Le couple face à la question de l’infertilité.

Aujourd’hui, on le sait, les couples confrontés à des problèmes de fertilité sont rapidement orientés vers la PMA.

Or, d’autres options sont possibles qui constituent une approche radicalement différente, tant du point de vue des accompagnants que du point de vue du couple.

I Un accompagnement, une approche médicale radicalement différents : Il s’agit de passer d’une approche de stimulation de la fertilité à une approche de restauration de celle-ci d’une part, et d’être dans une écoute respectueuse du couple demandeur, d’autre part.

1 Une approche de restauration de la fertilité : Pour cela, en tant qu’instructrice NPT, il s’agit d’apprendre à la femme à s’observer afin de permettre au couple de repérer la période fertile et de fournir au médecin un « tableau de fertilité », aide au diagnostic. L’aide apportée par l’instructrice au couple et au médecin,  pour optimiser les chances de conception, se situe alors à 3 niveaux : repérage de la période fertile, rendre visibles les traitements et surtout aide au diagnostic. 

1) Permettre au couple de repérer les jours les plus fertiles : ceux de glaire « type Pic » : glaire transparente, très élastique (plus de 2,5 cm), et/ou qui provoque la sensation de lubrification. Timbres blancs +description

2) Rendre visibles les traitements, ce qui permet au médecin, d’un coup d’œil, de vérifier qu’ils sont bien pris, à quel moment, et depuis combien de temps.

3) Et surtout : offrir au médecin une aide au diagnostic par la mise en évidence de certains dysfonctionnements : 2 cas cliniques

1er cas clinique : Episodes répétés de glaire : Client 030037  n°2, 1er cycle  signe d’une ovulation laborieuse, voire d’ovaires poly kystiques 

2ème cas clinique : cycle sec Client 030054, femme 40 ans, homme 30 ans  2 hypothèses : problème d’ovulation ou problème du côté du col. On peut associer le signe de la température pour infirmer ou confirmer  l’existence de l’ovulation. Ici, la courbe de température révèle un net décalage thermique. L’ovulation est donc probable et l’absence de glaire serait à chercher plutôt du côté d’une anomalie du col.

Sont notés également sur tout tableau de fertilité : les saignements anormaux, variations de la durée de la période post ovulatoire, flux des règles, règles douloureuses, et les symptômes prémenstruels: irritabilité, tension des seins, ballonnements, maux de tête, déprime….

2 Avec la NPT, une écoute respectueuse du couple.  

Respect des personnes: certains se plaignent dans leur parcours antérieurs de ne pas avoir été écoutés mais plutôt d’avoir subi des pressions pour aller dans une seule direction, en général la PMA.

Respect de la relation de couple : En NPT, pas de tiers dans la relation intime. L’enfant est le fruit de la relation conjugale exclusivement. Pour les tests (spermogramme, test de Hühner), il est aussi conseillé, si possible, de faire les prélèvements à domicile dans le cadre d’une relation sexuelle.

Respect des choix éthiques et notamment respect de la vie humaine dès son début. Les couples nous le disent souvent : « Un enfant, oui, mais pas à n’importe quel prix… »

Respect du rythme du couple. Le désir d’efficacité est légitime : il s’agit d’être efficace dans l’aide apportée au patient. Mais il peut y avoir le risque d’occulter le bien du couple lui-même. Il s’agit en effet d’accompagner les couples, et non d’avoir pour eux et à tout prix le projet d’une grossesse. Il est fréquent d’être remercié, même si l’enfant n’est pas au rendez-vous : le couple s’est senti écouté, respecté, et repart avec souvent des précisions sur ce qui fait obstacle à la grossesse, tant au niveau médical que psychologique. Témoin ce couple disant que c’est important pour eux de faire cette démarche pour construire leur vie de couple, « avec ou sans enfant ».

Il est important de noter que dans la démarche NPT, la « porte d’entrée » est médicale. C’est fondamental. Consulter un médecin, soit en 1ère approche, soit rapidement après le 1er contact avec l’instructrice, rassure les personnes car cela leur paraît concret. C’est cela qui permet au couple d’être écouté sans frein. C’est ainsi que le travail d’une conseillère conjugale, également instructrice NPT,  peut prendre toute sa  place pour une écoute approfondie. S’il était dit aux conjoints  qu’une écoute allait leur être proposée pour réfléchir sur ce qui se passe en eux, ils pourraient avoir peur ou être réticents.

