?

Pendant longtemps et c'est à partir de ce point de vue que nous avons rédigé Famille, points de repère ?[88] J'ai soutenu que le motif central de la pensée de Paul est de défendre l'unité du couple et de refuser d'envisager l'homme sans la femme et la femme sans l'homme.

En rédigeant la partie de mon chapitre sur Paul et la culture de son temps, j'ai buté sur le texte de Corinthiens 11 car si je ne parvenais pas à résoudre le cas de ce chapitre, une bonne partie de ma thèse sur les rapports entre Parole de Dieu et cultures des hommes s'en trouvait fragilisée.

Deux remarques méthodologiques : 1° lorsqu'un texte biblique fait difficulté, il faut chercher pourquoi nous ne le comprenons pas ou nous ne pouvons pas le comprendre plutôt que d'affirmer que l'auteur partageait les erreur de son temps. 2° Les propos de Paul ne peuvent être juxtaposés. Ils doivent être interprété dans le contexte historique et littéraire dans lequel les épîtres nous les ont transmis. 

J'étais bel et bien en panne quand Evelyne, mon épouse m'a fait découvrir un article de la Revue Esprit dans lequel Caroline ELIACHEFF s'entretient avec Françoise HÉRITIER. De ces propos apparemment à cent lieues de Saint Paul, m'est apparu un point de vue nouveau qui éclaire les affirmations de Paul en 1 Corinthiens 11, les origines du machisme et « last but not least », le rapport entre le machisme et le contrôle des naissances !

Le raisonnement de Paul

Commençons par constater que Paul n’utilise pas les mêmes références théologiques selon qu’il traite de la place et de la tenue de la femme dans le culte et lorsqu’il définit sa place dans le couple. Il nous semble que Paul décrit la place respective de l’homme et de la femme dans trois perspectives distinctes : pour le salut, il n’y a ni homme ni femme ; dans l’exercice du culte, la place de chacun doit être marquée symboliquement par la tenue et le rôle joué par chacun ; dans le couple, la relation époux/épouse proclame la seigneurie du Christ qui se donne pour son Église. Mais voyons les choses de plus près.

Les références à Genèse 2 sont données pour le culte (1 Co 11 et 1 Tm 2.11-13). Le souci de Paul pour le culte consiste à reconnaître l’intention du Créateur pour l’humanité et à l’exprimer par la place et la tenue de chacun. Or, Genèse 2 décrit un scénario qui dissocie la création de l’homme et de la femme pour mieux expliciter leur vocation respective en même temps que leur rapport à Dieu.

Alors que pour de nombreuses cultures l’homme vient de la femme, pour Genèse 2, Adam est créé le premier. Ainsi reçoit-il la vocation culturelle : nommer les autres êtres vivants, cultiver et garder le jardin. Toutes ces tâches, préparent l'arrivée de la femme. Il ne manque plus qu'elle, c'est pourquoi le Créateur déclare : « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul » (Gn 2.18) et sans transition : « je lui ferai un ezer[89] qui soit son vis-à-vis. » Semblable, mais différent, de la même nature (os de mes os, chair de ma chair), mais pas identique. Paul fait de ce récit une lecture qui met en relief la dissymétrie entre l'homme et la femme. Les deux êtres ont une même dignité. Jamais l'apôtre ne laisse entendre que la femme n'aurait pas les mêmes capacités que l'homme ou lui serait inférieure[90]. C'est autre chose qui est jeu : l’homme et la femme ne sont pas interchangeables[91], ou pour le dire en langage* sociologique, ils sont appelés à jouer des rôles différents ou, s'ils doivent jouer le même rôle, ils le joueront différemment.

Pour Paul, on ne peut célébrer un culte en négligeant ou en gommant cet ordre symbolique. Le premier acte d’adoration ne devrait-il pas consister en un acte de reconnaissance (dans les deux sens du terme) de la place que Dieu donne à ses créatures ? Malheureusement, la mise en oeuvre des directives de Paul n’a trop souvent été exprimée que par un respect légaliste de symboles mal compris voire pas compris du tout. Les hommes n'ont retenu que les restrictions formulées dans et pour des contextes culturels limités dans l'espace et dans le temps. Il est vrai qu'on ne sait pas tout ce qu'on voudrait savoir sur ces arrière-plans. Cependant, on en sait assez pour pouvoir dire qu'une fausse conception de la liberté menaçait la communauté de Corinthe et qu'à Éphèse, où travaille Timothée à qui Paul écrit, un féminisme outrancier lié au culte de la célèbre Diane des Éphésiens (Ac 19) contraignait les femmes chrétiennes à une grande retenue pour qu'il n'y ait pas de confusion[92]. Dans un cas comme dans l'autre, l'ordre du culte devait exprimer la différence entre ces fausses conceptions et celles qui découlent de l'ordre voulu par Dieu.

Donc, l'Église est bien le lieu de la proclamation de l'Évangile de liberté. Mais alors que le culte constitue une anticipation du royaume où il n'y aura plus « ni homme ni femme » (Ga 3.28), parce qu’il est célébré en ce bas monde, il ne peut être un lieu de désordre ou de confusion. On y entre donc et on y vit dans le cadre de l'éducation* reçue en mettant en valeur le meilleur de la culture dont on fait partie, non pour attirer l'attention sur soi mais pour glorifier le Seigneur (1 Co 10.31). On y vient donc avec les vêtements qu'on porte habituellement. La seule présence de femmes dans l'Église disait son égale dignité, car habituellement elles n'étaient pas admises dans les lieux publics.

L'apôtre Paul ordonne de respecter des règles conformes aux habitudes sociales en vigueur. Il explique que la différence de tenue reflète quelque chose de l'ordre établi à la création (7-9) : il faut qu'un homme porte les signes distinctifs que la culture reconnaît à l'homme et la femme ceux par lesquels la culture en vigueur l'identifie en tant que femme. Malheureusement le verset 10 a souvent été mal traduit et le sens de tout le passage s'en est trouvé modifié[93]. Le principe qui doit être respecté aussi bien par la coiffure que par le vêtement, c’est qu’en Christ le projet du créateur est restauré : « L'homme n'est pas sans la femme, ni la femme sans l'homme » (11). Faut-il insister sur l'actualité de l'affirmation d'un tel principe ? Cette affirmation a souvent été perçue comme si Paul voulait corriger les clauses précédentes, voire justifier bibliquement mais à tort, les restrictions qu'il préconisait[94]. Avant d’interpréter comme une faiblesse de Paul, une déclaration qui nous dérange, il serait plus sage de confesser ne pas la comprendre. Mais, est-elle si hermétique que cela ?

L'exposé de Paul est embarrassant en raison même de sa clarté ! La dissymétrie est soulignée, elle fait partie de la structure de la doctrine. On ne peut l’escamoter !

L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l'image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l'homme. Car ce n'est pas l'homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l'homme. Et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête une marque d'autorité, à cause des anges. Pourtant, la femme est inséparable de l'homme et l'homme de la femme, devant le Seigneur. Car si la femme a été tirée de l'homme, l'homme naît de la femme et tout vient de Dieu.. (1 Co 11.7-12).

La dernière affirmation : « Car si la femme a été tirée de l'homme, l'homme naît de la femme et tout vient de Dieu. » est sans doute la plus « soft » du passage ! Une simple évidence, un rappel qui adoucirait les angles de la première partie du texte ? Et s’il en était la clé ?

                L'anthropologue Françoise HÉRITIER a beaucoup travaillé la question des rapports homme/femme. Elle a montré que « les femmes sont dépositaires d'un pouvoir que les hommes leur envient, car essentiel à la continuité du groupe, celui de mettre au monde des enfants. »[95] Le « privilège exorbitant de la féminité » déséquilibre ce qu’elle appelle « la valence différentielle des sexes ».

« La valence différentielle des sexes traduit la place différente qui est faite universellement aux deux sexes sur une table des valeurs, et signe la dominance du principe masculin sur le principe féminin. Le rapport homme/femme est construit sur le même modèle que le rapport parents/enfants, que le rapport aîné/cadet, et plus généralement, que le rapport antérieur/postérieur, l'antériorité signifiant la supériorité. Cette série d'équivalences est universellement admise. Il n'y a, à ma connaissance,  déclare Françoise HÉRITIER,  aucune société, même matrilinéaire, qui agisse en retournant ces équations ou simplement en niant leur existence. »[96]

Constatant qu’il a absolument besoin de la femme pour se reproduire, l’homme va faire d’elle sa propriété ![97] Il faut attendre l’invention de méthodes contraceptives contrôlées par la femme pour assister à sa libération de la domination masculine. C’est probablement une des révolutions culturelles les plus spectaculaire qui ait jamais eu lieu.

« La grande révolution de notre époque n'est pas nécessairement la conquête spatiale. C'est bien plutôt la conquête par les femmes en Occident d'un statut de personnes autonomes juridiquement reconnu qui leur était jusqu'alors dénié. À mes yeux, le pivot de cette conquête est le droit à disposer d'elles-mêmes que leur donne la contraception par la maîtrise remise entre leurs mains de leur fécondité. Grâce à la contraception, la femme devient maîtresse de son corps et n'est plus considérée comme une simple ressource ; elle use de son libre arbitre en matière de fécondité, y compris dans le choix du conjoint, le choix du nombre d'enfants qu'elle souhaite et du moment où elle les souhaite. Elle peut ainsi mettre fin à un système de domination qui consistait à l'utiliser pour faire des enfants. »[98]

Mais ce n’est pas tout et c’est là que, sans le savoir, elle rejoint Paul : « non seulement les femmes sont capables de produire leur semblable, c'est-à-dire des filles, mais également d'enfanter leur différent, c'est-à-dire des garçons »[99]. Des mythes expliquent qu'il n'en était pas ainsi lorsque les hommes et les femmes vivaient séparés ; les hommes engendrant des fils et les femmes des filles. Mais à cause d'une faute, les hommes ont été punis plus sévèrement que les femmes et ils ont perdu leur pouvoir de se reproduire directement[100]. Parce que la capacité d'enfanter a souvent conduit à enfermer la femme dans sa maternité, la culture moderne qui a découvert depuis peu le moyen d’échapper à cette condition, a tendance à faire un amalgame et à considérer comme une servitude ce qui constitue en réalité « un privilège exorbitant ». Quant à sa capacité de reproduire du « non identique » et que l’homme soit obligé de passer par elle pour avoir des fils, on ne sait plus trop quoi faire de cette question. Elle ressurgit de temps en temps sous la forme du phantasme de « l’homme enceint » qui a été pris pour thème par le cinéma[101].

Cette double capacité féminine, ce « privilège exorbitant », expliquerait le comportement masculin universel à l’égard de la femme : dans l’incapacité de se passer d’elle, la seule possibilité qui lui reste consisterait à en faire sa chose. Tant qu’il restera maître de la fécondité de la femme, le système pourra perdurer. Historiquement, la libération de la femme coïncide effectivement avec l’invention des méthodes de contraception qui échappent au contrôle de l’homme[102].

Les affirmations de Paul qui font problème s’articulent précisément autour de la faculté de la femme de donner naissance à des fils. « l'homme naît de la femme ». On ne peut considérer cette affirmation comme une simple évidence. Paul est trop rigoureux et son langage trop concis pour laisser passer des propositions inutiles. La nécessité pour l’homme de devoir passer par la femme pour se reproduire est bel et bien le fait significatif mis en valeur par Françoise HÉRITIER. Mais si la démonstration s’arrête là pour l’anthropologue, elle va plus loin pour Paul le théologien qui ajoute : « et tout vient de Dieu ». Autrement dit, le rapport asymétrique entre l’homme et la femme n’a de sens que dans la foi au Créateur. Hors de lui, il ne peut y avoir que tyrannie.

C’est exactement ce que dit Genèse 3. « [Dieu] dit à la femme: "Je ferai qu'enceinte, tu sois dans de grandes souffrances; c'est péniblement que tu enfanteras des fils. Ton désir te poussera vers ton homme et lui te dominera." » (3.16). Le sens de la première partie est difficile à établir[103]. La dernière partie par contre est limpide et décrit bien la condition féminine sous l’économie du péché.

L’Évangile libérateur restaure la femme dans la condition d’avant la chute : l’homme et la femme se retrouvent face à leur Créateur et le culte qu’ils lui rendent doit représenter cette relation retrouvée. L’homme peut de nouveau être l’image de Dieu pour la femme et donner le meilleur de lui-même pour lui faire une place. Si la femme néglige les signes de sa féminité (1 Co 11) ou bien si elle se met en situation de prendre de force ce qui revient à l’homme de lui donner, le culte perd son sens[104]. Mais si l'homme ne donne pas à la femme sa place, le culte perd également sons sens.

C’est en effet pour l’homme un acte de reconnaissance que de donner une place à la femme jusque dans le culte. Ainsi, les prétendues contradictions de Paul, à savoir que d’un côté il interdise à la femme de prendre la parole dans l’assemblée et que de l’autre il mentionne des femmes qui prient ou prophétisent disparaissent. La dissymétrie qui semblait reléguer la femme au second plan, constitue en réalité un levier qui permet à l’homme de mieux la mettre en valeur !

Le privilège masculin d’être la gloire de Dieu rétablit l’équilibre de « la valence différentielle des sexes ». Mais le souci de Paul va plus loin que le simple rétablissement de cet équilibre. H. BLOCHER fait remarquer :

«  Si l'apôtre Paul ajoute : "l'homme est l'image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme" (1 Co 11. 7), c'est le fruit de sa réflexion sur l'ordre ; il n'enlève pas à la femme, comme être humain, la gloire d'être en image de Dieu, mais il observe que dans la relation des sexes, le privilège d'autorité, représentation de Dieu, se trouve du côté masculin. Il y a, pourrions-nous commenter, comme un subtil équilibre. Dans tous les rapports terrestres, l'homme représente Dieu plus évidemment que ne le fait la femme : dans la transcendance active, la distanciation objective, la domination, le travail. Mais du coup, c'est la femme qui représente le mieux l'humanité dans le rapport avec Dieu : vis-à-vis du SEIGNEUR, tout être humain doit accepter, mâle ou femelle, une situation féminine, être de lui et pour lui, recevoir et porter la semence de sa parole, recevoir et porter le nom qu'il donne ; les trois choses qui demeurent, la foi, l'espérance et l'amour (1 Co 13.13), n'ont-elles pas comme un parfum féminin ? Le Créateur a bien pesé les avantages respectifs du masculin et du féminin ; la balance est moins inégale qu'on croit ; chacun, homme et femme, vit plus aisément une dimension de la part humaine, être en image de Dieu : le représenter, et lui correspondre. »[105]

À partir de cette dissymétrie fondatrice, il nous semble que le rapport homme/femme face à Dieu peut être qualifié par trois adjectifs.

