Biographie :
Madame le Docteur Terrenoir, médecin, monitrice Billings, mère d’une
famille de 7 enfants, est :
-
présidente de WOOMB France Billings LIFE, membre de l’IEEF
-
consultant en éthique auprès de WOOMB International, ONG
à statut consultatif à l’ONU
Contact : woombfrance@yahoo.fr
Résumé :
L’introduction définit les méthodes de
régulation naturelle des naissances.
La première partie décrit la méthode
Billings, son historique, ses bases physiologiques puis ses règles soit pour
différer une grossesse, soit dans le but de concevoir, en montrant qu’elle est
une méthode scientifique, qui donne à la femme une connaissance de sa
fertilité, permettant au couple de maîtriser sa fécondité.
La deuxième partie montre qu’il s’agit
d’une méthode humaine, qui correspond aux aspirations du cœur humain et à la
dignité de la personne, qui comble le cœur de la femme et celui de l’homme,
sans passer sous silence les difficultés et les limites de la méthode. Les
grands textes anthropologiques et philosophiques dans cette partie se réfèrent
beaucoup aux enseignements des derniers papes, particulièrement ceux de Saint
Jean-Paul II.
En conclusion, la Méthode BillingsTM est une méthode
scientifique enseignée depuis 1968 dans le monde entier, reconnue par l’OMS
comme une méthode fiable de régulation des naissances.
La Méthode Billings est respectueuse de l’homme dans sa totalité. Le
fait de se poser chaque jour la question de sa fécondité, l’observation de
jours d’abstinence dans le respect de son conjoint, pour se retrouver ensuite
dans la joie, amène les couples à plus d’attention au conjoint et de
communication. Il est urgent d’informer sur toute la richesse de cette méthode
qui permet aux époux de grandir dans l’amour. La connaissance des phases
fertiles et infertiles devient un élément important dans la tâche de donner la vie
et de réguler sa fécondité, pour le développement de l’amour dans le coeur de
la personne, créée pour aimer et être aimée.
La méthode Billings est ainsi
l’incarnation de la théologie du corps de saint Jean-Paul II qui rend audible
l’enseignement de l’Eglise et son expérience anthropologique.
Introduction :
Selon la définition de l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS): « La régulation naturelle des naissances désigne
les méthodes destinées à planifier ou à éviter les grossesses par l'observation
des signes et des symptômes naturels qui indiquent les phases de fertilité et
d'infertilité du cycle menstruel. Cette définition sous-entend que pour éviter
une grossesse, il est nécessaire de s'abstenir de rapports sexuels durant la
phase fertile du cycle, pour la rechercher on peut avoir recours avec précision
aux jours les plus fertiles »[1].
Les derniers scandales sanitaires sur
les contraceptifs de 3e génération nous encouragent à proposer des
méthodes qui n’altèrent pas la santé de la femme.
1e partie : la
Méthode de l’Ovulation Billings, méthode scientifique
La femme en âge de procréer n’est féconde que quelques jours
par cycle, dans la période qui entoure l’ovulation.
1/ Historique
En 1953, le Dr John Billings, à la demande du père Catarinich, accepta de chercher
pendant 3 mois, une méthode de régulation naturelle des naissances qui soit
fiable scientifiquement, et acceptable par les utilisatrices. Il a finalement
donné toute sa vie à la recherche, la mise au point et la diffusion de cette
méthode.
La piste la plus prometteuse se
trouvait dans l'observation des changements de la glaire cervicale. Les
observations de la glaire et les sensations perçues au niveau de la vulve
permettaient de détecter le moment de l'ovulation, car il coïncidait avec une
intense sensation de « glissant » qui ensuite changeait, de
manière abrupte, pour ne plus être mouillé ni glissant. Une autre découverte significative fut que
juste après leurs règles, de nombreuses femmes ressentaient une sècheresse
au niveau de la vulve, alors que d'autres remarquaient quelque chose qui
restait identique jour après jour. Ces
profils furent reconnus comme un signe d'infertilité pré-ovulatoire, et furent
appelés le Profil d'Infertilité de Base (PIB), dont la longueur pouvait varier
d'un cycle à l'autre.