Or, c’est pourtant bien à cette condition que le couple pourra avoir l’opportunité d’entrer dans une démarche différente, non seulement du point de vue des personnes accompagnatrices (cf §I), mais aussi du point de vue de son propre comportement et cheminement (§II).

II Une optique différente pour le couple

1 Etre « acteurs » au lieu d’être « consommateurs » ou « victimes » 

- C’est le couple qui pilote en NPT. Car c’est lui qui apporte les informations par la tenue du tableau de fertilité. Informations pour l’aide au diagnostic et le repérage du moment idéal pour un éventuel traitement.

Cas du client 030031, marié depuis 4 ans ½ au début du suivi, 29 et 31 ans Ils sont médecins tous les deux et le couple utilise la méthode sympto-thermique. La difficulté pour elle est de repérer le moment favorable pour prendre la progestérone qu’elle s’auto-prescrit depuis plusieurs années sans succès. 3ème cycle : apparition du cycle de glaire très net entre J11 (=11ème jour du cycle) et J18 inclus. Les J12, J15et J18 sont  utilisés par le couple. Le médecin NPT recommande de prendre la progestérone au J21 (Pic+3).Une grossesse démarre. Témoignage : « Depuis près de quatre ans, nous essayions d’avoir un enfant quand nous avons consulté en NPT. Nous avions un suivi par une gynécologue, mais nous ne nous sentions pas suffisamment compris dans nos choix (respect de la vie provenant de la relation entre l’homme et la femme) et donc en confiance. Nous avions entamé des démarches pour l’adoption d’un enfant….Nous avons trouvé beaucoup d’écoute de la part du médecin et de l’instructrice de la méthode fertilycare. Les entretiens nous ont redonné confiance. La démarche nous a rendus actifs face à notre problème de fertilité. Les observations de madame ont demandé de la rigueur mais ont permis de prendre le traitement au bon moment. Maïlys est né le 17 avril 2013 »

-  D’autre part, grâce à cet accompagnement par l’écoute,  le couple a l’opportunité de réfléchir sur ce qui se passe au lieu de rester dans un statut de victime de cette infertilité, ce qui pourrait  l’empêcher d’avancer.  Par exemple, mise à jour d’une grande ambivalence pour un couple n’ayant pu faire le deuil d’un enfant précédent, perdu à 4 mois de grossesse. D’où la forte ambivalence de la femme entre « je désire un enfant » et « j’ai peur de revivre cela ». Le suivi NPT ne peut être mis en place correctement. La motivation est trop fluctuante. L’écoute met en évidence la nécessité de mettre d’abord en place un accompagnement de type  psychothérapeutique pour examiner cette ambivalence.

L’écoute du couple permet surtout de faire émerger  un éventuel désir profond différent, derrière la demande d’enfant pourtant clairement exprimée. Exemple de cette femme qui, au bout de quelques séances,  s’écrie: « Mais je ne suis pas obligée d’avoir un enfant ! » mettant ainsi en évidence les pressions familiales et sociales dont elle fait l’objet. Son désir d’être mère  ne lui paraît plus si évident. De fait, le couple arrêtera rapidement.

- D’autres interrogations sont ainsi rendues possibles: la vocation de mon couple réside peut-être dans un autre type de fécondité ? Comment est vécu ce désir d’enfant : comme un dû ? Ou comme un accueil possible de la vie?

Il s’agit alors pour l’accompagnateur d’être très prudent. Afin, à la fois de permettre ces interrogations et à la fois de résister à la tentation de donner des pistes qui pourraient être vécues par le couple comme une minimisation voire une négation de sa souffrance ou comme un manque de respect du cheminement de chacun. Le risque est que ces couples, en plus de leur souffrance de ne pas avoir d’enfant, soient regardés comme n’ayant pas le « bon » comportement, le « bon » questionnement par rapport à leur problème de fertilité. Accompagner la réflexion du couple, oui, mais éviter de le précéder dans ses prises de conscience tout en les rendant possibles.