C’est d’abord et cela convient au culte, un rapport initiatique. L’expression appartient au vocabulaire religieux. Elle évoque l’initiation au mystère. L’incommensurable dissymétrie du rapport Créateur/créature trouve là un reflet : la lumière de Dieu est comme irisée quand elle passe dans le prisme du couple. Le rôle de père prolongera celui d’époux, celui de mère met en oeuvre la procréation dont Genèse 5.1 reflète la création de 1.27-28.

C’est ensuite un rapport éthique. La relation homme/femme est prise entre les feux du possible et ceux du souhaitable. Le théorème éthique* veut que, tout ce qui est possible n’étant pas souhaitable et que tout ce qui est souhaitable n’étant pas possible, la démarche de l’éthique consiste à trouver le point d’intersection entre ces deux lignes. L’ordre donné à l’homme de s’attacher à sa femme et le septième commandement déterminent l’intersection entre le possible et le souhaitable. Les cultures qui devront s’élaborer en dehors de la révélation biblique essaieront d’autres combinaisons. On sait ce qu’elles donnent. Mais il ne s’agit pas seulement du rapport conjugal, c’est toute la société qui est traversée par le masculin et le féminin qui peuvent s’opposer, se concurrencer ou s’harmoniser.

C’est enfin, un rapport esthétique. Ce n’est pas pour rien que l’on parle d’un « beau couple ». Exaltée par la danse sur glace ou confrontée aux épreuves de la vie quotidienne, la complémentarité homme/femme produit les effets qui sont parmi les plus beaux à voir. Chacun donnant à l’autre le meilleur de soi-même, chacun allant au devant des besoins de l’autre, ne se séparant que pour mieux se retrouver, l’homme et la femme en couple sont vraiment image de Dieu. Là aussi, il n’y a pas que le couple. La mixité dans le travail et la vie sociale constitue une composante dont on ne s’aperçoit quelquefois que lorsqu’elle vient à faire défaut !

L’exposé paulinien constitue en outre un exemple du lien qui relie vision du monde et mode d’organisation sociale. Célébrée dans le culte, la vision biblique du monde doit se traduire dans les relations que les hommes et les femmes qui rendent un culte au Créateur entretiennent entre eux. Même leur tenue, donc les codes vestimentaires, doivent en refléter quelque chose.

Le rapport conjugal. Toute la démonstration de Paul est basée sur le rapport du corps et de la tête d’une part, du Christ et de l’Église de l’autre (Ep 6). L’image du corps et de la tête implique une subordination équivalente à celle qui ressort de la référence à Genèse 2 dans 1 Corinthiens 11[106]. Mais si le développement de la pensée part bien de la soumission, l’image de la tête et du corps illustre surtout l’unité organique du couple. Le privilège masculin, dans Éphésiens 5, consiste à représenter le Christ qui se donne pour son Église. La soumission de la femme, dans cette perspective, constitue la transfiguration de l’attitude exigée par la culture de l’époque pour que la relation époux/épouse soit porteuse d’Évangile. Comme pour la vision du monde, Paul part de la culture telle qu’elle est, de son langage et de ses coutumes. À l’Évangile, tel un levain dans la pâte, de transformer la culture. Mais, la référence à l’ordre culturel ne va pas de soi. On ne comprend pas toujours l’ordre qui régnait au temps des apôtres. Examinons-le de plus près.

Reste le rapport au salut, c'est l'affirmation de Galates 3,28 qui le définit : il n'y a plus ni homme ni femme.


Le signe de la Femme   Anne-Marie Pelletier

                                               PREMIERE PARTIE : L’HOMME ET LA FEMME

La relation fondatrice Gen 1-2

C’est la racine d’une anthropologie originale

 Revenir à cela pour  quitter l’imaginaire populaire

 Ce n’est pas du passé mais du présent dont il s’agit

1er point : la différence des sexes

Contraste avec le contexte ambiant

La différence est un plus

La différenciation et donc la séparation est au cœur de la création       (gender)

Gen1, 26-27

D’abord proximité avec le créateur : image et ressemblance puis

Immédiatement déclaré deux

L’unique et le duel se suivent :

 «  A l’image de Dieu, il LE créa, homme et femme, il LES créa » et c’est très bon !

La fécondité :

Aux animaux : Dieu les bénit et dit : soyez féconds, multipliez

À l’homme, il dit : Dieu les bénit et LEURS dit

La parole est adressée à une personne : c’est un échange de personne à personne

L’homme partenaire de Dieu

La différence des sexes  supporte la naissance du langage Dieu –Homme puis homme-femme avant même la fécondité.

(Le dialogue avec Dieu précède la fécondité ? )

2e point : la femme en subordonnée ?

IL n’est pas bon que l’homme soit seul : or il est avec Dieu !!

Une aide ?

(ezer) : le secours donné par Dieu dans une situation de détresse, un danger vital

L’arracher à un isolement ce que ne peuvent faire les animaux (cf animal de compagnie)

 Elle permet à l’homme d’avoir un avenir

Le sommeil d’Adam : il ne connaît pas la naissance de la femme et donc pas de maîtrise sur la femme

3e point : un Dieu masculin ?

Ce n’est pas  un Dieu « mâle » mais un Père, à l’engendrement spécifique :

Adam et Eve ne sont pas issus d’un engendrement maternel, de la sexualité; ils sont créés et mis à distance du créateur en vis-à-vis, non en fusion.

4e point : La confiance mise à mal

C’est le Dieu qui interdit :  autorité et arbitraire et non par ce que ce serait dangereux !

 C’est à moi de décider ce qui est bien ou mal !

5e point : tout cela à cause d’une femme !

Le serpent engage la conversation avec la femme alors que «  l’interdit à été dit à l’homme avant la création de la femme

Le texte n’est donc pas chronologique ! mais porteur de sens d’abord

En Gen 2 c’est le couple conjugal qui termine le récit

L’homme est muet en Gen 3 : il ouvre la bouche non pour parler pais pour manger

C’est la femme nourricière  dont il s’agit d’un homme « infans » qui ne parle pas

C’est donc une mère qui transgresse et non une épouse.  Il n’y a pas de dialogue entre rôle masculin et rôle féminin.

En fait il s’agit d’un drame qui touche toute l’humanité

Ce texte airait été écrit à la lumière de l’histoire de la royauté d’Israël avec son infidélité et ses transgressions

C’est la femme  représentant l’humanité entière comme Sion est la figure féminine d’Israël ;

C’est l’humanité dans sa dimension maternelle, engendrante

Dans les sentences : la première touche la maternité et  Eve est nommée la mère des vivants !

Ensuite la sentence sur la conjugalité.

L’histoire de la genèse n’est pas d’abord un drame, mais avant le péché dit originel, il y a le « très bon » de la création dans la différence homme-femme

 L’origine fondatrice est très bonne

 L’homme et la femme sont momentanément  coupés en partie de la simplicité heureuse de l’échange pour lequel ils sont faits.

L’anthropologie chrétienne repose sur Genèse 1 et 2 et non sur uniquement Genèse 3 !

6e point : le remède : le cantique des Cantiques

C’est dans la similitude du dialogue avec Dieu que peut s’enraciner le dialogue conjugal :

Différence, distance, perdre- chercher-trouver, séparation etc.

 Galates 3, 28

« Vous tous … »

 Paul élargit le champ du salut  moyennant la foi :

 Esclave-homme libre : chacun est devenu fils du Père, serviteur

 Grec-juif : réconciliation peuple choisi et païens, Jésus éteint la rivalité

 Mâle-femelle : annule la genèse 1 et 2 ?  en fait évoque Gen 3 :

Il annonce non l’abolition d’une différence mais d’une guerre !

 Voir l’image du corps chez Paul avec l’Esprit qui unifie

 C’est la fin de 3 hostilités fondamentales : relations sociales, juif- chrétien, homme-femme.

  DEUXIEME PARTIE :  POUR L’AUTRE

La femme créée pour l’autre

1 Cor 11, 9 : « ce n’est pas l’homme qui a été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme »

1 Cor 11, 13 : »Le chef de tout homme c’est le Christ…Le chef de la femme c’est l’homme »

1 Cor 11,7 : « L’homme est l’image de la gloire de Dieu, la femme est la gloire de l’homme »

S’oublier pour l’autre ? et pourtant « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Lévitique.

1er point :

1 Cor 11, 10 : « voila pourquoi la femme doit  avoir sur la tête un signe de puissance (sujétion, exousia) à cause des anges. »

Pourquoi toute cette histoire de longueur de cheveux, de voile et d’anges ?

Voir le contexte de Corinthe en 50 : juives (femme avec voile qui  participe au culte et prophétise) et païennes (bacchantes aux cheveux dénoués, avec délire sacré)

Paul veut préserver l’unité de la jeune communauté chrétienne.

1 Cor 11, 12 : »Dans le Seigneur, la femme est inséparable de l’homme et l’homme de la femme. Car si la femme a été tirée de l’homme, l’homme naît de la femme et tout vient de Dieu. »

Voilà qui rétablit l’équilibre.

Paul a un souci pastoral et non pas théologique.

2e point : réentendre les mots de Paul

Comment entendre de « pour l’autre » ?

Dieu est « pour l’autre «  depuis  Abraham, Isaac, Jacob et le Christ : pour nous les hommes et pour notre salut du credo ;

Dans l’AT : Dieu combat pour nous etc…C’est le Dieu protecteur mais aussi Dieu « maternel »Os 11,8 et Os 11,4 (j’étais pour eux comme celui qui soulève un nourrisson tout contre sa joue), Dieu « époux »

Cet altruisme le rend vulnérable : Isaïe et le serviteur souffrant.

Dans le NT, c’est Dieu « livré pour nous » et l’Eucharistie : « prenez et mangez «  donner sa vie pour l’autre

 Le Dieu avec nous (Emmanuel) se découvre comme Dieu pour nous

La Trinité : « triple foyer d’éternel altruisme » selon Zundel

 À l’image de l’aliénation de la femme par l’homme se substitue une autre résonance :

Pour que l’humanité porte la ressemblance à Dieu, il faut y introduire le « pour l’autre » divin : c’est la femme « ezer « pour Adam ;

Ce n’est pas une fonction uniquement féminine certes, mais pour que chacun y reconnaisse le principe de vie.

Le féminin est plus proche de Dieu : Marie au pied de la Croix, Marie- Madeleine au sépulcre.

Cf. femme et avortement

« De fait, l’enfant qui habite le corps maternel est bien cet autre en excès de toute représentation, qui veut que l’on réponde de lui avant même que l’on ne sache rien de lui. … Faisant par là l’expérience de l’irruption de l’infini dans le fini, la conscience se découvre ainsi ordonnée à une tournure maternelle.»

Si la maternité physique est une figure éminente de la relation à l’autre, elle n’est pas indispensable pour être femme. L’expérience d’être voué à l’autre dépasse la maternité physique.

Une conscience masculine peut entrer dans cette démarche.

Ceci n’est possible que si la vie est honorée par la femme, reconnue comme personne à part entière (cf. émigrées)

3e point : le mystère Pascal :

Le féminin et la patience

La croix , point culminant du « pour l’autre « , du « pour nous » de Dieu, excès de l’amour au-delà du raisonnable.

Voir Philip 2 : « lui de condition divine … » 

De l’abaissement à la gloire déjà annoncé par Isaïe.

Le spectateur vit aussi un retournement : « c’était nos péchés qu’il portait … »

Il existe une œuvre de vie là où se donnent à voir passivité et  faiblesse : la sagesse de Dieu bouscule, inverse les signes de la réussite de l’échec, de la puissance, de la vie et de la mort.

La vérité sur l’homme et la femme devra comporter à un moment un peu de la folie du « pour l’autre » qui accompagne  la Passion.

Chaque fois qu’une femme s’obstine à faire vivre l’autre, quel qu’il soit, et fut-il le plus petit et le plus désarmé, elle fait œuvre de puissante et travaille à l’histoire humaine.

(œuvre de rédemption ? )

Le signe de la femme

Sanctionner des abus, revendiquer une parité ?

Enseigner la féminité aux hommes pour qu’ils soient des hommes ?

1er point : Eph 5, 21-33 : « Femmes soyez soumises à vos maris … »

Lire d’abord chap. 4 et 5 : "En toute humilité douceur et patience supportez-vous les uns les autres  avec charité…"  Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous… »

«  Soyez soumis les uns aux autres... » Eph5, 21

De quelle soumission s’agit-il ?

Ce n’est qu’une particularité de la soumission en général.

Voir Jésus soumis à ses parents, au Père, c’est la soumission par amour qui respecte la liberté.

Voir l’image du corps  où les missions sont différentes au service de l’ensemble.

2e point : chacun (homme et femme) est signe pour l’autre d’une partie du mystère du Christ

La femme signe de l’amour de L’Eglise pour le Christ quand elle aime son mari

L’homme signe de l’amour du Christ pour l’Eglise quand il aime sa femme

 Mais l’association se fait plus loin avec maître esclave et parents enfants ! Contradictoire !

Jésus s’est fait reconnaître comme esclave plutôt que comme maître et invite dans son royaume ceux qui deviennent comme des enfants. 


Extraits de Raison de Croire – Cerf pages 224-226 rédigé par Yves Gavault

L’homme être social.

« L'homme est un animal social et politique » nous dit Aristote, bien avant la révélation. Cet enseignement de la philosophie va fonder la recherche de la « cité idéale » de Platon à nos jours. Cette vie en société, inhérente à notre condition humaine, nécessite des règles. Il s'agit de garantir à l'homme la concorde et le meilleur épanouissement possible. C'est la politique qui, prenant en charge la res publica (la chose publique), va chercher à satisfaire cette finalité naturelle. La théologie, à la lumière de la révélation, va nous enseigner que l'homme, créé à limage et à la ressemblance de Dieu, n'a de salut qu'en ce Dieu-Créateur qui vient inspirer sa créature, elle-même créatrice en ce monde. Ainsi, la révélation inscrit l'ordre temporel et la quête humaine du bonheur terrestre au sein de l'ordre spirituel dans la perspective d'une finalité ultime surnaturelle: la béatitude du ciel.