A partir de 1966, il devint évident que plus de 90% de femmes
étaient capables, dès le premier cycle, d'observer un profil de glaire
reconnaissable.
La Méthode de l’Ovulation, mise au point par
les docteurs John et Evelyn Billings, a été enseignée à partir de 1968. L’OMS
l’a appelée en 1970 Méthode de l’Ovulation Billings (MOB) afin de protéger l’authenticité de la
méthode.
La Méthode Billings est entièrement fondée sur les symptômes de fertilité et
d'infertilité observables à la vulve, essentiellement la sensation, et en
second lieu l’observation de la glaire.
La Méthode Billings comprend quatre règles très simples dans le but de
différer une grossesse, élaborées à partir des observations des secrétions de
glaire, règles qui n’ont jamais changé depuis le début.
Des études sur l’efficacité de la méthode ont été menées
aussi bien dans le but de différer une grossesse que dans le but de concevoir, comme
celle réalisée à grande échelle en Chine[2]. C’est actuellement la méthode de
régulation naturelle la plus utilisée dans le monde.
2/ Bases physiologiques
L'ovulation (relâchement de
l’ovule par le follicule ovarien) se produit seulement une fois au cours d'un cycle menstruel. L'ovule vit au
maximum 24 heures, et le follicule se transforme alors en corps jaune. L'intervalle de temps entre le premier jour du cycle et
l'ovulation est variable. L'intervalle de temps entre l'ovulation et la menstruation suivante est de 11 à 16 jours.
L'observation du signe de la glaire cervicale, secrétée par les cellules du col de
l’utérus, informe la femme au jour le jour sur son Profil d’Infertilité de Base,
identique jour après jour, puis sur sa période féconde qui se développe avec
des caractéristiques fertiles évoluant jusqu’au « Jour Sommet » de la
fertilité. Le 4e jour après le Sommet, commence la période inféconde
post-ovulatoire jusqu’aux menstruations suivantes.
Les découvertes scientifiques ont mis
en évidence les points suivants:
-
La
montée d'œstrogènes à l’origine de la production de la glaire qui signale une
fertilité possible, commence en moyenne six jours avant l'ovulation.
-
Le
pic d'œstrogènes a lieu environ 36 heures avant l'ovulation.
-
Le
niveau de LH commence à monter environ 36 heures avant l'ovulation, atteignant
son pic environ 17 heures avant l’ovulation.
Ce phénomène n'est pas aussi fiable que les analyses des hormones
ovariennes et le symptôme du Sommet de la glaire, car la montée de LH n'est pas
toujours suivie de l'ovulation. (le Pr James Brown[3] a démontré que l'ovulation peut avoir
lieu sans montée de LH suffisante pour être identifiée, bien qu'il faille une
petite quantité de LH pour activer l'ovulation).
-
Le
signe du Sommet de la glaire, confirmé par les observations des femmes, a lieu
en moyenne 14 heures avant l'ovulation. Dans 80% des cas l’ovulation a lieu le
Jour Sommet. Dans près de 20% des cas elle a lieu le lendemain du Jour Sommet.
Et dans un très faible pourcentage de cas, elle peut être retardée jusqu'au
deuxième jour après le Sommet. Elle ne peut avoir lieu plus de 2 jours après le
Jour Sommet.
Dans les années 80, le Pr
Erik Odeblad[4]
a démontré comment des parties spécialisées du
col de l'utérus produisent quatre types différents de glaire, chacun ayant un
rôle spécifique dans la fertilité, soit pour empêcher, soit pour accélérer le
mouvement des spermatozoïdes au sein du système génital féminin. Cette
production de glaire est sous le contrôle des hormones, œstrogènes et progestérone.
