La Méthode de l’Ovulation Billings™ est-elle une aide pour l’amour du couple ?

 

Docteur Caroline Terrenoir

 

Biographie :

Madame le Docteur Terrenoir, médecin, monitrice Billings, mère d’une famille de 7 enfants, est :

-        présidente de WOOMB France Billings LIFE, membre de l’IEEF

-        consultant en éthique auprès de WOOMB International, ONG à statut consultatif à l’ONU

Contact : woombfrance@yahoo.fr

                   www.billingslife.fr

 

Résumé :

L’introduction définit les méthodes de régulation naturelle des naissances.

La première partie décrit la méthode Billings, son historique, ses bases physiologiques puis ses règles soit pour différer une grossesse, soit dans le but de concevoir, en montrant qu’elle est une méthode scientifique, qui donne à la femme une connaissance de sa fertilité, permettant au couple de maîtriser sa fécondité.

La deuxième partie montre qu’il s’agit d’une méthode humaine, qui correspond aux aspirations du cœur humain et à la dignité de la personne, qui comble le cœur de la femme et celui de l’homme, sans passer sous silence les difficultés et les limites de la méthode. Les grands textes anthropologiques et philosophiques dans cette partie se réfèrent beaucoup aux enseignements des derniers papes, particulièrement ceux de Saint Jean-Paul II.

         En conclusion, la Méthode BillingsTM est une méthode scientifique enseignée depuis 1968 dans le monde entier, reconnue par l’OMS comme une méthode fiable de régulation des naissances.

         La Méthode Billings est respectueuse de l’homme dans sa totalité. Le fait de se poser chaque jour la question de sa fécondité, l’observation de jours d’abstinence dans le respect de son conjoint, pour se retrouver ensuite dans la joie, amène les couples à plus d’attention au conjoint et de communication. Il est urgent d’informer sur toute la richesse de cette méthode qui permet aux époux de grandir dans l’amour. La connaissance des phases fertiles et infertiles devient un élément important dans la tâche de donner la vie et de réguler sa fécondité, pour le développement de l’amour dans le coeur de la personne, créée pour aimer et être aimée.

La méthode Billings est ainsi l’incarnation de la théologie du corps de saint Jean-Paul II qui rend audible l’enseignement de l’Eglise et son expérience anthropologique.

Introduction :

Selon la définition de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS): « La régulation naturelle des naissances désigne les méthodes destinées à planifier ou à éviter les grossesses par l'observation des signes et des symptômes naturels qui indiquent les phases de fertilité et d'infertilité du cycle menstruel. Cette définition sous-entend que pour éviter une grossesse, il est nécessaire de s'abstenir de rapports sexuels durant la phase fertile du cycle, pour la rechercher on peut avoir recours avec précision aux jours les plus fertiles »[1].

Les derniers scandales sanitaires sur les contraceptifs de 3e génération nous encouragent à proposer des méthodes qui n’altèrent pas la santé de la femme.

1e partie : la Méthode de l’Ovulation Billings, méthode scientifique

La femme en âge de procréer n’est féconde que quelques jours par cycle, dans la période qui entoure l’ovulation.

1/ Historique

En 1953, le Dr John Billings, à la demande du père Catarinich, accepta de chercher pendant 3 mois, une méthode de régulation naturelle des naissances qui soit fiable scientifiquement, et acceptable par les utilisatrices. Il a finalement donné toute sa vie à la recherche, la mise au point et la diffusion de cette méthode.

La piste la plus prometteuse se trouvait dans l'observation des changements de la glaire cervicale. Les observations de la glaire et les sensations perçues au niveau de la vulve permettaient de détecter le moment de l'ovulation, car il coïncidait avec une intense sensation de « glissant » qui ensuite changeait, de manière abrupte, pour ne plus être mouillé ni glissant.  Une autre découverte significative fut que juste après leurs règles, de nombreuses femmes ressentaient une sècheresse au niveau de la vulve, alors que d'autres remarquaient quelque chose qui restait identique jour après jour.  Ces profils furent reconnus comme un signe d'infertilité pré-ovulatoire, et furent appelés le Profil d'Infertilité de Base (PIB), dont la longueur pouvait varier d'un cycle à l'autre.

