CONFERENCE A L’ILE-MAURICE

 

THEME

PEUT-ON ENCORE PROPOSER LA CHASTETE AUX JEUNES ?

 

1.   Introduction     

 

Comme vous l’avez remarqué, le thème de notre conférence consiste en une interrogation. Avant d’y répondre, commençons par entrer dans l’intelligence du mot chasteté et de son vécu selon les divers états de vie.

Du terme latin « castitas », la chasteté est la pureté de regard, de pensée, de parole et d’action dans la relation affective avec autrui, surtout l’autre sexe opposé. Selon qu’on passe d’un état de vie à un autre, elle se présente sous diverses formes. Dans le monde sacerdotal et religieux, elle prend la forme du célibat, de la continence perpétuelle et du rejet de toute affectivité empreinte de sentiments érotiques. Dans la vie conjugale, elle prend la forme de la fidélité au conjoint et du rejet de toute méthode entravant l’humanisation de la sexualité et de la procréation. Nous parlons ici des moyens pornographiques, de l’utilisation du conjoint à une fin hédoniste et de l’emploi des méthodes artificielles qui mettent une rupture entre l’union et la procréation. Dans le monde célibataire enfin, la chasteté s’exprime à travers les relations interpersonnelles saines, le refus de la permissivité sexuelle et l’engagement à ne pas s’adonner aux rapports sexuels avant le mariage. Notre exposé concerne surtout cette troisième catégorie de personnes, identifiables prioritairement dans les jeunes.

         La question qui est posée vise à savoir s’il est encore possible de leur dire aujourd’hui de s’abstenir du sexe avant le mariage ? Quand j’ai lu cette question, j’ai d’abord souri. Mais je me suis rendu à la réalité qu’elle mérite d’être posée. Et cela pour plusieurs raisons. Après les avoir évoquées, nous parlerons du bien-fondé de la chasteté et des moyens à mettre en œuvre pour la rendre concrète. Commençons par les motivations de la question posée.

 

1.   Les motivations de la question posée

 

La question sur l’opportunité de la chasteté mérite d’être posée compte tenu des considérations culturelles, médicales, éthiques et politiques de notre monde.

Au niveau culturel, la chasteté n’est plus une valeur, contrairement au passé où elle avait ses lettres de noblesse. Hier la dignité sexuelle de la femme se mesurait à la continence avant le mariage. Et lorsqu’après son mariage et le tout premier rapport sexuel, on montrait le linge blanc tacheté de sang, elle était félicitée et ses parents, salués et remerciés pour la bonne éducation donnée à leur fille. Aujourd’hui la dignité sexuelle tient plutôt à l’expérience génitale avant le mariage et à l’habilitation à rendre sexuellement performant son futur conjoint.

Au niveau médical, beaucoup de filles sont confortées dans la nécessité de faire les rapports sexuels avant le mariage pour l’assurance de leur épanouissement psychologique et pour l’évitement des maladies qui entraveraient la copulation et la maternité future.

Au niveau éthique, la promotion du sexe n’est plus à démontrer. Les signaux sonores et visuels d’une publicité arrogante et perturbatrice imposent à tous l’expérience du sexe, tout en faisant croire aux personnes continentes qu’elles ne sont pas normales.

Au niveau politique enfin, on note une libéralisation sexuelle assortie de l’indication des moyens de lutte contre les grossesses non désirées et contre les maladies sexuellement transmissibles, surtout le VIH-SIDA.

Tout est donc orienté vers le sexe et la fête du sexe. Dans ce contexte, on est en droit de se demander si la chasteté ou la continence prématrimoniale peut-elle encore être proposée aux jeunes aujourd’hui ? Je réponds par l’affirmative compte tenu du bien-fondé de la chasteté. En quoi consiste-t-il ? Essayons de le voir.

 

2.   Le bien-fondé de la chasteté

 

Le bien-fondé de la chasteté se mesure à plusieurs avantages. Parlons d’abord de la santé qu’elle procure.