3/ Description de la
méthode Billings
Chaque méthode a ses règles
spécifiques d’utilisation. Evelyn Billings a bien dit qu’enseigner tous les
signes n’est pas enseigner toutes les méthodes[5].
Chaque femme est unique
avec ses propres profils individuels de fertilité et d'infertilité. La Méthode Billings est définie par quatre règles conçues à partir des études réalisées par les Docteurs
Billings.
La méthode Billings permet à la femme
en activité génitale de reconnaître les phases d’infertilité, et la phase
potentiellement fertile du cycle. Après la menstruation, les niveaux
des hormones œstrogènes et progestérone sont bas. Le col de l’utérus est
obstrué par un épais bouchon de glaire qui empêche les spermatozoïdes de
pénétrer à l’intérieur de l'utérus. Cela a pour conséquence l’infertilité. Pour
beaucoup de femmes, la sensation à la vulve pendant cette période est une sensation
de sécheresse, décrite comme un Profil d’Infertilité de Base de sécheresse.
D'autres femmes remarquent un profil avec sécrétion qui ne change pas. La
sensation et l’aspect visuel sont les mêmes, jour après jour. Pour ces femmes,
cette sécrétion indique aussi l'infertilité, décrite comme un Profil d’Infertilité
de Base avec sécrétion.
La
phase fertile du cycle commence lorsque les ovaires commencent à produire des
œstrogènes, tandis que l’ovule se développe. Ces œstrogènes stimulent le col
pour qu’il produise différents types de glaire. Un changement dans la sensation
ou l'aspect visuel de la glaire à la vulve indique que la femme est dès lors
potentiellement fertile.
Au
fur et à mesure que les ovaires produisent des quantités croissantes
d'œstrogènes, le profil de glaire évolue et donne progressivement une sensation
de plus grande humidité puis ensuite de glissement. La glaire devient plus
fluide et plus transparente. Mais en l’absence de glaire visible, la sensation
de glissement est un signe important de fertilité.
Trois règles
d' « avant-Sommet » s'appliquent jusqu'au moment de l'ovulation,
reconnue quand le « Jour Sommet » est identifié. La quatrième règle
ou «Règle du Sommet » s'applique dès lors que le « Jour Sommet »
a été reconnu. La Méthode Billings est applicable de la puberté à la ménopause,
pendant l'allaitement, après arrêt de contraceptifs chimiques, et en cas de
cycles irréguliers. Elle est applicable pour différer une grossesse. Et elle
est efficace pour aider les couples hypofertiles à réaliser une grossesse, ce
doit être le premier recours dans les cas d'infertilité apparente. De plus,
l’enseignement de la méthode Billings est gratuit et ouvert à toutes les
femmes.
Voici les 4 règles de la méthode de
l’ovulation Billings™ afin d’éviter une grossesse :
* Si le Sommet est observé, la
règle du Sommet s’applique.
* S'il
y a un retour au Profil d’Infertilité de Base, il faut attendre 3 jours de ce
profil inchangé et utiliser ensuite la règle No 2 d'avant-Sommet à partir du
quatrième jour au soir. Attendre 3 jours donne l'assurance que les hormones
sont revenues à leur niveau de base et que le col de l'utérus est bien fermé.
Après la première entrevue
d’information, la femme doit rencontrer régulièrement sa monitrice, ou lui
envoyer les tableaux et lui téléphoner, jusqu’à ce qu’elle soit indépendante
pour pratiquer la méthode, ce qui demande en moyenne trois mois, d’après
l’étude en Chine. Ensuite, il faut pouvoir joindre la monitrice si des
questions nouvelles se posent, ou lors de changements, comme une naissance, ou
la pré-ménopause, ou encore des cycles perturbés par le stress ou une maladie.
Cette méthode a été soumise à plus de
recherche scientifique que toute autre méthode de régulation des naissances[6].