A partir de 1966, il devint évident que plus de 90% de femmes étaient capables, dès le premier cycle, d'observer un profil de glaire reconnaissable. 

La Méthode de l’Ovulation, mise au point par les docteurs John et Evelyn Billings, a été enseignée à partir de 1968. L’OMS l’a appelée en 1970 Méthode de l’Ovulation Billings (MOB) afin de protéger l’authenticité de la méthode. La Méthode Billings est entièrement fondée sur les symptômes de fertilité et d'infertilité observables à la vulve, essentiellement la sensation, et en second lieu l’observation de la glaire.  La Méthode Billings comprend quatre règles très simples dans le but de différer une grossesse, élaborées à partir des observations des secrétions de glaire, règles qui n’ont jamais changé depuis le début.

Des études sur l’efficacité de la méthode ont été menées aussi bien dans le but de différer une grossesse que dans le but de concevoir, comme celle réalisée à grande échelle en Chine[2]. C’est actuellement la méthode de régulation naturelle la plus utilisée dans le monde.

2/ Bases physiologiques

L'ovulation (relâchement de l’ovule par le follicule ovarien) se produit seulement une fois au cours d'un cycle menstruel. L'ovule vit au maximum 24 heures, et le follicule se transforme alors en corps jaune. L'intervalle de temps entre le premier jour du cycle et l'ovulation est variable. L'intervalle de temps entre l'ovulation et la menstruation suivante est de 11 à 16 jours.

L'observation du signe de la glaire cervicale, secrétée par les cellules du col de l’utérus, informe la femme au jour le jour sur son Profil d’Infertilité de Base, identique jour après jour, puis sur sa période féconde qui se développe avec des caractéristiques fertiles évoluant jusqu’au « Jour Sommet » de la fertilité. Le 4e jour après le Sommet, commence la période inféconde post-ovulatoire jusqu’aux menstruations suivantes.

Les découvertes scientifiques ont mis en évidence les points suivants:

-        La montée d'œstrogènes à l’origine de la production de la glaire qui signale une fertilité possible, commence en moyenne six jours avant l'ovulation.

-        Le pic d'œstrogènes a lieu environ 36 heures avant l'ovulation.

-        Le niveau de LH commence à monter environ 36 heures avant l'ovulation, atteignant son pic environ 17 heures avant l’ovulation.  Ce phénomène n'est pas aussi fiable que les analyses des hormones ovariennes et le symptôme du Sommet de la glaire, car la montée de LH n'est pas toujours suivie de l'ovulation. (le Pr James Brown[3] a démontré que l'ovulation peut avoir lieu sans montée de LH suffisante pour être identifiée, bien qu'il faille une petite quantité de LH pour activer l'ovulation).

-        Le signe du Sommet de la glaire, confirmé par les observations des femmes, a lieu en moyenne 14 heures avant l'ovulation. Dans 80% des cas l’ovulation a lieu le Jour Sommet. Dans près de 20% des cas elle a lieu le lendemain du Jour Sommet. Et dans un très faible pourcentage de cas, elle peut être retardée jusqu'au deuxième jour après le Sommet. Elle ne peut avoir lieu plus de 2 jours après le Jour Sommet.

Dans les années 80, le Pr Erik Odeblad[4]  a démontré comment des parties spécialisées du col de l'utérus produisent quatre types différents de glaire, chacun ayant un rôle spécifique dans la fertilité, soit pour empêcher, soit pour accélérer le mouvement des spermatozoïdes au sein du système génital féminin. Cette production de glaire est sous le contrôle des hormones, œstrogènes et progestérone.

3/ Description de la méthode Billings

Chaque méthode a ses règles spécifiques d’utilisation. Evelyn Billings a bien dit qu’enseigner tous les signes n’est pas enseigner toutes les méthodes[5].