 

2.1.      La chasteté et la santé de la jeunesse

 

La toute première est liée à la « sanité » de la vie. Une existence saine dépend d’abord d’une vie ordonnée et respectueuse des lois naturelles. Comme le dit l’Ecclésiaste, le sage biblique, il y a un temps pour chaque chose sur la terre : un temps pour naître, un temps pour mourir, un temps pour bâtir, un temps pour semer, un temps pour récolter et un temps pour aimer. Le temps de chaque réalisation arrive à son moment. Il ne sert à rien de forcer et de brûler les étapes de la vie. Celles de la sexualité érotique s’insèrent dans le cadre de la mise à la disposition de son être à l’expérience de l’amour conjugal et de l’ouverture au don de la vie.  Le sexe n’est pas donné  pour l’amusement ou pour l’obtention d’un plaisir passager. Il est au service de l’amour et de la vie. Et le moment de cette expérience arrive quand on se sent prêt pour le mariage. D’ailleurs, le mot « mariage » vient du latin « matrimonium » qui est le condensé de deux autres termes « mater » qui signifie mère et « munus » qui signifie tâche ou mission. Cela veut dire que, conformément aux données naturelles, l’expérience du sexe se fait quand on est marié. Et elle se fait pour le don de sa personne au sexe opposé et pour la procréation. La nature ne fait rien pour rien. Il arrive qu’on outrepasse ses bonnes orientations. Mais l’expérience montre que c’est en les respectant qu’on fait non seulement preuve d’une bonne humanité, mais aussi d’une bonne santé.

A ce propos, les données médicales sérieuses prouvent que la santé du corps dépend d’abord et avant tout d’une permissivité maîtrisée. A vouloir donner libre à toutes les pulsions désordonnées de son corps, on finit non seulement par ne plus être  maître chez soi, mais aussi par s’exposer aux aléas et aux maladies. Nous avons dans ce sens le témoignage d’une équipe de médecins new-yorkais, qui, contre l’avis tendancieux d’autres médecins, ont retenu que la continence avant le mariage est le moyen le plus sûr pour s’assurer une bonne santé. Voici ce qu’ils affirment :

« Il faut surtout enseigner à la jeunesse masculine que, non seulement la chasteté et la continence ne sont pas nuisibles, mais encore que ces vertus sont des plus recommandables au point de vue médical (…). Nous ne connaissons aucun cas de maladie et aucune sorte de faiblesse que nous puissions attribuer à une conduite parfaitement pure et morale (…). Il y a à ce propos un témoignage plus convaincant, celui des faits : On n’a pas encore jeté la première pierre du premier hôpital destiné à recueillir les malades victimes de la chasteté ; le libertinage, au contraire, a depuis longtemps ses hôpitaux, qui constellent tous les territoires et qui regorgent de clients » [1].

Mais en plus de la santé qu’elle assure, la continence sexuelle avant le mariage tient plusieurs avantages : l’obéissance à la vérité de la génitalité, l’apprentissage à la fidélité conjugale, la considération de la subjectivité de la femme et l’assurance d’un avenir socio-professionnel radieux.

 

 

 

 

2.2.      La chasteté et le respect du langage du corps

 

Comme nous l’avions dit plus haut, le rapport sexuel prend place au cœur du mariage et est orienté vers la communion des personnes et au don de la vie. Il est le langage particulier et plénier de l’amour conjugal. Ce que la théologie actuelle appelle « le langage du corps ». Il est le point de démarcation entre les autres expériences affectives et l’amour conjugal. Il appartient à la vie des époux. Dans ce cadre, le rapport sexuel pré-matrimonial est l’usage du mariage sans le mariage[2]. Les partenaires de cette pratique se mentent réciproquement puisqu’ils utilisent un langage qui n’appartient pas à leur état de vie. C’est vrai qu’ils peuvent se faire une bonne conscience en se disant qu’ils sont déjà des fiancés appelés à se marier. Mais ils ne sont pas encore mariés. Et ils ne sont même pas assurés de faire le mariage, puisque, par expérience, toutes les fiançailles n’aboutissent pas au mariage. Et même si c’était le cas contraire, on gagne toujours à attendre le moment opportun pour bénéficier pleinement des privilèges relatifs à son état de vie. Ecoutons à ce propos ce qu’affirme la Congrégation pour la doctrine de la foi :

