Qu’entend-on par continence ? quel sens a la
continence ? comment vivre la continence et quels en sont les
fruits ?
Désirer une relation pour une communion et décider
d’y renoncer pour un temps car ce n’est pas le moment de transmettre la vie,
c’est cela la continence périodique proposée par la PFN.
Si la réalité à court terme est similaire,
c’est-à-dire, l’absence de relation sexuelle, le sens et la motivation sont différents.
C’est souvent vécu comme il y a tant de jours où l’on ne peut pas avoir de
relation sexuelle.
Dans le terme abstinence, le préfixe
« ab » met l’accent sur la privation, certes réelle, mais ici elle
est vécue au premier plan.
Dans le terme « continence », l’accent
est mis sur ce qui est « contenu », retenu » à savoir
l’accomplissement de la relation sexuelle. Celle-ci est différée pour faire
place à autre chose, une autre manière de dire son amour : tendresse,
dialogue, attention à l’autre, etc. …Le couple a décidé de se dire son
affection autrement à cette période -à. Ce qui implique une décision partagée
et un chemin de maîtrise de soi.
Quand des parents proposent à des enfants comme
effort de carême de se priver de bonbon ou de chocolat pour donner à des plus
pauvres en signe de charité, n’est-ce pas du même ordre ? Ce qui est de
l’ordre de la nourriture ou de l’argent ne serait pas applicable dans le
domaine de la sexualité ? Quand un enfant exprime un désir pour un cadeau,
obtient-il toujours une satisfaction immédiate ? va-t-il ouvrir son cadeau
de Noël avant la date ?
Est ce dur de vivre la continence?
Oui car
c'est un chemin de vérité sur soi-même. C'est aussi un chemin de purification
de soi-même par l'acceptation de ses limites, la capacité à se donner
gratuitement pour l'autre et à accueillir généreusement la vie.
Mais ce
chemin d'exigence rend heureux, car il est fait de multiples combats qui nous
révèlent dans notre être le plus profond (relation avec le Créateur), et dans
notre capacité à rendre l'autre heureux par le don de soi.
Est-ce une attitude excentrique, contraire à la
liberté, source de frustration, contraire à l’amour conjugal ?
N’y a-t-il pas d’autres domaines où le désir doit
patienter ?
Les parents n’apprennent-il pas à l’enfant à
savoir attendre pour satisfaire des désirs élémentaires : ne pas manger en
dehors des heures de repas, aller dormir à des heures régulières, ne pas
acheter de suite tout ce qui peut faire envie, apprendre à faire des économies
pour s’offrir un beau cadeau etc. Tout cela pour dire que tout désir n’est pas
bon ou mauvais en soi. Il a besoin d’être accueilli, pour en connaître la
signification, pour apprécier sa valeur : est-ce bon pour le moment ou
non ? Il en est de même à l’âge adulte. Les sportifs savent faire des
efforts, se priver pour obtenir un résultat. Un passionné de musique, de sport,
d’art ou autre chose saura se priver dans d’autres domaines pour obtenir
nourrir sa passion. La frustration est donc possible si elle a un sens, une
signification, un objectif. Il en est de même pour la continence en matière de
sexualité.
Dans la conception contemporaine, la liberté, est l’autonomie radicale : nous sommes des êtres parce que notre volonté est le point de référence essentiel
de mon choix.
Dans une vision personnaliste, c’est la maîtrise de soi, et non l’affirmation de soi, qui est l’indice d’une véritable liberté humaine.
Et nous parvenons à cette maîtrise non pas en réprimant ou en éliminant ce qui est naturel en nous,
mais en canalisant sciemment et librement ces instincts naturels de l’esprit et du corps dans des actions qui approfondissent notre humanité parce qu’elles sont conformes
aux choses telles qu’elles sont.
Le
corps révèle l'invisible dans ce qu'il a de spirituel
et de divin.
Philo
Nous voulons le bonheur et nous le cherchons.
