Cigognes Août 2008

Quelques un des thèmes abordés (plan)

Nos sources. 4

Pastorale. 4

"Dieu grave son ordre moral dans la création". 4

La loi de gradualité est une invitation à la conversion continuelle au bien, un cheminement pédagogique de croissance. 4

A quel homme s'adresse-t-on dans notre activité pastorale ?. 5

Comment répondre à l'affirmation : "Si le couple ne peut pas vivre la continence, il peut bien utiliser le préservatif, c’est un moindre mal" ?. 6

Les méthodes naturelles de régulation des naissances : sont-elle à présenter comme une option parmi d'autres, ou bien comme une option privilégiée pour la vie conjugale ?. 6

Est-ce qu'en annonçant les méthodes naturelles on fait fuir les couples et on vide les églises?  7

Comment les MAO favorisent-elles le dialogue du couple ?. 8

Qu’est ce qu’une vie sexuelle satisfaisante ?. 9

La planification familiale naturelle empêche la spontanéité des rapports sexuels ! Voici une objection fréquente. Cela nuit il à une vie sexuelle satisfaisante ?. 10

La PFN peut-elle être favorable à l’épanouissement du couple ?. 10

Qu’elles sont les liens entre ma foi et mon intimité conjugale ?. 11

La faiblesse. 11

Le beau. 11

La béatitude. 11

Définition de la continence périodique. 12

Quelle différence entre abstinence et continence ?. 12

Est ce dur de vivre la continence?. 12

Continence et Liberté. 13

Pourquoi la continence conjugale ?. 13

La continence est-elle source de frustration ?. 14

Comment vivre la continence conjugale ?. 14

Pourquoi faire des efforts dans le domaine de l’amour conjugal ?. 15

Est-ce seulement une question de volonté ?. 16

Est-ce possible en toute circonstance ?. 16

Est-ce pour toute la vie ?. 16

La continence n’éloigne-t-elle pas l’homme de la femme ?. 16

La continence n’est-elle qu’une option possible ?. 17

L’éloge de la faiblesse. 17

Y a-t-il une façon chrétienne de vivre la continence ?. 18

Que faire face à la contradiction ?. 18

Quels sont les fruits de la continence conjugale ?. 18

Meilleur compréhension du lien entre union et procréation. 20

"Dans le plan de Dieu, faire l'amour et faire des enfants sont inextricablement liés"  20

Le couple ne peut pas employer le principe de totalité parce que "Dieu à l’origine de toute vie humaine". 20

La liberté humaine entre en conjonction avec la liberté divine pour le surgissement d’une nouvelle vie  21

Dans la PFN, quand il y abstention de relations sexuelles en période féconde, les époux témoignent de leurs convictions que dans la sexualité, ils sont « coopérateurs du Dieu créateur »  21

Sens ultime de la continence : les époux savent que l’amour du Christ passe avant tout  21

Quelques aspects philosophiques. 22

L'identité. 22

Quand Dieu rencontre des femmes. 23

Philosophie et bioéthique. 23

Philosophie et plan des organisations ONUsiennes : Hans Kelsen. 24

De la "déclaration universelle des droits de l'homme" à l'élaboration des "nouveaux droits de l'homme". 25

 

Les Cigognes se sont rencontrées pour leur "université d'été" à Chardon chez Charles-Daniel et Evelyne Maire, du 24 au 29 Août 2008

Cet année, le thème principal était la Pastorale : quels sont les grands principes qui doivent guider notre pastorale sur l'amour conjugal incarné. Nous avons continué notre recherche sur le lien entre union et procréation. Nous avons envisagé quelques aspects philosophiques.

Ce fut comme les années précédentes tout à la fois une belle rencontre intellectuelle avec force "disputatio", une semaine de vacances familiales grâce à la présence des jeunes, et un moment de prière.

 

Nos sources

Comme les années précédentes nous nous sommes mis à l'écoute du "monde tel qu'il est", de la parole de Dieu dans la Bible, et de la tradition. Nous avons bénéficié d'une part des documents du Magister catholique et d'autre part de travaux d'auteurs protestants. Nous avons ici ou là remarqué que nous devions faire un effort pour nous enrichir à l'écoute sans nous laisser prendre par des replis identitaires. Charles Daniel et Evelyne ont parfois sourit avec bienveillance devant notre langage "boutique catholique". Quoiqu'il en soit nous sommes conscient que nous avons besoin que Dieu porte notre réflexion. Notre raison doit se laisser éclairer par la foi.

Ici nous reprenons quelques thèmes principaux :

Pastorale

"Dieu grave son ordre moral dans la création"

"Dieu grave son ordre moral dans la création et fait de ceux qui portent son image des êtres rationnels et moralement responsables, capables à la fois de comprendre et de répondre librement aux commandements de Dieu." (Questions de vie et de mort. La foi et l'éthique médicale. Edition Excelsis 2000 p. 69)

La loi de gradualité est une invitation à la conversion continuelle au bien, un cheminement pédagogique de croissance

Quelques points particuliers de la présentation d'Hélène Pérez

La loi de gradualité est

  • une invitation à la conversion continuelle au bien
  • un cheminement pédagogique de croissance

La loi de gradualité n'est pas une gradualité de la loi :

  • les époux sont appelés à vivre dès aujourd'hui leur itinéraire de couple chrétien gardant à la relation conjugale ses deux significations d'union et de procréation
  • l'enseignement moral n'est pas un idéal mais un commandement
  • le couple est appelé à un engagement sincère à appliquer la loi morale
  • mettant leur confiance dans la grâce et accueillant la miséricorde pour croître dans leur amour en vérité

Il est essentiel de savoir à qui on s'adresse dans notre pédagogie

  • des hommes pécheurs mais sauvés par le Christ
  • des hommes désireux de vivre pleinement
  • des hommes capable de choisir le bien et de vouloir vivre selon ce qui est vrai

Une synthèse en 3 points sur l'attitude adéquate est proposée par Livio Melina dans le livre

Amour conjugal et vocation à la sainteté. par Livio Melina  et Jean Laffitte  :

  1. reconnaître les difficultés
  2. identifier les but à atteindre : la vérité de l'amour selon le projet de Dieu
  3. poser immédiatement les conditions pour être dans la perspective du but

N.B.

Le terme "loi de gradualité" n'est pas repris en tant que tel dans les documents plus récents. Mais son contenu est déployé et clarifié.

Quelques documents de références cités sur ce sujet:

Conversion continuelle au bien

La loi de gradualité appelle à un rejet du mal et une conversion continuelle au bien.

"Il faut une conversion continuelle, permanente, qui, tout en exigeant de se détacher intérieurement de tout mal et d'adhérer au bien dans sa plénitude, se traduit concrètement en une démarche conduisant toujours plus loin." (FC 9)

Cheminement pédagogique de croissance

"[..] un cheminement pédagogique de croissance est nécessaire pour que les fidèles, les familles et les peuples, et même la civilisation, à partir de ce qu'ils ont déjà reçu du mystère du Christ, soient patiemment conduits plus loin, jusqu'à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie." (FC 9)

"Jour après jour, [l'homme] se construit par ses choix nombreux et libres. Ainsi il connaît, aime et accomplit le bien moral en suivant les étapes d'une croissance." (FC 34)

L'itinéraire moral des époux proposé en matière de planification des naissances

"En effet, Dieu, maître de la vie, a confié aux hommes le noble ministère de la vie, et l'homme doit s'en acquitter d'une manière digne de lui. [..] La sexualité propre à l'homme, comme le pouvoir humain d'engendrer, l'emportent merveilleusement sur ce qui existe aux degrés inférieurs de la vie; il s'ensuit que les actes spécifiques de la vie conjugale, accomplis selon l'authentique dignité humaine, doivent être eux-mêmes entourés d'un grand respect" (GS 51)

L'enseignement moral sur la vie conjugale n'est pas un idéal mais un commandement

"Lorsqu'il s'agit de mettre en accord l'amour conjugal avec la transmission responsable de la vie, la moralité du comportement ne dépend donc pas de la seule sincérité de l'intention et de la seule appréciation des motifs; mais elle doit être déterminée selon des critères objectifs, tirés de la nature même de la personne et de ses actes, critères qui respectent, dans un contexte d'amour véritable, la signification totale d'une donation réciproque et d'une procréation à la mesure de l'homme; [..]" (GS 51)

La grâce est nécessaire pour marcher à la suite du Seigneur

"L'espace spirituel de l'espérance est toujours ouvert pour l'homme, avec l'aide de la grâce divine et avec la coopération de la liberté humaine." (VS, 103)

Il est nécessaire de recourir à la miséricorde de Dieu pour maintenir le cap

"Dans ce contexte se situe une juste ouverture à la miséricorde de Dieu pour le péché de l'homme qui se convertit et à la compréhension envers la faiblesse humaine. Cette compréhension ne signifie jamais que l'on compromet ou que l'on fausse la mesure du bien et du mal pour l'adapter aux circonstances." (VS 104)

A quel homme s'adresse-t-on dans notre activité pastorale ?

