Colloque

 

« Pourquoi les méthodes naturelles de régulation des naissances ? »

 

Organisé par « Les Cigognes »

Samedi 4 février 2006

Institut des Sciences de la Famille (ISF) à Lyon

 

Synthèse totale

 

A partir des documents présentés à l’écran et des notes de Pascal Chassang, Françoise Pinguet, Rolande Faure, et de la conférence enregistrée et retranscrite par Hélène Perez

 

Légende :

- Texte droit : Textes présentés en vidéo projection

- Texte italique : Notes prises pendant les interventions orales (Avertissement : ces propos ne sont pas à considérer comme reflétant parfaitement la pensée des auteurs, car ils ont été notés et interprétés plus ou moins fidèlement par les auditeurs chargés des comptes-rendus et n’ont pas été tous relus par les auteurs ; ils sont donnés à titre indicatif seulement)

 

 

But du colloque

-   Faire un état des lieux de la présentation et de l'enseignement des méthodes naturelles dans nos associations, paroisses ou diocèses.

-   Créer des liens et des synergies en vue d’actions à venir.

 

Qui sont « Les Cigognes » ?

-   Un groupe d’adultes et d’enfants, catholiques et protestants, prêtres et laïcs, provenant de diverses associations, se réunissant annuellement entre personnes de terrain et experts en régulation naturelle des naissances,

-   qui s’attache à relier entre eux les aspects culturels, philosophiques, spirituels des méthodes de régulation naturelle des naissances,

-   qui s’attache à développer et réaliser des documents et des fiches techniques sur l’anthropologie des méthodes naturelles, et à les rendre disponibles à toutes personnes intéressées.

 

 

ATELIER 1

1. Quelle place occupe la PFN dans nos activités ?

2. Pour quelles raisons ?

3. Quels sont nos projets d’avenir ?

 

Thierry Veyron-Lacroix, pour la Pastorale familiale de Lyon

1.     La PFN occupe à la fois une petite place (incluse dans l’accompagnement large des familles : éducation des jeunes, divorcés, séparés) et une grande place (elle occupe toute la vie) pour la Pastorale familiale de Lyon.

2.     La Pastorale familiale de Lyon est un lieu fédérateur, dont la vocation est de créer des liens, des conditions pour que les choses avancent, pour que des choses se passent, mais elle n’a pas d’action directe d’enseignement. Pour l’éducation affective et sexuelle, la Pastorale familiale de Lyon envoie vers le CLER Amour et Famille, vers des associations non confessionnelles qui ne sont pas axées sur la PFN.

3.     Récemment, la Pastorale familiale de Lyon a cherché un parcours pour les jeunes et a trouvé le programme TeenSTAR, qui est prioritaire. Il y a aussi l’AFCC, Sesame, Vie et Famille, qui sont non confessionnels.

 

Germaine Pommier et Axelle Rousse, pour le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH)

1. Place

Le CPDH opère une veille des médias, a des contacts avec les décideurs, est un relais. Il n’enseigne pas la PFN, mais en fait la promotion lors de conférences, déplacements, rencontres, séminaires, ou auprès d’associations et paroisses du protestantisme évangélique. Il propose des ouvrages sur la PFN et les inconvénients de la contraception classique.

Diffusion de l’information au travers de rencontres, séminaires, ateliers, conférences, … cadre de paroisses, associations, … stand lors de manifestations chrétiennes régionales et nationales, diffusion de livres et documentation.

2. Raisons

Ses raisons viennent d’une réflexion biblique : Dieu n’a pas attendu l’avènement de la contraception pour donner aux hommes la responsabilité de la régulation des naissances. D’autre part, la contraception a un impact important sur déstabilisation sociale. La PFN est donc importante et bien fondée. Il y a une prise de conscience dans les milieux évangéliques des effets, des modes d’action de la contraception.

Prise de conscience dans le cadre de « Oui à la Vie Diffusion » (créée en 1995) puis du CPDH (créé en 1999).

Engagée depuis plus de vingt ans sur les questions liées au respect de la vie, la problématique de la régulation des naissances s’est imposée progressivement à travers deux facteurs :

-   Une réflexion biblique et anthropologique;

-   Une étude sociologique sur les origines et les objectifs de la déstabilisation sociale et de ses conséquences sur les rapports humains et plus particulièrement sur la sexualité.

