Du contrat à l’alliance: pourquoi se marier?

 

1. Introduction

 

Si à un moment donné une femme et un homme se décident à planifier leur futur ensemble, ils doivent prendre une décision centrale : voulons-nous tout simplement vivre ensemble sous le régime du concubinat ou bien voulons-nous nous marier et créer un foyer d’après les Saintes Écritures ? Dans le cadre de cette petite conférence, nous n’aborderons pas les unions modernes comme le PACS ou la famille recomposée.

 

Le concubinage est actuellement réglé par un contrat. Il n’a qu’une dimension légale. Toute dimension spirituelle de cette union entre une femme et un homme manque.

 

Le mariage, lui, met les aspects spirituels au premier plan sans pour autant négliger les aspects financiers. En Suisse, malgré le régime fiscal spécial réservé aux couples mariés, le tarif progressif oblige les époux à payer plus que des concubins. Pire encore : ces derniers reçoivent chacun une retraite complète comme s’ils étaient célibataires, alors que le couple marié ne reçoit qu’une retraite et demie. Ces faits ne facilitent pas les décisions des amoureux sans foi chrétienne.

 

2. Qu’est-ce qu’un contrat ?

 

Larousse : « vient du latin contractus, convention juridique par laquelle une ou plusieurs personnes s’engagent envers d’autres à faire ou ne pas faire quelque chose. »

On parle de contrat bilatéral lorsque les contractants s’engagent réciproquement, les uns envers les autres par opposition au contrat unilatéral où seule une partie s’engage envers l’autre.

 

Exemples de contrats habituels :

contrat de travail, contrat de location, contrat de garantie, contrat d’assurance

 

La forme du contrat peut être p. ex. écrite : un protocole définissant les droits et obligations des parties contractantes est écrit et soussigné par ces parties, ou il est oral  si la loi ne s’y oppose pas. La durée du contrat peut être déterminée (CDD, suppose une période définie dès le départ dans le contrat) ou indéterminée (CDI, le contrat reste valide tant que les parties ne le résilient pas).

 

Dans un contrat, chaque partie cherche à préserver ses propres intérêts. C’est une affaire assez rigide, car si l’une ou l’autre circonstance change, il faut conclure un nouveau contrat ou modifier les clauses concernées.

 

Lors d’un concubinage qui devrait durer des années, de nombreuses modifications doivent avoir lieu, et si elles sont oubliées, des conséquences néfastes peuvent apparaître lors d’une résiliation volontaire ou du décès d’un partenaire. Mais il est évidemment plus facile de signer un tel contrat et cela se fait sans grandes formalités.

 

3. Qu’est-ce qu’une alliance ?

 

Larousse définit l’alliance comme suit : « Lien juridique existant entre un homme et une femme, et leurs familles, par l’effet du mariage ». L’alliance est prévue pour une longue durée. Dans notre contexte, nous nous intéressons spécialement à l’alliance particulière du mariage.

 

Depuis des décennies, le mot «mariage» était défini dans Le Petit Larousse comme un «acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par les dispositions juridiques en vigueur dans leur pays...». Maintenant, la définition 2014 précisera: «acte solennel par lequel deux personnes de sexe différent, ou de même sexe, établissent entre eux une union...».

Depuis 2009, Le Petit Larousse avait ajouté une sous-entrée «mariage homosexuel». Et la définition de «mariage» est déjà actualisée dans le Larousse en ligne: «acte solennel par lequel un homme et une femme (ou, dans certains pays, deux personnes de même sexe) établissent entre eux une union...»

Son rival, Le Petit Robert, définit le mariage, dans son édition 2013, comme une «union légitime de deux personnes dans les conditions prévues par la loi». En revanche, le Dictionnaire de l'Académie française, très rarement réédité, définit ce terme comme «l'union légitime d'un homme et d'une femme formée par l'échange des consentements que recueille publiquement le représentant de l'autorité civile».

 

4. Le mariage au sens biblique :

 

Au tout début de la Bible1), dans Genèse 2, 24, nous lisons : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ». Après avoir cité ce verset, Paul ajoute dans sa lettre aux Ephésiens 5, 32 : « Ce mystère est grand. »

 

Derek Prince2) commente : Paul décrit le rapport conjugal avec le mot « mystère » qui à son époque signifiait d’une part qu’il existe une forme cachée de la connaissance qui peut faire du mariage ce qu’il devrait être, d’autre part qu’une personne peut acquérir ce savoir caché en se soumettant à certains examens et en remplissant certaines conditions. Les églises catholique et protestante considèrent d’ailleurs le mariage comme un « sacrement », ce qui signifie « mystère ».