Il se trouve dans le respect des lois inscrites par Dieu
dans sa nature. Les accepter, les observer avec intelligence, bienveillance et
amour (admiration), nous donnera les clés de cette recherche.
La sexualité humaine est un don du créateur. Elle est belle
car elle nous ouvre sur la vie à donner et sur la communion au travers du don
réciproque des personnes. Cependant, le cycle de la femme, invite le couple à
réguler cette ouverture à la vie, par une maîtrise du rythme des unions, en
fonction de sa décision d’accueillir un enfant ou pas.
C’est
dans cette régulation que la continence s’inscrit.
Tout couple qui souhaite retarder une grossesse
est mis devant l’alternative : soit il agit pour supprimer la possibilité
fécondante de tout acte sexuel soit il accueille cette possibilité quand elle
existe et choisit alors de retarder la
réalisation de l’acte sexuel : il décide de réguler sa sexualité et non sa
fertilité.
-
La continence a-t-elle un
sens ?
C’est choisir d’accueillir le dessein du Créateur
non pas au sein d’une biologie « sacralisée » mais dans le respect
des deux dimensions de l’acte conjugal. C’est bien le même acte qui peut
exprimer le don des personnes l’une à l’autre et la possibilité de la
transmission de la vie. Il ne s’agit en aucune manière de n’avoir de relation
que lorsque le couple souhaite transmettre la vie. Vivre une union conjugale en
période infertile respecte le rythme donné par le créateur et la signification
de l’acte conjugal. C’est accepter de réguler non pas la fertilité mais la
sexualité. C’est accepter le rythme que je n’ai pas choisi et là sera, peut
être, la difficulté pour les personnes. L’union, le don des corps est total
dans le fait qu’ils se donnent l’un à l’autre avec leur potentiel de fertilité
intact. Ils sont fertiles même si l’acte de cet instant ne sera pas fécondant
de manière certaine.
Pour nos
contemporains, c’est la globalité de la vie sexuelle du couple qui doit être
ouverte à la fécondité, et pas chaque acte sexuel. Une hiérarchisation est
établie entre intention et acte. L’intention est placée en premier :
s’aimer. Nous adaptons notre agir en fonction de cette intention comme si nous
avions la charge de chercher quel sera l’agir qui nous permettra d’atteindre
avec le plus d’efficacité cet amour.
L’analyse de l’acte bon nous rappel que chaque
acte doit être bon et que l’intention n’est pas à privilégier. Un acte est bon
si l’objet de l’acte et l’intention sont toutes deux bons. Il
est important d’identifier l’acte précis que l’on « veut » poser,
l’action intentionnelle de base (un acte sexuel non fécondant)). Cet acte
précis n’est pas à confondre avec l’objectif global, plus ou moins lointain qui
est poursuivi (espacer une grossesse). C’est au contraire très concrètement
l’acte qui est posé de manière volontaire : quelle est sa matérialité
(supprimer la possibilité de fécondation) et quelle est l’intention immédiate
(ce qui est voulu).
Ce n’est pas sacraliser la biologie mais donner au
don des corps une signification beaucoup plus grande que celle envisagée au départ : l’adhésion à
la volonté du Créateur qui nous a fait à son image, Lui qui n’est que Vie et
Amour. C’est un chemin de découverte sur lequel chacun est appelé à avancer.
- La continence est-elle source de
frustration ?
Pour le couple qui choisit la régulation naturelle
des naissances, la maîtrise de la fécondité passe par la continence périodique.
Inévitable, la continence apporte dans la vie du couple une frustration. Elle
rappelle une coexistence difficile entre la pulsion sexuelle, la pulsion de
procréation et la nécessité de limiter les naissances.
Ce chemin étroit et rigoureux reste dans
l’esprit de beaucoup un point noir des méthodes. Il semble souvent difficile
d’accepter un certain nombre de jours de continence. Cette privation va à
l’encontre des désirs immédiats.