 2 Une opportunité pour prendre soin de son couple et élargir le champ de recherche des obstacles potentiels à la fertilité.

Prendre soin du couple : Les entretiens prévus dans le protocole NPT offrent  un  lieu pour dire sa souffrance et pour dialoguer en couple. Beaucoup nous disent l’importance d’avoir cet espace et comme il est précieux pour eux,  pour leur relation.  

L’homme et la femme en effet n’ont pas la même manière de gérer cette souffrance. Cette différence de réaction est souvent source d’incompréhension et le fait de l’exprimer est très libérant pour chacun des conjoints. Cela est source de rapprochement pour eux. Le but poursuivi est qu’à cette difficulté d’avoir un enfant ne s’ajoute pas la souffrance d’une mésentente dans le couple.

Par ailleurs, l’écoute par un CCF permet d’élargir le champ d’investigation des causes de l’infertilité par la mise en évidence de problématique d’ordre psychologique. Pour un couple, le tableau de fertilité ne révèle rien. Rien non plus du côté du mari. La femme est sous antidépresseurs depuis plusieurs années. Est mis en évidence le fait que ce couple, très généreux, se met à la disposition de tous. Il est très sollicité car n’ayant pas d’enfants. Du coup, pas de temps libre à deux, aucun week-end, ni vacance, ni plaisir. Uniquement des actions bénévoles. Monsieur, happé par son travail (vécu peut-être comme un refuge ?), prend peu à peu conscience de la souffrance de sa femme qui aspire à ces moments à deux. Ils mettent en place ces temps de détente. Elle est prise en charge médicalement par le médecin NPT: baisse des antidépresseurs. La femme va se métamorphoser. De renfermée et repliée sur elle-même, elle se transforme en une jeune femme souriante et ouverte. C’est spectaculaire. Ils décident cependant d’arrêter le suivi NPT. En effet, elle a pris conscience à travers ces  entretiens, qu’il y a en elle un blocage psychologique par rapport à la maternité. Elle n’en dira pas plus mais ils arrêtent pour qu’elle puisse prendre le temps d’examiner cela. Commentaire du mari lors de l’arrêt du suivi, annoncé comme provisoire : « Certes nous n’avons pas d’enfant pour le moment mais quand je vois comment va ma femme aujourd’hui je vous dis déjà merci ! ».

Dans d’autres cas, il y a une problématique de couple

1er cas : client 03004 36 et 39 ans, mariés depuis 12 ans : 1er enfant naturellement, le 2ème par FIV. Ils consultent pour avoir le 3ème. Madame dit très mal vivre le fait que la précédente soit née par FIV. Le tableau met en évidence de cycles secs avec de  légers changements dans l’observation  (j23 à j26 ligne 2) qui permet de situer le cycle de glaire pour un éventuel traitement. Mais le couple n’ira jamais jusqu’au traitement médical. Aucune relation sexuelle notée (normalement notée I). Et on voit le manque de motivation sur le tableau : erreur dans la tenue, abandon de certaines notations. La femme dit « toute seule je ne peux pas » et décide d’arrêter. Manque de soutien du conjoint.

Client 030054 (déjà cité) 40 ans et 30 ans, mariés depuis 10 ans: problème au niveau sexuel. Aucun plaisir pour elle. Les rapports durent 5 min. Comment désirer un enfant si je ne suis pas heureuse dans mon couple, si je « subis » la relation sexuelle ? De fait, les rapports (notés I) ont lieu exclusivement dans la période supposée la plus fertile : J12 à J16. Une thérapie de couple est proposée.

Conclusion : Ecouter les couples permet de lever le voile sur des facteurs potentiels de blocage de la fertilité autres que physiologiques, comme l’existence de difficultés psychologiques de l’un des conjoints ou une problématique de couple, et peut conduire à conseiller des investigations dans ces directions pour permettre à la démarche de restauration de la fertilité NPT de donner tous ses fruits.

Mais surtout,  conjuguer l’approche NPT et l’écoute des couples offre à ces derniers une véritable possibilité de changement tant dans le traitement de leur infertilité que dans le regard qu’ils posent sur elle. Il y a là pour le couple une véritable opportunité d’être pleinement acteur dans sa démarche et d’amorcer ou de poursuivre la recherche de sa vocation propre. .