-----Message d'origine-----

De : Patrick

Envoyé : vendredi 20 janvier 2006 19:04

À : contact@cpdh.info

Objet : Pilules contraceptives

Bonjour,
Je vous écris pour obtenir des informations sur les pilules contraceptives. Je suis chrétien et je vais bientôt me marier ; je cherche donc une information fiable sur ce sujet. Un article de votre site (ARGENTINE: La contraception abortive dévoilée - Juillet 2004), tout comme d'autres informations que j'ai collectées semblent indiquer que les pilules contraceptives, même de type estro-progestatives ont un effet abortif, même si ce n'est pas leur premier mode d'action; mais ce fait ne semble pas poser de problème aux protestants, particulièrement en France.

----------

3. Projets

Avec l’aide de Dieu :

-  Continuer et développer notre communication dans ce domaine,

-  Encourager des personnes à se former,

-  Développer des partenariats.

 

Père Alain Bandelier, pour le Foyer de charité de Combs-la-Ville

1. Place

Il existe 75 Foyers de charité dans 45 pays.

La PFN tient une place plutôt périphérique, parfois plus spécifique.

En effet, notre spécificité est l’évangélisation au moyen de retraites.

Dans les retraites fondamentales certains Foyers développent la vision chrétienne du mariage dans ses diverses dimensions. Egalement dans les week-ends de spiritualité conjugale et surtout récollections de fiancés. Le Foyer d’Ottrott et des Foyers d’Afrique ont une action de formation PFN.

Certains Foyers ont un cycle de préparation au mariage, donc font de la formation en PFN, notamment en invitant des couples extérieurs, du CLER Amour et Famille par exemple.

2. Raisons

Nous cherchons à répondre à une ignorance ou à une méfiance ambiantes en Europe, à un besoin hors Europe.

3. Projets

Nous cherchons à associer davantage de laïcs compétents à cette recherche.

 

Marie-Josèphe Creps, pour le CLER Amour et Famille

1. Place

La PFN a une place historique au CLER Amour et Famille, puisque l’association est née en 1961 à partir de la régulation des naissances (avec la méthode des températures). Les équipes, souvent formées de médecins, se sont regroupées (Centre de Liaison des Equipes de Recherche) et ont vite mis en place du conseil conjugal et familial, pour aider les couples, car leurs soucis étaient importants, puis l’éducation affective et sexuelle des jeunes, puis des parcours de 3 ans pour des couples. La PFN est aujourd’hui une des activités du CLER Amour et Famille.

2. Raisons

Par adhésion profonde à la pensée de Paul VI et à celle de Jean-Paul II, et Benoît XVI.

3. Projets

-  Etre toujours compétents et experts.

-  Former des moniteurs.

-  Avoir des moniteurs dans toutes les équipes de notre association.

 

Esperenza Coll, pour l’AEPPFN (Espagne)

1. Place

RENAFER est une association espagnole de professeurs de PFN (1990), la PFN est donc le but de l’association. Elle est née d’un groupe de travail d’associations provie.

Grouper les initiatives à propos de la diffusion, de l’enseignement et de l’investigation des Méthodes Naturelles de Planification Familiale Naturelle est le but de l’association.

2. Raisons

La Planification Familiale Naturelle est fondée sur un respect absolu des rythmes biologiques de la femme, et des fonctions qui en découlent, et sur un respect total de la vie humaine.

La PFN est fondée sur une anthropologie intégrale qui tient en compte la personne humaine dans sa totalité.

La PFN permet au couple de prendre la décision coresponsable, dûment mesurée, de procréer ou de remettre une grossesse à plus tard.

En même temps, la PFN améliore les relations et la communication interpersonnelle dans le couple.

C’est pour ça qu’on ne peut pas penser à l’enseignement des Méthodes Naturelles sans dédier une partie également importante à l’éducation de l’usage responsable de la sexualité humaine.

3. Projets

-  Enseignement de la PFN pour usagers.

-  Cours de préparation matrimoniale.

-  Cours d’éducation de la sexualité pour jeunes gens.

-   Suivis de couples

-  Enseignement universitaire de la PFN comme crédits de libre configuration.

-  Instruction de moniteurs de PFN.

-  Nouvelles lignes d’investigation autour de la glaire cervicale et d’autres facteurs de la fertilité.

-  Collaboration à l’organisation du VIIIème Symposium International de PFN, Bilbao, novembre 2006.

-  Participation au Conseil Dirigeant de l’IEEF et à ses activités.

 

Angela de Malherbe, pour TeenSTAR

1. Place

La pédagogie de Teen Star a été initiée par le docteur Annah Klauss et est partie d’une question : « Pourquoi, avec autant de contraception, y a-t-il autant d’avortements ?