« Aujourd’hui plusieurs  jeunes revendiquent le droit à l’union sexuelle avant le mariage (…). Cette opinion s’oppose à la doctrine chrétienne selon laquelle c’est dans le cadre du mariage que doit se situer tout acte génital de l’homme. Quelle que soit en effet la fermeté du propos de ceux qui s’engagent dans ces rapports prématurés, il demeure que ceux-ci ne permettent pas d’assurer dans sa sincérité et sa fidélité la relation interpersonnelle d’un homme et d’une femme et notamment de les protéger contre les fantaisies et les caprices (…). Pour que l’union sexuelle puisse répondre vraiment aux exigences de  sa propre finalité et de la dignité humaine, l’amour doit trouver sa sauvegarde dans la stabilité du mariage. Ces exigences appellent  un contrat conjugal sanctionné et garanti par la société, contrat qui instaure un état de vie d’importance capitale tant pour l’union exclusive de l’homme et de la femme que pour le bien de leur famille et de la communauté humaine »[3].

Dans une relation d’amitié, l’homme et la femme ne sont pas des marchandises à satisfaire à tous les goûts. Il est préférable de se réserver à celui ou à celle qu’on aime et avec qui on se marie. Si non, on devient un objet de peu de valeur. Seule la stabilité qui vient du mariage répond aux exigences de la donation corporelle, de la finalité de l’amour conjugal et de la dignité humaine.

 

2.3.      La chasteté et l’apprentissage de la fidélité et de l’équilibre conjugal

 

L’autre avantage qu’assure la continence avant le mariage est l’apprentissage de la fidélité. Celui qui apprend à se maîtriser sexuellement impose une domination à ses pulsions et se dispose ainsi à un équilibre personnel qui l’aidera à éviter les violences sexuelles au cœur du couple, à traiter son conjoint avec humanité et à résister aux nombreuses avances extraconjugales. Dans le cas contraire, il risque d’être le jouet de ses inclinations. Par ailleurs, la même continence permettra plus tard aux conjoints de ne pas comparer leurs expériences sexuelles pré-matrimoniales, avec l’envie de retourner chez l’ami qui était le plus performant dans le passé.

 

 

2.4.      La chasteté et le respect de la subjectivité de la femme

 

Continuons à réfléchir sur les bienfaits de la chasteté en parlant surtout de ses incidences positives sur la vie de la femme. Elle traduit le respect de la subjectivité de la femme qui doit être traitée non comme un objet, mais comme une personne. La chasteté de la femme avant le mariage lui donne aussi une considération de la part de son mari. Sauf exception due aux garçons frivoles et au contexte permissif du monde actuel, les hommes n’aiment pas généralement épouser une femme qui a déjà troqué sa virginité avec des expériences sexuelles  dépravées assorties d’une notoriété de prostituée.

 

 

2.5.      La chasteté et l’assurance d’un avenir socio-professionnel radieux

 

La femme qui reste loin des expériences sexuelles pré-matrimoniales se donne aussi des chances d’une scolarité harmonieuse qui lui assurera le succès de sa vie professionnelle dans le futur. Par contre celle, qui n’a de pensée que pour le sexe, se prépare une existence de pacotille si jamais les grossesses inespérées survenaient. C’est vrai qu’elle peut toujours s’en débarrasser au moment venu. Mais ce serait entrer dans une situation de culture de mort et de conditionnement contraceptif qui ne manquera pas d’avoir des incidences sur son corps.

Voilà quelques considérations générales sur le bien-fondé de la chasteté pré-matrimoniale. A celles-ci, on peut ajouter pour le chrétien quelques données bibliques et théologiques.

 

 

 

 

 

2.6.      La chasteté et le destin de Dieu sur le langage du corps

 

Au niveau biblique[4], il suffit de se référer au premier livre de la genèse pour se fixer sur cette inconvenance du rapport sexuel avant le mariage. Citons ici un passage de ce chapitre. On y lit :

« Dieu créa l’homme à son image. A l’image de Dieu, il le créa. Homme et femme, il les créa. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la »[5].