Une interprétation radicale du « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » et la philosophie des Lumières ont construit un monde sécularisé qui affecte toute notre vie sociale. La raison l'emportant, la religion, particulièrement en France, n'aurait plus rien à dire des principes et des conditions économiques, sociales et politiques qui régissent la vie de l'homme. Pourtant, peut-on imaginer que le Christ et, à sa suite, son Église restent muets quant aux règles qui gouvernent la cité dans laquelle l'homme va naître, vivre, aimer, souffrir et mourir ? Ainsi pour l'Église catholique les biens terrestres tout autant que les biens surnaturels sont l'affaire du Dieu-Providence. Plus encore, toute activité temporelle conditionne les fins spirituelles de l'homme qui sont d'accéder à la vie éternelle. L'Église « experte en humanité » est alors fondée à se prononcer sur la moralité de la vie économique, sociale et politique.

La doctrine sociale de l'Église.

L’enseignement social de l'Église est ne de cette rencontre du message évangélique et de ses exigences avec les problèmes émanant de la vie en société. Ainsi, la doctrine sociale de l'Église affirme expressément que la finalité de l'économie est le service de l'homme: « le développement intégral de tout l'homme et de tous les hommes ».

Parce qu'il se fonde dans le commandement suprême de l'amour de Dieu et du prochain, cet enseignement social se rattache depuis les origines à l'enseignement moral du Christ. Le terme « doctrine sociale » de l'Église n'a qu'une cinquantaine d'années et son corpus, réellement initie par Léon XIII an XIXe siècle (encyclique Rerum novarum, 1891), s'est considérablement développé depuis. L'Église affirme ainsi la dimension publique de la foi chrétienne et son engagement pour un monde juste, bien qu'imparfait, tant la cité parfaite - la Jérusalem céleste - n'est pas de ce monde. Mais dès ici-bas les catholiques sont appelés à fonder leur action en vue du bien commun en se conformant au décalogue, à l'Évangile et à la doctrine sociale de l'Église. Dans un monde en crise, traversé par de profondes et durables inégalités économiques, sociales, culturelles, mettre les « choses » au service des hommes et non les hommes au service des «choses» pourrait être un principe majeur de discernement dans l'agir social du chrétien.

La doctrine sociale de l'Église à travers ses textes magistraux s'est constituée par accumulation, en répondant aux contextes socioculturels différents qui marquent chaque époque. On pourrait croire certains textes caduques tant les situations sont datées, complexes et évolutives. Éclairés autant par les sciences sociales, la philosophie, que la théologie, le chrétien et l'homme de bonne volonté peuvent dépasser l'historicité du propos pour mieux saisir les principes permanents de la doctrine sociale de l'Église fondés sur la loi naturelle' et l'Évangile. Une ouvre de foi autant que de raison, dont nous allons préciser l'objet, la méthode et les principes.

Définitions et méthodes.

Des nombreuses définitions existantes, retenons celle de Mgr Guerre: « La doctrine sociale de l'Église est un ensemble de conceptions (fait de vérités, de principes et de valeurs), que le magistère puise dans la loi naturelle et la révélation, et qu'il adapte et applique aux problèmes sociaux de notre temps afin d'aider, selon la manière propre de l'Eglise, les peuples et les gouvernants à organiser une société plus humaine, plus conforme au dessein de Dieu sur le monde. » Selon le Catéchisme de l'Église, « la doctrine sociale de l'Église propose des principes de réflexion; elle dégage des critères de jugement; elle donne des orientations pour l'action ». La méthode en trois étapes de la doctrine sociale de l'Église: voir, juger, agir, correspond bien à la logique de cette définition.

Voir, c'est d'abord faire l'étude de la situation concrète en examinant la réalité en profondeur: scruter les problèmes, leurs causes et leurs effets. L'analyse doit amener à considérer les différents points de vue d'une même réalité sociale en s'aidant des sciences humaines considérées comme pertinentes en première visée.

Juger, c'est utiliser cette faculté de l'intelligence qui permet d'interpréter la réalité perçue pour en dégager le sens. C'est chercher à évaluer la réalité à la lumière de l'Évangile, des valeurs intemporelles et des critères de jugement de la doctine sociale de l'Église, discerner ce qui est ou n'est pas le projet de Dieu sur l'homme et sur le monde. Par exemple, les questions d'inégalités sont perçues sous l'angle de l'injustice ou de la domination, obligeant à considérer la dignité et la liberté des personnes.

Agir, c'est bâtir de façon concrète ce que l'intelligence a décidé. On veut réaliser un monde conforme au plan de Dieu pour les hommes. Cette phase de l'action est la concrétisation de l'espérance du chrétien. Il s'agit de « construire la civilisation de l'amour », en transformant la société pour plus de justice sociale, de paix, de liberté...

Pas plus qu'elle n'est une „ troisième voie pour aujourd'hui, la doctine sociale de l'Église n'est une idéologie. Fondée sur des principes intemporels, elle rend possible un agir « en chrétien „ qui, dans des contextes historiques changeants, réinvente constamment les formes de cette cité terrestre où l'homme est magnifié.

Les principes de la doctrine sociale de l'Église.

Le principe de l'égale dignité de la personne humaine. « Tout être humain est créé à l'image de Dieu et racheté par. Jésus Christ. […] Si les différences de talents font partie du plan de Dieu, la discrimination sociale et culturelle vis-à-vis des droits fondamentaux n'est pas compatible avec le dessein de Dieu. » Ce principe est la base fondatrice de la doctrine sociale de l'Église sur lequel tous les autres principes s'articulent. C'est une vérité inaliénable qui fait de chaque être humain un être digne de respect quels que soient ses attributs : race, sexe, âge,

nationalité, religion, orientation sexuelle, statut, richesse, santé, intelligence... Il en résulte une égalité en droit - pas un égalitarisme- permettant de rendre à chacun ce qui lui revient. Dans la vision chrétienne, la personne humaine n'est jamais un moyen, mais toujours une fin.

Le principe de respect de la vie humaine.

« Chaque personne, depuis le moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle, a une dignité inhérente et un droit à la vie en conformité avec cette dignité. » L’homme est précieux et la vie qui l'anime est digne de protection et de respect, quels que soient les stades du développement ou du déclin de la personne. Ni la convenance personnelle, ni le handicap, ni la déchéance physique ou intellectuelle ne peuvent être prétexte à « abréger la vie ». Le caractère sacré de la vie humaine est au fondement d'une société juste et bonne.

Le principe d'association et de participation.

« Notre tradition proclame que la personne n'est pas seulement sacrée mais sociale. La façon dont nous organisons la société - au niveau économique et politique, légal et juridique - affecte directement la dignité humaine et la capacité des individus à grandir en communauté.» « Cellule d'Église », la famille est aussi cellule de base de la société; comme creuset et modèle du vivre ensemble, elle doit être protégée et encouragée. Le travail est plus qu'une manière de gagner sa vie. Tout homme a reçu des talents et, fidèle à l'appel de Dieu de « dominer la terre », il doit pouvoir collaborer à une oeuvre qui achève la création originelle du monde. Le travail ne saurait s'exercer dans n'importe quelles conditions; le respect des droits fondamentaux des travailleurs relève de la dignité qui leur est due.

Le principe de solidarité.

Nous avons des obligations envers tous […]. « La solidarité universelle qui est un fait, et un bénéfice pour nous, est aussi un devoir .» La solidarité rend singulièrement témoignage au Christ, tête d'un corps dont chaque humilie est partie. La vie sociale n'est pas d'abord un contrat, mais une réalité ontologique inscrite dans l'essence même de l'Homme. Chacun est dès lors le « gardien de ses frères » : nous formons une seule famille humaine en un seul corps mystique.

La solidarité doit s’exercer concrètement, personnellement mais aussi collectivement par la recherche de la justice sociale et du bien commun. Il s’agit certes d’assister la personne dans le besoin. mais surtout de l'aider à devenir responsable. Dès lors, transformer les structures sociales, surtout lorsqu'elles sont de véritables « structures de péché » (Jean-Paul II) est l'expression la plus aboutie de la solidarité active.

Le principe de la protection préférentielle des pauvres et des personnes vulnérables. « Dans la personne des pauvres, il y a une présence spéciale du Fils de Dieu qui impose à l'Eglise une option préférentielle pour eux ». Celle-ci exprime la caritas, c'est-à-dire l'amour porté à Dieu au travers de l'aide portée à sa créature dans le besoin. Elle rappelle que le Christ est venu pour les malades, les lépreux, les affligés... La justice impose l'équité, aussi le riche est-il appel, à partager avec celui qui n'a rien ou peu. À notre mort, nous serons jugés par Dieu; mais dès ici-bas ce partage doit permettre l'harmonie et l'unité de la société.

Le principe de gérance « La tradition catholique insiste sur le fait que nous montrons notre respect pour le Créateur par notre gestion de la création. » La doctrine sociale de l'Église proclame la destination universelle des biens. En effet, la création appartient à Dieu, l'homme en ayant reçu l'usage. Les responsabilités de gérance touchent autant les « biens » de la personne que ceux de la communauté sociale: talents personnels, biens matériels, richesses naturelles (terres cultivables, matières premières, eau ... ), santé, éducation... La propriété privée est un droit essentiel de la personne a u service de la subsistance, mais relève aussi d'un devoir à visée sociale: le bien commun. Aussi celui qui possède est en fait un administrateur, jamais un propriétaire en un sens égoïste.

Le principe de subsidiarité. Ce principe stipule que le nie eau supérieur d'une organisation ne doit pas réaliser ce qui peut être effectivement et efficacement réalisé à un niveau inférieur. Il faut laisser agir les personnes ou les groupes qui sont plus proches des réalités locales pour résoudre les problèmes sociaux. Ce principe touche au gouvernement des personnes: puisque l'autorité est servante, il est juste qu'elle ne se substitue pas aie, personnes, mais les aide par dés moyens adaptés. Une place importante doit être faite aux corps intermédiaires tels les syndicats, les associations, les écoles, les entreprises... qui doivent aider la famille comme fin de ces structures.

Le principe du bien commun. « Le bien commun est compris comme les conditions sociales qui permettent aux gens d'atteindre leurs pleines potentialités et de réaliser leur dignité humaine. » La recherche du bien commun constitue la reconnaissance de l'être social de l'homme et de sa pleine dignité. Aussi est-il le premier objectif de la justice sociale rendue possible par une solidarité active. La seule prospérité matérielle ne suffit pas à définir le bien commun, pas plus qu'il n'est la somme des intérêts particuliers. Il s'agit de dégager les conditions sociales qui permettront aux sociétés d'arriver à leur fin juste et bonne en prodiguant aux familles et citoyens un plus grand bien-être spirituel et matériel. Aujourd'hui, tout en respectant les corps intermédiaires et le principe de subsidiarité, il est nécessaire de mettre en place des structures internationales capables de répondre aux nouveaux défis planétaires.

 

Vers la civilisation de l'amour.

Les principes précédents permettent de mieux saisir la richesse de la doctrine sociale de l'Église. Mais une lecture partielle ou mal hiérarchisée de ces principes peut conduire à en dénaturer le sens profond. Si le principe de l'absolue dignité de la personne humaine conditionne les autres, seule une approche dynamique et souple de l'ensemble de ces principes, selon une logique de cohérence, en permet l'application la plus juste au service de la croissance des personnes et des sociétés.

Borner la bonne volonté à construire la « cité idéale », c'est risquer l'idéologie qui finalement nie l'homme qu'elle prétendait servir. En inspirant l'action, ces principes intemporels aident les hommes à relever les défis d'aujourd'hui. « Construire la civilisation de l'amour » est, selon Jean-Paul II, le « défi du troisième millénaire », aussi appelle-t-il, et Benoît XVI à sa suite, les chrétiens catholiques à « entrer en politique ». Il est du devoir du croyant de connaître ces principes et de les appliquer; le Compendium de la doctrine sociale de l'Église, véritable «catéchisme social », doit y aider.


A propos du livre « l’Eglise et la contraception : l’urgence d’un changement » de C.Grémion et H.Touzard

Les auteurs, sociologue et psychologue chrétiens s’attachent à montrer combien la position de l’Eglise sur ce sujet précis de la contraception n’est pas recevable  par la majorité des couples catholiques aujourd’hui, ses propos étant inacceptables et pire encore, non réellement fondés.

Ils estiment que les laïcs sont maintenant mieux formés et responsables  et que  les couples dans le sacrement de mariage savent quel meilleur comportement adopter dans cette matière. Ils leur sembleraient  juste de suivre ainsi le « sensus fidéi »

Les auteurs soulèvent de nombreuses questions pertinentes, mais souvent avec certaines arrière pensées, ou  raisonnements de mauvaise foi. A la fin du livre, il y a mise en doute   du démarrage de la vie humaine dès la conception , afin de disculper le stérilet….

De leur point de vue prévaut le « principe de totalité », c’est à dire l’importance de  la fécondité générale de la vie du couple et non le sens de possible procréation chaque acte sexuel

Impression générale par moment d’une certaine « mauvaise foi » pour arriver à leur fin(ex.p.152)…..des omissions pour arranger leur discours , des disqualifications, …

Pour eux , Les laïcs sont maintenant formé et responsables et notamment les couple dans le sacrement de mariage savent quel meilleur comportement adopter. L’ensemble des catholiques ne vivent pas les prescriptions de l’Eglise donc c’est bien qu’il y a problème

Ils sont en accord avec le « texte de la majorité » remis à Paul VI en 1966.  Les principes sont ceux  de » totalité », et d’une « vision personnaliste », (extrait du «  texte de la majorité » : la moralité des RS dans le mariage prend la signification 1ère et spécifique de leur ordonnance à une vie conjugale féconde, cad. Pratiquées dans l’esprit d’une paternité responsable, généreuse et prudente, et elle ne dépend par conséquent pas de la fécondité directe de chaque rapport en particulier (totalité). De plus , la moralité de chaque acte conjugal dépend des exigences de l’amour mutuel en tous ses aspects,(Personnalisme psychologique)

Pas de  réflexions sur la fécondité propre de chaque personne  et le sens du corps intégré à la personne, la fécondité  étant en fait comme principe biologique  extérieure à la personne, et    donc manipulable

Mise en doute à la fin,  de la vie humaine dès la conception , pour disqualifier le stérilet(nul ne peut affirmer qu’une vie est en train de s’installer ……)

« les prescriptions relatives à la fécondité , au permi-défendu dans les relations entre les époux apparaissent superflues, ou pure incohérence, face à la vision généreuse développé par ailleurs. D’où le danger réel de voir rejeter en bloc le bel idéal de mariage chrétien  en raison de l’irréalisme, des contradictions des règles édictées par l’Eglise en matière de relations conjugales »p.17

p.22 :règles de l’Eglise concernant le mariage : par rapport à la fécondité, elle a multiplié les précisions , les règles et fixé les interdits portant sur les RS entre époux ;

Problèmes et contradictions soulevés :

- lien entre ses prescriptions de l’Eglise ressentie comme tatillonne et mesquines , et son enracinement de l’écriture.