L'enseignement des signes de la fertilité humaine occupe une place centrale dans la pédagogie TeenSTAR, cependant  nous n'enseignons pas « une méthode » aux jeunes. Les signes de la fertilité sont le fondement de la pédagogie TeenSTAR. Nous exigeons que les animateurs des parcours connaissent les méthodes naturelles. Nous enseignons  aux adolescents : les phases du cycle féminin, périodes fertiles et infertiles (tableau pour les filles), comment reconnaître le moment de l'ovulation, et les causes de celle-ci (fluctuations hormonales).

2. Raisons

L'adolescent accèdera à une pleine maturité affective et sexuelle si il/elle comprend l’union indispensable entre sexualité et procréation. Nous vivons dans une culture de « réalités virtuelles » : les communications électroniques impliquent l'isolement physique et pourtant un lien avec le monde entier. La sexualité concerne le corps qui « exprime » la personne. La sexualité ne peut être vécue « virtuellement ». Elle concrétise le don total par amour entre deux personnes : l'homme et la femme, un époux - une épouse. Pour reconnaître la valeur de leur sexualité et de leur fertilité, les adolescents ont besoin d’une relation personnelle avec leurs parents et avec l’animateur.

Quand on donne une pilule à une jeune fille, on donne une valeur zéro à sa fertilité, à sa féminité. Sa fertilité naissante devient une maladie. Il faut lui redonner toute sa valeur, favoriser le contact avec le réel, le corps. En trois mois d’observation, la liberté est acquise. Toute la difficulté vient du fait que la contraception a séparé les deux composantes de la vie conjugale : la sexualité (l’union) et la procréation.

3. Projets

Nous avons 5 sessions de formation en projet par an en France. Nous sommes présents dans 31 pays, et en expansion. Après nos sessions, il a été prouvé que 25 à 75 % des jeunes se détournaient de leurs pratiques sexuelles irresponsables.

           

Louis Marie et Anne Joelle Paquet, pour le Centre Billings France (agréé par la WOOMB)

1. Place

Diffuser la Méthode d’Ovulation Billings (MOB) occupe la totalité des activités du Centre Billings France.

La place de la PFN chez nous, c’est 100 %, nous ne faisons que ça. Billings est présent dans 40 pays. Nous avons en France 600 foyers moniteurs, dont 30 en Rhône-Alpes. 50 % des couples demandeurs sont en démarche de mariage.

Pour les personnes suivantes :

-   Couples en démarche de mariage : 50 %

-   Jeunes : 10 %

-   Couples vivant les M.N.R.N. : 10 %

-   Couples en recherche : 30 %

2. Raisons

-   La fécondité est au cœur de la vie du couple

-   En diffusant les M.N.R.N., on partage un guide de construction couple basé sur :

-   Le don des personnes

-   Le respect de l’autre

-   C’est le chemin du bonheur que propose l’Eglise, tout homme aspire au bonheur, c’est pourquoi le Centre Billings France enseigne la MOB à tous ceux qui en ont soif

La méthode Billings permet de proposer un chemin à suivre, fait de respect de l’autre et du don des personnes, Cf. la lettre aux familles de Jean-Paul II. La méthode est un chemin pour le bonheur.

3. Projets

1. Aller vers les Jeunes : par expérience, l’enseignement de la MOB n’est pas facile lorsqu’il s’adresse à un couple déjà installé dans la contraception. Il est plus facile de former les jeunes à la vérité du don des personnes. Il faut donc faire connaître les M.N.R.N. aux jeunes, avant qu’ils se marient. Dans cette perspective, des jeunes se sont regroupés aux JMJ de Paris : « Les Jeunes Témoins de la vie Humaine »

2. Poursuivre avec soin l’enseignement de la MOB :

Pour soutenir les familles en aidant :

-   Les couples à bien vivre La paternité & maternité responsable

-   Les hommes à être époux & père, les femmes à être épouse & mère …

-   Et les époux à être complémentaires

Pour faire connaître les bienfaits des MNRN qui :

-   Préservent l’espace de liberté du couple : La régulation des naissances n’est pas sous-traitée au gynécologue ou au pharmacien.

Il faut faire connaître les bienfaits de la méthode pour positiver, montrer l’espace de liberté.

-   Rapprochent l’homme avec la nature : une chance pour échapper à la «culture de mort» ?

-   Equilibrent la vie de famille et l’ouverture aux autres

En s’appuyant sur la prière (qui féconde notre apostolat) …Notamment la prière du Lundi soir

Nous vous invitons à vous joindre à cette prière avec nous !