Ce passage montre clairement que Dieu institue la communauté de l’homme et de la femme avant de donner l’ordre de la procréation. Evidemment, les deux ne peuvent le faire sans le rapport sexuel. Mais c’est un rapport qui intervient après l’institution du mariage. Dans la pensée de Dieu, on n’accomplit donc pas le rapport avant le m       ariage. Mais on se marie pour se donner l’un à l’autre et donner la vie. Dieu ne met pas la charrue avant les bœufs[6]

  C’est pourquoi, dans la théologie catholique, la donation corporelle prend place au cœur de l’expérience de l’amour consacré par le sacrement qui en assure son enracinement christique et en même temps son ordonnancement à une vie chaste, dénuée de tout désir hédoniste. Le mariage chrétien est une réponse au dessein de Dieu et un engagement à vivre l’amour d’une manière conforme à l’amour du Christ qui a aimé l’Eglise jusqu’à donner sa vie pour elle. C’est ce que l’Apôtre Paul fait signifier quand il affirme : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ »[7]. Quand on est chrétien et qu’on comprend l’identité et la mission que confère le mariage, on ne peut le prendre à la légère, mais s’y préparer chastement et dignement en y ordonnant toutes ses énergies. Reste à savoir comment vivre cette chasteté avant le mariage?

 

 

3.   Les moyens pour vivre la chasteté

 

 

Pour bien vivre la chasteté avant le mariage, il faut d’abord apprendre à aimer, cultiver les attitudes chastes et résister aux tentations du malin.

 

3.1.      Apprendre à aimer

L’amour s’apprend. Le pape Jean-Paul II en donne la confirmation quand il affirme : « L’amour n’est pas ordinairement une chose qu’on apprend. Cependant il n’y a rien qui soit plus nécessaire à apprendre que l’amour »[8]. Cet apprentissage s’origine dans la famille. En effet, « la famille reçoit la mission de garder, de révéler et de communiquer l’amour, reflet vivant et participation réelle à l’amour de Dieu pour l’humanité et de l’amour du Christ Seigneur pour l’Eglise, son Epouse »[9]. Cet apprentissage se poursuit dans la vie de chacun au travers des expériences de la vie. Il passe par le renoncement à l’égoïsme, la disponibilité à l’ouverture, la richesse de la relation, le respect du corps de l’autre[10] et la recherche de son bien en toutes circonstances. Quoique la recherche de ce bien exige des actes concrets, il faut se rendre à la réalité qu’en dehors du mariage, le don du corps n’est pas bienvenu. Comme le dit Gary Chapman, il y a des actes qui disent l’amour sans qu’on soit obligé de passer à l’acte conjugal[11]. Selon le concile Vatican II, le don corporel est l’acte exclusif des époux[12]. Il prend place au cœur du mariage et en assure la plénitude dans la mesure où elle est chaste. Il faut donc apprendre à le vivre chastement quand on est marié et à s’en éloigner quand on ne l’est pas. Il y a en effet une chasteté avant et après le mariage. Pour la cultiver, il faut renoncer à l’hédonisme, à l’utilitarisme et à la pornographie.

 

3.2.      Le renoncement à l’hédonisme, à l’utilitarisme et à la pornographie

 

Dans mon livre « Les jeunes et les pièges de l’amour »[13],  j’en ai parlé. J’ai montré les sources d’avènement de ces idéologiques et dit comment on peut s’en prémunir. Ces sources sont essentiellement aujourd’hui les organes sonores et visuels de la propagande d’une nouvelle éthique mondiale dont la finalité est de déformer et de déconstruire le mental des jeunes[14]. Outre l’internet, la télévision, la littérature rose et des organismes actifs sur le terrain, nous pouvons parler des vidéo-clubs qui constellent nos quartiers de villes et de villages et qui font promotion de la pornographie à peu de frais. Les jeunes en finissent par en faire aussi les frais avec un mental hédoniste et une inclination sexuelle rebelle à toute maîtrise de soi. Et pourtant, c’est toujours au cœur de cette culture que le jeune, épris d’un idéal humain et humanisant, doit pouvoir suivre les repères que proposent le Magistère et la famille chrétienne en sa qualité d’Eglise domestique[15]. Mais ajoutons que tout ce qui est affirmé ici ne sera opérationnel que dans la mesure où le jeune aura une bonne perception anthropologique du corps avec l’acception de l’éthique y afférente.