 

-          pourquoi l’observation des rythmes naturels (au moyen de matériels plus ou moins sophistiqués)est elle considérée comme naturelle, et non le retrait pratiqué dans la genèse par Onan ?p.28

-          contradiction entre autorisation à rechercher la non transmission par des méthodes « autorisées » et le refus  fondamental de toutes tentatives d’entraver cette transmission  p.29. p62 : contradiction : d’une part « est illicite tout ce qui en prévision de l’acte conjugal  vise à rendre impossible la procréation », et d’autre part l’autorisation des efforts pour déceler les périodes infécondes et y situer les jours des RS. Il y a la une « action prévisible dans le but d’éviter une fécondation ». S’il n’est jamais permis même pour de graves raisons de rendre un acte conjugal infécond, pourquoi permettre ce choix volontaire des jours inféconds ???

-          par rapport à Humanae Vitae : texte en contradiction avec les travaux des théologiens et les avis des évêques et des cardinaux : pas de prise en compte de la fécondité globale du couple, pas de moindre mal dans les relations empruntant d’autres méthodes que celles utilisées

-          l’introduction de la stérilité directe par les pilules n’est pas différente du choix des jours stériles. 47.

-          le fait d’accepter l’usage licite du calcul pour connaître les périodes agénésiques de la femme implique déjà la séparation entre le RS qui est explicitement recherché  et son effet de reproduction qui est volontairement écarté 

-          contradiction entre l’appel de la conscience et l’appel à suivre à la lettre l’enseignement du magistère p.141

-          Citant Pierre Montaigne dans la perspective personnaliste : « il serait scandaleux de s’interdire toute intervention dans les processus biologiques « étiquetés comme naturels », et en contradiction avec la volonté de Dieu qui a confié à l’homme la mission de soumettre la terre. Il n’y a pas de techniques qui soient toujours bonnes et d’autres défendues qui seraient toujours mauvaise »p.47

Par rapport aux Méthodes  naturelles :

-          Pb de la spontanéité des RS qui sont obligées d’être dans le  carcan du cycle, et non pas d’être une réponse spontanée et partagée à des événement ressentis en commun comme source de rapprochement p.107 et 113 . l’exercice dune paternité responsable dans la seule observation des « rythmes naturels de l’épouse » apparaît le plus souvent comme un contresens à la fois psychologique et social. C’est un signe de l’incapacité de concevoir la personne féminine comme mue par d’autres déterminants que par ses fonctions reproductrices p.107

-          Complexité des matériels requis pour les « méthodes naturelles » p.109 . et attitude obsessionnelle de la femme qui doit s’observer tout au long de la journée ; « Si ce n’est pas une incitation à un comportement égocentré et obsessionnel, cela y ressemble fort » p.113

-          Les études les + sérieuses montrent que l’échec de ces méthodes tourne autour de 30%

-          la contraception permet de se centrer non sur les pb lié à la sexualité et au fonctionnement hormonal de l’un ou de l’autre, mais de se préoccuper de l’éducation des enfants, de la culture, d’engagement affectif, religieux ou social, ce pour quoi la méthode présentée(MN) laisse moins de loisir puisqu’elle suppose un suivi attentif quotidien et partagé p.114

Affirmations

  -Aux yeux des producteurs de normes ecclésiales, la juste recherche d’une plus grande responsabilité accompagnant des nouvelles possibilités matérielles et médicales de régulation de la fécondité, est le plus souvent confondue avec la valorisation des conduites hédonistes. Trop souvent la demande de respect de la responsabilité de la personne et du couple est devenue synonyme d’accéder aux dérives de la recherche de plaisir et de mépris de l’autre. C’est la tradition ou la perdition…..p.81

- par rapport au préservatif : dénonce la position de l’Eglise car l’usage du préservatif permet d’éviter la transmission d’un virus mortelp.100 mais oubli de dire que le préservatif augmente la sexualité hors mariage et la transmission du virus….

-JPII se trompe en généralisant systématiquement le lien entre contraception et avortement p.102 . De nombreux croyant ou incroyant n’auront pas recours à l’avortement en cas d’échec de la contraception Une enquête INED 1992 montre cela. Les proportions actuelles sont du même ordre……..et la p.après : autre enquête INED montre que la contraception est généralisée et le recours à l’IVG en cas de GNP est en augmentation…..p.103

  -responsabilité des laïcs, qui sont infantilisésp.157, et considérés comme incapables de discernement spirituel dans le sacrement de mariage (cf vademecum des confesseurs)

Il faudrait reconnaître le sensus fidéï dans le choix d’un comportement en matière de fécondité

 -loi naturelle contestée et peu cohérentep.148

- citation de G.Cottier(1967), plutôt pour la pilule ??????

 - dégager l’Eglise de sa préoccupation des moyen et la placer sur le plan des fins (cf le texte de « la majorité » non suivi par PaulVI) p.149

éclairage en lien avec le livre de M Seguin : « La contraception et l’Eglise »

Principe de totalité (MSp.94) : les relations infécondes reçoivent leurs significations procréatrices ainsi que leur rectitudes morale en étant attachée à la procréativité de toute la vie conjugale. Lorsque est assurée  la fécondité globale du mariage, présente et avenir, la moralité est sauve et les conjoints peuvent intervenir par les moyens qu’ils veulent pour entraver une fécondité qu’ils jugeraient déraisonnable

«texte de la majorité » : »la moralité des RS dans le mariage prend la signification 1ère et spécifique de leur ordonnance à une vie conjugale féconde, cad. Pratiquées dans l’esprit d’une paternité responsable, généreuse et prudente, et elle ne dépend par conséquent pas de la fécondité directe de chaque rapport en particulier (totalité). De plus , la moralité de chaque acte conjugal dépend des exigences de l’amour mutuel en tous ses aspects,(Personnalisme psychologique) en un mot, la moralité des RS est ainsi jugée par les vraies exigences d’une sexualité humaine dont la signification est à la fois protégée et promue surtout par la chasteté conjugale

Tendance « personnaliste »(MSp.90)

Importance donnée d’abord à la personne humaine,

L’amour devient procréateur selon le conditionnement biologique de l’acte

Puisque  le biologisme humain n’est qu’un élément de la personne humaine, c’est le bien de cette dernière, et non le respect du processus biologique qui devra être déterminant pour établir des critère objectif de moralité.

Si un nouvel enfant devait menacer l’équilibre du couple et que la continence risque d’ébranler l’harmonie conjugale si nécessaire au bien des enfants, ou mettre en péril la fidélité ou l’unité des époux, le vrai bien humain, celui des personnes devrait primer sur les processus biologiques et justifier l’emploi de contraceptif

DONC

Problème par rapport au sens du corps (expression véritable de notre personne) et à la dimension de fertilité non intégrée à la personne

La RS devrait suivre les inclinations affectives du moment pour le couple

L’élément procréateur de la sexualité est alors considéré comme extérieur à la personne (MS p.111) La portée procréatrice de la sexualité humaine en est réduite à l’état de « conditionnement biologique »de la nature dont l’être humain peut disposer pour des raisons valables comme il dispose des autres réalités naturelles qui luis sont extérieures , et cela sans affecter son humanité et sa dignité personnelle

2 sortes de personnalisme (MSp ;167-171…):

1)        personnalisme « psychologique », qui met l’emphase sur la dimension sensible de l’amour, sur l’attention au conjoint, la tendresse et toutes les circonstances qui permettrons à la RS de nourrir et faire grandir le rapprochement des cœur à travers l’union des corps

2)       le personnalisme « objectif » ou « ontologique », qui met l’accent sur le sens même de l’acte conjugal, qui ne doit pas être déformé, sens de donation de soi total et réciproque , impliquant l’exclusivité des conjoints, l’engagement et la fidèlité dans la durée, ainsi que le don et  l’accueil de toute la féminité et de toute la masculinité dans ce qu’elle porte de puissance de vie.

Moralité d’un acte humain selon l’enseignement traditionnel :

une RS sera pleinement morale si elle répond aux exigences des 2 formes de personnalisme :

          A la fois bonté « objective » (pers. Ontologique)comme donation totale et réciproque des époux ,

         et à la fois importance des circonstances  et des intentions des conjoints(pers psychologique) qui doivent correspondre à une véritable attention amoureuse des conjoints l’un pour l’autre

Conflit de devoir :

1) Satisfaire aux besoins d’expression physique de l’amour ressenti par les époux

2) respecter la signification de la donation de soi totale et réciproque de l’acte conjugal(en sachant qu’un tel respect demande des période d’abstinence pouvant paraître trop exigentes ou dangereuses pour l’harmonie du couple)

Y aurait il vraiment conflit de devoir moraux entre 2 exigences ?

Dieu pourrait il mettre le couple en état de perplexité morale en exigeant  de lui , en même temps, 2 obligations morales contradictoires :

    -s’abstenir temporairement de RS pour respecter le sens de l’acte conjugal,

-          et en même temps avoir des RS pour protéger l’harmonie de couple

Gaudium et Spes : « il ne peut y avoir de véritable contradiction entre les lois divines qui régissent la transmission de la vie et celles qui favorisent l’amour conjugal authentique » 

Pour que ces 2 aspects ne soient plus en contradiction, c’est qu’intervient la chasteté «  pratiquer d’un cœur loyal la vertu de chasteté conjugale »GS

JPII : il n’y a pas contradictions, mais difficultés…..

 Le sens de la vertu de chasteté :

    -est de permettre que la vie sexuelle du couple devienne une véritable expression d’amour de « part en part »

    -c’est justement que le sens de l’acte soit respecté (p.ontologique) et que cet acte soit accompli dans un contexte d’amour vrai et de profonde attention à l’autre (p.psy.)

JPII :la simple utilisation de la continence périodique est insuffisante si elle n’atteint pas le niveau éthique de l’être humain si elle n’est pas l’œuvre de la maîtrise de soi d’une personne qui se donne librement et amoureusement à une autre personne

Approche théologique M.S chap 10

Il y a un acte créateur de Dieu à l’origine de toute vie humaine. Il existe une potentialité procréatrice cyclique du couple, et dans celle ci, il y a une ouverture à Dieu(HV13 : fertilité, fonction à part, sommet de la création…toute vie humaine est sacrée ; dès son origine elle engage directement l’action procréatrice de Dieu )’est pourquoi le couple n’a pas un pouvoir illimité sur sa fonction procréatrice et ne peut pas employer le principe de totalité utilisé ailleurs.

La liberté humaine entre en conjonction avec la liberté divine pour le surgissement d’une nouvelle vie. Dieu a voulu se lier lui même au couple dans sa capacité de procréation et réciproquement.

En s’approchant du pouvoir de Vie qui les habite, l’h ; et la f. s’approchent mystérieusement de Dieu qui a voulu ainsi se lier à eux dans un acte dont les effets les dépassent infiniment

Pour les conjoints, la façon d’aborder cette source de Vie qu’ils portent réellement en eux et qui a son origine plus profonde en Dieu, manifestera s’ils reconnaissent ou non que la liberté divine leur est supérieur et qu’elle demeure souveraine.

Quand contraception, attitude différente par rapport à « l’ouverture particulière au créateur » inhérente à leur sexualité. Il y a une fermeture, on ne pense même plus à une telle ouverture au partenaire divin

Quand MN : les conjoints manifestent qu’ils reconnaissent, acceptent, accueillent cette présence de Dieu possiblement créatrice et inhérente à leur sexualité, même s’ils ne veulent pas d’enfant

Notre fécondité nous rend coopérateur de la puissance créatrice de Dieu

Dans les MN, qd abstention de RS en p ;féconde, les époux témoignent de leurs convictions que dans la sexualité, ils sont « coopérateurs du Dieu créateur » et respecte la présence particulière de Dieu dans la puissance de Vie que porte leur sexualité

Les MN contrairement à la contraception permettent de séparer sexualité et procréation effective, sans séparer sexualité et présence particulière de Dieu au cœur de la procréation humaine.

Dieu est présent dans toute la vie humaine et est présent au cœur de la vie sexuelle d’un h ; et d’une f. qui se donnent totalement .Et pourtant il est facile dans la griserie de l’union sexuelle d’oublier que tout amour véritable, toute donation totale et réciproque ouvre sur Dieu, et le retour cyclique de la fécondité vient lui rappeler que son amour le met en relation avec Dieu.

Cette procréativité périodique est comme la partie visible de l’iceberg indiquant la présence de profondeur facilement oubliée. Ce retour cyclique de la puissance vitale n’a t-il pas valeur de support pédagogique ?

Mais Dieu ne s’impose pas. Il a laissé à  l’h. et la f. le pouvoir de s’ouvrir ou de se fermer à sa présence créatrice toujours féconde spirituellement, parfois porteuse de vie humaine.

Sens ultime de la continence : les époux savent que l ‘amour du Christ passe avant tout

L’abstention de RS pourra devenir lorsqu’elle est moralement requise et même lorsqu’elle est librement choisie (1Co 7-5)le signe de leur amour inconditionnel du SG

Ainsi comprise et partagée par les époux, la continence peut devenir source de fécondité spirituelle et source de croissance humaine. Les faisant grandir dans un amour authentique l’un de l’autre, la continence elle même pourra devenir le signe et la réalisation du don total réciproque d’eux même qu’ils offrent à Dieu.