On s'adresse à l'homme sauvé par le Christ ! Il convient donc de leur proposer un enseignement adéquat à cet état d'homme sauvé, non pas un enseignement adapté à un homme faible incapable de choisir ce qui lui est profondément bon.

Comment répondre à l'affirmation : "Si le couple ne peut pas vivre la continence, il peut bien utiliser le préservatif, c’est un moindre mal" ?

(en préparation de la journée de réflexion du CLER sur la pastorale à adopter pour la présentation de Humanae Vitae)

Le couple qui choisit les MAO, a choisi d’organiser sa vie afin de respecter le sens de chacune de ses relations sexuelles. La continence inhérente aux MAO est parfois difficile à vivre, elle peut paraître héroïque. Plusieurs solutions s’offrent alors au couple. Il est à nouveau face à un choix. S’il opte pour le préservatif, il aura plus de relations sexuelles mais il aura changé le sens de ses gestes, il aura désuni ce que Dieu a uni. Pour certains, ce choix est considéré comme un moindre mal.

En ce qui concerne la transmission de la vie, il n’y a pas de moindre mal, parce qu’un bien est toujours possible; la notion de mal ne peut pas s’appliquer. (En effet, entre deux maux, le moindre mal peut sembler légitime, mais quand un bien est possible c'est lui qui est à choisir)

Tout couple est capable de désirer le bien et de faire face à ces difficultés. L’important est de reconnaître que ce qu’il vit n’est pas encore ajusté,  et de se remettre en marche pour atteindre le bien, continuer à inscrire son amour, y compris charnel, dans le dessein de Dieu.

Si le couple a compris le bien fondé de respecter le lien de l’amour et de la vie il sera peut être mieux armé pour faire face à ces difficultés de continence.

Les méthodes naturelles de régulation des naissances : sont-elle à présenter comme une option parmi d'autres, ou bien comme une option privilégiée pour la vie conjugale ?

(en préparation de la journée de réflexion du CLER sur la pastorale à adopter pour la présentation de Humanae Vitae)

Les méthodes naturelles de régulation des naissances peuvent être présentées de trois façons :

·                     soit comme une méthode parmi d'autres,

·                     soit comme une méthode meilleure que les autres,

·                     soit enfin, comme une méthode différente, à privilégier pour la vie conjugale

Dans le passé les deux premières options ont été le plus souvent retenues :

La planification familiale naturelle a été présentée :

·                     soit comme une méthode parmi d'autres dans le catalogue des méthodes, avec ses qualités et limites en terme d'efficacité, d'innocuité, d'acceptabilité et réversibilité

·                     soit comme une méthode meilleure que les autres par ses bienfaits sur la connaissance de soi, l'invitation au dialogue entre les époux, la prise en charge à deux de la transmission de la vie, etc..

L'expérience des couples et la réflexion nous amènent à choisir maintenant la troisième option

Les méthodes naturelles méritent d'être choisie non seulement pour les bienfaits cités ci-dessus, mais parce qu'elles sont pleinement adéquates pour la sexualité conjugale.

Quelques raisons pour préférer enseigner les méthodes naturelles comme une méthode différente, à privilégier pour la vie conjugale

1 – Afin de ne pas poser d'acte contraceptif :

·                     ne pas poser d'acte qui change la relation sexuelle

·                     ne pas poser d'acte contre la transmission de la vie

Le couple évite alors de changer le sens de la relation conjugale par l'introduction d'une technique qui, en changeant le fonctionnement, change aussi le sens de la relation conjugale.

2 – Afin de maintenir le lien entre amour et vie.

L'union sexuelle conjugale est sommet du lien entre amour et vie : amour, union des cœurs et des corps des conjoints, et transmission de la vie.

La société est structurée par l'alliance, lien fidèle, total et stable entre les personnes, et la transmission de la vie, qui permet le développement des générations. Un lien harmonieux entre amour et transmission de la vie est favorable à la société et aux personnes qui y vivent.

L'importance de ce lien motive l'utilisation d'une planification des naissances qui ne le rompe pas; c'est le cas des méthodes naturelles.

3 – Afin de bénéficier du lien placé par Dieu entre amour et vie

Le couple chrétien choisissant la planification familiale naturelle dans l'intention de vivre une sexualité conjugale telle qu'elle a été créée par Dieu va pouvoir bénéficier de tout ce que Dieu veut donner au couple dans la relation conjugale. La découverte de la régulation des naissances a en effet été l'occasion d'un approfondissement du lien entre union et procréation, alliance et filiation, c'est-à-dire d'une manière générale, entre amour et vie:

·         Dieu donne la vie par amour.

·         Dieu est le Dieu de l'alliance et de la vie.

·         L'union charnelle des conjoints est sommet de l'alliance du couple et de la transmission de la vie.

·         En gardant amour et vie non dissociés (contrairement à ce que ferait la contraception) le couple vit dans ses actes sa ressemblance à Dieu.

·         Une conscience grandissante de la beauté de l'union des conjoints ouvre le regard des conjoints vers la béatitude que Dieu offre à l'homme.

Est-ce qu'en annonçant les méthodes naturelles on fait fuir les couples et on vide les églises?

(en préparation de la journée de réflexion du CLER sur la pastorale à adopter pour la présentation de Humanae Vitae)

Effectivement cette crainte existe et peut se comprendre. L’Eglise s’adresse aux hommes de notre temps et à tout homme. Elle a pour mission de réfléchir sur le sens de la vie de l’homme et sur sa mission sur terre. Elle travaille en vérité. La vérité n’est jamais facile à entendre a priori, parce qu’elle dérange. Il n’est jamais agréable de se rendre compte qu’on a pu se tromper.

Cependant, si on prend le temps d’approfondir en expliquant le sens, l’a priori peut changer. C’est un long travail d’accompagnement.

Refuser d’annoncer la totalité de la vérité, c’est refuser, au nom de la pastorale, de relever le défi de la pédagogie. Pour la régulation des naissances, l’Eglise a réfléchie. En 1968 elle a offert un texte considéré aujourd’hui comme prophétique. Elle a fait un choix. Ultérieurement, ce choix a été renouvelé et développé.

Nous voulons bien accepter l’Eglise comme pédagogue dans notre relation à Dieu, mais il nous faut aussi accepter qu’Elle le soit jusque dans l’éclairage qu’elle peut apporter sur la relation conjugale.

L’annonce des méthodes naturelles remet en cause des comportements, des habitudes prises, et peut bousculer des personnes, ou passer par une oreille et ressortir par l’autre, ou remettre en question voire culpabiliser.

La manière dont est annoncé le message des méthodes naturelles est importante. Il faut l'annoncer, non pas comme un diktat, mais comme un chemin qui va correspondre à la nature du couple, au sens de la sexualité et de la communion des corps et des cœurs, et qui rend heureux. Nous nous adressons à des personnes libres et intelligentes et respectons leur liberté. Ils attendent une information juste, positive et éclairée. Cette information se doit d'être accompagnée d'un accueil de ce qu'ils vivent et d'une confiance dans leur capacité de progression.

Derrière les méthodes naturelles surgit le sens de la vie conjugale, de la relation sexuelle et de la transmission de la vie. Ne pas expliciter clairement les fondements anthropologiques répondant à ces 3 points, revient à glisser vers un relativisme qui rend moins audible, beau, bon et vrai, le message chrétien sur la vie conjugale, la relation sexuelle et la transmission de la vie.

Un langage juste et adapté sur l’union conjugale n’est donc pas optionnel. Il est premier, car il s’agit du lien entre amour et transmission de la vie.

L'union conjugale est lieu où se rencontrent la liberté procréatrice de l'homme et la liberté créatrice de Dieu. Nous entrevoyons là la grandeur et la gravité de l'union conjugale. Dieu a voulu se lier à l'homme et à la femme pour donner la vie.