 

3.3.      L’acception d’une éthique du corps

 

Il faudrait que le jeune se rende à la réalité que le corps personnel et le corps des autres ne sont pas des objets à manipuler, mais des personnes à respecter[16]. Le respect de l’autre passe par le respect de son corps qui est le lieu de sa manifestation et de son être au monde. Pour y arriver, il faudrait avoir une éthique du corps. Jean-Paul II la recommande quand il affirme :

« L’être humain est un être corporel. Cette affirmation toute simple est lourde de conséquences. Si matériel qu’il soit, le corps n’est pas un objet parmi d’autres objets. Il est d’abord quelqu’un, en ce sens qu’il est une manifestation de la personne, un moyen de présence aux autres, de communication, d’expression extrêmement variée. Le corps est une parole, un langage. Quelque merveille et quel risque en même temps ! Jeunes gens et jeunes filles, ayez un très grand respect de votre corps et du corps des autres ! Que votre corps soit au service de votre moi profond ! Que vos gestes et vos regards soient toujours le reflet de votre âme ! Adoration du corps ? Non, jamais ! Mépris du corps ? Pas davantage. Maîtrise du corps ! Oui ! Transfiguration du corps ! Plus encore ! »[17].

Cette affirmation nous révèle que si l’anthropologie du corps en impose le respect au regard de sa subjectivité, la théologie du corps invite à la contemplation compte tenu de ce qu’il représente : La créature de Dieu, le temple de l’Esprit saint et le témoin de l’incarnation du Verbe.

Quand on se rappelle tout cela, on ne peut ne pas être au respect. Mais ce respect seul ne suffit pas. Il faut œuvrer pour le bien du corps. La prise en compte de cette réalité exige de soi la culture de la chasteté et la résistance aux actes qui jurent contre l’amour.

 

3.4.      La culture de la chasteté et la résistance aux actes contre l’amour

 

Jean-Paul II nous révèle le contenu de cette culture quand il affirme :

« Etre chaste, être pur, signifie avoir une attitude transparente à l’égard de la personne de sexe différent. La chasteté est la transparente de l’intériorité sans laquelle l’amour n’est pas amour et ne le sera pas jusqu’à ce que le désir de jouir ne soit pas subordonné à la disposition à aimer dans toute circonstances »[18]

Si cet amour passe par la promotion de l’autre, il impose le renoncement à tout acte de manipulation que nous suggèrent aujourd’hui les nouvelles idéologies à travers leurs organes de propagation. Par rapport à eux, le jeune doit exercer non seulement un esprit de discernement, mais aussi prendre l’engagement de ne pas aller dans la direction qui finira par avilir sa liberté. Contre tous les outils de tentation, l’Apôtre Pierre met en garde quand il exhorte :

« Frères, soyez vigilants. Notre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, va et vient à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi ».

Le diable dont on parle ici est l’ensemble des visages dont la rencontre nous amène à remettre en question nos convictions fortes sur la chasteté. En gardant en mémoire la parole de Dieu, en se référant à ses ordonnancements et en manifestant notre foi en son amour, on peut avoir la résistance. Mais, si on n’y parvenait pas, il faut avoir le courage de fuir. La fuite n’est pas une faiblesse, mais le courage des forts.

Racontons à ce propos deux petites histoires en guise de conclusion.

 

4.   Conclusion

Un jeu homme qui avait mené une vie dissolue en est venu à être touché par la grâce de la chasteté. Après un séjour de trois ans à l’extérieur, il revint dans son pays. Les anciennes concubines et femmes de passage commencèrent à revenir à lui. Un jour, il revint de la ville et en trouva trois qui l’attendaient déjà à la maison. Après les avoir saluées, il les fixa avec conviction et leur dit : « Vous, vous êtes toujours demeurées vous. Mais moi, je ne suis plus moi ».