En optant pour un tel moyen de RN, le couple manifeste que pour lui Dieu a la 1ère place en toute chose : il témoigne aussi de sa confiance en Dieu qui n’éprouve jamais au delà de nos forces1 Co 10-13


La civilisation de la contraception – La limitation des naissances (Spes). Le Chapitre VII, sur la Civilisation de la Contraception, (ré-écrit en 1960)  Du père de Lestapis

LA CIVILISATION DE LA CONTRACEPTION

 

Le Père Stanislas de LESTAPIS, s.j., l'un des Fondateurs du CLER, a été parmi les premiers à proposer une réflexion d'ensemble sur la fécondité et son contrôle, en particulier dans son livre, LA LIMITATION DES NAISSANCES (Spes). Le Chapitre VII, sur la Civilisation de la Contraception, (ré-écrit en 1960) a des accents prophétiques, qu'il est bon de relire aujourd'hui.

 

AMOUR ET FAMILLE en donne, ici, quelques extraits

 

Il est rare qu'un inventeur soit assez lucide et clairvoyant pour prévoir d'un seul coup d'oeil tout ce que son invention doit apporter de changements dans les habitudes de ses congénères, de transformations dans les moeurs et les esprits, de substitutions dans les motivations secrètes des individus, de troubles peut-être dans l'idéal conscient d'une société. Et pourtant chaque invention est, à sa manière, explosive. Chaque invention provoque comme une déflagration qui, ou bien amplifie sans la déformer, l'image, la conception que l'homme s'est faite de lui-même, ou bien, au contraire, en en cabossant les arêtes et les lignes, reforme cette image sur un autre type.

Or le problème nous apparaît analogue lorsqu'il est question de « valoriser » la contraception, en demandant à l'État de la rendre légale et d'en autoriser la diffusion. Pour exprimer toute notre pensée, nous n'hésitons pas à affirmer que cette « valorisation » entraînera de profondes mutations dans notre civilisation. Il n'y a du reste qu'à observer celles qui sont déjà en cours dans les nations, qui, depuis une ou deux générations, ont officialisé les moeurs anticonceptionnelles.

 

MUTATIONS IMPLIQUÉES PAR UNE CIVILISATION DE LA CONTRACEPTION

 

- La disparition progressive du groupe des familles volontairement nombreuses, la famille nombreuse tendant à apparaître comme une monstruosité.

- Un vieillissement spirituel et une sclérose prématurée des populations et des familles devenues volontiers moins créatrices.

- Un certain avilissement de l'idée et de l'idéal du bonheur familial, en fonction d'un soi-disant « droit au bonheur » et de ce qu'on pense en être les « techniques ».

- Une baisse de la moralité dans la jeunesse. Licences plus nombreuses des célibataires. Décrochage de la sexualité féminine d'avec le mariage.

- Une altération grave du lien amoureux, due à l'inversion imposée à la fonction sexuelle, et à la fixation de celle-ci à un stade très « adolescent ». Enlisement de la société dans ce stade « transitoire ».

- Une stérilisation volontaire de l'instinct maternel en raison de la répression imposée au voeu de l'enfant, inné dans la femme. Généralisation d'une sourde hostilité contre la vie et ses premières manifestations : grossesses, maternités, voire parfois poupons et bébés.

- Une conception nouvelle du sexe, essentiellement défini désormais comme « une capacité de jeu érotique au service du couple », la référence à la procréation n'étant plus qu'accidentelle.

- Un confusionnisme croissant des deux sexes et une moindre résistance aux « inversions sexuelles » : dévirilisation de l'homme, et déféminisation de la femme.

- Une indulgence croissante envers l'homosexualité, comme jeu érotique à la rigueur expressif d'intimité personnelle entre amis.

Enfin par les espoirs qu'elle fait naître, mais qu'elle ne parvient pas à combler, la contraception, à travers bien des frustrations et bien des insatisfactions profondes, porte aussi sa responsabilité :

- Dans la crise des divorces et l'instabilité conjugale moderne.

- Dans la baisse de la santé mentale, et dans l'anaphrodisie féminine, indiquée dans le Rapport Kinsey.

- Dans l'abdication des parents, face à leurs tâches éducatrices.

- Dans l'ennui dont suinte une civilisation tout entière tournée vers la culture du confort et des satisfactions sexuelles.

On peut nous accuser d'avoir poussé le tableau au noir. On ne pourra pas nous reprocher de n'avoir pas été franc. Reste maintenant à justifier ces prévisions, dont nous avons commencé par dire qu'elles n'étaient que trop malaisées à fonder statistiquement.

 

 

DISCRÉDIT DE LA FAMILLE NOMBREUSE

 

La civilisation industrielle n'est pas en soi favorable aux familles nombreuses. Toutes les enquêtes menées auprès des ménages sur le nombre idéal d'enfants par famille révèlent une nette différence entre citadins et ruraux. Ces derniers envisagent habituellement une famille de dimensions plus grandes que les couples urbains.

Mais ceci dit, il reste que le climat malthusien diffusé par la propagande en faveur des procédés anticonceptionnels débilite le ressort créateur des foyers. Les oppositions factices, instituées par cette propagande, entre « familles heureuses » et « familles nombreuses » parviennent à faire passer celles-ci pour monstrueuses.

Comme il est avéré par ailleurs qu'en général on a d'autant plus d'enfants qu'on a grandi dans une famille plus nombreuse, la réduction du nombre de familles nombreuses dans les générations actuelles signifie une rupture dans la tradition. Celle-ci ne peut s'expliquer que par un discrédit jeté sur la famille nombreuse, discrédit formulé ou simplement impliqué, du fait qu'aucune politique d'aide à la famille nombreuse ne se manifeste. Ceci est encore le cas des États-Unis à l'encontre de la France.

Il faut malheureusement des catastrophes nationales pour ouvrir les yeux des contempteurs de la famille nombreuse. Ce n'est en effet qu'à ces heures de crise, que les politiques attirent l'attention de l'opinion publique vers ces familles nombreuses sans lesquelles ne serait pas en fait assurée la relève de la population.

« On voit donc, déclare le Dr SUTTER (1), les répercussions que pourrait avoir une augmentation de l'efficacité des méthodes contraceptives dans notre pays. L'I.N.E.D. rappelle fort justement que la législation familiale n'a pas eu d'effet direct sur la fécondité des familles nombreuses : ce sont le troisième et surtout le deuxième enfant qui sont devenus en France plus fréquents qu'avant 1939. On peut donc ressentir pour la France quelque inquiétude sur les conséquences démographiques directes d'une généralisation de l'application des méthodes contraceptives. »

 

VIEILLISSEMENT SPIRITUEL ET SCLÉROSE PRÉMATURÉE

 

Il n'est pas téméraire d'établir une sorte d'équation entre contraception et stérilité, entre mentalité anticonceptionnelle et vieillissement de l'esprit. Pendant longtemps on a pu penser que le vieillissement d'une population provenait de l'allongement de la vie. Il est actuellement prouvé par MORTARA et BOURGEOIS-PICHAT que le vieillissement est le fruit de la baisse de la fécondité. « Le lien étroit entre le vieillissement et la stérilité volontaire, écrit SAUVY (2), présente une grande importance sociologique. Justifié ou non, le refus de donner la vie réduit la vitalité des populations. »

A force de faire redouter la venue naturelle de l'enfant comme celle d'un intrus, d'un gêneur, la mentalité contraceptive enferme l'esprit dans la peur du lendemain et la crainte du risque. Lorsque cette mentalité devient collective, on peut prédire qu'il y a un certain nombre d'événements qui ne se produiront plus dans ce pays. Un amour excessif du confort et du bien-être matériel replie les esprits sur un amour excessif du passé. Les protections politiques se font de plus en plus fortes en faveur de ceux qui sont en place. Les solutions neuves à de vieux problèmes sont impossibles. L'imagination prospective manque. Une mentalité de rentier s'instaure qui ne voit d'avantages que du côté de la capitalisation. L'opinion publique se confie d'ailleurs plus à la rentabilité des entreprises de consommation que des entreprises productrices d'énergie. La peur-panique du chômage refoule les initiatives. Les capitaux comptent plus alors que les hommes. L'envie de créer, de défricher ne hante plus l'homme. Pourquoi de fait se gêner pour les générations futures, si celles-ci sont constamment considérées comme le minimum « qui ne coûtera rien » et ne dérangera personne ? Une léthargie maladive s'empare alors, à son insu même, de telle population. Une optique faussée empêche le diagnostic réel du mal qui mine sourdement la nation. Mais non, on se croit sur le bon chemin, et l'on chemine en fait lentement vers la mort.

Que deviendront alors ces nations sclérosées en présence de peuples jeunes, vigoureux et créateurs ? Pour rajeunir il n'est qu'un seul moyen : lancer un appel aux foyers, leur demander plus de naissances et plus de fécondité. Mais comment pareil appel réussirat-il à trouver un écho chez des habitudinaires de la stérilité ? Faudra-t-il renverser la propagande, et déclencher à nouveau celle-ci dans le sens nataliste ? S'il devait en être ainsi, n'eût-il pas été plus sage de commencer par ne pas compromettre natalité et fécondité avec cet esprit de stérilité diffus dans les campagnes contraceptives ?

 

AVILISSEMENT DE L'IDÉE DE « BONHEUR FAMILIAL»

 

On peut se demander si les législations anticonceptionnelles, à force d'ignorer les valeurs que représentent l'ascèse et les maîtrises de continence, ne contribuent pas plus qu'on ne l'imagine à abaisser le sens moral des populations. Qu'on en juge plutôt par la page suivante, extraite d'un manuel de préparation au mariage (3), fort apprécié aux États-Unis, et qui traduit assez bien la mentalité des milieux malthusiens :

 

« Il n'est plus désormais question de savoir si nous devrions ou non avoir, pratiquer et permettre la contraception. Celle-ci existe déjà et sur une grande échelle. Le problème est uniquement d'en améliorer l'usage et d'en éliminer l'abus. La contraception est très répandue parmi les classes supérieures et cultivées, elle s'étend aux autres classes. Sa progression continue dépend du développement des forces économiques. Une fois que les gens ont découvert comment élever leur standing de vie en réglant le nombre de leur postérité, la propagation de ce savoir est inévitable, irrésistible. Elle peut être ralentie par voie législative, ou par préjugés, mais elle ne peut être stoppée... Dans tous les États, sauf le Massachusetts et le Connecticut, les médecins sont maintenant autorisés à donner des conseils contraceptifs à leurs clients. Nous sommes pourtant encore loin d'être une nation qui règle la production des bébés humains, aussi efficacement et effectivement qu'elle règle la production et l'amélioration de son cheptel... »

Il faut bien en effet se rendre compte que la civilisation de la contraception est une forme de rationalisme dépersonnalisant, où l'expression « se mettre à la disposition de la vie » à créer ne revêt littéralement plus le sens spirituel. A l'intelligence technicienne est confié le soin d'accomplir cette réduction. Désormais la vie est invitée à rentrer dans la catégorie des biens utiles. Elle perd le halo de mystère et de grandeur, le sacre, et la dignité que lui conféraient ses virtualités, en puissance de personne humaine. Par les techniques contraceptives, elle est priée de rejoindre la catégorie des loisirs commerciables. Elle est soumise à une sorte d'électrolyse, où l'effet créateur est stérilisé et l'effet jouisseur seul retenu.

En officialisant de pareilles techniques, la société se rend-elle réellement compte de la révolution qu'elle opère et du renversement des valeurs qu'elle accomplit ? Le bonheur n'est plus à chercher dans l'ordre de la gratuité et de la création, mais exclusivement dans celui de l'avoir et du rentable !

 

BAISSE DE LA MORALITÉ. JEUNESSE. CÉLIBAT

Comment voudrait-on que ce climat n'influençât pas les jeunes générations et que celles-ci ne revendiquent pas également leur part de « droit au bonheur » ? Si l'ambiance de la société laisse entendre que le bonheur est par excellence dans l'expérience sexuelle, - et l'expérience sexuelle stérile -, si par ailleurs la même société offre des garanties techniques pour de telles expériences dans la vie conjugale, pourquoi la jeunesse masculine et féminine se priverait-elle de les tenter de façon extraconjugale ? La logique n'est-elle pas pour ces garçons et ces filles ? Aussi bien tous les témoignages convergent-ils de façon étrange. Les sociétés où la contraception règne sont celles où les expériences prémaritales se sont le plus développées.

Qu'on ne nous fasse pas dire pour autant qu'en dehors de ces sociétés la continence avant mariage, la continence masculine en particulier, est parfaitement gardée. Nous savons trop que la prostitution ici, ou là les mariages-de-réparation ont de tout temps existé.

En tout cas, il est clair que sous l'effet de l'érotisation croissante que développent les moeurs contraceptives, la jeunesse féminine s'aventure beaucoup plus facilement, à ses risques et périls du reste (car ceux-ci ne sont pas supprimés comme le prétend la propagande), dans des expériences sexuelles hors mariage. Ce n'est ainsi mystère pour personne que l'âge au mariage est en Suède relativement plu; tardif qu'ailleurs, parce qu'il clôt une sorte de mariage à l'essai pratiqué, au moins dans les villes, pendant deux, trois ou quatre ans.

 

FIXATION DE LA SEXUALITÉ A UN STADE « ADOLESCENT»

 

Par le fait qu'un nombre croissant de couples ne veulent plu: goûter dans l'acte conjugal, dont ils tronquent délibérément l'élan, le mystère de création qu'il est normalement destiné à être, comment ce mystère de création ne se déprécierait-il pas lui-même ? En effet, même à supposer que la relation conjugale contraceptive demeure encore à base de don mutuel, de volonté réciproque d'épanouissement, ces résultats ne sont pas obtenus sans la secrète impression d'une correction à imposer à la nature et à son élan foncier. Le ménage s'engage alors dans un faux équilibre, un équilibre qui n'est pas celui que la nature a prévu, un équilibre qui n'est qu'une juxtaposition d'égocentrismes, au lieu d'être la mise en place de l'instinct sexuel dans l'ensemble des phénomènes relationnels de personne à personne qui font la communauté.

Ce décalage est proprement typique d'un stade « adolescent», où la sexualité demeure obsessionnelle à moins qu'elle ne soit compulsionnelle. L'euphorie éprouvée alors par le couple n'est qu'un camouflage d'une insécurité foncière. Au lieu de l'équilibre qu'aurait dû donner la progression de l'instinct vers sa maturité, ce couple ne jouit que de l'équilibre instable des stades transitoires. Sans vouloir se l'avouer, il n'en est pourtant pas absolument dupe. La nervosité, l'instabilité, la versatilité fournissent assez de signaux d'alarme, pour suggérer qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Loin de combler les frustrations qu'éprouvent alors ces conjoints San maturité, l'euphorie équivoque de leur sexualité compulsionnelle rie fait que les exacerber. Le divorce est l'issue la plus fréquente de ces faux équilibres.