Notre vie entière est l’acceptation d’un cadre non choisi qui devient le lieu même de la vie et de la création. En faisant un effort de pédagogie pastorale, nous choisissons de ne pas diminuer la vérité et donc de ne pas chercher à plaire, car cela ne nous appartient pas.

Ce n'est pas parce que l'enseignement de l'Eglise est difficile qu'il ne faut pas l'annoncer. Nous annonçons ce que le Christ, qui parle par son Eglise, nous enseigne. Il y va de notre identité de catholique de connaître, comprendre, réfléchir et méditer sur ce qu’elle dit.

Il y va de l’identité de nos églises que de faire un effort pastoral afin de propager l'évangile de la vie.

«  Ce mystère est grand ». Il est normal qu'il y ait un décalage entre la parole de l'Eglise et la vie du monde.

Comment les MAO favorisent-elles le dialogue du couple ?

(pour le Livret destiné aux utilisateurs)

Il n’est pas spontané de parler de sexualité ou de régulation des naissances au sein du couple, soit par pudeur, soit parce que ces questions paraissent aller de soi. Or des insatisfactions voire des frustrations peuvent s’installer qui doivent s’exprimer sous peine de mettre le couple en péril.

De même le partage des satisfactions et de la reconnaissance nourrit et enrichit la vie du couple.

Quand un couple choisit les MAO, cela suppose qu’il a déjà parlé de ce que ce choix allait impliquer dans le vécu de sa sexualité.
Le couple échange pendant l’apprentissage même si l’observation des signes de la fertilité incombe à la femme. La notation et l’interprétation est l’occasion de dialogue, d’entraide dans le couple

Le dialogue se poursuit dans l’annonce des différentes périodes du cycle qui se succèdent et mobilisent  un comportement adéquat à chacune des phases L’habitude se prend de parler de ce sujet, du désir ou non désir sexuel, ou encore du désir d’enfant. La continence fait apparaître un espace de dialogue dans le couple composé de bienveillance, et d’attention  mutuelle pour ne pas fragiliser l’autre dans son vécu de cette période.

 Le couple  constate très souvent les bienfaits du dialogue amoureux, nourri de respect et qui dépasse largement le cadre des MAO. : respecter ensemble les périodes de continence imposée par le cycle féminin en fonction du désir d’enfant et gérer ensemble son désir d’union fait grandir peu à peu l’unité du couple.

Les MAO favorisent généralement le dialogue dans le couple mais ne garantissent pas assurément sa pérennité. Le couple doit constamment veiller à la qualité du dialogue commun. Celui ci est en effet une des clefs de l’harmonie du couple, et le dialogue des cœurs prépare le dialogue des corps

Qu’est ce qu’une vie sexuelle satisfaisante ?

(pour le Livret destiné aux utilisateurs)

Une vie sexuelle satisfaisante se définit elle  dans le nombre de rapports, la qualité de l’orgasme ou le type de positions ? N’aspirons nous pas plutôt à une communion des corps des cœurs et des esprits ? A une circulation véritable de la parole, à un respectueux dialogue des corps et au plaisir du corps et d’être ensemble ?

La vie sexuelle est un « être ensemble », charnel et spirituel, qui intègre différentes dimensions de l’amour : le désir,  le plaisir, le don à l’autre et l’amitié entre les conjoints.

Elle est satisfaisante quand elle participe à la croissance de l’amour du couple et facilite son unité.  Ainsi elle révèlera à chacun son identité spécifique masculine ou féminine et sera source de communion dans le couple. Elle est un bien très précieux du couple qui lui est spécifique.  C’est par un ajustement permanent fait de dialogue, de tendresse et d’amour dans le respect de la fertilité de chacun que la sexualité sera vraiment humaine telle que Dieu l’a inscrite dans le corps de l’homme et de la femme. Elle est un chemin d’humanisation.

La planification familiale naturelle empêche la spontanéité des rapports sexuels ! Voici une objection fréquente. Cela nuit il à une vie sexuelle satisfaisante ?

(pour le Livret destiné aux utilisateurs)

Il est vrai que le couple qui utilise la PFN connaît des périodes où  il ne peut pas laisser libre court à son désir sexuel. Est-ce un obstacle à surmonter ou une chance pour  lui ?

Cette absence ressentie de spontanéité peut sembler un obstacle à certains moments. Le fait de revenir au bien fondé du choix de la PFN permet de mieux accepter les périodes de continence qui en découle. D’ailleurs la spontanéité peut se vivre pendant toutes les périodes infertiles quand le couple ne souhaite pas concevoir

On peut se demander déjà si les relations sexuelles sont si spontanées que cela , ou s’il n’y a pas comme un idéalisation de la spontané¨té des relation sexuelles? Dans la vie quotidienne, ce n’est pas si facile pour un couple d’être spontanément en phase au niveau des cœurs et des corps. Cela demande souvent un certain temps de présence l’un à l’autre, de parole, de pardon parfois.

Surmonter cet obstacle de non spontanéité possible en couple permet de fortifier l’amour du couple car cela permet de revisiter ensemble le sens des gestes et de la sexualité que le couple a choisi de mettre en place et de réaliser combien la vie sexuelle englobe bien plus que la relation sexuelle en elle-même mais comprends toute une richesse d’être ensemble et de simples gestes de tendresse.

L’expérience montre que cette difficulté s’atténue avec les années de pratique de la PFN

 

La PFN peut-elle être favorable à l’épanouissement du couple ?

(pour le Livret destiné aux utilisateurs)

Nous aspirons tous à l’épanouissement de notre  couple, à se sentir pleinement aimé tel que l’on est, accepté et respecté avec toutes nos caractéristiques d’homme et de femme. 

Il est possible d’aller plus loin .L’épanouissement passe aussi par une attitude qui  laisse suffisamment de place à l’autre, qui a le souci de son développement, de son devenir en tant que personne. C’est  l’amour de don qui introduit le couple dans un mouvement d’accueil de l’autre et de don de soi .Ainsi est consolidé le lien qui unit l’homme et la femme, le couple se fortifie et s’épanouit.   Au fil des ans se construit l’unité du couple malgré les éventuelles difficultés.

La manière de vivre notre sexualité participe à l’épanouissement de cet amour. Choisir la PFN c’est choisir d’accueillir l’autre avec sa potentialité procréatrice, sans réserve. C’est choisir que soit réunies les conditions du don des personnes : vouloir le bien de l’autre dans l’acte conjugal et  se donner pleinement et sans réserve  avec notre fertilité. Et la  mise en place de la continence devient une chance pour le couple et participe à l’épanouissement

Garder au cœur de chaque relation sexuelle la richesse de la fertilité et le lien entre union et procréation est facteur d’harmonie pour du couple car cela favorise la communion .

 C’est aussi vivre en étant ajusté au dessein de Dieu sur le couple, ce qui est facteur de paix.

Qu’elles sont les liens entre ma foi et mon intimité conjugale ?

(pour le Livret destiné aux utilisateurs)

La foi irrigue toute la vie d’un chrétien, et ne se cantonne pas seulement à la célébration du dimanche ou à la vie de prière. La foi me permet de rendre grâce à Dieu qui veut notre bonheur personnel et en couple et qui nous a si bien crée en tant qu’homme ou femme avec nos corps fait pour la communion et notre fertilité pour transmettre la vie. La foi me met en chemin vers un ajustement du sens de la sexualité et de la fertilité : il y a une joie à vivre l’intimité conjugale « selon le plan de Dieu », en respectant la puissance de Vie au cœur de toute relation sexuelle,  et en vivant une vraie chasteté entre mari et femme, respectant l’autre dans son rythme, son désir et l’intégrité de son corps.

L’écoute de la parole de Dieu, l’écoute de l’enseignement de l’Eglise et du magistère me fortifie sur ce chemin de cohérence et d’amour. Elle me permet  aussi de découvrir que la manière de vivre la sexualité concourre à la sanctification de notre couple et que nous sommes invités à une évangélisation de notre intimité conjugale

La faiblesse

Nous avons évoqué de nouveau la nécessité de réfléchir à la place de l'acceptation de la faiblesse et des écarts de nos vies à l'amour que Dieu nous propose. Cela semble une condition indispensable à introduire de manière forte dans notre enseignement auprès des jeunes et auprès des couples. Sans cela le jeune ou le couple est mal guidé et ne peut pas se lancer à la suite du Seigneur. Nous retravaillerons ce sujet. Nous lirons en particulier les Confessions de Saint Augustin.