La privation volontaire de relation sexuelle n’est
pas nocive pour la santé quand elle est un choix libre au service de l’amour.
La pulsion ne pouvant pas être satisfaite au sein du couple, y a-t-il le risque
de chercher satisfaction ailleurs ou de manière déréglée ? La question ne peut
pas être éludée. C’est à chacun d’oser voir en face sa vulnérabilité, sa
faiblesse, ses limites. C’est une richesse que d’en prendre conscience car
c’est l’occasion de grandir en humanité quitte à se faire aider tant sur le
plan humain pour se pencher sur les zones d’ombre de son histoire psychologique
que sur le plan spirituel, sans dissocier les deux et sans les confondre.
Theo
Faire ce choix c’est se situer sous le regard du
Créateur et accepter de recevoir le sens d’un acte de LUI. Dieu
« est » Amour et Vie : pour lui Vie et Amour sont synonymes. Il
a voulu faire l’homme à son image en particulier en lui conférant ce lien Amour
et vie à transmettre. Il nous appartient
d’avancer sur le chemin de la ressemblance où il nous laisse libres de nous
engager ou non. En Dieu, Amour et Don de la vie sont un seul et même
acte : Il invite le couple à Lui
ressembler dans la transmission de la vie.
En quoi les méthodes naturelles sont-elles
naturelles ? Elles le sont parce qu’elles concernent l’être et la vocation
des époux, et non pas à cause du rythme biologique naturel.
II
- Comment vivre la continence conjugale ?
- La continence est un choix qui se fait à deux :
Elle a un sens si c’est un choix fait par le
couple. Aucun des deux ne l’impose à l’autre. L’adhésion personnelle au
pourquoi de ce choix est nécessaire.
C’est le choix et la responsabilité de chacun de chercher à savoir pourquoi ce
choix est fait avec les divergences possibles, les éclairages mutuels, les
difficultés éventuelles. Faire plaisir à l’autre est bien, mais il est
essentiel d’essayer ce comprendre l’autre et de l’accueillir dans sa différence
pour savoir comment se situer : je l’accepte vraiment ou bien je me
résigne à faire ce qu’il ou elle veut avec le risque d’accumuler au fil des ans
une rancune sourde mais dangereuse ?
- La continence se vit à deux au quotidien :
C’est de manière très concrète parfois s’aider
mutuellement dans l’observation, la notation et l’interprétation des signes de
fertilité. C’est choisir l’abstinence d’union, acceptant la différence,
l’effort, la frustration mais comme
signe d’amour de l’autre. C’est accepter de découvrir sur ce chemin parfois
difficile, des richesses insoupçonnées.
-
Continence et vertus : La tempérance ou sobriété.
Est
tempérant, dit-on, celui qui n'abuse pas de nourriture, de boisson, de
plaisirs, celui qui ne boit pas trop d'alcool, qui ne laisse pas sa conscience
s'anéantir par la drogue, etc.
Au plus
profond de nous s'expriment notre corps et tout ce qui lui appartient : ses
besoins, ses désirs, ses passions, celles des sens avant tout. La vertu de
tempérance permet à chaque homme de faire triompher ce qu'il est au plus profond de lui-même.
Est-ce
là une humiliation de notre corps ? Une diminution ? Non, au contraire ! Cette
maîtrise met en valeur le corps.
La vertu
de tempérance fait en sorte que le corps et nos sens trouvent la juste place
qui leur revient dans notre être humain.
Possède
la vertu de tempérance celui qui sait se maîtriser, celui qui ne permet pas à
ses passions de l'emporter sur la raison, sur la volonté et aussi sur le cœur.
Elle est
indispensable pour que l'homme soit pleinement homme. Il suffit de regarder
celui qui se laisse entraîner par ses passions et en devient la victime,
renonçant de lui-même à l'usage de la raison pour comprendre clairement qu'être
homme c'est respecter sa propre dignité et donc, se laisser guider par la vertu
de tempérance.