Chaque femme est unique avec ses propres profils individuels de fertilité et d'infertilité.   La Méthode Billings est définie par quatre règles conçues à partir des études réalisées par les Docteurs Billings.

La méthode Billings permet à la femme en activité génitale de reconnaître les phases d’infertilité, et la phase potentiellement fertile du cycle. Après la menstruation, les niveaux des hormones œstrogènes et progestérone sont bas. Le col de l’utérus est obstrué par un épais bouchon de glaire qui empêche les spermatozoïdes de pénétrer à l’intérieur de l'utérus. Cela a pour conséquence l’infertilité. Pour beaucoup de femmes, la sensation à la vulve pendant cette période est une sensation de sécheresse, décrite comme un Profil d’Infertilité de Base de sécheresse. D'autres femmes remarquent un profil avec sécrétion qui ne change pas. La sensation et l’aspect visuel sont les mêmes, jour après jour. Pour ces femmes, cette sécrétion indique aussi l'infertilité, décrite comme un Profil d’Infertilité de Base avec sécrétion.

La phase fertile du cycle commence lorsque les ovaires commencent à produire des œstrogènes, tandis que l’ovule se développe. Ces œstrogènes stimulent le col pour qu’il produise différents types de glaire. Un changement dans la sensation ou l'aspect visuel de la glaire à la vulve indique que la femme est dès lors potentiellement fertile.

Au fur et à mesure que les ovaires produisent des quantités croissantes d'œstrogènes, le profil de glaire évolue et donne progressivement une sensation de plus grande humidité puis ensuite de glissement. La glaire devient plus fluide et plus transparente. Mais en l’absence de glaire visible, la sensation de glissement est un signe important de fertilité.

Trois règles d' « avant-Sommet » s'appliquent jusqu'au moment de l'ovulation, reconnue quand le « Jour Sommet » est identifié. La quatrième règle ou «Règle du Sommet » s'applique dès lors que le « Jour Sommet » a été reconnu. La Méthode Billings est applicable de la puberté à la ménopause, pendant l'allaitement, après arrêt de contraceptifs chimiques, et en cas de cycles irréguliers. Elle est applicable pour différer une grossesse. Et elle est efficace pour aider les couples hypofertiles à réaliser une grossesse, ce doit être le premier recours dans les cas d'infertilité apparente. De plus, l’enseignement de la méthode Billings est gratuit et ouvert à toutes les femmes.

Voici les 4 règles de la méthode de l’ovulation Billings™ afin d’éviter une grossesse :

Les 3 règles d'avant-Sommet s'appliquent aux jours qui précèdent l'ovulation :

- Règle No 1 d’avant-Sommet : pas d'union pendant les jours de saignement menstruel abondant
Dans un cycle court, en effet, la fertilité peut commencer avant que le saignement ne cesse et la présence de glaire qui indique la fertilité pourrait être masquée par le saignement.

- Règle No 2 d’avant-Sommet : dès lors que le Profil d’Infertilité de Base a été reconnu, une union est possible un soir sur deux, au coucher. Il faut attendre jusqu'au soir pour être sûr qu'il n'y a pas eu de changement par rapport au Profil d’Infertilité de Base. La femme doit être debout et en mouvement depuis quelques heures pour que la glaire puisse s'écouler vers le bas jusqu'à la vulve où elle la ressent. La raison d’un soir sur deux est que le lendemain d'une union, elle peut se sentir humide et voir un écoulement de liquide séminal qui peut masquer un changement du profil de glaire. Le liquide séminal détecté le lendemain d'une union ne contiendra pas de spermatozoïdes vivants. Ainsi, même si la glaire commence dans les heures qui suivent une union, il n'y aura pas de spermatozoïdes capables d'atteindre l'ovule et de le féconder.