En témoignant des joies d’un tel choix, malgré ses exigences

 

Xavier et Sabine Causse, pour Amour et Vérité (branche de l’Emmanuel)

 

1. Place

-   La PFN est intégrée dans l’ensemble de la formation humaine (sexualité, affectivité) et spirituelle dispensée par Amour et Vérité (elle n’est pas un objectif en soi).

-   Elle fait partie des thèmes abordés lors des enseignements donnés sur la sexualité :

-   aux fiancés,

-   aux concubins s’interrogeant sur un mariage éventuel,

-   aux couples vivant ou non les MAO,

-   à tous publics dans le cadre de la formation bioéthique.

-   Les enseignants Amour et Vérité sont formés comme moniteurs par le CLER ou Billings et interviennent sur les aspects pratiques des méthodes.

-   Suivi individuel des fiancés ou des couples qui le demandent.

-   Organisation de quelques cycles pour des couples désirant se former aux méthodes d’auto-observation.

2. Raisons

-   La PFN participe à une juste vision de la sexualité, elle en respecte le sens, sans dissocier l’union conjugale (expression du don total réciproque des époux dans l’amour) de la procréation.

-   La PFN participe à la vision chrétienne de l’amour humain en favorisant la responsabilité et la générosité du couple. Elle renforce l’amour conjugal car elle favorise la croissance de la charité, de la chasteté et du don désintéressé de soi chez les époux.

3. Projets

-   Développer l’information et la formation sur la PFN dans l’ensemble de la pastorale d’Amour et Vérité, en explicitant les fondements anthropologiques et bibliques de l’enseignement de l’église à ce sujet et en montrant les enjeux de cette question pour l’évangélisation des couples et des familles. Aider les personnes à réfléchir.

-   Développer une attitude pastorale et un enseignement qui réponde aux questions et difficultés concrètes rencontrées par les couples en ce domaine.

 

Rolande Faure, pour Claire-amitié

1.     Les foyers Claire-amitié, créés par Thérèse Cornille, regroupent des jeunes de 18 à 25 ans en grandes difficultés familiales, destructurées, souvent de pays lointains, issues de familles décomposées, recomposées, parfois victimes de l’esclavage moderne en France, ou d’un mariage forcé. Le climat du foyer est familial, les jeunes sont en petit nombre. La PFN n’est pas enseignée comme telle, mais le projet est d’aider les jeunes à retrouver leur dignité, donc la (re)découverte d’elles-mêmes, de leur fonctionnement.

2.     Les jeunes filles ne peuvent pas vivre la PFN dans le cadre où elles sont dans ces foyers. La sexualité est difficile à aborder car les jeunes ont souvent subi des violences, et les cultures sont différentes. Nous faisons cependant de l’information, sans tabou.

3.     Dans l’avenir, nous souhaitons poursuivre l’information, lutter contre le formatage des jeunes par le milieu environnant, donner une parole vraie et laisser la liberté aux jeunes d’y accéder ou pas.

 

Lucia Rovelli, pour INER (Suisse)

1. Place

INER est un mouvement né à Lugano il y a 25 ans, issu de la réflexion de quelques couples.

La place de la PFN : nous ne faisons presque que ça.

-   Quelques cours de préparation au mariage

-   Quelque cours d’éducation sexuelle à l’école moyenne

-   Un cours mère-fille de type CycloShow.

2. Raisons

C’est la raison de notre existence comme centre

 

Jean-Marie Andrès, pour les AFC (vice-président)

1. Place

Bienveillance, information sur les associations diffusant les PFN.

2. Raisons

Nous ne devons pas faire mais faire savoir ce que d’autres font bien.

3. Projets

-   Enrichir les enseignements sur le plan de l’approfondissement de la relation homme femme (le désir, amour et sexualité, décliner ces enseignements vers les ados, les jeunes couples rendre justice au désir d’une liberté, d’une égalité vraies…).

-   De façon générale être plus clairs, plus concrets moins moralisateurs.

-   Mieux rendre compte de la Création comme source de bonheur et demander moins d’héroïsme.

-   Faire le lien entre technique, corps, procréation … et amour, relation, don.

-   Aider les parents dans leur tâche éducative.

 

 

ECHANGES

 

Félicien Adotevi

Président de la FIDAF de 1986 à 1995, président fondateur de l’association sénégalaise pour la promotion de la famille, responsable d’une partie de l’Afrique pour la FAAF (présidée par Dany Sauvage de l’Ile Maurice), porte-voix de la FAAF à ce colloque.

L’association sénégalaise pour la promotion de la famille existe depuis 20 ans, elle est pluriconfessionnelle et pluriraciale. C’est une école, un mouvement, un service. Nous avons 600 éducateurs en PFN, enseignant aux couples et aux jeunes. Nous faisons de la plaidoirie pour la PFN, notamment auprès des bailleurs, décideurs, politiques.