Cela
conditionne les autres vertus de prudence, de justice et de force.
Mais il
faut dire aussi que toute les autres vertus sont indispensables pour que
l'homme soit tempérant (ou sobre).
– Pourquoi faire des efforts dans le domaine de
l’amour conjugal ?
Ceci demande d’abord de savoir ce qu’aimer veut
dire. C’est ou bien, prendre, ou bien donner, en sachant que la réalité fait
que les deux possibilités coexistent. Mais le choix premier, le moteur, le
désir sont-ils de l’ordre du don ?
Si aimer c’est se donner, alors ne soyons pas étonnée que les efforts
soient au rendez-vous. Les parents ne font-ils pas des efforts de toutes sortes
pour aimer leurs enfants ? Il n’y a
pas d’amour sans renoncement et donc sans effort. Les efforts sont à faire dans
le domaine professionnel, sportif, scolaire, etc. l’expérience fait découvrir
que se donner peut être source de joie. Là aussi c’est à découvrir.
- Est-ce seulement une question de volonté ?
La première
démarche est une démarche de connaissance non seulement de la fertilité de la
femme, ce qui est déjà un premier pas, mais celui-ci en appelle d’autres. C’est
se connaître soi-même dans ses richesses et ses limites, ses vulnérabilités
tant pour l’homme que pour la femme. Connaître ses limites permet d’ouvrir un
chemin de croissance et non de s’y enfermer avec résignation, tristesse ou
culpabilité. Ceci est une décision, un chemin pour chacun et pour une aide
mutuelle. Une aide extérieure peut parfois être nécessaire, couple moniteur,
conseil conjugal, accompagnement spirituel.
- Est-ce possible en toute circonstance ?
Quelle que soit la situation, il y a toujours une
possibilité : post-partum, après contraception hormonale, à la
quarantaine, travail de nuit etc. Certaines conditions peuvent rendre les
périodes de continence plus longues et constituer une difficulté. Cela dit il
s’agit bien d’un chemin de découverte ? certains chemins sont plus rudes
et caillouteux que d’autres ? les forces de chacun sont variables. Il est
donc nécessaire que chacun puisse se demander où il en est de son choix au
départ ? des efforts déployés ? de la découverte de ses
limites ? de son désir d’avancer ? des moyens pris pour
avancer ?
Il existe de très rares situations médicales qui
exigent un traitement qui a pour effet secondaire de bloquer toute activité
ovarienne rendant tout observation inutile. Ce sont des traitements de longue
durée, voir jusqu’à la ménopause et c’est souvent vécu comme une contrainte
pénible.
- Est-ce
pour toute la vie ?
Le Choix n’est jamais fait une fois pour toutes.
Les naissances, les soucis divers et variés, le temps qui passe vont inviter le
couple à refaire ce choix comme d’autres choix d’ailleurs. Le Oui du mariage
est le premier d’une longue série. Il sera à renouveler et à approfondir, à
incarner au quotidien et avec les imprévus de l’existence. Ce choix est à
nourrir de différentes manières tant sur le plan humain de
l’intelligence : savoir pourquoi je fais ce choix est essentiel. Il est à
nourrir aussi sur le plan conjugal par le dialogue et sur le plan de la vie
spirituelle.
Moral
- La continence n’éloigne-t-elle pas l’homme de la
femme ?
Il est indispensable que le couple prenne le temps
de s’écouter pour entendre l’autre dire
ses attentes, ses difficultés, ses joies dans une attitude bienveillante pour
voir ensemble comment avancer. La confiance dans l’autre est essentielle.
Chacun est capable de grandir. Chacun est le premier confident de l’autre. Bien
évidemment la continence n’est pas l’abstinence de toute expression de l’amour.
L’affection peut se dire autrement. À chacun de dire à l’autre la petite
attention qui le touche particulièrement. Pour cela il faut parfois oser se
dire à l’autre et ne pas jouer à la devinette en permanence.