- Règle No 3 d’avant-Sommet : à tout changement par rapport au Profil d’Infertilité de Base, il faut attendre sans avoir d’union pour observer si ce changement conduit au Sommet ou à un retour au Profil d’Infertilité de Base. Un changement par rapport au Profil d’Infertilité de Base indique une fertilité potentielle et la possibilité de survie des spermatozoïdes. Ce changement mène à deux possibilités :

* Si le Sommet est observé, la règle du Sommet s’applique.

* S'il y a un retour au Profil d’Infertilité de Base, il faut attendre 3 jours de ce profil inchangé et utiliser ensuite la règle No 2 d'avant-Sommet à partir du quatrième jour au soir. Attendre 3 jours donne l'assurance que les hormones sont revenues à leur niveau de base et que le col de l'utérus est bien fermé.

- La règle du Sommet est appliquée une fois que le Sommet a été reconnu : à partir du quatrième jour au matin après le Sommet, les unions sont possibles tous les jours, à tout moment, jusqu'à la fin du cycle.
Attendre jusqu'au quatrième jour après le Sommet laisse le temps à l'ovulation d'avoir lieu et tient compte de la durée de vie de l'ovule. La femme est infertile pour le reste du cycle parce que l'ovule est mort et qu'il n'y aura pas d'autre ovulation avant la menstruation suivante.

Après la première entrevue d’information, la femme doit rencontrer régulièrement sa monitrice, ou lui envoyer les tableaux et lui téléphoner, jusqu’à ce qu’elle soit indépendante pour pratiquer la méthode, ce qui demande en moyenne trois mois, d’après l’étude en Chine. Ensuite, il faut pouvoir joindre la monitrice si des questions nouvelles se posent, ou lors de changements, comme une naissance, ou la pré-ménopause, ou encore des cycles perturbés par le stress ou une maladie.

Cette méthode a été soumise à plus de recherche scientifique que toute autre méthode de régulation des naissances[6].

Une étude pour l’OMS indique un indice de Pearl pratique de 0,2%, dans une étude menée à Calcutta, en Inde, pour la méthode Billings, sur une population de 19843 femmes pauvres de différentes croyances religieuses (57% hindoue, 27% islamique, 21% chrétienne)[7]. Cette étude montre que la culture n’interfère pas sur la compréhension de la méthode et l’application des règles. Ce très bon chiffre de 0,2% nous montre que l’enseignement était de grande qualité, grâce aux missionnaires de la charité de Mère Theresa, et que les couples étaient très motivés pour suivre la Méthode.

Dans un essai en Chine, 992 couples utilisant la MOB ont été comparés à 662 couples utilisant le stérilet. L’indice de Pearl théorique parmi les utilisatrices de Billings était de zéro et l’indice pratique de 0,5 %[8].

La Méthode Billings est aussi efficace que la pilule contraceptive, et plus efficace que le stérilet, le préservatif ou le diaphragme[9].

Une étude sur 5 ans de 1999 à 2003 en Australie sur 449 couples, souhaitant réaliser une grossesse, a donné (en moyenne au bout de 4,7 mois) un taux de 78% de grossesses grâce à l’utilisation de la Méthode Billings[10].

2e partie : la Méthode Billings, méthode humaine

1/ Cette méthode correspond aux aspirations du cœur humain, à la dignité de la personne

Une méthode de régulation naturelle des naissances n’a pas à être utilisée comme un contraceptif écologique autorisé par l’Eglise. L’amour est et reste premier, l’amour des époux, et l’amour de l’enfant, qui est toujours un don de Dieu, même s’il survient à un moment non prévu par ses parents. L’acte conjugal comprend de par sa nature cette fécondité possible. Les époux, qui se donnent l’un à l’autre la possibilité de devenir parents, ont cette responsabilité d’assumer leur fécondité possible.

Grâce à la connaissance de sa fécondité, le couple peut s’aimer d’un amour véritable qui veut le bien de son conjoint.