Une étude pour l’OMS indique un indice
de Pearl pratique de 0,2%, dans une étude menée à Calcutta, en Inde, pour la
méthode Billings, sur une population de 19843 femmes pauvres de différentes
croyances religieuses (57% hindoue, 27% islamique, 21% chrétienne)[7]. Cette étude montre que la
culture n’interfère pas sur la compréhension de la méthode et l’application des
règles. Ce très bon chiffre de 0,2% nous montre que l’enseignement était de
grande qualité, grâce aux missionnaires de la charité de Mère Theresa, et que
les couples étaient très motivés pour suivre la Méthode.
Dans un essai en Chine, 992 couples utilisant
la MOB ont été comparés à 662 couples utilisant le stérilet. L’indice de Pearl
théorique parmi les utilisatrices de Billings était de zéro et l’indice
pratique de 0,5 %[8].
La Méthode Billings est aussi efficace
que la pilule contraceptive, et plus efficace que le stérilet, le préservatif
ou le diaphragme[9].
Une étude sur 5 ans de 1999 à 2003 en
Australie sur 449 couples, souhaitant réaliser une grossesse, a donné (en
moyenne au bout de 4,7 mois) un taux de 78% de grossesses grâce à l’utilisation
de la Méthode Billings[10].
2e partie :
la Méthode Billings, méthode humaine
1/ Cette méthode
correspond aux aspirations du cœur humain, à la dignité de la personne
Une
méthode de régulation naturelle des naissances n’a pas à être utilisée comme un
contraceptif écologique autorisé par l’Eglise. L’amour est et reste premier,
l’amour des époux, et l’amour de l’enfant, qui est toujours un don de Dieu,
même s’il survient à un moment non prévu par ses parents. L’acte conjugal
comprend de par sa nature cette fécondité possible. Les époux, qui se donnent
l’un à l’autre la possibilité de devenir parents, ont cette responsabilité
d’assumer leur fécondité possible.
Grâce
à la connaissance de sa fécondité, le couple peut s’aimer d’un amour véritable
qui veut le bien de son conjoint.
Aimer
d’une façon responsable signifie penser à la santé, aux conditions de vie
actuelles et futures de son conjoint, des enfants présents et à venir. La
connaissance des périodes fertiles et infertiles du cycle permet de faire un choix
responsable, en choisissant de s’unir pendant la période féconde avec la
possibilité de conception d’une nouvelle vie, ou alors en choisissant la
continence pendant cette période.
Aimer
l’autre, c’est aimer sa nature, différente de la mienne, c’est le recevoir tel
qu’il est. Il ne s’agit pas de l’utiliser comme un instrument de reproduction
ou comme un instrument de plaisir.
La Méthode Billings apprend au couple à
gérer sa fécondité commune. Elle fait grandir les époux, en permettant le
dialogue indispensable sur le sujet de la fécondité, en leur montrant qu’ils
peuvent s’aimer d’une autre façon que dans l’acte conjugal, en augmentant le
respect mutuel. Les conjoints découvrent alors la valeur de l’autre en tant que
personne.
L’essentiel
chez l’homme, c’est son désir d’aimer et d’être aimé, sa soif de vivre sa vie,
conscient qu’elle est un don, qui à son tour doit être offert.
2/ Elle comble le cœur de la femme et
celui de l’homme
La femme découvre avec la Méthode Billings le trésor de sa
fertilité. Elle apprend à connaître les lois de la fécondité et sait qu’un
enfant n’arrive pas par hasard.
Cette connaissance augmente sa confiance en elle, elle sait
désormais qu’il est possible au couple de maîtriser sa fertilité. Elle peut
aimer son mari d’une façon beaucoup plus spontanée et confiante, ne craignant
plus une grossesse lors de chaque relation sexuelle.