 

« Ce qui caractérise toutes les perversions (d'équilibre), écrivait S. FREUD dans une phrase dont il serait intéressant de situer la place exacte dans l'oeuvre générale du fondateur de la psychanalyse, c'est qu'elles méconnaissent le but essentiel de la sexualité : la procréa

tion. »

 

« Nous qualifierons en effet, de perverse, continue FREUD, toute activité sexuelle qui, ayant renoncé à la procréation, recherche le plaisir comme un but indépendant de celle-ci. »

« Ainsi comprendrez-vous que la ligne de rupture et le tournant du développement de la vie sexuelle doivent être cherchés dans la subordination de celle-ci aux fins de la procréation. Tout ce qui se produit avant ce tournant, tout ce qui s'y soustrait, tout ce qui sert uniquement à procurer de la jouissance reçoit la dénomination peu recommandable de « pervers » et est, comme tel, voué au mépris. »

Il est vraiment curieux que la psychanalyse n'ait pas cherché à suivre la piste ouverte ici par le maître, et si perspicace qu'elle soit à déceler les complexes conflictuels dans la profondeur du psychisme, n'ait pas étudié davantage celui-ci ! Ignore-t-elle donc que la nature finit toujours par se perturber, lorsque la contrainte veut lui faire réaliser une ceuvre à l'inverse de celle que sa structure postule et poursuit ?

 

ATTEINTE A LA MATERNITÉ

 

« On parle de maternité volontaire et libre, déclare le R. P. HENRY. La contraception n'est pas apte à donner de la volonté, ni à favoriser l'épanouissement de la liberté dans l'âme, ni à développer la conscience de ce que l'on fait, conditions essentielles de vrai bonheur. La contraception est destinée à suspendre pendant quelque temps le pouvoir de l'engagement, à lui donner relâche... en attendant de s'y remettre. Un peu comme l'homme qui dit à son âme : Va, prends du bon temps, à la fin de ta vie tu te convertiras. Est-on sûr de son vouloir ? Le vouloir ardent, libre et réciproque, se prépare dans l'effort et avec la grâce de Dieu. La contraception délibérée, systématique, loin d'aider au mûrissement du libre vouloir, le contrarie, le corrompt intérieurement, le cancérise (4). »

Qu'on n'objecte pas qu'il doit en être tout autant avec la continence périodique, lorsque celle-ci est systématiquement organisée en vue d'espacer des naissances. En effet, à l'opposé de la contraception, la continence réalisée en esprit de chasteté impose à la volonté un effort coûteux de maîtrise spirituelle. Toutes choses dont une technique, censée agir automatiquement, dispense en principe. Aussi, la maternité conserve-t-elle en climat de continence et de chasteté cet élan créateur dont finit par la priver la stérilisation anticonceptionnelle. L'enfant n'est pas aimé de la même façon par la maternité « continente » et par la maternité « contraceptive ».

Qu'on ne nous fasse pas dire pour autant que, dans les peuples qui ont opté pour cette civilisation officielle de la contraception, ne se rencontrent plus ni amour du bébé, ni intérêt pour les nourrissons, ni soins appropriés pour l'enfance. Dieu merci, ces choses s'y trouvent aussi. Mais qu'on nous permette cependant de livrer une impression personnelle : ces choses s'y trouvent, dirions-nous, à l'état surveillé, contrôlé, dispensé, confiné comme de beaux fruits empaquetés dans des devantures, et non plus comme des fruits en vergers. Bon gré mal gré, règne, nous semble-t-il, en ces populations, une atmosphère de méfiance contre la nature. Officiellement sa prodigalité offusque, et sa gratuité gêne. Chacun et tous se tiennent sur la défensive, sur un pied de guerre.

La contraception est, à cet égard, comparable à une arme défensive. En effet elle donne une primauté incontestée à la signification égocentrique de la sexualité conjugale, et la donne à l'encontre des requêtes créatrices des aptitudes naturelles. Celles-ci manifestent clairement que le sens évident de tout le complexe sexuel est essentiellement relationnel. Physiquement, physiologiquement et psychiquement, la relation sexuelle entre deux personnes de sexes différents signifie non pas une dualité close, mais une communion créatrice, ouverte sur de tierces personnes.

 

UNE NOUVELLE CONCEPTION DU SEXE

 

Quand la sexualité conjugale au contraire s'organise grâce à la contraception en une « dualité close sur elle-même », c'est la conception de la sexualité tout entière qui se transforme. Celle-ci prend figure de « capacité de jeu érotique au service du couple ». La référence à la procréation n'étant plus qu'occasionnelle, le sexe est d'abord plaisir, jouissance. Il est cela essentiellement. La réalité peut être dissimulée sous le terme de « communion ». Le fait n'en est pas moins là : il s'agit d'une communion essentiellement narcissique, ou, comme il a été déjà dit plus haut : une juxtaposition de deux égocentrismes.

En conséquence, n'avons-nous pas raison d'affirmer que, lorsque la sexualité devient ainsi une fin en soi, lorsqu'une civilisation ne la considère plus officiellement que comme cette capacité de jeu érotique donné au couple par la nature, il s'accomplit une véritable mutation, un bouleversement de l'ordre des valeurs? Dès lors avons-nous tort de parler de « civilisation de la contraception N'est-ce pas là un nouvel Humanisme, de moins en moins centré sur la création personnelle et spirituelle mais, plus que jamais, sur l'hédonisme ?

 

 

DÉVIRILISATION DE L'HOMME. DÉFÉMINISATION DE LA FEMME

 

Pour avoir voulu corriger la nature, en reléguant à l'arrière-plan de la conscience et des valeurs, la signification créatrice de la sexualité, l'idéologie néo-malthusienne tend vers la confusion et l'identification des sexes. En effet, bon gré mal gré, la différenciation des sexes se définit par rapport à l'oeuvre créatrice, à l'« oeuvre de chair ». L'homme et la femme se distinguent l'un de l'autre en fonction de leur manière respective d'être l'un et l'autre à l'origine de leur enfant, d'être celui qui engendre et celle qui enfante.

Enlevez au contraire des sexes leur différente orientation à l'oeuvre de chair, ou même faites simplement rentrer celle-ci dans l'ombre, comment l'homme et la femme vont-ils vraiment se distinguer l'un de l'autre ? Ne vont-ils pas présenter cette sorte d'ambiguïté que manifeste l'adolescence ? Personne n'ignore en effet l'espèce d'ambivalence dont sont capables les adolescents des deux sexes. Lorsque des adultes offrent la manifestation de ce qu'on nomme des « états intersexuels », c'est précisément qu'ils se sont physiologiquement ou psychiquement fixés à ce stade adolescent.

Le signe au contraire de la maturité, c'est lorsque l'homme devient vraiment viril, et la jeune fille vraiment femme. Or, pour l'un comme pour l'autre, cette maturité s'accomplit normalement dans l'étape de la paternité et de la maternité. Chez le vieux garçon et la vieille fille, qui n'ont pas su compenser leur célibat par une paternité et une maternité spirituelles, il demeure quelque chose d'adolescent ou même d'infantile, dont la société se charge généralement de se moquer.

La civilisation érotique de la contraception, en dévaluant, même à son insu, la paternité et la maternité, ne serait-elle pas plus responsable qu'on ne le croit de ce confusionnisme des sexes, si caractéristique du monde contemporain, et pourtant si préjudiciable à la saine éducation des enfants ?

 

INDULGENCE CROISSANTE ENVERS L'HOMOSEXUALITÉ

 

Dans la mesure où la sexualité humaine aurait, comme on l'écrit, sa signification parfaite indépendamment de sa référence à la procréation, qu'est-ce qui pourrait encore la garantir contre une dérivation vers l'homosexualité ? En effet, si le jeu érotique à deux a son sens parfait en soi-même, s'il n'a plus qu'une destination purement psychologique au service du couple, si la référence à l'oeuvre de chair n'y est qu'accidentelle, pourquoi donc vouloir à tout prix maintenir ce jeu érotique à deux dans l'ordre de l'hétérosexualité ? Pourquoi la société continuerait-elle à refuser à l'homosexualité la liberté qu'elle réclame ? Si comme on l'a écrit : la fonction primaire de la sexualité est « d'établir dans un couple l'état d’ « une seule chair » (Enosis), en rendant les deux partenaires aptes à se communiquer l'un à l'autre l'inexprimable signification de leur amour », pourquoi ceci n'existerait-il pas entre deux hommes ou deux femmes? En effet à laisser constamment déprécier, soit directement, soit indirectement, l'oeuvre procréatrice au profit du jeu érotique, soi-disant plus personnaliste, les couples ne risquent-ils pas d'établir, dans leur ambiance, à commencer par leur progéniture restreinte, un climat équivoque et délétère propice aux fixations sexuelles ? Au lieu de s'orienter, comme il se devrait, vers le don et l'altruisme, la sexualité commet alors le contresens fixateur ou régressif source de l'homosexualité : vouloir se retrouver dans l'autre.

 

RESPONSABILITÉS DE LA CONTRACEPTION DANS L'INSTABILITÉ CONJUGALE

 

Il a été dit plus haut comment des équilibres conjugaux équivoques, entretenus par la contraception entre conjoints encore insuffisamment mûrs sexuellement et affectivement, s'achevaient le plus souvent en divorce ; et cela d'autant plus que le mirage de la contraception-miracle avait davantage miroité à leurs yeux. La vérité ne pardonne pas à ce qui s'échafaude à son encontre.

Aussi bien, sans pouvoir mettre au compte exclusif des moeurs contraceptives le nombre beaucoup plus considérable de divorces dans les pays ayant officialisé ces mceurs, nous avons cependant le droit de faire remarquer cette coïncidence.

 

AUTRES RESPONSABILITÉS DE LA CONTRACEPTION

 

D'autres inconvénients ou méfaits devraient probablement être aussi portés au compte des moeurs contraceptives surtout lorsque celles-ci sont officiellement consacrées par la loi'- généralisation d'angoisses conjugales, préjudiciables à la santé mentale, anaphrodisies féminines tellement signalées par le rapport Kinsey, et dont si souvent l'appréhension de la grossesse est le principe, abdication des parents « adolescents » dans les tâches éducatrices.

 

Ces responsabilités sont cependant beaucoup plus difficiles démontrer, car elles sont partagées avec d'autres inconvénients or interférences relevant de la civilisation urbaine et moderne.

Quoi qu'il en soit, le moins que le sociologue puisse remarquer c'est qu'il est impossible de relever un accomplissement quelconque des prédictions de la propagande anticonceptionnelle. Une diffusior massive des méthodes et des pratiques contraceptives, une instau ration générale de la « maternité volontaire » étaient censées devoir favoriser l'adaptation et l'équilibre des foyers, faire reculer les fléau> anti-familiaux attribués aux excès de fécondité, et arrêter le dévelop pement de l'enfance en danger moral et pré-délinquante.

Qu'on ne nous fasse pas dire, nous le répétons, que la contra ception est seule responsable de l'existence ou même de l'accroisse ment des maux sociaux : maladies mentales, délinquance juvénile instabilité conjugale, ni que ces maux n'existent que dans les pays ayant officialisé la contraception. Nous savons bien qu'il y a d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte. Nous soulignons seulemeni que rien, absolument rien ne nous montre le contrôle contraceptif des naissances comme un véritable remède, encore moins comme la panacée universelle que semblent prôner tant de publicistes par trop ignares de la véritable nature de l'homme et de la complexité sociale.

 

Il est temps de conclure. Au nom de l'anthropologie et très particulièrement de la sociologie, la contraception et plus encore son officialisation sont une erreur. Petit à petit le temps en fera la preuve.

C'est une erreur grave, en effet, de prétendre reforger la nature humaine, une erreur grave de penser qu'on peut impunément perturber des mécanismes et des processus infiniment délicats dans leurs fonctions essentielles. Les fausses acrobaties sont toujours dangereuses, surtout si l'on veut les ériger en normes. « Le genre humain n'est pas fait pour marcher sur les mains, c'est clair », écrit de façon humoristique le Dr RATTNER. Il n'est pas davantage fait pour ramener la fonction sexuelle à un jeu érotique à deux.

Certains vantent ce siècle où l'homme se rend maître de la nature et façonne le monde à son image. Cet éloge est légitime si l'homme, qui ne s'appartient pas, est capable de savoir ce qu'il doit être lui-même et s'il est capable de connaître l'Image sur laquelle il a été façonné et qu'il doit reproduire.

Mais rien n'est plus triste, si l'homme, en prétendant façonner le monde à son image, se défigure lui-même et se laisse dériver en caricature. Car le monde alors non seulement sera faussé, mais contribuera encore à fausser davantage son modèle.

La civilisation du « bonheur par la technique » ne serait peut-être bien qu'un leurre... et la civilisation de la contraception finalement une déception !

 

S. de LESTAPIS, s.j.

 

NOTES

(1) Dr J. SUTTER, Va-t-on diffuser les méthodes contraceptives en France ? dans le Concours Médical, 24 mars 1957, p. 1313.

(2) Voir A. SAUVY, Théorie générale de la Population, t. II, ch. IV. Le vieillissement démographique, pp. 50-75. - J. DARIC, Vieillissement de la population et prolongement de la vie active, P.U.F. 1948.

Journal de la Société de Statistique de Paris, mars-avril 1950 ; A. SAUVY,

Vieillissement des populations et allongement de la vie, dans Population, 1954, n' 4. (3) H.A. BOWMAN, Marriage for moderns, New York, 1954, p. 483.

(4) A. M. HENRY, O.P. Morale et vie conjugale, Éd. du Cerf, 1957, pp. 197-205. Ces pages reprennent un article : Maternité volontaire, dans Supplément à la Vie

Spirituelle, 1956, n° 3.

 


La relation sexuelle, source d’alliance et de filiation. Proposé par René Ecochard

Les enjeux de la régulation des naissances

 

La sexualité conjugale trouve sa plénitude lorsque les deux membres du couple vivent un lien profond et durable ; ils sont unis, ils ont fait alliance par le mariage. De leur union naissent leurs enfants : leur amour est l’origine de leur filiation. La relation sexuelle est le point de rencontre entre l’union complète de l’homme et de la femme ; c’est aussi le point de rencontre entre leur alliance et de leur filiation. Avec les fonctions de dialogue, de plaisir et de reproduction, la relation sexuelle est ainsi chargée de symboles (symbole : réalité visible qui invite à découvrir la réalité invisible).