Aimer d’une façon responsable signifie penser à la santé, aux conditions de vie actuelles et futures de son conjoint, des enfants présents et à venir. La connaissance des périodes fertiles et infertiles du cycle permet de faire un choix responsable, en choisissant de s’unir pendant la période féconde avec la possibilité de conception d’une nouvelle vie, ou alors en choisissant la continence pendant cette période.

Aimer l’autre, c’est aimer sa nature, différente de la mienne, c’est le recevoir tel qu’il est. Il ne s’agit pas de l’utiliser comme un instrument de reproduction ou comme un instrument de plaisir.

      La Méthode Billings apprend au couple à gérer sa fécondité commune. Elle fait grandir les époux, en permettant le dialogue indispensable sur le sujet de la fécondité, en leur montrant qu’ils peuvent s’aimer d’une autre façon que dans l’acte conjugal, en augmentant le respect mutuel. Les conjoints découvrent alors la valeur de l’autre en tant que personne.

      L’essentiel chez l’homme, c’est son désir d’aimer et d’être aimé, sa soif de vivre sa vie, conscient qu’elle est un don, qui à son tour doit être offert.

      2/ Elle comble le cœur de la femme et celui de l’homme

La femme découvre avec la Méthode Billings le trésor de sa fertilité. Elle apprend à connaître les lois de la fécondité et sait qu’un enfant n’arrive pas par hasard.

Cette connaissance augmente sa confiance en elle, elle sait désormais qu’il est possible au couple de maîtriser sa fertilité. Elle peut aimer son mari d’une façon beaucoup plus spontanée et confiante, ne craignant plus une grossesse lors de chaque relation sexuelle.

Lorsque le couple pratique la méthode Billings, le regard de l’homme sur son épouse évolue au cours du temps : la femme est davantage reconnue comme un sujet avec sa dignité de personne et le respect qui l’entoure, et non plus un objet. Les Billings ont raconté lors d’un de leurs séjours en France, l’histoire de cette femme qui avait un mari alcoolique. Ce couple avait déjà de nombreux enfants, et il leur semblait raisonnable d’espacer les naissances. Mais le retour du mari le soir en état d’ébriété ne lui permettait plus d’avoir un comportement responsable. Sa femme a eu l’occasion d’apprendre la méthode Billings. Grâce à cette connaissance, elle a pu s’éloigner en passant la nuit chez une voisine pendant la période fertile, et revenir avec tout son amour pendant les périodes infertiles. Petit à petit, le mari a changé, au point d’arrêter de boire, pour l’amour de sa femme.

 

3/ Ses difficultés, ses limites

Cette méthode demande un apprentissage. Cet apprentissage est plus difficile pendant l’allaitement ou en pré-ménopause. Il serait souhaitable que toutes les jeunes filles apprennent à connaître leur fertilité dès l’adolescence.

L’utilisation de la Méthode Billings demande de la rigueur dans le suivi de ses règles. Les statistiques montrent que 90% des femmes reconnaissent leur période fertile après un cycle d’observation. Mais de trop nombreux couples croient pratiquer une méthode dont ils ne possèdent que quelques éléments.

Certaines femmes ont de la difficulté à s'auto-observer. Cela ne veut pas dire impossible, seulement plus difficile, ce qui voudra dire plus d'efforts et de détermination. Certains mettront plus de temps que d'autres à se connaître, à se maîtriser, à vivre la continence périodique dans l'amour. C'est plus facile pour les tempéraments rigoureux, sérieux, qui travaillent leur motivation. Évidemment, certaines blessures du passé peuvent engendrer une immaturité affective et sexuelle, des conduites à risques, des dépendances, qui rendent le chemin ardu. Un long travail peut être nécessaire pour apaiser ces souffrances et permettre un dialogue dans la vérité. Mais rien n'est jamais désespéré pour celui qui reconnaît sa faiblesse et accepte de se faire aider par les secours humains et spirituels. Là encore, il n'y a pas d'obligation de «réussir», seulement celle d'aimer, et en vérité.

Il peut être difficile pour un couple de vivre la continence périodique dans notre civilisation qui exalte le plaisir immédiat.