Le beau

Anne Nöel nous a présenté la pédagogie utilisée par elle et son mari, Richard, auprès des jeunes, en matière de sexualité. Ils montrent la "beauté de la femme". Le beau est un thème auquel nous aimerions donner plus de place lors de prochaines rencontres.

La béatitude

Nous sommes appelés à la béatitude. Nous souhaiterions approfondir ce point lors des prochaines "Cigognes". Nous lirons en particulier le livre de Jean Vanier : la morale du bonheur.

La continence conjugale

Avertissement : Ce document est en cours de rédaction. Ici, nous avons la version actuelle, qui reste à reprendre pour le fragmenter en sous chapitres traitant de domaines moins vastes. Des paragraphes seront encore améliorés sur le plan de la forme.

 

Qu’entend-on par continence ? quel sens a la continence ? comment vivre la continence et quels en sont les fruits ?

Définition de la continence périodique

Désirer une relation pour une communion et décider d’y renoncer pour un temps car ce n’est pas le moment de transmettre la vie, c’est cela la continence périodique proposée par la PFN.

Quelle différence entre abstinence et continence ?

Si la réalité à court terme est similaire, c’est-à-dire, l’absence de relation sexuelle, le sens et la motivation sont différents. C’est souvent vécu comme il y a tant de jours où l’on ne peut pas avoir de relation sexuelle.

Dans le terme abstinence, le préfixe « ab » met l’accent sur la privation, certes réelle, mais ici elle est vécue au premier plan.

Dans le terme « continence », l’accent est mis sur ce qui est « contenu », retenu » à savoir l’accomplissement de la relation sexuelle. Celle-ci est différée pour faire place à autre chose, une autre manière de dire son amour : tendresse, dialogue, attention à l’autre, etc. …Le couple a décidé de se dire son affection autrement à cette période -à. Ce qui implique une décision partagée et un chemin de maîtrise de soi.

Quand des parents proposent à des enfants comme effort de carême de se priver de bonbon ou de chocolat pour donner à des plus pauvres en signe de charité, n’est-ce pas du même ordre ? Ce qui est de l’ordre de la nourriture ou de l’argent ne serait pas applicable dans le domaine de la sexualité ? Quand un enfant exprime un désir pour un cadeau, obtient-il toujours une satisfaction immédiate ? va-t-il ouvrir son cadeau de Noël avant la date ?

Est ce dur de vivre la continence?

Oui car c'est un chemin de vérité sur soi-même. C'est aussi un chemin de purification de soi-même par l'acceptation de ses limites, la capacité à se donner gratuitement pour l'autre et à accueillir généreusement la vie.

Mais ce chemin d'exigence rend heureux, car il est fait de multiples combats qui nous révèlent dans notre être le plus profond (relation avec le Créateur), et dans notre capacité à rendre l'autre heureux par le don de soi.

Est-ce une attitude excentrique, contraire à la liberté, source de frustration, contraire à l’amour conjugal ?

N’y a-t-il pas d’autres domaines où le désir doit patienter ?

Les parents n’apprennent-il pas à l’enfant à savoir attendre pour satisfaire des désirs élémentaires : ne pas manger en dehors des heures de repas, aller dormir à des heures régulières, ne pas acheter de suite tout ce qui peut faire envie, apprendre à faire des économies pour s’offrir un beau cadeau etc. Tout cela pour dire que tout désir n’est pas bon ou mauvais en soi. Il a besoin d’être accueilli, pour en connaître la signification, pour apprécier sa valeur : est-ce bon pour le moment ou non ? Il en est de même à l’âge adulte. Les sportifs savent faire des efforts, se priver pour obtenir un résultat. Un passionné de musique, de sport, d’art ou autre chose saura se priver dans d’autres domaines pour obtenir nourrir sa passion. La frustration est donc possible si elle a un sens, une signification, un objectif. Il en est de même pour la continence en matière de sexualité. 

Continence et Liberté.

Dans la conception contemporaine, la liberté, est l’autonomie radicale : nous sommes des êtres parce que notre volonté est le point de référence essentiel de mon choix.

Dans une vision personnaliste, c’est la maîtrise de soi, et non l’affirmation de soi, qui est l’indice d’une véritable liberté humaine.

Et nous parvenons à cette maîtrise non pas en réprimant ou en éliminant ce qui est naturel en nous, mais en canalisant sciemment et librement ces instincts naturels de l’esprit et du corps dans des actions qui approfondissent notre humanité parce qu’elles sont conformes aux choses telles qu’elles sont.

Le corps révèle l'invisible dans ce qu'il a de spirituel et de divin.

Pourquoi la continence conjugale ?

Pourquoi la continence ?

Nous voulons le bonheur et nous le cherchons.

Il se trouve dans le respect des lois inscrites par Dieu dans sa nature. Les accepter, les observer avec intelligence, bienveillance et amour (admiration), nous donnera les clés de cette recherche.

La sexualité humaine est un don du créateur. Elle est belle car elle nous ouvre sur la vie à donner et sur la communion au travers du don réciproque des personnes. Cependant, le cycle de la femme, invite le couple à réguler cette ouverture à la vie, par une maîtrise du rythme des unions, en fonction de sa décision d’accueillir un enfant ou pas.

C’est dans cette régulation que la continence s’inscrit.

Tout couple qui souhaite retarder une grossesse est mis devant l’alternative : soit il agit pour supprimer la possibilité fécondante de tout acte sexuel soit il accueille cette possibilité quand elle existe et choisit alors de retarder  la réalisation de l’acte sexuel : il décide de réguler sa sexualité et non sa fertilité.

 

La continence a-t-elle un sens ?

C’est choisir d’accueillir le dessein du Créateur non pas au sein d’une biologie « sacralisée » mais dans le respect des deux dimensions de l’acte conjugal. C’est bien le même acte qui peut exprimer le don des personnes l’une à l’autre et la possibilité de la transmission de la vie. Il ne s’agit en aucune manière de n’avoir de relation que lorsque le couple souhaite transmettre la vie. Vivre une union conjugale en période infertile respecte le rythme donné par le créateur et la signification de l’acte conjugal. C’est accepter de réguler non pas la fertilité mais la sexualité. C’est accepter le rythme que je n’ai pas choisi et là sera, peut être, la difficulté pour les personnes. L’union, le don des corps est totale dans le fait qu’ils se donnent l’un à l’autre avec leur potentiel de fertilité intact. Ils sont fertiles même si l’acte de cet instant ne sera pas fécondant de manière certaine.

Pour nos contemporains, c’est la globalité de la vie sexuelle du couple qui doit être ouverte à la fécondité, et pas chaque acte sexuel. Une hiérarchisation est établie entre intention et acte. L’intention est placée en premier : s’aimer. Nous adaptons notre agir en fonction de cette intention comme si nous avions la charge de chercher quel sera l’agir qui nous permettra d’atteindre avec le plus d’efficacité cet amour.

L’analyse de l’acte bon nous rappel que chaque acte doit être bon et que l’intention n’est pas à privilégier. Un acte est bon si l’objet de l’acte et l’intention sont toutes deux bons. Il est important d’identifier l’acte précis que l’on « veut » poser, l’action intentionnelle de base (un acte sexuel non fécondant)). Cet acte précis n’est pas à confondre avec l’objectif global, plus ou moins lointain qui est poursuivi (espacer une grossesse). C’est au contraire très concrètement l’acte qui est posé de manière volontaire : quelle est sa matérialité (supprimer la possibilité de fécondation) et quelle est l’intention immédiate (ce qui est voulu).

Ce n’est pas sacraliser la biologie mais donner au don des corps une signification beaucoup plus grande  que celle envisagée au départ : l’adhésion à la volonté du Créateur qui nous a fait à son image, Lui qui n’est que Vie et Amour. C’est un chemin de découverte sur lequel chacun est appelé à avancer.

La continence est-elle source de frustration ?

Pour le couple qui choisit la régulation naturelle des naissances, la maîtrise de la fécondité passe par la continence périodique. Inévitable, la continence apporte dans la vie du couple une frustration. Elle rappelle une coexistence difficile entre la pulsion sexuelle, la pulsion de procréation et la nécessité de limiter les naissances.

Ce  chemin étroit et rigoureux reste dans l’esprit de beaucoup un point noir des méthodes. Il semble souvent difficile d’accepter un certain nombre de jours de continence. Cette privation va à l’encontre des désirs immédiats.