Ce lien entre union et procréation s’est imposé au cours des siècles passés. L’avènement de la contraception permet de dissocier ce lien. La fragilisation de la relation entre union et procréation est à la source des événements qui marquent l’alliance et la filiation depuis quelques décennies.

Un choix adéquat du mode de régulation des naissances sera décisif pour la qualité de l’alliance qui sous-tend la vie en société et pour le bien-être des générations à venir, c'est-à-dire notre filiation. C’est là un enjeu majeur du choix des méthodes naturelles de régulation des naissances.

 

            Dans une première partie, nous exprimerons de quelle manière le lien entre alliance et filiation prend sa source dans le lien entre union et procréation. Dans une seconde partie, nous présenterons rapidement la chronologie des lois concernant la procréation, promulguées depuis l’introduction de la contraception, et ferons un parallèle avec les phénomènes sociaux qui ont marqué la vie familiale pendant cette période. Dans une troisième partie, nous verrons comment le lien entre union et procréation s’est longtemps imposé, peut être rompu depuis l’avènement de la contraception, ou réapproprié et vécu de manière nouvelle par l’utilisation de la planification familiale naturelle. Dans une quatrième partie, nous présenterons des éléments de réflexions complémentaires pour les chrétiens

 

I - le lien entre alliance et filiation prend sa source dans le lien entre union et procréation.

 

 

Figure 1 : Lien entre union et procréation, lien reçu et fondateur à la source du lien entre alliance et filiation

 

           

Le terme union exprime ici le lien charnel entre l’homme et la femme, leur amour, leur dialogue et leur plaisir d’être unis. A l’union fait écho l’alliance, qui unit la femme et l’homme, lien complet et durable (par différence avec le contrat, issu d’une entente partielle et temporelle). Cette alliance des personnes au sein du couple est à l’origine de l’alliance des membres de la famille et entre les familles des deux conjoints.

Le terme procréation exprime la conception d’un être humain ; par l’union sexuelle la femme et l’homme sont (pro)créateurs. A la procréation fait écho la filiation, qui résulte de la conception d’un enfant ; le terme ‘filiation’ exprime la durée et la succession des générations, ouvre sur l’avenir. De l’union du couple naîtrons les enfants qui donneront la filiation des deux familles : ils en partageront les joies, les espoirs et les peines. La vie, reçue de nos parents, nous la transmettons aux générations à venir. Au-delà du lien en terme de fonctionnement, donnant à la génitalité une place dans le dialogue amoureux, dans la production d’une sensation de plaisir, et dans la fonction reproductive, un lien plus large est en jeu : celui de l’alliance et de la filiation.

Union et procréation se réalisent conjointement par la relation sexuelle : elles sont liées. Ce lien est ‘reçu’ car il n’est ni inventé ni décidé par les humains. Il est ‘fondateur’ de l’alliance et de la filiation, aux fondements de la société.

 

Figure 2 : Le lien conjugal, le lien familial, et le lien social trouvent leur source dans le lien entre union et procréation

 

Entre les personnes dont les relations sont marquées par l’alliance, il y a possibilité de se donner et de s’accueillir. Il y a don et accueil.

Dans la relation sexuelle, chacun « reçoit » l’autre : la relation sexuelle est rencontre, dialogue, partage, communication, apaisement et plaisir. Chacun se donne aussi en acceptant de vivre l’union sexuelle avec un certain abandon rendu possible par l’engagement mutuel, la fidélité, qui marque l’alliance entre les deux membres du couple. Cet abandon est disponibilité au dialogue, charnel et spirituel, et disponibilité pour l’accueil des enfants qui naîtront de l’union du couple. Les relations de don et d’accueil se vivent au sein des familles sous le sceau de l’alliance et entre générations dans le réseau de filiation.

Les membres du couple et leurs enfants ont besoin de la solidarité qui se vit au sein de la famille : solidarité envers la mère qui donne naissance à ses enfants, solidarité envers le père, envers les enfants pendant leur croissance, mais aussi solidarité entre générations et entre familles. C’est en cela que l’union du couple devient source d’un foyer, lieu de vie et de solidarité, richesse du lien familial.

La société est riche de la vie des familles qui y vivent : la stabilité, et le bien-être de celles-ci donnent force au groupe social car elle est le lieu privilégié de développement des personnes et de solidarité entre personnes et entre générations.

 

II - Chronologie des lois concernant la procréation et des phénomènes sociaux qui ont marqué la vie familiale

Le lien union-procréation s’est imposé au cours des siècles passés. De bon cœur ou dans la révolte les humains ont vécu ce lien, ont articulé leur alliance familiale sur lui et géré leur filiation sans pouvoir dissocier dans la relation sexuelle l’union et la procréation. Ce lien peut, depuis les années 60, être rompu par la contraception. Mais la rupture fonctionnelle, séparation des deux fonctions de la relation sexuelle, a de sérieuses répercutions sur le lien symbolique entre alliance et filiation. La récente fragilité de la relation entre union et procréation est à la source des événements qui marquent l’alliance et la filiation. La société humaine est à la recherche d’un nouvel équilibre.

 

Figure 3 : La rupture du lien entre union et procréation a été catalysée par l’arrivée de la contraception. Les autres liens sont fragilisés

 

Il est utile d’observer la rupture des liens conjugaux, familiaux, sociaux, voire la modification des relations à Dieu qui marquent notre temps.

 

 

             1967 : Loi Neuwirth qui autorise la contraception

             1974 : Remboursement de la contraception (pilule et stérilet)

             1975 : Loi Veil sur l’interruption volontaire de la grossesse – IVG

             1982 : Remboursement de l’avortement

             1988 : La mise autorisée sur le marché de la pilule abortive RU 486

             1994 : Loi bioéthique autorisant la procréation médicalement assistée

             1999 : Loi relative au Pacs

             2000 : La vente libre dans les pharmacies de la « pilule du lendemain »

             2003 : L’autorisation de l’utilisation « thérapeutique » de l’embryon

             2004 : Remboursement de l’avortement médicamenteux

 

 

 

Tableau 1 : Chronologie de l’introduction des lois en matière familiale en France depuis la loi autorisant le recours aux techniques contraceptives

                                                          

L’évolution des lois concernant la famille a commencé par la loi autorisant l’usage de la contraception, c’est à dire la rupture technique du lien entre union et procréation. Cette loi a été suivie de beaucoup d’autres, donnant un cadre nouveau à l’alliance conjugale et familiale et en matière de filiation.       

Le mariage (l’alliance) n’a plus été le mode initial de la vie conjugale pour un nombre grandissant de couple : les couples déclarés, hors mariage, sont devenus de plus en plus nombreux, leur proportion passant de 3% en 1967 à 18% en 2000.      

La filiation s’est fait plus souvent en dehors de l’alliance conjugale. La moitié des naissances ont lieu actuellement dans des couples non mariés (6% dans les années 60, 20% dans les années 80 et 47% en 2000).          

Le lien conjugal lorsque qu’il a été marqué par l’alliance est lui-même très fragile : les divorces sont très fréquents. Il y avait 10 fois plus de mariages que de divorces dans les années 60 ; il n’y a que 3 fois plus de mariages que de divorces en 2000.

Un nombre croissant d’enfants grandissent en dehors d’un cadre créé par l’alliance entre leurs parents : près de 4 millions d’enfants vivent avec un seul de leurs parents.

Ces points illustrent les changements radicaux qui se sont produit pour l’alliance et pour la filiation au sein de notre société au cours des décennies qui ont suivi la possibilité de dissocier l’union et la procréation par la contraception.

III - Lien entre union et procréation s’est longtemps imposé, peut être rompu depuis l’avènement de la contraception, ou réapproprié en choisissant les méthodes naturelles de régulation des naissances

Le lien entre union et procréation longtemps imposé, pouvant être rompu depuis l’avènement de la contraception, peut en effet aussi être réapproprié et vécu de manière nouvelle par l’utilisation de la planification familiale naturelle. La régulation des naissances par les méthodes naturelles a la même fonctionnalité que la contraception, celle de réguler les naissances, mais les méthodes naturelles gardent intacte les dimensions objectives et symbolique de la relation sexuelle au coeur de l’alliance et source de filiation.

Le couple peut faire ce choix : L’homme et la femme ont en effet la capacité de connaître les périodes fertile et non-fertiles du cycle féminin et d’assumer et de vivre de manière épanouissante les rythmes biologiques inscrits dans leurs corps en choisissant d’adapter leur sexualité au rythme de leur fertilité et de leur choix d’accueillir ou non un enfant au moment de leur union sexuelle. En faisant ce choix d’adapter leur vie à ce lien reçu entre union et procréation, ils peuvent réguler leur naissance, choisissant le nombre et le moment de venue de leurs enfants, tout en gardant au coeur de leur union charnelle l’aptitude à procréer.

 

Les enjeux du choix de la régulation des naissances concerne l’homme et la femme, la vie conjugale, la famille et la société, et la relation des croyants à Dieu.

Pour l’homme et la femme ce choix peut avoir un effet pédagogique : La femme (re)découvre sa physiologie, le sens de ce qu'elle vit. Tout ce qui fait sa physiologie particulière, différente de celle de l'homme, s'éclaire lorsqu'elle met cela en relation avec sa place de future mère. L'homme exprime son respect, son amour pour sa femme, telle qu’elle est, porteuse de la vie. Il est reconnu dans son attitude aimante. Tous deux approfondissent leur découverte de la relation conjugale dans ses deux dimensions d’union et de procréation et la fierté d’être dépositaire du potentiel de procréation, c'est-à-dire de filiation.

Le couple ne s’habitue pas à se « protéger contre l’enfant ». La fertilité de l’autre est vécue comme une richesse non une réalité contre laquelle on doit se protéger. L'enfant est placé au cœur de la vie sexuelle, la possibilité de la conception d'un enfant restant présente au sein de la relation conjugale.

La sexualité garde sa place au sein d’un couple qui a fait alliance et qui accueille la vie.

Une meilleure compréhension par le couple de la place de leur vie sexuelle dans leur vie et celle de la famille renforce le sentiment de coresponsabilité dans le développement du foyer familial. La société peut compter sur les familles lorsque celle-ci ont approfondi ce qui les fondes : l’union et la procréation source de l’alliance et de la filiation.

 

 

IV - Eléments de réflexions complémentaires pour les chrétiens

 

Figure 4 : Pour les chrétiens, Dieu est un créateur qui aime. Les alliances et la filiation des hommes concernent Dieu

 

Les chrétiens croient que le monde a été créé par Dieu et que celui-ci aime les humains. Ils présentent le lien conjugal au sein de la famille, lieu de la relation sexuelle, ‘union et procréation’, comme image de Dieu ‘amour et créateur’. Le mot amour signifie alors désir et don. Les chrétiens reconnaissent la vulnérabilité et l’imperfection des conduites humaines, le péché, et croient que Dieu, par son fils, Jésus Christ, est venu sur la terre et a donné sa vie pour que tout homme puisse vivre en plénitude et vivre éternellement auprès de Dieu. Les chrétien souhaitent vivre un amour conjuguant désir et don, et accueillir le don de Dieu : c’est sous son regard qu’ils font alliance et accueillent leurs enfants. La filiation est pour eux une réponse à Dieu qui leur propose d’être procréateurs.

Le choix des méthodes naturelles prends une signification particulière pour le croyant : sous le regard de Dieu, il fait le choix d’adapter sa vie sexuelle au rythme de sa fertilité. Il adopte ainsi une attitude d’accueil de la volonté de Dieu. La beauté et la pertinence de la création est reconnue et prise en compte par le couple : il entre dans une attitude de confiance vis-à-vis de la sagesse du créateur et de louange face à la création. L’enfant est vécu comme un don reçu de Dieu. Le couple ressent l’importance de la mission reçue pour la vie. Il approfondit son sentiment de cohérence dans le plan de Dieu : Dieu est communion et vie et il a créé l’homme et la femme à cette image en liant union et procréation, alliance et filiation. La relation conjugale est lieu de communion et de transmission de la vie. Le vécu des méthodes naturelles constitue un apprentissage de confiance : le croyant reconnaît que ce qui est proposé à l’homme par Dieu est possible et que Dieu ne s’est pas trompé dans ce qu’il a inscrit dans la nature de l’homme et de la femme. De plus, le couple peut accueillir les événement spécifiques qui marqueront son rythme de fertilité et non-fertilité comme ce que Dieu écrit pour lui en particulier, pour l’histoire de leur couple.

 

 

En conclusion :

 

L’enjeu historique actuel qui marque le choix de la régulation des naissances est donc de taille ! Il s’agit de redécouvrir et bénéficier pleinement du lien entre union et procréation source du lien entre alliance et filiation fondateur de la vie humaine et de la société.

Il s’agit du passage d’une époque ancienne pendant laquelle ce lien était contraint, suivi d’une rupture de ce lien fragilisé par la contraception technique, à une nouvelle époque où la régulation des naissances par les méthodes naturelles permettra aux couples de conjuguer union et procréation en gardant unis alliance et filiation.

 

 



[1] Ce chapitre est tiré du livre de Marcel Clement. La doctrine sociale de L'Église est-elle applicable ?

[2] C'est Paul VI qui nous a donné les éléments pour l'établir. Dans "Octogesima adveniens"il a défini l'idéologie: "une idée abstraite purement théorique" que l'on entend appliquer à un ensemble d'hommes ("Oct. adv. "na 27).

 

[3] Cf. Aristote : « Seconds anal. ». Vrin édit. P246.

[4] Ces principes, et quelques autres peuvent d'ailleurs être formulés de diverses façons. Dans "Pacem in terris ", ils apparaissent comme des droits naturels. Dans "Gaudium et Spes", ils apparaissent à travers une anthropologie chrétienne fondée sur la Révélation. Dans "Laborem exercens", les mêmes principes sont formulés en utilisant une approche personnaliste. Mais cette variété même ne fait que confirmer que droit naturel et Révélation sont comme les deux courants convergents rendant compte de la même réalité: la dignité de la personne et toutes ses implications dans la vie sociale.

[5] Ces institutions sont de droit naturel que tout droit positif doit protéger, restaurer ou valoriser.

[6] Le droit de propriété privée est subordonnée au principe de la destination universelle des biens (CDS 172).