Lorsque le couple pratique la méthode Billings, le regard de
l’homme sur son épouse évolue au cours du temps : la femme est davantage
reconnue comme un sujet avec sa dignité de personne et le respect qui
l’entoure, et non plus un objet. Les Billings ont raconté lors d’un de leurs
séjours en France, l’histoire de cette femme qui avait un mari alcoolique. Ce
couple avait déjà de nombreux enfants, et il leur semblait raisonnable
d’espacer les naissances. Mais le retour du mari le soir en état d’ébriété ne
lui permettait plus d’avoir un comportement responsable. Sa femme a eu
l’occasion d’apprendre la méthode Billings. Grâce à cette connaissance, elle a
pu s’éloigner en passant la nuit chez une voisine pendant la période fertile,
et revenir avec tout son amour pendant les périodes infertiles. Petit à petit,
le mari a changé, au point d’arrêter de boire, pour l’amour de sa femme.
3/ Ses difficultés, ses limites
Cette méthode demande un
apprentissage. Cet apprentissage est plus difficile pendant l’allaitement ou en
pré-ménopause. Il serait souhaitable que toutes les jeunes filles apprennent à
connaître leur fertilité dès l’adolescence.
L’utilisation
de la Méthode Billings demande de la rigueur dans le suivi de ses règles. Les
statistiques montrent que 90% des femmes reconnaissent leur période fertile
après un cycle d’observation. Mais de trop nombreux couples croient pratiquer
une méthode dont ils ne possèdent que quelques éléments.
Certaines femmes ont de la difficulté à
s'auto-observer. Cela ne veut pas dire impossible, seulement plus difficile, ce
qui voudra dire plus d'efforts et de détermination. Certains mettront plus de
temps que d'autres à se connaître, à se maîtriser, à vivre la continence
périodique dans l'amour. C'est plus facile pour les tempéraments rigoureux,
sérieux, qui travaillent leur motivation. Évidemment, certaines blessures du
passé peuvent engendrer une immaturité affective et sexuelle, des conduites à
risques, des dépendances, qui rendent le chemin ardu. Un long travail peut être nécessaire
pour apaiser ces souffrances et permettre un dialogue dans la vérité. Mais rien n'est jamais
désespéré pour celui qui reconnaît sa faiblesse et accepte de se faire aider
par les secours humains et spirituels. Là encore, il n'y a pas d'obligation de
«réussir», seulement celle d'aimer, et en vérité.
Il
peut être difficile pour un couple de vivre la continence périodique dans notre
civilisation qui exalte le plaisir immédiat.
Il
existe un manque de reconnaissance de la part du corps médical et
universitaire, quand ce n’est pas un dénigrement. Il existe actuellement une
censure des méthodes naturelles. Les publications scientifiques ont décrit,
étudié et validé ces méthodes, mais le corps médical n’applique pas ces
découvertes. Pour les médecins habitués à l’efficacité des traitements
chimiques, la pilule est un médicament, et la grossesse une pathologie à éviter.
Les médecins ne sont pas, ou mal, informés des
méthodes de régulation naturelle, et ne les proposent pas à leurs patientes.
Mme Gautier-Lavaste a montré la faible information
des étudiants en médecine par une enquête, en 2007, pour sa thèse de doctorat
en médecine.[11]
En France, il n’existe aucun enseignement
universitaire des méthodes naturelles pour les futurs médecins, contrairement à
l’Italie, où elles sont enseignées à l’Université du Sacré Cœur à Rome, à
l’Australie, et à d’autres pays, particulièrement en Amérique Latine.
Il n’existe pas actuellement de
professionnels appointés pour l’enseignement. Les enseignants sont souvent des
couples qui ont découvert ces méthodes pour eux-mêmes. Enthousiastes pour les
transmettre à leur tour, ils se sont formés à leurs frais, et sont bénévoles,
ce qui limite leur temps d'enseignement à quelques soirées ou week-ends.
Un autre problème est celui de la
fidélité à l’enseignement de la méthode telle qu’elle a été voulue par ses
promoteurs. Certains moniteurs croient bien faire en transformant
l’enseignement initial, qu’ils croient adapter à leur époque et à leur culture.