Un autre homme connut aussi une expérience de permissivité avec des femmes. Il voulut s’en débarrasser pour mener une vie plus humaine et plus saine. Un jour, il rencontra une et lui dit son désir de cesser les relations avec elle. Le lendemain matin, cette femme revint chez lui, franchit le portail de sa maison au moment où lui-aussi se préparait à sortir. Sachant qu’il ne pouvait pas résister à la sollicitation de cette femme, une fois qu’elle la rencontrera, il rentra précipitamment dans sa chambre et passa par une fenêtre pour fuir. Ce jour-là, il eut la possibilité de tenir sa promesse.

Il y a aussi dans nos vies beaucoup de situations analogues avec des personnes analogues. Nous pouvons revoir nos positions pour refaire nos liens dans le bon sens ou couper des amarres qui nous désorientent. La chasteté est possible. La vivre, c’est se donner les chances d’un mariage réussi. Demandons à la Vierge Marie de nous y aider. Merci pour votre attention soutenue.

 

 



[1]
                [1] Cité par N. Barbara,  Catéchèse Catholique du Mariage, Editions Rhodaniques, Saint Maurice (Suisse) 1963, n° 795). 

[2]
                [2] Ecoutons ce qu’en dit la Conférence Episcopale Allemande : « Même là où l’attirance sexuelle et la sympathie lient deux êtres en dehors du mariage, n’importe quel signe d’amour ne saurait être admis…En pratiquant l’union sexuelle, les amants posent le signe du mariage sans le mariage » (CONFERENCE EPISCOPALE ALLEMANDE, La sexualité humaine, in « Documentation Catholique » 1634 (29 juin 1873),12.

[3]
                [3] Cf. CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Persona Humana, n° 7.

[4]
                [4] « Il existe (…) des principes et des normes que, sans hésiter, l’Eglise a toujours transmis dans son enseignement, si opposés qu’aient pu leur être les opinions et les mœurs du monde. Ces principes et ces normes ne doivent nullement leur origine à un certain type de culture, mais bien à la connaissance de la loi divine et de la nature humaine. Ils ne peuvent pas être considérés comme périmés ni mis en doute sous le prétexte d’une situation culturelle nouvelle » (CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Déclaration Persona humana, n° 5.

[5]
                [5] Gen 1, 26-27.

[6]
                [6] Cf. Th. AKOHA, Sexualité, mariage et virginité consacrée, Editions Amour et vie, Cotonou 2011, 48.

[7]
                [7] Cf. Eph 5, 25-32.

[8]
                [8] Cf. JEAN-PAUL II, Varcare la soglia della speranza, Mondadori, Milano 1994,138.

[9]
                [9] JEAN-PAUL II, Exhort. Apost. Familiaris consortio, n°17.

[10]
                [10] Lire à ce propos Théophile AKOHA, Le corps humain entre l’esthétique et l’éthique, Editions Amour et Vie, Cotonou 2012.

[11]
                [11] Cf. G. CHAPMAN, Les actes qui disent l’amour,

[12]
                [12] Cf. Const. Past. Gaudium et spes, n°49.

[13]
                [13] Th. AKOHA, Les jeunes et les pièges de l’amour, Editions Amour et vie, Cotonou 2012.

[14]
                        [14] Lire Marguérite Peeters, La mondialisation de la révolution culturelle occidentale, Institute for intercultural Dialogue Dynamics, Paris 2007.

[15]
                [15] « Devant une culture qui banalise en grande partie la sexualité, en l’interprétant et en la vivant de façon réductrice et appauvrie, en la reliant uniquement au corps et au plaisir égoïste, le service éducatif des parents visera fermement une culture sexuelle vraiment et pleinement axée sur la personne » (JEAN-PAUL II, Catéchèse sur l’amour humain, Audience générale du 2 avril 1980, § 5).

[16]
                        [16] « La façon d’exalter le corps, à laquelle nous assistons aujourd’hui est trompeuse. L’éros rabaissé simplement au sexe devient une marchandise, une simple chose que l’on peut acheter et vendre ; plus encore, l’homme devient une marchandise

[17]
                        [17] JEAN-PAUL II, Message aux Jeunes de France, 1er Juin 1980, in « Documentation Catholique », n°594.

[18]
                        [18] K. WOJTYLA, Amour et responsabilité, Stock, Paris 1985, 154.