La privation volontaire de relation sexuelle n’est pas nocive pour la santé quand elle est un choix libre au service de l’amour. La pulsion ne pouvant pas être satisfaite au sein du couple, y a-t-il le risque de chercher satisfaction ailleurs ou de manière déréglée ? La question ne peut pas être éludée. C’est à chacun d’oser voir en face sa vulnérabilité, sa faiblesse, ses limites. C’est une richesse que d’en prendre conscience car c’est l’occasion de grandir en humanité quitte à se faire aider tant sur le plan humain pour se pencher sur les zones d’ombre de son histoire psychologique que sur le plan spirituel, sans dissocier les deux et sans les confondre.

 

Faire ce choix c’est se situer sous le regard du Créateur et accepter de recevoir le sens d’un acte de LUI. Dieu « est » Amour et Vie : pour lui Vie et Amour sont synonymes. Il a voulu faire l’homme à son image en particulier en lui conférant ce lien Amour et  vie à transmettre. Il nous appartient d’avancer sur le chemin de la ressemblance où il nous laisse libres de nous engager ou non. En Dieu, Amour et Don de la vie sont un seul et même acte :  Il invite le couple à Lui ressembler dans la transmission de la vie.

En quoi les méthodes naturelles sont-elles naturelles ? Elles le sont parce qu’elles concernent l’être et la vocation des époux, et non pas à cause du rythme biologique naturel.

Comment vivre la continence conjugale ?

- La continence est un choix qui se fait à deux :

Elle a un sens si c’est un choix fait par le couple. Aucun des deux ne l’impose à l’autre. L’adhésion personnelle au pourquoi de ce choix  est nécessaire. C’est le choix et la responsabilité de chacun de chercher à savoir pourquoi ce choix est fait avec les divergences possibles, les éclairages mutuels, les difficultés éventuelles. Faire plaisir à l’autre est bien, mais il est essentiel d’essayer ce comprendre l’autre et de l’accueillir dans sa différence pour savoir comment se situer : je l’accepte vraiment ou bien je me résigne à faire ce qu’il ou elle veut avec le risque d’accumuler au fil des ans une rancune sourde mais dangereuse ?

- La continence se vit à deux au quotidien :

C’est de manière très concrète parfois s’aider mutuellement dans l’observation, la notation et l’interprétation des signes de fertilité. C’est choisir l’abstinence d’union, acceptant la différence, l’effort, la frustration  mais comme signe d’amour de l’autre. C’est accepter de découvrir sur ce chemin parfois difficile, des richesses insoupçonnées.

Continence et vertus : La tempérance ou sobriété.

Est tempérant, dit-on, celui qui n'abuse pas de nourriture, de boisson, de plaisirs, celui qui ne boit pas trop d'alcool, qui ne laisse pas sa conscience s'anéantir par la drogue, etc.

Au plus profond de nous s'expriment notre corps et tout ce qui lui appartient : ses besoins, ses désirs, ses passions, celles des sens avant tout. La vertu de tempérance permet à chaque homme de faire triompher ce qu'il est au plus profond de lui-même.

Est-ce là une humiliation de notre corps ? Une diminution ? Non, au contraire ! Cette maîtrise met en valeur le corps.

La vertu de tempérance fait en sorte que le corps et nos sens trouvent la juste place qui leur revient dans notre être humain.

Possède la vertu de tempérance celui qui sait se maîtriser, celui qui ne permet pas à ses passions de l'emporter sur la raison, sur la volonté et aussi sur le cœur.

Elle est indispensable pour que l'homme soit pleinement homme. Il suffit de regarder celui qui se laisse entraîner par ses passions et en devient la victime, renonçant de lui-même à l'usage de la raison pour comprendre clairement qu'être homme c'est respecter sa propre dignité et donc, se laisser guider par la vertu de tempérance.

Cela conditionne les autres vertus de prudence, de justice et de force.

Mais il faut dire aussi que toutes les autres vertus sont indispensables pour que l'homme soit tempérant (ou sobre).

Pourquoi faire des efforts dans le domaine de l’amour conjugal ?

Ceci demande d’abord de savoir ce qu’aimer veut dire. C’est ou bien, prendre, ou bien donner, en sachant que la réalité fait que les deux possibilités coexistent. Mais le choix premier, le moteur, le désir sont-ils de l’ordre du don ?  Si aimer c’est se donner, alors ne soyons pas étonnée que les efforts soient au rendez-vous. Les parents ne font-ils pas des efforts de toutes sortes pour aimer leurs enfants ?  Il n’y a pas d’amour sans renoncement et donc sans effort. Les efforts sont à faire dans le domaine professionnel, sportif, scolaire, etc. l’expérience fait découvrir que se donner peut être source de joie. Là aussi c’est à découvrir.

Est-ce seulement une question de volonté ?

 La première démarche est une démarche de connaissance non seulement de la fertilité de la femme, ce qui est déjà un premier pas, mais celui-ci en appelle d’autres. C’est se connaître soi-même dans ses richesses et ses limites, ses vulnérabilités tant pour l’homme que pour la femme. Connaître ses limites permet d’ouvrir un chemin de croissance et non de s’y enfermer avec résignation, tristesse ou culpabilité. Ceci est une décision, un chemin pour chacun et pour une aide mutuelle. Une aide extérieure peut parfois être nécessaire, couple moniteur, conseil conjugal, accompagnement spirituel.

Est-ce possible en toute circonstance ?

Quelle que soit la situation, il y a toujours une possibilité : post-partum, après contraception hormonale, à la quarantaine, travail de nuit etc. Certaines conditions peuvent rendre les périodes de continence plus longues et constituer une difficulté. Cela dit il s’agit bien d’un chemin de découverte ? certains chemins sont plus rudes et caillouteux que d’autres ? les forces de chacun sont variables. Il est donc nécessaire que chacun puisse se demander où il en est de son choix au départ ? des efforts déployés ? de la découverte de ses limites ? de son désir d’avancer ? des moyens pris pour avancer ?

Il existe de très rares situations médicales qui exigent un traitement qui a pour effet secondaire de bloquer toute activité ovarienne rendant tout observation inutile. Ce sont des traitements de longue durée, voir jusqu’à la ménopause et c’est souvent vécu comme une contrainte pénible.

Est-ce pour toute la vie ?

Le Choix n’est jamais fait une fois pour toutes. Les naissances, les soucis divers et variés, le temps qui passe vont inviter le couple à refaire ce choix comme d’autres choix d’ailleurs. Le Oui du mariage est le premier d’une longue série. Il sera à renouveler et à approfondir, à incarner au quotidien et avec les imprévus de l’existence. Ce choix est à nourrir de différentes manières tant sur le plan humain de l’intelligence : savoir pourquoi je fais ce choix est essentiel. Il est à nourrir aussi sur le plan conjugal par le dialogue et sur le plan de la vie spirituelle.

La continence n’éloigne-t-elle pas l’homme de la femme ?

Il est indispensable que le couple prenne le temps de  s’écouter pour entendre l’autre dire ses attentes, ses difficultés, ses joies dans une attitude bienveillante pour voir ensemble comment avancer. La confiance dans l’autre est essentielle. Chacun est capable de grandir. Chacun est le premier confident de l’autre. Bien évidemment la continence n’est pas l’abstinence de toute expression de l’amour. L’affection peut se dire autrement. À chacun de dire à l’autre la petite attention qui le touche particulièrement. Pour cela il faut parfois oser se dire à l’autre et ne pas jouer à la devinette en permanence. 

La continence n’est-elle qu’une option possible ?

Quelle est la différence entre comportement contraceptif et continence périodique au niveau de l’agir. Pour qu’un acte soit bon, il doit avoir son objet bon son moyen bon, son intention bonne, ses fruits de la joie, et il doit correspondre à sa finalité. Quel est l’objet de l’acte contraceptif ? Supprimer ou priver volontairement l’acte conjugal de sa possibilité de procréation. D’un point de vue profane, n’est-il pas risqué de désunir des choses unies symboliquement, comme l’amour et la procréation, sans toucher la nature de la création ?

Le choix de la continence périodique  n’est pas une option parmi d’autres qui seraient équivalents. Elle implique de fait une autre vision de la relation sexuelle, du lien conjugal, voir de la filiation (voir  chapitre II). Elle implique aussi une relation différente au Créateur de manière très inconsciente : la fertilité est bien encombrante. Elle est loin d’être accueillie comme une richesse. Il faut la mettre de côté. La grossesse est devenue un risque permanent, voir un échec de méthode. 

