La grâce de l’obéissance à l’Eglise

Rolande Faure

« Raconter son histoire c’est rendre louange à Dieu et le remercier pour tous ses dons » a écrit le Pape François dans son message d’ouverture de l’année des consacrés le trente novembre 2014.

Veuve consacrée moi-même, je suis heureuse de vous dire comment le Seigneur a conduit mes pas pour venir jusqu’ici !

Née en Tunisie, j’ai été catéchisée en Algérie, à Constantine, sans doute par un prêtre missionnaire qui m’a inculqué la nécessité d’être missionnaire, l’obéissance à l’Eglise et l’importance du recours aux sacrements de réconciliation et de l’Eucharistie dès mon plus jeune âge.

En effet, Je n’avais pas dix ans quand j’ai vécu, à une semaine d’intervalle, ma première communion, ma profession de foi et reçu le sacrement de confirmation.

Née dans une famille catholique mais qui ne pratiquait pas, je suis demeurée fidèle à la messe dominicale allant parfois même un jour de semaine confier au Seigneur le couple de mes parents qui vivait des souffrances conjugales.

Pendant mon adolescence, j’ai eu recours à la confession pour me bâtir. Quand nous nous sommes mariés en 1956, nous n’avions aucune connaissance de notre corps. Nous savions que nous devions attendre le sacrement de mariage pour nous donner l’un à l’autre et que l’Eglise demandait de suivre la méthode Ogino pour réguler les naissances de nos enfants. Ce que nous avons suivi scrupuleusement. Bientôt deux petites filles venaient répondre à notre amour mais le court espace entre leur naissance m’inquiéta. Rentrée d’Alger en 1960, j’allais confier ma préoccupation à un prêtre dans un petit village de la Drôme, au cours d’une confession, et il me donna l’adresse d’un sexologue chrétien à Paris où nous allions habiter.

Ce sexologue, que j’ai longtemps appelé le docteur Chanson mais qui proposait en fait la méthode Chanson (nous pouvons encore la trouver sur internet) donnait des cours qui étaient transcrits sur un livret et qui commençaient par un commentaire du livre de la Genèse. Il montrait combien le plaisir conjugal était bon et beau et voulu par Dieu. Or depuis notre mariage, sans doute sous l’influence du jansénisme, je me sentais impure quand j’avais eu une relation conjugale et n’osais pas aller communier. Ce commentaire de la Genèse me délivrait de mon dilemme. Je pouvais aimer à la fois mon époux et mon Seigneur ! Mais outre ce commentaire, les cours donnaient des conseils judicieux pour parvenir à des relations intimes satisfaisantes. Il y avait encore un plus : c’était l’existence d’un petit appareil qui s’appelait le chromotestor Doyle. IL se présentait comme une seringue dont l’embout ne comportait pas d’aiguille mais était recouvert d’un papier qui, mis en contact avec le col, changeait de couleur ou pas. Il était censé renseigner sur la période fertile du cycle en rapport avec la glaire. (Cela je l’ai compris des années après quand j’ai eu connaissance de l’importance de la glaire). Nous avions donc là une solution à l’imprécision de la méthode Ogino ! Mais cela nous a valu la naissance de notre premier garçon. Cependant comme nous avons toujours été sûrs de notre observation, tous nos enfants ont été le fruit d’une vraie relation d’amour !

C’est après la naissance de notre fils en janvier 1962 que mon mari est rentré un jour en brandissant le premier cahier Laennec sur « la méthode des températures » et en me disant « nous avons la solution » ! Or ce cahier avait été écrit par des médecins à la demande du Père de Lestapis. J’ai donc commencé à prendre ma température et mon mari notait ma courbe sur un cahier d’écolier. C’est lui qui en faisait l’interprétation mais j’ai mis trois mois avant de lui faire confiance. C’est à ce moment là qu’un prêtre de la paroisse nous proposait de faire partie d’un groupe de couples et le sujet à l’ordre du jour était « la régulation des naissances ».

La famille s’agrandissant, nous avons dû quitter Paris pour la banlieue et un appartement plus grand.

C’était le premier novembre 1962. Nous avons été très vite accueillis par un paroissien qui nous a emmenés suivre une conférence donnée par un médecin et nous découvrions enfin la physiologie de l’homme et de la femme. Dans la foulée nous avons découvert le CLER et nous avons suivi les conférences du Docteur Rendu au centre Sèvres à Paris. Notre désir d’alors était surtout de réussir notre couple et notre famille et nous avons suivi la formation de conseillers conjugaux que nous sommes devenus en 1973. Nous utilisions la méthode des températures pour notre usage personnel avec succès et nous avons choisi le moment d’appeler à la vie notre quatrième enfant né en 1964.

Quand est apparue l’encyclique Humanae Vitae, nous nous sommes réjouis de nous trouver dans la voie tracée par l’Eglise et nous avons eu du mal à comprendre pourquoi tant de catholiques étaient déçus du rejet de la contraception ! Il est vrai que nous avions eu la grâce de suivre en octobre 1968 une retraite avec le Père Finet, père du foyer de charité de Châteauneuf de Galaure, qui nous parlait du corps de la femme comme du sanctuaire de la vie !
Poursuivant notre formation au CLER, il nous a été demandé, en tant que conseillers conjugaux, de suivre la formation de moniteurs au moment où les docteurs René et Isabelle Ecochard avaient structuré les enseignements que nous avions reçus du docteur et de madame Rendu. C’est ainsi que j’ai commencé mon service de monitrice en tenant une permanence en 1981.

Nous avons peu à peu pris conscience de la grâce qui a été la nôtre de vivre ces découvertes progressives en demeurant fidèles à ce que nous disait l’Eglise.

Aujourd’hui je rends grâce pour les médecins rencontrés, les prêtres soucieux de nous indiquer le chemin en nous donnant les bonnes adresses, les laïcs chrétiens qui ont pris au sérieux l’enseignement de l’Eglise.

Puissent-ils devenir encore plus nombreux les médecins chrétiens les prêtres et les moniteurs qui n’hésitent pas à enseigner cette connaissance du corps humains pour le bonheur des couples !

Notre vie conjugale nous a donné beaucoup de joie et lorsque mon mari est tombé malade d’un cancer du pancréas et que nous avons dû mettre un terme à nos rencontres intimes, nous avons vécu ce long temps d’abstinence dans l’accueil, l’amour, la prière et une profonde communion qui a fait dire à mon époux : « je crois que je ne t’ai jamais autant aimée ».