[7] CDS 270. «  Le travail humain revêt une double dimension : objective et subjective. Dans un sens objectif, c’est l ‘ensemble d’activités, de ressources, d’instruments et de techniques dont l’homme se sert pour produire, pour dominer la terre. Le travail au sens subjectif est l’agir de l’homme en tant qu’être dynamique, capable d’accomplir différentes actions qui appartiennent au processus du travail et qui correspondent à sa vocation personnelle. »

[8] Jean-Paul II. Laborem Exercens.

 

[9] CDS 172.

[10] CDS 172.

[11] CDS 174.

[12] CDS 176. Attention ce droit n’est pas absolu !

[13] CDS 182.

[14] William J. Byron, “Then Building-Blocks of Catholic Social Teaching”, America (Vol ; 179, # 13 ; October 31, 1998), 9-12.

[15] Nombreux extraits tirés du livre de Marcel Clement. La doctrine sociale de L'Église est-elle applicable ?

[16]CDS 2. En rappelant la recommandation adressée par Paul à son disciple Timothée: «Proclame la Parole, insiste à temps et à contre­temps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d'instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l'oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l'oreille de la vérité pour se tourner vers les fables. Pour toi, sois prudent en tout, supporte l'épreuve, fais œuvre de prédicateur de l'Évangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère» (2 Tm4, 2-5).

[17] Jean-Paul II. Christifideles Laici, n. 42.

[18] CDS 4 .

 

[19] « Un cas de conscience à la lumière de la DSE » de Philippe Verkimpe. Article paru dans la revue Disciples.

[20] 1981 Laborem exercens 12 :  On doit avant tout rappeler un principe toujours enseigné par l'Eglise. C'est le principe de la priorité du "travail" par rapport au "capital".

[21] 1981 Laborem exercens 9 :  Il faut avant tout prendre en considération cette vérité. Le travail est un bien de l'homme il est un bien de son humanité car, par le travail, en un certain sens, "il devient plus homme".

[22] 1991 Centesimus annus 35 Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu'en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l'entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité. Non seulement cela est moralement inadmissible, mais cela ne peut pas ne pas entraîner par la suite des conséquences négatives même pour l'efficacité économique de l'entreprise. En effet, le but de l'entreprise n'est pas uniquement la production du profit, mais l'existence même de l'entreprise comme communauté de personnes.

Le profit est un régulateur dans la vie de l'établissement mais il n'en est pas le seul ; il faut y ajouter la prise en compte d'autres facteurs humains et moraux qui, à long terme, sont au moins aussi essentiels pour la vie de l'entreprise.

[23] 1991 Centesimus annus 58 : L'amour pour l'homme, et en premier lieu pour le pauvre dans lequel l'Eglise voit le Christ, se traduit concrètement par la promotion de la justice.

[24] Luc 6,45 :   L'homme bon tire de bonnes choses du bon trésor de son coeur, et le méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor; car c'est de l'abondance du cœur que la bouche parle.

[25] 1981 Laborem exercens 27

[26] Genèse 1,26 : 26 Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance.

[27] 1981 Laborem exercens 25 : Il faut donc que cette spiritualité chrétienne du travail devienne le patrimoine commun de tous. Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables: il leur en fait au contraire un devoir plus pressant" (38).

[28] 1981 Laborem exercens 3 : La solution  de la question sociale, qui continue sans cesse à se présenter et qui se fait toujours plus complexe, doit être cherchée dans un effort pour "rendre la vie humaine plus humaine" (8), et  la clé qu'est le travail humain acquiert une importance fondamentale et décisive.

[29] Pie XII, « Divini Redemptoris », n°1.

[30] (Jn 16,33).

[31]Mémoire et identité. Jean-Paul II. P32 et 33. Flammarion.

«  Il n'est pas possible de penser la limite imposée par Dieu lui-même au mal sous ses diverses formes sans se référer au mystère de la Rédemption.

Le mystère de la Rédemption n'est-il pas la réponse à ce mal historique qui, sous diverses formes, revient dans l'existence de l'homme? Est-ce aussi la réponse au mal de notre temps? Il pourrait sembler que le mal des camps de concentration, des chambres à gaz, de la cruauté de certaines interventions poli­cières, finalement de la guerre totale et des systèmes basés sur le désir de puissance - un mal qui, entre autres, effaçait de façon programmée la présence de la croix -, il pourrait sembler, dis-je, que ce mal fût plus puissant que tout bien. Si toutefois nous regar­dons d'un œil plus pénétrant l'histoire des peuples et des nations qui ont traversé l'épreuve des systèmes totalitaires et des persécutions à cause de la foi, nous découvrirons que c'est précisément là que s'est révélée avec clarté la présence victorieuse de la croix du Christ. Et cette présence nous apparaîtra peut ­être, sur ce fond dramatique, encore plus impres­sionnante. A ceux qui sont soumis à l'action pro­grammée du mal, il ne reste que le Christ et sa croix comme source d'autodéfense spirituelle, comme promesse de victoire. Le sacrifice de Maximilien Kolbe dans le camp d'extermination d'Auschwitz n'est-il pas un signe de la victoire sur le mal ? Et n'en fut-il pas de même pour Edith Stein - grand penseur de l'école de Husserl - qui, brûlée dans le four crématoire de Birkenau, partagea le sort de nombreux autres fils et filles d'Israël? Et hormis ces deux figures, qu'on a l'habitude d'associer, combien d'autres, dans cette histoire douloureuse, prisonniers comme eux, se détachent par la grandeur de leur témoignage rendu au Christ crucifié et ressuscité!

Le mystère de la Rédemption du Christ est très profondément enraciné dans notre existence. »

[32] Pie XI l'avait clairement affirmé: "Tout ce que nous avons enseigné sur la restauration et l'achèvement de l'ordre social ne s'obtiendra jamais sans une réforme des mœurs"( Q.A. nO 105).

[33] Michel Rouche. Sexualité, Intimité et Société sous le regard de l’Histoire. CLD.

[34] Voyage apostolique du pape Benoit XVI à Valence (Espagne) à l’occasion de la Rencontre Mondiale des familles. Rencontre de prière. Discours du Saint-Père. Cité des arts et des sciences. Samedi 8 juillet 2006.

[35] Colloque « Pourquoi les méthodes naturelles ? » à Lyon, février 2006. Organisé par Les Cigognes.

 

[36] En créant l’homme et la femme, il les a appelés, dans le Mariage, à une intime communion de vie et d’amour entre eux, "à cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul" (Mt 19,6) » (Catéchisme de l’Église catholique. Compendium, n. 337). Jean-Paul II affirmait que « l’homme est devenu "image et ressemblance" de Dieu non seulement à travers sa propre humanité, mais aussi à travers la communion de personnes que l’homme et la femme constituent dès le début. L’homme devient image de Dieu au moment de la communion plus qu’au moment de la solitude » (Audience générale du 14 novembre 1979).

[37] J’ai synthétisé dans ce chapitre, à partir du Compendium, ce qui me semblait important sur la famille.

[38] Jean-Paul II, Lettre aux familles Gratissimam sane, 17: AAS 86 (1994) 906.

[39] Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Const. past. Gaudium et spes, 48: AAS 58 (1966) 1067-1069.

[40] CDS 211.

[41] CDS 212.

[42] Jean-Paul II, Exhort. apost. Christifideles laici, 40: AAS 81 (1989) 468.

[43] Jean-Paul II , Encycl. Centesimus annus, 39: AAS 83 (1991) 841.

[44] CDS 213.

[45] Concile oecuménique Vatican II, Const. past. Gaudium et spes, 47: AAS 58 (1966) 1067; cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 2210.

[46] Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 2224.

[47] CDS 214.

[48] Cf. SAINT-SIÈGE, Charte des droits de la famille, Préambule, D-E, Typographie Polyglotte Vaticane, Cité du Vatican 1983, p. 6.

[49] Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio, 45: AAS 74 (1982) 136­137; Catéchisme de l'Église Catholique, 2209.

[50] CDS 217.

[51] Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio, 13: AAS 74 (1982) 93-96.

[52] CDS 220.

[53] CDS 221.

[54] CDS 230.

[55]  Jean-Paul II, Lettre aux familles Gratissimam sane, 11 : AAS 86 (1994) 884.

[56] CDS 232.

[57] CDS 233.

[58] CDS 234.

[59] CDS 237.

[60] CDS 239.

[61] CDS 240.

[62] CDS 242.

[63] CDS 246.

[64] CDS 247.

[65] CDS 249.

[66] CDS 252.

[67] Je me réfère au livre de Georges Weigel : « Jean-Paul II, témoin de l’Espérance ». Ed JC Lattès. P263 à 266.

[68] Récente par rapport à la doctrine sociale de l'Église.

[69] Elle apparaît explicitement dans plusieurs encycliques, notamment Centesimus annus, 55 et Mulieris dignitatem, 6.

[70] Cf. St Irénée, Adv. Haer. V.6,1 ; V, 16,2-3 : S. Ch 153, 72-81 et 216-221 ; S.

[71] Mulieris dignitatem (1988) 6.

[72] Sollicitudo rei socialis 41.

[73] L'expression apparaît aussi, mais sous un angle plus christologique dans Dominum et vivificantem, 59 pour rappeler la ressemblance à laquelle l'homme est appelé.

[74] CDS 13, citant Gaudium et spes 3.

[75] De Lubac, Paradoxes, Œuvres complètes, vol. 31, Cerf p. 39.

[76] Cf. CDS 457 citant Gaudium et Spes 35.

[77] CDS 108.

[78] CEC 357.

[79]CDS 131 : « la transcendance de la personne impose plus qu'un simple respect des personnes ; "cela comporte que le premier engagement de chacun envers l'autre, et surtout de ces mêmes institutions, soit précisément la promotion du développement intégral de la personne."

[80] CDS 138. Cf. aussi CEC 1749-1756.

[81] Cf. Centesimus annus 49.

[82] CDS 278.

[83] Notons que Jean-Paul II utilisera encore l'expression dans d'autres encycliques, notamment Evangelium vitae (1995) 81 et Redemptoris missio (1990) 42, 57, 58, 59, 60.

[84] CDS 135.

[85] L'expression est présente aussi au § 276 p. 157.

[86] Adam Smith . Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Gallimard, 1976, p. 34.

[87]             Le signe de la femme, Le cerf, 1995. Voir note de Rolande FAURE

[88]             Éditions LLB, 2001.

[89]             Traduit par aide, le mot disqualifie la femme. Dans l’AT, ezer a plus souvent le sens de secours comme dans le Ps 121.1 et 15 fois sur 21, il se rapporte à Dieu. (H. BLOCHER, Révélation des origines, Lausanne : Presses Bibliques Universitaires, 19791979, p. 98.)

[90]             Pierre en fait un être plus faible (1 P 3.7), nous préférons suivre MAILLOT et traduire l'expression grecque par fragile ou délicat, « poterie » ou «  porcelaine », suggère-t-il (1990, p. 155).

[91]             Comme Françoise GIROUD le préconisait, il vaudrait mieux parler d’équivalence que d’égalité

[92]             Ces textes évoquent des situations ou des problèmes que nous connaissons mal. Ainsi est-il pour le moins imprudent d'invoquer 1 Timothée 2.11-15 pour bâtir une règle valable aujourd'hui. La traduction de ce passage est difficile. La solution offerte par la Bible du Semeur écarte la difficulté du salut « en devenant mère » (Colombe) ou « par sa maternité » (TOB et français courant). Le contexte qui renvoie à Eve valide le choix du Semeur : « par sa descendance ». Sur le silence de la femme et l'interdiction « de prendre autorité sur l'homme », ce passage vise sans doute une déviation propre à la ville d'Éphèse. Alfred KUEN expose les dangers qui menaçaient l’Église (La femme dans l'Église, St Légier : Emmaüs, 1994. pp. 176-185).

[93]             « C'est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l'autorité dont elle dépend » (Colombe), « une marque de dépendance  » (TOB). Or le texte dit : « une marque de son autorité ». La tenue des femmes n’est donc pas une marque de sujétion au père ou au mari, mais une marque de la place qu’elle occupe en tant que femme. La traduction du Semeur déclare donc à juste titre : « Voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de son autorité à cause des anges ». La mention des anges montre peut-être que pour Paul aussi, le culte est une anticipation du royaume. L’autre sens possible consiste à prendre le mot dans le sens de messager. Il s’agirait alors des prédicateurs qui pourraient être dérangés par l’absence de voile.

[94]             Alphonse MAILLOT, Marie, ma soeur, étude sur la femme dans le Nouveau Testament, Paris : Letouzey & Ané, 1990, à la suite d’autres commentateurs, pense qu'il s'agit surtout de faire taire des femmes qui, manquant de maturité, bavardaient et troublaient le culte (1991, p. 122). Cette explication répond à une partie du problème, mais ne permet pas de comprendre les références à Genèse 2. Pour le même commentateur, la justification scripturaire de la place de la femme a été « sa plus grande erreur » (1990, p. 138).

[95]             Caroline ELIACHEFF, « Privilège de la féminité et domination masculine, Entretien avec Françoise HÉRITIER » in Esprit, mars avril 2001,  p. 78.

[96]             Cité par Caroline ELIACHEFF, p. 81.

[97]             Nous verrons les choses plus en détail lorsque nous en viendrons aux textes bibliques au chapitre 12.

[98]             Ibid., pp. 89-90.

[99]               Caroline ELIACHEFF, p. 82.

[100]            Ibid.

[101]            Notamment avec le film Junior de Ivan REITMAN.

[102]            Pour plus de détails, voir notre Famille, points de repère, (pp. 71-96).

[103]            Les traductions qui doivent bien donner un sens ont opté pour l’augmentation de la souffrance, mais le texte dit simplement : « J’augmenterai ta grossesse ». Il peut effectivement s’agir de souffrance, mais il pourrait aussi s’agir de la difficulté de maîtriser les naissances.

[104]            Ce rapport homme/femme n’est pas sans lien avec l’expression de Philipiens 2.6 « lui qui est de condition divine n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de Dieu. ». Faut-il préciser qu’il n’est possible et n’a de sens qu’en Christ !

[105]            H. BLOCHER, p. 99.

[106]            Nous ne prenons pas en compte la thèse qui se base sur la traduction du mot képhalè par source ou origine. D’une part, elle a été réfutée sur le plan linguistique,  d’autre part le sens premier de tête nous semble être le seul qui puisse être retenu dans le contexte qui développe la métaphore du corps.