- La continence n’est-elle qu’une option possible
?
Quelle est
la différence entre comportement contraceptif et continence périodique au
niveau de l’agir. Pour qu’un acte soit bon, il doit avoir son objet
bon son moyen bon, son intention bonne, ses fruits de la joie, et il doit
correspondre à sa finalité. Quel est l’objet de l’acte contraceptif ?
Supprimer ou priver volontairement l’acte conjugal de sa possibilité de
procréation. D’un point de vue profane, n’est-il pas risqué de désunir des
choses unies symboliquement, comme l’amour et la procréation, sans toucher la
nature de la création ?
Le choix de la continence périodique n’est pas une option parmi d’autres qui
seraient équivalents. Elle implique de fait une autre vision de la relation
sexuelle, du lien conjugal, voir de la filiation (voir chapitre II). Elle implique aussi une
relation différente au Créateur de manière très inconsciente : la
fertilité est bien encombrante. Elle est loin d’être accueillie comme une
richesse. Il faut la mettre de côté. La grossesse est devenue un risque
permanent, voir un échec de méthode.
- L’éloge de la faiblesse
Nous constatons qu’il
n’est pas suffisant que le couple comprenne le bien fondé de la PFN pour
choisir de l’utiliser. Il y a d’autres obstacles. Nous envisageons l’obstacle
constitué par la peur d’affronter la « faiblesse humaine » en
particulier lorsqu’il s’agit d’envisager la continence demandée par ce choix.
Il s’agit de cette attitude qui nous éloigne de notre attrait pour le bien afin
de ne pas avoir à regarder en face nos limites. Pour choisir les méthodes
naturelles de régulation des naissances, il faut en effet deux choses :
Face à la conscience que
nous avons d’être faible, nous pouvons, soit la nier, soit se laisser écraser
par elle, soit au contraire la prendre en compte. Quels en sont les inconvénients ?
On a la nie en choisissant la technique qui rend tout puissant. On se laisser
écraser par elle : « je ne peux pas et je choisis la technique pour
pouvoir ». Le contraceptif « règle le problème » sans nous
mettre face à la peur d’échouer dans notre entreprise.
L’intérêt de l’attitude
d’acceptation de la faiblesse humaine est grand. L’acceptation de la
faiblesse permet d’oser se lancer dans l’utilisation des méthodes naturelles.
Nous n’osons affronter la situation créée par le choix de la continence
périodique que si nous ne sommes pas arrêtés par notre crainte de ne pas être à
la hauteur.
De manière générale,
il est important de prendre en compte la faiblesse humaine.
- La faiblesse est
constitutive de notre réalité humaine, elle nous rejoint dans notre expérience.
Vie et faiblesse sont intimement liées. Si on se prive de la faiblesse, on peut
en venir à se priver de la vie (avortement, handicaps, …).
- La faiblesse nous
conduit à la confiance (Cf. Ste Thérèse : c’est à partir de ma faiblesse
que je peux rebondir).
Il est donc essentiel
d’accepter la nature humaine dans sa faiblesse.
- Y a-t-il une façon chrétienne de vivre la
continence ?
Le couple chrétien en vivant la continence
périodique fait un acte de foi : Il fait confiance au Créateur par
l’accueil d’un rythme non choisi et accepte de dépendre d’une manière générale
de Dieu et pas uniquement dans ce domaine. Il est ainsi invité à mettre toute
sa vie sous le regard de Dieu.
Il accepte d’entrer dans le rythme de Dieu. La
création ne s’est pas faite en un jour. Dieu a voulu l’alternance, la nuit et
le jour, le ciel et la terre, la lumière et les ténèbres, les saisons. La
société occidentale ne sait plus attendre : tout doit se faire
rapidement : la culture des légumes, la cuisine, les repas, la voiture à
crédit etc. C’est le règne du « fast-food » dans de nombreux domaines
Le temps nous est donné pour nous convertir. Notre
Dieu est patient
Il fait aussi confiance à L’Eglise, Corps du
Christ qui sans cesse nous invite à répondre à l’attente du Seigneur.