Il existe un manque de reconnaissance de la part du corps médical et universitaire, quand ce n’est pas un dénigrement. Il existe actuellement une censure des méthodes naturelles. Les publications scientifiques ont décrit, étudié et validé ces méthodes, mais le corps médical n’applique pas ces découvertes. Pour les médecins habitués à l’efficacité des traitements chimiques, la pilule est un médicament, et la grossesse une pathologie à éviter. Les médecins ne sont pas, ou mal, informés des méthodes de régulation naturelle, et ne les proposent pas à leurs patientes. Mme Gautier-Lavaste a montré la faible information des étudiants en médecine par une enquête, en 2007, pour sa thèse de doctorat en médecine.[11] En France, il n’existe aucun enseignement universitaire des méthodes naturelles pour les futurs médecins, contrairement à l’Italie, où elles sont enseignées à l’Université du Sacré Cœur à Rome, à l’Australie, et à d’autres pays, particulièrement en Amérique Latine.

Il n’existe pas actuellement de professionnels appointés pour l’enseignement. Les enseignants sont souvent des couples qui ont découvert ces méthodes pour eux-mêmes. Enthousiastes pour les transmettre à leur tour, ils se sont formés à leurs frais, et sont bénévoles, ce qui limite leur temps d'enseignement à quelques soirées ou week-ends.

Un autre problème est celui de la fidélité à l’enseignement de la méthode telle qu’elle a été voulue par ses promoteurs. Certains moniteurs croient bien faire en transformant l’enseignement initial, qu’ils croient adapter à leur époque et à leur culture. Malheureusement, la méthode perd alors en efficacité, ce qui peut ôter toute crédibilité à l’ensemble des méthodes de régulation naturelle de la fertilité, et expliquer par la suite le manque de confiance de la population, et des médecins.

La difficulté à parler de régulation naturelle aujourd'hui, tient peut-être au fait qu'il manque de couples prêts à témoigner de ce sujet intime. Il est difficile de parler de sexualité, avec les bons mots, sans blesser. Cela s'apprend, mais le témoignage dans cette matière reste difficile.

La méthode Billings n’est pas à elle seule garante de cet amour qui aspire à un don total réciproque entre l’homme et la femme, elle permet de trouver d’autres moyens d’exprimer l’amour pendant les périodes de continence dans le cas où le couple veut différer une grossesse. Ainsi les époux se donnent totalement l’un à l’autre, en s’offrant charnellement pendant les périodes infertiles, et en offrant leur amour qui veut le bien du conjoint et de la famille pendant les périodes de continence.

 

 

4/ Les grands textes anthropologiques, philosophiques

 

         A la question de la sexualité matrimoniale sont liées les questions anthropologique et      théologique parce que toutes ces thématiques sont liées à l’amour.

         Karol Wojtyla a écrit dans Amour et Responsabilité que l’homme rejoint la personne par l’amour. L’amour devient connaissance, je peux alors me porter vers la personne de l’autre avec amour[12]. Il s’agit d’aimer la nature de l’homme et d’aimer la nature de la femme, avec sa fécondité.

      Ce qui est en jeu, ce n’est pas une « pratique » ni une « vertu », mais la bonté d’un acte. La continence périodique n’est pas « négative » : elle est positive. Le couple manifeste son amour par cette période de continence donnée pour le bien de son conjoint et le bien de la famille. Il se retrouvera avec plus de plaisir encore. L’abstention d’une relation conjugale est aussi une manière d’exprimer son amour. L’acte conjugal est un signe privilégié de l’amour dans le mariage, mais s’en abstenir peut également, dans certaines circonstances, être un signe d’amour. L’abstinence est un comportement bon, qui vise à dire l’amour dans la vérité. La continence périodique n’introduit pas de division dans la personne et dans l’amour qui s’offre. Dans la continence périodique, les époux ne s’aiment pas moins : ils continuent à dire en leur corps ce qu’ils veulent se dire : leur amour. L’abstention de relations sexuelles comporte en raison la décision de ne pas générer d’enfants et de rester dans la vérité du langage de l’amour. L’amour ne se réduit pas à la passion.