 

Quelques versets auparavant, Paul donne pour modèle de la relation qu’il devrait y avoir entre l’homme et la femme celle qui existe entre le Christ et son église : un lien d’amour relie le Christ à son église, cette dernière lui est soumise de bon cœur puisqu’elle se sent aimée.

 

Le bonheur de l’église est lié à son comportement vis-à-vis de celui qui l’aime, tout comme le bonheur d’Israël dépendait de son comportement vis-à-vis de son Dieu. Le péché, en particulier celui d’adultère, entraîne le malheur. Dieu le rappelle dans le livre du prophète Malachie (ch. 2, v. 14) : pour le Seigneur, le mariage a le caractère d’alliance. Les Israélites l’avaient malheureusement oublié et en souffraient beaucoup. L’alliance matrimoniale, c’est le secret du succès d’une relation conjugale.

 

Des années plus tard, Jésus révèle entièrement ce qu’est le mariage biblique en répondant aux pharisiens qui lui demandent « Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif quelconque ? » (Matt. 19, 3). Jésus cite alors le verset de Gen. 2 24 et dit « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint ! ». C’est Dieu qui unit l’homme et la femme de façon tellement parfaite qu’ils deviennent une seule chair, « un corps ». Les Israélites l’avaient apparemment oublié. Jésus leur rappelle l’intention première de Dieu. Aux chapitres 1 et 2 de la Genèse, c’est Dieu lui-même qui décida de donner une aide à Adam, c’est Dieu qui créa Adam et Eve, et c’est Lui qui établit les conditions de l’alliance qui les unissait.

 

Le mariage a donc dans l’ancien comme dans le nouveau Testament deux dimensions :

- l’une horizontale : lien entre Adam et Eve

- l’autre verticale : le couple est relié à son Créateur

Ce qui est d’ailleurs symbolisé par la croix.

 

Dans l’Ecclésiaste, ch.4, v. 9-12, ces deux dimensions sont parfaitement décrites : Salomon donne 3 exemples pratiques pour montrer qu’il vaut mieux être à deux que seul. Le 4e exemple se différencie des premiers : « la corde à trois fils ne se rompt pas facilement ». La force de résistance vient cette fois de trois éléments : c’est la dimension divine du mariage que Dieu a créé tout au début. Le lien relie un homme, une femme et Dieu.

 

Un homme et une femme peuvent s’unir sur le plan humain, mais quand Dieu est invité à être au sein de cette relation, une nouvelle dimension est apportée. Jésus ne voulait pas non plus se contenter de la dimension purement horizontale, humaine. Il a prôné le mariage tel que le Créateur l’a conçu dès le départ. Cette image de la corde à trois brins n’est pas seulement valable pour les contemporains de Salomon : elle est aussi exactement le modèle du couple moderne des croyants de notre époque. Le principe représenté par la corde à trois fils qui ne peuvent pas être séparés est l’alliance. Il vaut encore de nos jours.

 

Un professionnel de la construction de câbles l’a confirmé à Derek Prince : les câbles les plus solides ont trois brins. Si deux brins d’une corde à trois brins sous l’effet de la pression se frottent jusqu’à l’apparition d’effilochures, la corde ne cassera pas tant que le 3e brin tiendra bon. C’est le cas pour le couple chrétien : vous pouvez être sûr que le Créateur tiendra bon jusqu’à ce que la pression lâche et l’homme et la femme puissent guérir et être remis debout. Voilà pourquoi Dieu a prévu l’alliance horizontale et verticale pour nos couples.

 

5. Une alliance biblique

 

Dans la Parole de Dieu, deux mots sont employés pour le mot « alliance » : en grec, il s’agit du mot « diatheke », en hébreu du mot « b’rit ». Ces mots sont traduits soit par « alliance », soit par « testament », selon le contexte. Pour les auteurs de la Bible, une alliance est un testament et vice-versa. La Bible est donc formée du nouveau et de l’ancien Testament, ou de l’ancienne et de la nouvelle Alliance. La notion d’Alliance est donc au centre de la révélation divine. Il est essentiel de comprendre ce qu’est une alliance.

 

B’rit implique la notion de « lien », diatheke signifie « mettre de l’ordre » et implique des conditions bien définies.

