Est-ce qu'en annonçant les méthodes
naturelles on fait fuir les couples et on vide les églises?
Effectivement cette crainte existe et peut se
comprendre. L’Eglise s’adresse aux hommes de notre temps et à tout homme. Elle
a pour mission de réfléchir sur le sens de la vie de l’homme et sur sa mission
sur terre. Elle travaille en vérité. La vérité n’est jamais facile à entendre a
priori, parce qu’elle dérange. Il n’est jamais agréable de se rendre compte
qu’on a pu se tromper.
Cependant, si on prend le temps d’approfondir en
expliquant le sens, l’a priori peut changer. C’est un long travail
d’accompagnement.
Refuser d’annoncer la totalité de la vérité, c’est
refuser, au nom de la pastorale, de relever le défi de la pédagogie. Pour la
régulation des naissances, l’Eglise a réfléchie. En 1968 elle a offert un texte
considéré aujourd’hui comme prophétique. Elle a fait un choix. Ultérieurement,
ce choix a été renouvelé et développé.
Nous voulons bien accepter l’Eglise comme
pédagogue dans notre relation à Dieu, mais il nous faut aussi accepter qu’Elle
le soit jusque dans l’éclairage qu’elle peut apporter sur la relation
conjugale.
L’annonce des méthodes naturelles remet en cause
des comportements, des habitudes prises, et peut bousculer des personnes, ou
passer par une oreille et ressortir par l’autre, ou remettre en question voire
culpabiliser.
La manière dont est annoncé le message des méthodes
naturelles est importante. Il faut l'annoncer, non pas comme un diktat, mais
comme un chemin qui va correspondre à la nature du couple, au sens de la
sexualité et de la communion des corps et des cœurs, et qui rend heureux. Nous nous adressons à des personnes libres et intelligentes et
respectons leur liberté. Ils attendent une information juste, positive et
éclairée. Cette information se doit d'être accompagnée d'un accueil de ce
qu'ils vivent et d'une confiance dans leur capacité de progression.
Derrière les méthodes naturelles surgit le sens de
la vie conjugale, de la relation sexuelle et de la transmission de la vie. Ne
pas expliciter clairement les fondements anthropologiques répondant à ces 3
points, revient à glisser vers un relativisme qui rend moins audible, beau, bon
et vrai, le message chrétien sur la vie conjugale, la relation sexuelle et la
transmission de la vie.
Un langage juste et adapté sur l’union conjugale
n’est donc pas optionnel. Il est premier, car il s’agit du lien entre amour et
transmission de la vie.
L'union conjugale est lieu où se rencontrent la
liberté procréatrice de l'homme et la liberté créatrice de Dieu. Nous
entrevoyons là la grandeur et la gravité de l'union conjugale. Dieu a voulu se
lier à l'homme et à la femme pour donner la vie.
Notre vie entière est l’acceptation d’un cadre non
choisi qui devient le lieu même de la vie et de la création. En faisant un
effort de pédagogie pastorale, nous choisissons de ne pas diminuer la vérité et
donc de ne pas chercher à plaire, car cela ne nous appartient pas.
Ce n'est pas parce que l'enseignement de l'Eglise est
difficile qu'il ne faut pas l'annoncer. Nous annonçons ce que le Christ, qui
parle par son Eglise, nous enseigne. Il y va de notre identité de catholique de
connaître, comprendre, réfléchir et méditer sur ce qu’elle dit.
Il y va de l’identité de nos églises que de faire
un effort pastoral afin de propager l'évangile de la vie.
« Ce mystère est grand ». Il est normal
qu'il y ait un décalage entre la parole de l'Eglise et la vie du monde.