         Paul VI dans Humanae Vitae dit: “L’Eglise est conséquente avec elle-même quand elle estime licite le recours aux périodes infécondes, alors qu’elle condamne comme toujours illicite l’usage des moyens directement contraires à la fécondation, même inspirés par des raisons qui peuvent paraître honnêtes et sérieuses. En réalité, il existe entre les deux cas une différence essentielle”[13].

         L’encyclique Humanae Vitae, peu comprise lors de sa parution et les années suivantes, est pourtant un texte prophétique qui respecte profondément la personne et sa dignité.

Pour le pape Jean-Paul II, Dieu a appelé l’homme et la femme à une “coopération libre et responsable pour transmettre le don de la vie humaine”[14]. La connaissance de leur fécondité laisse les couples libres de leur décision de différer la grossesse ou d’agrandir leur famille. Cette décision est à revoir à chaque cycle. L’homme a la responsabilité de donner la vie et la responsabilité de réguler sa fécondité. L’homme, grâce a sa raison, a la faculté d’adapter la transmission de la vie aux circonstances. Il peut ainsi gouverner la terre.

Le pape Jean-Paul II a explicité Humanae Vitae, et nous a permis de mieux comprendre l’enseignement de l’Eglise: « … la chasteté qui se manifeste comme maîtrise de soi, c'est-à-dire comme continence: en particulier comme continence périodique[15] » (catéchèse du 10 octobre 1984).

Le couple qui utilise une méthode de régulation naturelle des naissances ne sépare pas la dimension procréative de la dimension unitive de l’acte conjugal. Les conjoints peuvent ainsi se donner totalement, avec leur fécondité, l’un à l’autre. Ils n’agissent pas comme des créateurs et possesseurs de la vie, mais comme des procréateurs qui respectent la loi naturelle. Le Catéchisme de l’Eglise catholique dit au n° 1955 : « Cette loi est dite naturelle non pas en référence à la nature des êtres irrationnels, mais parce que la raison qui l’édicte appartient en propre à la nature humaine »[16].

La dimension unitive et la dimension procréative de l’acte conjugal étant liées, le fait que des moyens chimiques ou physiques peuvent séparer ces deux dimensions ne change rien à la nature procréative de l’acte. La science peut aider la nature. Mais les moyens contraceptifs n’améliorent pas le fonctionnement de la nature, au contraire, la contraception hormonale ou la stérilisation féminine ou masculine suppriment de façon temporaire ou définitive la fonction naturelle de reproduction.

 

Conclusion

La Méthode de l’Ovulation BillingsTM est une méthode scientifique enseignée depuis 1968 dans le monde entier, reconnue par l’OMS comme méthode fiable de régulation des naissances. Elle apporte aux couples une connaissance de leur fécondité qui leur permet de réaliser une grossesse ou bien d’espacer les naissances.

         La Méthode Billings est respectueuse de l’homme dans sa totalité. Le fait de se poser chaque jour la question de sa fécondité, l’observation de jours d’abstinence dans le respect de son conjoint, pour se retrouver ensuite dans la joie, amène les couples à plus d’attention au conjoint et de communication. Il est urgent d’informer sur toute la richesse de cette méthode qui permet aux époux de grandir dans l’amour. La connaissance des phases fertiles et infertiles devient un élément important dans la tâche de donner la vie et de réguler sa fécondité, pour le développement de l’amour dans le coeur de la personne, créée pour aimer et être aimée.

La méthode Billings est ainsi l’incarnation de la théologie du corps de saint Jean-Paul II qui rend audible l’enseignement de l’Eglise et son expérience anthropologique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

 

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Billings, E. - Westmore, A., La méthode Billings, Editions F.-X. de Guibert, 2014.