 

L’initiative vient entièrement de l’Eternel qui pose les conditions de l’alliance. Le rôle des êtres humains est alors de s’ouvrir à l’offre de Dieu et d’accepter la relation qu’implique cette alliance, base indispensable à une relation durable. A divers endroits de l’Ancien Testament, le scellage d’une alliance est décrit : il est toujours étroitement lié à un sacrifice. Pour nous chrétiens, nous profitons de l’alliance éternelle que le Seigneur fait avec nous lorsque nous acceptons le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix : c’est la nouvelle alliance, le nouveau testament que Dieu propose à chacun de nous en réponse à l’ancienne alliance, à l’ancien testament, scellé avec Abram ! Dieu est fidèle. Lorsque chaque futur époux a vécu la nouvelle naissance en Jésus-Christ, qu’il a compris et accepté l’alliance que lui propose Dieu, il comprend mieux et peut pleinement s’engager dans le mariage et vivre le partage d’une vie féconde. Il s’agit d’une fusion, non d’un partenariat, du don total de chaque époux, basé sur la foi.

 

De nos jours, les personnes se marient souvent en se demandant : « Qu’est-ce que je reçois ? Quels sont les avantages pour moi ? ». Quelqu’un qui voit le couple au sein d’une alliance ne se demande pas : « Qu’est-ce que je peux recevoir ? », mais « Qu’est-ce que je peux donner ? » Et sa réponse est alors : « Je donne ma vie pour toi, et je trouve alors ma vie nouvelle en toi ». C’est le secret de la vraie vie, du vrai bonheur et de l’amour véritable.

 

Et ce n’est que « fondés sur l’amour de Dieu que l’homme et la femme peuvent se promettre l’amour mutuel dans un geste qui engage toute leur vie et rappelle tant d’aspects de la foi. Promettre un amour qui soit pour toujours est possible quand on découvre un dessein plus grand que ses propres projets, qui nous soutient et nous permet de donner l’avenir tout entier à la personne aimée. »3)

 

6. La sexualité dans un mariage chrétien

 

De nos jours, la société favorise la promiscuité et certaines revues pour les jeunes les encouragent à « faire des expériences » sexuelles. C’est fatal, car ces échanges de partenaires ne correspondent nullement au plan divin de la sexualité et aboutissent à la propagation de diverses maladies vénériennes. Actuellement, la plus connue est le SIDA. Mais les infections dues à Chlamidia gagnent aussi du terrain. Elles sont incurables et aboutissent assez souvent à une stérilité de la femme.

 

Le plan de Dieu par contre est l’épanouissement sexuel au sein du couple marié (cf. Genèse 2,24), fidèle, ouvert à la découverte et au respect des merveilles divines de la fertilité. Au sein de l’alliance, lorsque les époux s’unissent, une nouvelle vie peut jaillir. La personne est bien protégée dès son origine par l’union solide de ses parents. L’ovule fécondé, le fœtus, l’embryon, le bébé, l’enfant, l’adolescent et l’adulte peuvent alors se développer, grandir, s’épanouir grâce au milieu stable dans lequel ils sont intégrés. L’amour durable au sein de la famille permet à chaque membre de vivre heureux jusqu’à sa mort naturelle. Et l’amour solide des époux leur permet de répondre positivement au : « soyez féconds, multipliez… » de Genèse1) (ch.1, v.28). Soyons donc particulièrement reconnaissant que le pape François s’oppose toujours à la contraception ! Des ignorants s’énervent parfois en disant : « mais nous ne sommes pas des lapins qui se multiplient à l’infini ». Ces personnes ne connaissent pas le génie du Créateur qui a créé les femmes avec un cycle de fertilité d’environ un mois au cours duquel la femme n’est fertile que pendant quelques jours. A tout moment, le couple qui pratique la PFN peut agir d’une manière responsable et consciente, c'est-à-dire aspirer à une grossesse ou la différer, ou l’éviter si besoin est.

 

7. Conclusion

 

Nous fêtons bientôt nos 30 ans de mariage, et nous restons ravis de nous être mariés. Le Seigneur nous a tant bénis, il nous a même accordé un fils en septième année de mariage. Il est actuellement étudiant en médecine. Nous avons toujours pratiqué la PFN et en sommes très heureux et reconnaissants. Couple hypofertile, il aurait été idiot qu’Anne avale inutilement pendant des années une pilule. Elle n’aurait que détérioré sa santé. Nous ne cesserons de recommander à toute personne de vivre consciemment les merveilles de la fertilité humaine : que chaque homme et chaque femme puissent découvrir les créatures merveilleuses qu’ils sont : à Dieu soit honneur et gloire !

 

Merci de votre attention.

 

1) La Bible, version Segond, 1910

2) Derek Prince, Der Ehebund, extraits traduits de l‘allemand

3) Lumen fidei, Pontificum Consilium pro Familia

 

Autre littérature recommandée:

 

Ingrid Trobisch, La joie d’être femme et le rôle de l’homme

Josef et Elisabeth Rötzer, L’art de vivre sa fertilité

Anna Capella, La méthode Billings