L’éloge de la faiblesse

Nous constatons qu’il n’est pas suffisant que le couple comprenne le bien fondé de la PFN pour choisir de l’utiliser. Il y a d’autres obstacles. Nous envisageons l’obstacle constitué par la peur d’affronter la « faiblesse humaine » en particulier lorsqu’il s’agit d’envisager la continence demandée par ce choix. Il s’agit de cette attitude qui nous éloigne de notre attrait pour le bien afin de ne pas avoir à regarder en face nos limites. Pour choisir les méthodes naturelles de régulation des naissances, il faut en effet deux choses :

Avoir la compréhension de la sexualité humaine : sa beauté, sa grandeur.

Se mettre dans une attitude d’acceptation de notre faiblesse humaine. Ceci semble être une condition essentielle.  

Face à la conscience que nous avons d’être faible, nous pouvons, soit la nier, soit se laisser écraser par elle, soit au contraire la prendre en compte. Quels en sont les inconvénients ? On a la nie en choisissant la technique qui rend tout puissant. On se laisser écraser par elle : « je ne peux pas et je choisis la technique pour pouvoir ».  Le contraceptif « règle le problème » sans nous mettre face à la peur d’échouer dans notre entreprise.

L’intérêt de l’attitude d’acceptation de la faiblesse humaine est grand. L’acceptation de la faiblesse permet d’oser se lancer dans l’utilisation des méthodes naturelles. Nous n’osons affronter la situation créée par le choix de la continence périodique que si nous ne sommes pas arrêtés par notre crainte de ne pas être à la hauteur.

De manière générale, il est important de prendre en compte la faiblesse humaine.

- La faiblesse est constitutive de notre réalité humaine, elle nous rejoint dans notre expérience. Vie et faiblesse sont intimement liées. Si on se prive de la faiblesse, on peut en venir à se priver de la vie (avortement, handicaps, …).

- La faiblesse nous conduit à la confiance (Cf. Ste Thérèse : c’est à partir de ma faiblesse que je peux rebondir).

Il est donc essentiel d’accepter la nature humaine dans sa faiblesse.

Y a-t-il une façon chrétienne de vivre la continence ?

Le couple chrétien en vivant la continence périodique fait un acte de foi : Il fait confiance au Créateur par l’accueil d’un rythme non choisi et accepte de dépendre d’une manière générale de Dieu et pas uniquement dans ce domaine. Il est ainsi invité à mettre toute sa vie sous le regard de Dieu.

Il accepte d’entrer dans le rythme de Dieu. La création ne s’est pas faite en un jour. Dieu a voulu l’alternance, la nuit et le jour, le ciel et la terre, la lumière et les ténèbres, les saisons. La société occidentale ne sait plus attendre : tout doit se faire rapidement : la culture des légumes, la cuisine, les repas, la voiture à crédit etc. C’est le règne du « fast-food » dans de nombreux domaines

Le temps nous est donné pour nous convertir. Notre Dieu est patient

Il fait aussi confiance à L’Eglise, Corps du Christ qui sans cesse nous invite à répondre à l’attente du Seigneur.

« Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » Saint Paul 2 cor 12,10

«  Je ne suis pas venu pour les justes mais les pêcheurs »

Nous reconnaissons  nos faiblesses dans beaucoup de domaines assez facilement : la charité, les relations familiales, la colère, la gourmandise parfois, etc. et dans le domaine de la sexualité, il faudrait être irréprochable, sinon  il faut changer la « loi » pour qu’elle s’adapte à mes possibilités.  

Et d’un point de vue chrétien, n’est-il pas risqué de désunir l’amour de la procréation, sachant que Dieu lui-même est Amour et Créateur ? c’est bien là l’essentiel et non le respect du cycle biologique même si cela en est la première conséquence.

Pour un couple chrétien il y a une nécessité d'accepter que la Lumière de l'Evangile éclaire jusqu'à l'intimité conjugale. Jésus est Sauveur jusque dans les relations amoureuses. La Révélation nous enseigne que le coeur et le corps doivent entrer dans une libération. Ils ont besoin d’être éduqués à la liberté dans la vérité de leur être afin de grandir dans un amour libre et responsable. Le couple est appelé à la sainteté jusque dans son comportement sexuel. Il peut être nécessaire d’accepter aussi que Jésus visite les faiblesses, les chutes dans ce domaine pour que l’amour triomphe de tout désordre, de toute tentation. L'homme ou la femme ont quelquefois la tentation de soustraire à Dieu qui en est pourtant le Créateur et le Rédempteur cet aspect de leur intimité. Le Créateur en s'incarnant nous rappelle que notre vie en son entièreté doit lui être offerte car c’est Lui qui la sauve.

Que faire face à la contradiction ?

La contradiction peut porter sur différents aspects : la fiabilité, la continence sont les deux points les plus fréquemment évoqués. Il n’est pas inutile de faire préciser ce que la personne entend par « méthode naturelle »  car le calcul Ogino est encore très présent dans les esprits. Pour ce qui est de la continence, oser dire  parfois les raisons du choix, être visiblement heureux en couple ce qui ne veut pas dire sans difficulté, témoigner de l’attention à l’autre dans l’ordinaire de la vie, le vivre avec humilité, ne pas juger.

Quels sont les fruits de la continence conjugale ?

La continence a pour but un déploiement plus grand de l’amour conjugal.

 

- En quoi la continence libère le couple ?

Dans la mesure où la continence est un chemin de connaissance mutuelle, il en découle la possibilité d’une plus grande liberté. Le couple est seul responsable de l’espacement des naissances. Chaque acte conjugal est vécu en pleine liberté de transmettre ou non la vie, ceci sous la seule responsabilité des deux membres du couple. Il n’y a aucune ingérence extérieure. Cela peut aider le couple à faire des choix plus libres dans d’autres domaines vis-à-vis des pressions extérieures de toutes sortes. Le choix des priorités de l’existence peut en être modifié. (Ex : Chili)

 

- La continence peut-elle rendre heureux ?

L’attente peut raviver le désir. Introduire un rythme, une périodicité peut éviter un acte devenu parfois routinier ou automatique avec le temps et l’habitude. Le choix de la continence périodique est un choix fait par amour : c’est l’amour qui le motive et vivre la continence va être une aide pour que cet amour grandisse.

- Comment la continence peut-elle faire grandir le couple ?

À certaines époques de la vie, la continence est l’occasion d’entrer dans un rythme, comparable à celui des saisons, du jour et de la  nuit, du travail et du repos. Elle entre alors dans l’ordonnance des choses et se vit naturellement, facilement.

À d’autres moments, la continence représente une réelle difficulté. Elle exige un effort, une adaptation, une recherche et entraîne ainsi le couple à cheminer et à progresser. L’effort imposé par la continence devient source d’enrichissement dans la vie conjugale et familiale. Vécue de manière dynamique, elle touche les différentes dimensions de la vie du couple. Il va apprendre à mieux se connaître, va repérer ses limites, ses pauvretés, va pouvoir en tenir compte. Il va apprendre à développer ses possibilités par l’aide mutuelle d’abord et parfois en se faisant aider, ou bien à vivre avec.

- La continence est au service du lien conjugal

Le dialogue, condition de départ certes va se développer, se poursuivre et résister à l’usure du temps et l’engrenage du quotidien. Certes la continence n’est jamais un acquis mais comme tout lien conjugal.

La continence fortifie la relation entre les conjoints. Dans son exigence, elle fait place à la tendresse, au dialogue, au don et à l’attention réciproque, à toutes ces autres dimensions dont l’amour se nourrit pour s’épanouir. Elle permet au couple de les développer et d’y trouver satisfaction, profondeur et intimité. Le couple est invité à réinventer sa relation, à renouveler les échanges, à s’accorder sur d’autres plans et à fortifier l’union des cœurs. Cette plus grande harmonie se répercutera dans l’entente sexuelle, la continence ayant pour fonction d’unifier toutes les expressions de l’amour. S’il y a des difficultés, la volonté partagée de les traverser renforcera ce lien. La joie partagée unit mais aussi l’épreuve parfois.

- Le temps de continence est un temps donné pour soi-même, pour se retrouver soi-même.

Dans la vie du couple, elle peut être une pause durant laquelle même le désir semble parfois s’assoupir. Elle donne alors au couple un temps de repos et de solitude ; Elle renvoie chaque conjoint à lui-même. Ce retour sur soi permet à chacun de se regarder vivre et aimer, et de confronter la réalité avec ses aspirations profondes. La continence désinstalle et remet en question. Elle met en évidence les évènements qui touchent chacun, ce qui encombre sa vie ou lui fait défaut, ce qui unit ou divise le couple. Cette prise de conscience est une aide à vivre davantage en harmonie avec soi-même et avec l’autre tel qu’il est.