« Car lorsque je suis faible, c’est alors que
je suis fort » Saint Paul 2 cor 12,10
« Je ne suis pas venu pour les justes mais
les pêcheurs »
Nous reconnaissons
nos faiblesses dans beaucoup de domaines assez facilement : la
charité, les relations familiales, la colère, la gourmandise parfois, etc. et
dans le domaine de la sexualité, il faudrait être irréprochable, sinon il faut changer la « loi » pour qu’elle
s’adapte à mes possibilités.
Et d’un point de vue chrétien, n’est-il pas risqué
de désunir l’amour de la procréation, sachant que Dieu lui-même est Amour et
Créateur ? c’est bien là l’essentiel et non le respect du cycle biologique
même si cela en est la première conséquence.
Pour un
couple chrétien il y a une nécessité d'accepter que la Lumière de l'Evangile
éclaire jusqu'à l'intimité conjugale. Jésus est Sauveur jusque dans les
relations amoureuses. La Révélation nous enseigne que le coeur et le corps
doivent entrer dans une libération. Ils ont besoin d’être éduqués à la liberté
dans la vérité de leur être afin de grandir dans un amour libre et responsable.
Le couple est appelé à la sainteté jusque dans son comportement sexuel. Il peut
être nécessaire d’accepter aussi que Jésus visite les faiblesses, les chutes
dans ce domaine pour que l’amour triomphe de tout désordre, de toute tentation.
L'homme ou la femme ont quelquefois la tentation de soustraire à Dieu qui en
est pourtant le Créateur et le Rédempteur cet aspect de leur intimité. Le
Créateur en s'incarnant nous rappelle que notre vie en son entièreté doit lui
être offerte car c’est Lui qui la sauve.
- Que faire face à la contradiction ?
La contradiction peut porter sur différents
aspects : la fiabilité, la continence sont les deux points les plus
fréquemment évoqués. Il n’est pas inutile de faire préciser ce que la personne
entend par « méthode naturelle »
car le calcul Ogino est encore très présent dans les esprits. Pour ce
qui est de la continence, oser dire
parfois les raisons du choix, être visiblement heureux en couple ce qui
ne veut pas dire sans difficulté, témoigner de l’attention à l’autre dans
l’ordinaire de la vie, le vivre avec humilité, ne pas juger.
III-
Quels sont les fruits de la continence conjugale ?
La continence a pour but un déploiement plus grand
de l’amour conjugal.
Philo
- En quoi la continence libère le couple ?
Dans la mesure ou la continence est un chemin de
connaissance mutuelle, il en découle la possibilité d’une plus grande liberté.
Le couple est seul responsable de l’espacement des naissances. Chaque acte
conjugal est vécu en pleine liberté de transmettre ou non la vie, ceci sous la
seule responsabilité des deux membres du couple. Il n’y a aucune ingérence
extérieure. Cela peut aider le couple à faire des choix plus libres dans
d’autres domaines vis-à-vis des pressions extérieures de toutes sortes. Le
choix des priorités de l’existence peut en être modifié. (Ex : Chili)
Moral
- La continence peut-elle rendre heureux ?
L’attente peut raviver le désir. Introduire un
rythme, une périodicité peut éviter un acte devenu parfois routinier ou
automatique avec le temps et l’habitude. Le choix de la continence périodique
est un choix fait par amour : c’est l’amour qui le motive et vivre la
continence va être une aide pour que cet amour grandisse.
- Comment la continence peut-elle faire grandir le
couple ?
À certaines époques de la vie, la continence est
l’occasion d’entrer dans un rythme, comparable à celui des saisons, du jour et
de la nuit, du travail et du repos. Elle entre alors dans l’ordonnance
des choses et se vit naturellement, facilement.