Brown, J.B., “Types of ovarian activity in women and their significance: the continuum (a reinterpretation of early findings)”, in Human Reproduction Update, 17, 2 (2011) 141-158.

Catéchisme de l’Eglise catholique, Mame-Plon, Paris 1992.

Corkill, M. - Marshell, M., “Using the Billings Ovulation Method to achieve pregnancy  naturally”,

Gautier-Lavaste, C., Planification familiale naturelle. Enquête auprès d’internes en médecine générale, Thèse, Paris 2007.

Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris Consortio, (22.11.1981), (AAS 74 [1982]).

___________, Homme et femme Il les créa, Les éditions du cerf, Paris 2005.

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Organisation mondiale de la santé, Critères de recevabilité pour l'adoption et l'utilisation continue de méthodes contraceptives, 3e édition, Genève 2005. 

Paul VI, Encyclique Humanae Vitae (25.07.1968), (AAS 60 [1968]).

Qian, S. Z., « Natural Fertility Regulation », in Gu, S. G. - al. (eds), Reproductive Health (1999) 574-579. 

_________ -  Zhang, D. W. - Zuo, H. Z. - al., “Evaluation of the Effectiveness of a Natural Fertility Regulation Programme in China” in Bulletin of Ovulation Method Research and Reference Centre of Australia 27, 4 (2000) 17-22.

Ryder, R. E. J., “Natural family planning: Effective Birth Control Supported by the Catholic Church” in British Medical Journal 307, 6906 (1993) 723-726.

Wojtyla, K.J., Amour et responsabilité, Editions du dialogue, Stock, 1978.



[1] Organisation Mondiale de la Santé – OMS, Critères de recevabilité pour l'adoption et l'utilisation continue de méthodes contraceptives, Genève: 2005.                                                                                                                                                                 

[2]  S. Z. Qian - D.W. Zhang - H.Z.Zuo - al., “Evaluation of the Effectiveness of a Natural Fertility Regulation Programme in China” in Bulletin of Ovulation Method Research and Reference Centre of Australia 27, 4 (2000) 17-22.

[3]  J. B. Brown, “Types of ovarian activity in women and their significance: the continuum (a reinterpretation of early findings)”, in Human Reproduction Update, 2011; 17 (2), 141-158.

[4]  E. Odeblad, “Contributions of Cervical Mucus and Vestibular Factors to Peak Sensations,in  Bulletin of Ovulation Method Research and Reference Centre of Australia,  37, 2 (2010) 2-8.

[5]  E. Billings – A. Westmore, La méthode Billings, Editions F.-X. de Guibert, 2014.

[6] J.J. Billings, The Billings Ovulation Method in China, in Bulletin of Ovulation Method Research & Reference Centre of Australia, 29, 1 (2002), .6.

[7]  R.E.J. Ryder, “Natural family planning: Effective Birth Control Supported by the Catholic Church”, in British Medical Journal, 307, 6906 (1993) 723-726.

[8]  S. Z. Qian, « Régulation naturelle de la fécondité » in S.G. Gu et al. (Eds.), Reproductive Health, [People’s Publishing House: Beijing.], (1999).

[9] J. Murtagh, General Practice, McGraw-Hill, 2011.

[10]  M. Corkill - M. Marshell, “Using the Billings Ovulation Method to achieve pregnancy naturally”, in Australian Doctor, 19 december (2008) 22.

[11]  C. Gautier-Lavaste, Planification familiale naturelle. Enquête auprès d’internes en médecine générale, thèse, Paris, 2007.

12  Wojtyla, K.J., Amour et responsabilité, Editions du dialogue, Stock, 1978.

[13] Paul VI, Encyclique Humanae Vitae, Editions du centurion, 1968, 40.

[14]   Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris Consortio, (1981), Librairie Pierre Téqui, 1982, 72.

[15]   Jean-Paul II, Homme et femme il les créa, Cerf, 2005, 657

[16]   Catéchisme de l’Eglise catholique, Mame-Plon, Paris, 1992, 406.