La continence est la condition nécessaire à l’intimité conjugale

 

- La continence est-elle une porte ouverte sur l’Eternité ?

Vivre la continence périodique implique d’introduire le temps, un rythme venu « d’ailleurs » .  le choix est fait de l’accueillir, et d’y entrer. Le temps est lié à la limite de notre vie terrestre. Nous sommes marqués par le temps et le temps qui passe, car il nous conduit vers l’éternité. Il est certes possible de vivre le temps comme une fatalité contre laquelle on se bat plus ou moins. Si au lieu de le subir, nous recevions le temps comme une chance quotidienne de se tourner vers Dieu, de se convertir, de se rapprocher de la vie éternelle 

 

- Continence et ouverture

La continence est aussi une invitation à plus d’unité dans le couple. Elle ravive le goût de s’accorder à l’autre et de marcher côte à côte. C’est ainsi que la prière en couple pourra être facilitée. Par ailleurs l’ouverture qu’elle demande à chacun pourra aider le couple à faire surgir les projets, les priorités : Elle suscite des impulsions nouvelles, et mène le couple aux choix qui s’imposent pour répondre aux appels concrets de sa vie. Se retrouver, c’est aussi évoluer, grandir ensemble et l’un par l’autre. Par le dialogue entretenu, elle est nourriture du couple mais aussi de tout ce qui gravite autour de lui : les enfants, la famille, le travail, les amis, les engagements.

La continence est un chemin de vie. Elle entraîne le couple au-delà de lui-même et le tourne vers les autres.

Meilleur compréhension du lien entre union et procréation

"Dans le plan de Dieu, faire l'amour et faire des enfants sont inextricablement liés"

Charles Daniel et Evelyne nous ont rappelé cette citation importante du philosophe protestant John Wyatt (Questions de vie et de mort. La foi et l'éthique médicale. Edition Excelsis 2000 p. 69)

"L'ordre de la Création veut que ce soit par la connaissance intime et le don de soi impliqué dans la relation sexuelle que nous transmettions à nos enfants ce que Dieu a fait de nous, son image. Dans le plan de Dieu, faire l'amour et faire des enfants sont inextricablement liés."

Le couple ne peut pas employer le principe de totalité parce que "Dieu à l’origine de toute vie humaine"

Il y a un acte créateur de Dieu à l’origine de toute vie humaine. Il existe une potentialité procréatrice cyclique du couple, et dans celle ci, il y a une ouverture à Dieu. C’est pourquoi le couple n’a pas un pouvoir illimité sur sa fonction procréatrice et ne peut pas employer le principe de totalité utilisé ailleurs. (d'après Michel Seguin « La contraception et l’Eglise »  chap 10)

La liberté humaine entre en conjonction avec la liberté divine pour le surgissement d’une nouvelle vie

(d'après Michel Seguin « La contraception et l’Eglise »  chap 10)

La liberté humaine entre en conjonction avec la liberté divine pour le surgissement d’une nouvelle vie. Dieu a voulu se lier lui même au couple dans sa capacité de procréation et réciproquement. En s’approchant du pouvoir de Vie qui les habite, l’homme et la femme s’approchent mystérieusement de Dieu qui a voulu ainsi se lier à eux dans un acte dont les effets les dépassent infiniment. Pour les conjoints, la façon d’aborder cette source de Vie qu’ils portent réellement en eux et qui a son origine plus profonde en Dieu, manifestera s’ils reconnaissent ou non que la liberté divine leur est supérieur et qu’elle demeure souveraine.

Quand un couple prend une contraception, il y a une attitude différente par rapport à « l’ouverture particulière au créateur » inhérente à leur sexualité. Il y a une fermeture, on ne pense même plus à une telle ouverture au partenaire divin. Avec la PFN : les conjoints manifestent qu’ils reconnaissent, acceptent, accueillent cette présence de Dieu possiblement créatrice et inhérente à leur sexualité, même s’ils ne veulent pas d’enfant

Dans la PFN, quand il y abstention de relations sexuelles en période féconde, les époux témoignent de leurs convictions que dans la sexualité, ils sont « coopérateurs du Dieu créateur »

(d'après Michel Seguin « La contraception et l’Eglise »  chap 10)

Dans la PFN, quand il y abstention de relations sexuelles en période féconde, les époux témoignent de leurs convictions que dans la sexualité, ils sont « coopérateurs du Dieu créateur » et respecte la présence particulière de Dieu dans la puissance de Vie que porte leur sexualité.

Sens ultime de la continence : les époux savent que l’amour du Christ passe avant tout

(d'après Michel Seguin « La contraception et l’Eglise »  chap 10)

L’abstention de relations sexuelles pourra devenir lorsqu’elle est moralement requise et même lorsqu’elle est librement choisie (1Co 7-5)le signe de leur amour inconditionnel du Seigneur

Ainsi comprise et partagée par les époux, la continence peut devenir source de fécondité spirituelle et source de croissance humaine. Les faisant grandir dans un amour authentique l’un de l’autre, la continence elle même pourra devenir le signe et la réalisation du don total réciproque d’eux même qu’ils offrent à Dieu.

En optant pour un tel moyen de PFN, le couple manifeste que pour lui Dieu a la 1ère place en toute chose : il témoigne aussi de sa confiance en Dieu qui n’éprouve jamais au delà de nos forces1 Co 10-13

Quelques aspects philosophiques

L'identité

Résumé en attente, de la présentation de Charles Daniel Maire

Charles Daniel nous a introduit dans la problématique de l'identité. Pour le faire il nous a lu l'introduction de son nouveau livre.

Voici quelques phrases sélectionnées qui ont marquées la présentation :

-         "Lorsqu'on se sent menacé, la stratégie du repli identitaire constitue la dernière ligne de défense."

-         "L'invention de soi  (citation de Jean-Claude Kaufmann, 2004) est devenue une préoccupation majeure de la société actuelle"

-         "L'image de soi qui se construit dans le face à face avec autrui est si prégnante qu'il lui arrive d'occuper tout l'espace identitaire."

-         "D'un côté le concept d'identité recouvre tout ce qui est immuable et fait partie de l'héritage génétique de la personne. De l'autre, l'identité confrontée à l'écoulement du temps et à des situations très diverses doit s'exprimer de façon également très diverses mais sans se renier."

-         "Je résumerai très schématiquement la manière dont le philosophe Paul Ricoeur (1913-2005) aborde ce problème. Il commence par étudier les mots qui en rendent compte. D'un côté l'idée de l'identique rendue par le latin idem ou le français le même, exprime le pôle fixe. De l'autre, la capacité de la personne à demeurer elle-même malgré l'écoulement du temps et la diversité des circonstances est désigné par le latin ipse ou le français soi-même. Ainsi Ricoeur parlera de mêmeté pour le caractère qu'il définit comme « l'ensemble des dispositions durables à quoi on reconnaît une personne » . L'ipséité, elle, est bien plus difficile à saisir car elle ne se rapporte pas à une chose qui répondrait à la question quoi ? Elle ne se laisse pas non plus reproduire ou comparer à une autre chose. L'identité ipse est attachée à la personne et elle est de l'ordre de la question qui ? "

-         "Pour rendre compte de ce pôle quasi insaisissable, Paul Ricoeur propose deux pistes complémentaires. 1° Il développe le concept d'identité narrative  : en racontant son histoire, l'être humain exprime son identité telle qu'elle apparaît exposée à l'épreuve du temps et des circonstances. 2° Pour demeurer lui-même et relever les défis d'une existence menée dans un monde changeant, il s'engage par des promesses."

-         "Tenues malgré la durée et les circonstances, les promesses témoignent de la capacité à rester fidèle à soi-même. Accomplir ses promesses donne naissance à autant d'aventures, donc à autant de récits qu'il y a eu d'engagements. Alors que l'invention de soi consiste souvent à adopter des traits identitaires de l'ordre de la mêmeté (repli identitaire), une parole donnée, mise à l'épreuve du temps, puis traduite en récit exprime une identité personnelle de l'ordre de l'ipséité."

 

Dans ce monde où nous sommes face à une grande diversité, présenter l'importance des méthodes naturelles passe par la rencontre de l'autre différent. Il est important pour nous de comprendre notre identité pour savoir rencontrer l'autre. Il sera intéressant de travailler le livre de Charles Daniel et aussi Paul Ricoeur qui a tout au long de sa carrière veillé à être lui-même, chrétien, dans le monde, présent au monde.