À d’autres moments, la continence représente une
réelle difficulté. Elle exige un effort, une adaptation, une recherche et
entraîne ainsi le couple à cheminer et à progresser. L’effort imposé par la
continence devient source d’enrichissement dans la vie conjugale et familiale.
Vécue de manière dynamique, elle touche les différentes dimensions de la vie du
couple. Il va apprendre à mieux se connaître, va repérer ses limites, ses
pauvretés, va pouvoir en tenir compte. Il va apprendre à développer ses
possibilités par l’aide mutuelle d’abord et parfois en se faisant aider, ou
bien à vivre avec.
- La continence est au service du lien conjugal
Le dialogue, condition de départ certes va se
développer, se poursuivre et résister à l’usure du temps et l’engrenage du
quotidien. Certes la continence n’est jamais un acquis mais comme tout lien
conjugal.
La continence fortifie la relation entre les
conjoints. Dans son exigence, elle fait place à la tendresse, au dialogue, au
don et à l’attention réciproque, à toutes ces autres dimensions dont l’amour se
nourrit pour s’épanouir. Elle permet au couple de les développer et d’y trouver
satisfaction, profondeur et intimité. Le couple est invité à réinventer sa
relation, à renouveler les échanges, à s’accorder sur d’autres plans et à
fortifier l’union des cœurs. Cette plus grande harmonie se répercutera dans
l’entente sexuelle, la continence ayant pour fonction d’unifier toutes les
expressions de l’amour. S’il y a des difficultés, la volonté partagée de les
traverser renforcera ce lien. La joie partagée unit mais aussi l’épreuve
parfois.
- Le temps de continence est un temps donné pour
soi-même, pour se retrouver soi-même.
Dans la vie du couple, elle peut être une pause
durant laquelle même le désir semble parfois s’assoupir. Elle donne alors au
couple un temps de repos et de solitude ; Elle renvoie chaque conjoint à
lui-même. Ce retour sur soi permet à chacun de se regarder vivre et aimer, et
de confronter la réalité avec ses aspirations profondes. La continence
désinstalle et remet en question. Elle met en évidence les évènements qui
touchent chacun, ce qui encombre sa vie ou lui fait défaut, ce qui unit ou
divise le couple. Cette prise de conscience est une aide à vivre davantage en
harmonie avec soi-même et avec l’autre tel qu’il est.
-
La continence est la
condition nécessaire à l’intimité conjugale
Theo
- La continence est-elle une porte ouverte sur
l’Eternité ?
Vivre la continence périodique implique
d’introduire le temps, un rythme venu « d’ailleurs » . le choix est
fait de l’accueillir, et d’y entrer. Le temps est lié à la limite de notre vie
terrestre. Nous sommes marqués par le temps et le temps qui passe, car il nous
conduit vers l’éternité. Il est certes possible de vivre le temps comme une
fatalité contre laquelle on se bat plus ou moins. Si au lieu de le subir, nous
recevions le temps comme une chance quotidienne de se tourner vers Dieu, de se
convertir, de se rapprocher de la vie éternelle
- Continence et ouverture
La continence est aussi une invitation à plus
d’unité dans le couple. Elle ravive le goût de s’accorder à l’autre et de
marcher côte à côte. C’est ainsi que la prière en couple pourra être facilitée.
Par ailleurs l’ouverture qu’elle demande à chacun pourra aider le couple à
faire surgir les projets, les priorités : Elle suscite des impulsions
nouvelles, et mène le couple aux choix qui s’imposent pour répondre aux appels
concrets de sa vie. Se retrouver, c’est aussi évoluer, grandir ensemble et l’un
par l’autre. Par le dialogue entretenu, elle est nourriture du couple mais
aussi de tout ce qui gravite autour de lui : les enfants, la famille, le
travail, les amis, les engagements.
La continence est un chemin de vie. Elle entraîne
le couple au-delà de lui-même et le tourne vers les autres.