Malheureusement, la méthode perd alors en efficacité, ce qui peut ôter toute
crédibilité à l’ensemble des méthodes de régulation naturelle de la fertilité,
et expliquer par la suite le manque de confiance de la population, et des
médecins.
La difficulté à parler de
régulation naturelle aujourd'hui, tient peut-être au fait qu'il manque de
couples prêts à témoigner de ce sujet intime. Il est difficile de parler de sexualité,
avec les bons mots, sans blesser. Cela s'apprend, mais le témoignage dans cette
matière reste difficile.
La
méthode Billings n’est pas à elle seule garante de cet amour qui aspire à un
don total réciproque entre l’homme et la femme, elle permet de trouver d’autres
moyens d’exprimer l’amour pendant les périodes de continence dans le cas où le
couple veut différer une grossesse. Ainsi les époux se donnent totalement l’un
à l’autre, en s’offrant charnellement pendant les périodes infertiles, et en offrant
leur amour qui veut le bien du conjoint et de la famille pendant les périodes
de continence.
4/ Les grands textes anthropologiques, philosophiques
A
la question de la sexualité matrimoniale sont liées les questions
anthropologique et théologique parce
que toutes ces thématiques sont liées à l’amour.
Karol Wojtyla
a écrit dans Amour et Responsabilité
que l’homme rejoint la personne par l’amour. L’amour devient connaissance, je
peux alors me porter vers la personne de l’autre avec amour[12]. Il s’agit d’aimer la nature de l’homme et d’aimer la
nature de la femme, avec sa fécondité.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas une
« pratique » ni une « vertu », mais la bonté d’un acte. La
continence périodique n’est pas « négative » : elle est
positive. Le couple manifeste son amour par cette période de continence donnée
pour le bien de son conjoint et le bien de la famille. Il se retrouvera avec
plus de plaisir encore. L’abstention d’une relation conjugale est aussi une
manière d’exprimer son amour. L’acte conjugal est un signe privilégié de l’amour
dans le mariage, mais s’en abstenir peut également, dans certaines
circonstances, être un signe d’amour. L’abstinence est un comportement bon, qui
vise à dire l’amour dans la vérité. La continence périodique n’introduit pas de
division dans la personne et dans l’amour qui s’offre. Dans la continence
périodique, les époux ne s’aiment pas moins : ils continuent à dire en
leur corps ce qu’ils veulent se dire : leur amour. L’abstention de
relations sexuelles comporte en raison la décision de ne pas générer d’enfants
et de rester dans la vérité du langage de l’amour. L’amour ne se réduit pas à
la passion.
Paul VI dans Humanae Vitae
dit: “L’Eglise est conséquente avec elle-même quand elle estime licite le
recours aux périodes infécondes, alors qu’elle condamne comme toujours illicite
l’usage des moyens directement contraires à la fécondation, même inspirés par
des raisons qui peuvent paraître honnêtes et sérieuses. En réalité, il existe
entre les deux cas une différence essentielle”[13].
L’encyclique Humanae Vitae, peu
comprise lors de sa parution et les années suivantes, est pourtant un texte
prophétique qui respecte profondément la personne et sa dignité.
Pour le pape Jean-Paul II, Dieu a appelé
l’homme et la femme à une “coopération libre et responsable pour transmettre le
don de la vie humaine”[14].
La connaissance de leur fécondité laisse les couples libres de leur décision de
différer la grossesse ou d’agrandir leur famille. Cette décision est à revoir à
chaque cycle. L’homme a la responsabilité de donner la vie et la responsabilité
de réguler sa fécondité. L’homme, grâce a sa raison, a la faculté d’adapter la
transmission de la vie aux circonstances. Il peut ainsi gouverner la terre.