Quand Dieu rencontre des femmes

 

 

Evelyne Maire nous a présenté son nouveau livre (livre collectif).

Nous avons pu expérimenter combien, face à un texte de la bible, hommes et femmes portent des regards différents et complémentaires sur le texte.

Voici un outil pédagogique à diffuser!

Philosophie et bioéthique

Un jeune professeur de philosophie de la médecine est venu nous présenter les principes éthiques qui sous-tendent les choix en matière de bioéthique.

"La conscience est déterminée par le statut social donc l’homme n’est pas libre." (Marx)

"La morale a été inventée par les faibles pour pouvoir vaincre le forts" (Nietzsche)

" Le psychisme n’est pas un mais deux. Tout est expliqué par la sexualité" (Freud)

- Cinq approches en bioéthique (Classification à partir de l’enseignement de Denis Biju-Duval à la FICAV 2002) (N.B. Il est intéressant de lire à ce propos le cours de Pierre Protot)

* approche empirique :

L'homme fonctionne comme une machine. La bioéthique consiste à faire que ces fonctionnements se fassent le mieux ou le moins mal possible.

* approche émotionnaliste :

On ne parle pas de la dignité de l’être humain, au sens objectif du terme. La question c’est de savoir si je me sens touché par l’être humain, donc c’est le sentiment de sa dignité qui est pris en compte et non sa dignité intrinsèque.

* Approche procédurale :

Les comités d’éthique travaillent pour l'ensemble. Ils vont essayer de mettre en dialogue ces différentes tendances pour obtenir un compromis qui soit à peu près acceptable par tous, selon des règles qui auront été déterminées par un certain nombre de procédures qui relèvent quelquefois de la négociation, de la construction d’un compromis, éventuellement, dans certains cas, d’un vote majoritaire, ou du désir d’arriver au bout du compte à un consensus sur lequel tout le monde se soit mis d’accord.

* Approche écologique

L'homme n'a pas une place à part dans la nature. Ce qui prime c'est l'équilibre biologique, végétal et animal.

* Approche personnaliste

La vie n’est pas seulement un objet d’investigation, mais elle est la base de toute activité. La forme supérieure de vie est celle qui est propre à la conscience. On ne peut opposer conscience et vie comme on opposerait sujet et objet : les facultés de conscience fondent le niveau plus parfait de l’acte de vivre. La vie consciente de l’homme est le lieu où peut devenir clair ce que la vie est.

Philosophie et plan des organisations ONUsiennes : Hans Kelsen

Hans Kelsen 1881-1973 Théorie pure du droit Pages de l'édition  LGDJ, Paris 1999

Cette philosophie est à la source des conceptions onusiennes des "nouveaux droits de l'homme", du consensus, de l'internationalisme.

Une philosophie du droit qui ne prend pas une anthropologie pour référence

"la théorie du droit [..] dissout le concept de personne, parce qu'elle montre qu'il répond simplement à la personnification d'un complexe de normes juridiques" (p. 190)

"Les normes […] ne sont ni vraies ni fausses; elles sont seulement valables ou non-valables" (p. 27)

Le droit est construit comme un système de normes qui "marche tout seul"

" une norme est valable si et parce qu'elle a été créée d'une certaine façon, celle que détermine une autre norme; cette dernière constitue ainsi le fondement immédiat de la validité de la première" […] "Son unité résulte de la connexion entre éléments […] Cette démarche régressive débouche finalement sur la norme fondamentale, -norme supposée. La norme fondamentale hypothétique-en ce sens- est par conséquent le fondement de la validité suprême, qui fonde et scelle l'unité de ce système" (p. 224)

"la norme suprême ne peut donc être que supposée" (p. 194)

La norme fonde l'Etat

"L'ordre qui fonde cette collectivité est l'ordre juridique qui est qualifié d'ordre juridique national ou étatique, par opposition à l'ordre juridique international" (p. 285)

Vers un état mondial

"le droit international est un ordre juridique supérieur à tous les ordre juridiques étatiques, qui délimite leur domaine de validité respectif, qui seul est souverain, - c'est la théorie de la primauté de l'ordre juridique international. Effectivement, ce droit international contient une norme qui constitue le fondement de la validité des ordres juridiques étatiques" (p. 217)

Inversion du principe de subsidiarité

"Les ordres juridiques étatiques doivent être conçus comme des ordres juridiques partiels, délégués par le droit international et par là même subordonnés ou inférieurs à lui" (p. 325)

Contrainte

"La 'contrariété à la norme' ne signifie pas un conflit entre la norme inférieure et la norme suprême, mais signifie seulement que la norme inférieure est annulable ou qu'un organe responsable de son édition est punissable" (p. 320)

Dissolution de l'Etat

"Si l'on admet que le droit international est un ordre juridique superétatique, les ordres étatiques n'ont plus la souveraineté en matière de compétence" (p. 324)

De la "déclaration universelle des droits de l'homme" à l'élaboration des "nouveaux droits de l'homme"

Cognitivisme

La déclaration universelle des Droits de l'homme, de 1948 repose sur la conviction que les hommes sont capables de découvrir ensemble certaines vérités concernant leur vie et leur mort

Universalité et cohésion sociale

L'homme ne s'invente pas, il découvre qui il est

Ce sont les droits de l'homme qui font de ce qui pourrait n'être qu'une société d'intérêts une communauté de personnes de même dignité

Société politique au service de la personne

L'homme est sujet de droits antérieurement aux institutions politiques et juridiques

Deux sources différentes aux droits de l'homme

Tradition médiévale : homme sous le regard de Dieu

Justnaturalistes (Grotius, Pufendorf) : les références à Dieu étant source de guerre, seule la raison sera utilisée pour les droits de l'homme; place à la raison seule

Historicité ne signifie pas subjectivité

La découverte et l'application progressive dans le temps et dans l'espace, n'est pas à interpréter comme signe de leur caractère non universelle

Remise en cause des droits de l'homme

-          exaltation de l'individu

-          scepticisme et agnosticisme

Non cognitivisme (Hobbes, Rawls,..)  :

"La raison peut être efficace dans les sciences de la nature, il faudra trouver d'autres bases pour fonder les droits de l'homme et la démocratie".

Fondation de l'éthique sur une philosophie sans référence à la métaphysique

Kant :

- Fondement de la métaphysique des mœurs (1785)

- Projet de paix perpétuelle (1795)

reposant sur l'impératif catégorique "Agis de telle façon que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais comme un moyen"

Autonomie radicale : l'illuminisme

Chacun de nous est totalement libre de choisir sa vérité et d'agir selon sa conscience. Il n'y a pas de nature commune.

Consensus

Sens premier : consentement, assentiment de l'esprit à la réalité qui est affirmée

Sens second : entente entre des personnes en vue d'un projet d'action; c'est le sens utilisé actuellement le plus couramment.

Elaboration d'une décision par consensus

Une décision est considérée comme juste, non pas parce qu'elle honore les droits de l'homme, qu'on aurait reconnus et que l'on respecterait, mais parce qu'elle est expression d'un consensus, acquis éventuellement au terme d'un vote majoritaire

Démocratie

Sens premier : La démocratie repose sur l'égale dignité de tous, sur la liberté de pensée, d'expression, d'association

Sens second : L'absolutisation de la majorité comme méthode d'élaboration des choix fait dériver la démocratie: la prépondérance des voies majoritaire place les autres comme divergentes, menaçantes

Monisme

L'homme n'est plus le "centre du monde" : le monde est envisagé comme un monisme matérialiste, une réalité matérielle unique dans laquelle tout est imbrique: le droit d'un animal robuste l'emporte sur ceux d'un homme faible!

Nations et états sont débilités

Les ONG et la société civils sont invités à faire pression sur les états pour courber face à ces normes internationales.

"Vous deviendrez à coup sûr la nouvelle superpuissance" (Le Secrétaire Général de l'ONU aux ONG et à la Société Civils lors des cérémonies du Millenium.

"L'exercice de 'screening' mené à bien en Pologne a fait apparaître un certain nombre de carences dans le domaine de l'égalité des chances, notamment l'absence de dispositions législatives en la matière, des lois interdisant l'avortement, des allocations de chômage versées uniquement à l'élément masculin du foyer, etc.."  Avis de l'Union Européenne document PE 287.004 p 11/14.