Le pape Jean-Paul II a explicité Humanae Vitae, et nous a permis de mieux
comprendre l’enseignement de l’Eglise: « … la chasteté qui se manifeste comme
maîtrise de soi, c'est-à-dire comme continence: en particulier comme continence
périodique[15] »
(catéchèse du 10 octobre 1984).
Le couple
qui utilise une méthode de régulation naturelle des naissances ne sépare pas la
dimension procréative de la dimension unitive de l’acte conjugal. Les conjoints
peuvent ainsi se donner totalement, avec leur fécondité, l’un à l’autre. Ils
n’agissent pas comme des créateurs et possesseurs de la vie, mais comme des
procréateurs qui respectent la loi naturelle. Le Catéchisme de l’Eglise catholique dit au n° 1955 : « Cette loi est dite naturelle non pas en référence à la nature des êtres irrationnels, mais parce que la raison qui l’édicte appartient en propre à la nature humaine »[16].
La dimension
unitive et la dimension procréative de l’acte conjugal étant liées, le fait que
des moyens chimiques ou physiques peuvent séparer ces deux dimensions ne change
rien à la nature procréative de l’acte. La science peut aider la nature. Mais
les moyens contraceptifs n’améliorent pas le fonctionnement de la nature, au
contraire, la contraception hormonale ou la stérilisation féminine ou masculine
suppriment de façon temporaire ou définitive la fonction naturelle de
reproduction.
Conclusion
La Méthode
de l’Ovulation BillingsTM est une méthode
scientifique enseignée depuis 1968 dans le monde entier, reconnue par l’OMS
comme méthode fiable de régulation des naissances. Elle apporte aux couples une
connaissance de leur fécondité qui leur permet de réaliser une grossesse ou
bien d’espacer les naissances.
La Méthode Billings est respectueuse de l’homme dans sa totalité. Le
fait de se poser chaque jour la question de sa fécondité, l’observation de
jours d’abstinence dans le respect de son conjoint, pour se retrouver ensuite
dans la joie, amène les couples à plus d’attention au conjoint et de
communication. Il est urgent d’informer sur toute la richesse de cette méthode
qui permet aux époux de grandir dans l’amour. La connaissance des phases
fertiles et infertiles devient un élément important dans la tâche de donner la
vie et de réguler sa fécondité, pour le développement de l’amour dans le coeur
de la personne, créée pour aimer et être aimée.
La méthode Billings est ainsi
l’incarnation de la théologie du corps de saint Jean-Paul II qui rend audible
l’enseignement de l’Eglise et son expérience anthropologique.
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[2] S.
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[3] J. B. Brown, “Types of ovarian activity in women and their significance: the
continuum (a reinterpretation of early findings)”, in Human Reproduction Update, 2011; 17 (2), 141-158.
[4] E. Odeblad, “Contributions of Cervical Mucus and Vestibular
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[5] E. Billings – A. Westmore, La méthode Billings, Editions F.-X. de Guibert,
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[7] R.E.J. Ryder, “Natural family planning: Effective Birth Control
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British Medical Journal, 307, 6906 (1993) 723-726.
[8] S. Z. Qian,
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[9] J. Murtagh,
General Practice, McGraw-Hill, 2011.
[10] M. Corkill - M. Marshell,
“Using the Billings Ovulation Method to achieve pregnancy naturally”, in Australian Doctor, 19 december (2008) 22.
[11] C. Gautier-Lavaste, Planification familiale
naturelle. Enquête auprès d’internes en médecine générale, thèse, Paris,
2007.
[13] Paul VI, Encyclique Humanae Vitae, Editions du centurion,
1968, 40.
[14] Jean-Paul II, Exhortation
apostolique Familiaris Consortio, (1981),
Librairie Pierre Téqui, 1982, 72.
[15] Jean-Paul II, Homme et femme il les créa, Cerf, 2005, 657
[16] Catéchisme de l’Eglise catholique,
Mame-Plon, Paris, 1992, 406.