Les raisons :

- La PFN a son centre dans la défense de la vie de l’homme, de la femme, de l’enfant. Pour le contexte africain, la vie est très importante. Un discours portant sur la vie est mieux enraciné chez nous qu’autre chose.

- La PFN permet de rejoindre d’autres groupes pour le statut de la femme, qui a droit de parole sur toutes les questions de l’existence. C’est un agent principal du développement économique du pays.

- La PFN permet de rétablir le droit de parole des jeunes au sein des familles et au sein du pays, c’est la seule méthode qui permet de rejoindre les jeunes dans leur vie, leurs interrogations, leurs préoccupations.

- La PFN nous intéresse parce que nous sommes croyants, nous rejoignons Jean-Paul II (12 % de chrétiens, beaucoup de musulmans).

« Quand on entend le cri de détresse d’un homme, on entend le cri de Dieu ». Et la pauvreté est un cri de détresse.

- Nous persistons car les évaluations disent que la PFN est une méthode d’avenir. Ceux qui nous combattaient hier, essayent de nous récupérer aujourd’hui. Par exemple, nous assistons à un changement de mentalité contre le sida : il y a 10 ans, le discours était « préservatif » ; maintenant, c’est « abstinence ou fidélité, sinon préservatif ».

Les projets :

- Développer de nouvelles stratégies.

- Atteindre le clergé, car il a un discours sur la PFN qui reste trop théorique. Il y a besoin d’expliquer qu’il faut joindre l’action aux discours pour avoir des résultats.

 

Isabelle Ecochard

Présidente de l’IEEF

La philosophie (qu’est ce qui construit la pensée, le pourquoi) de la régulation des naissances est essentielle. C’est la base de l’éducation affective et sexuelle, du conseil conjugal. Sans cette philosophie, l’éducation affective et sexuelle et le conseil conjugal se délitent.

 

Michele Barbato, du CAMEN (Italie)

Au risque d’être provocateur, je dirais que la plupart de nos activités de PFN font la promotion de la contraception… Beaucoup d’activités de PFN ont ouvert la porte au concept de contraception, au niveau technique. Si nous proposons la PFN uniquement au niveau biologique, sans bases philosophiques et anthropologiques, nous favorisons la contraception. Il faut réfléchir à la philosophie du « pourquoi la PFN ». Les moniteurs n’ont pas assez la capacité de poser des questions, de développer la réflexion. Il y a un défaut de formation. Autrement, nous ferons un travail de promotion de la contraception, même si nous n’en avons pas conscience. L’utilisation de la PFN est passée de 18 % à 4 % en Italie, peut-être à cause de ça.

 

Angela de Malherbe, de TeenSTAR

Aller surtout vers les jeunes. Faire découvrir la PFN aux jeunes, c’est primordial : certes ils sont déformés, mais pas encore trop. Les inviter à réfléchir au sens : que veut dire aimer ? que veut dire une relation sexuelle ? En démarrant avec les signes du corps, on va vers un émerveillement, une découverte, je comprends la différence homme / femme, la notion de respect, le lien sexualité - fécondité… La sexualité exprime la personne, en totalité.

 

René écochard

Je vois un élément fort : le travail que nous faisons est un travail de fond qui nécessite du temps. Dans notre pratique personnelle, nous l’avons récemment amélioré : au lieu d’une ou deux heures de formation (qui comme le dit Angela, sont du déblayage de ruines), il faut prévoir de faire une formation d’une semaine, car ce que nous proposons n’est pas limité à la sexualité, mais c’est une vision de l’homme. Savoir exiger du temps : « Non, je ne viens pas vous parler de méthodes naturelles si c’est juste pour une heure, mais je viens si on peut travailler 3 jours. »

 

Esperenza Coll, de l’AEPPFN

Les méthodes naturelles, ce n’est pas la fin du parcours, c’est un style de vie.

Ce n’est pas une régulation, car la fertilité est là, on ne la régule pas.

Le mot méthode doit être mis en dernier.

 

Xavier Causse, d’Amour et Vérité

Les jeunes ont encore cette capacité d’émerveillement intacte. Chez les jeunes filles, il y a un grand retentissement de l’explication du corps tourné vers la vie. Chez nos contemporains, il y a une très grande ignorance de leur propre biologie, et une déformation de la sexualité. Il est possible de redémarrer à partir de ça.

 

Félicien Adotevi

La méthode devient une contraception s’il y a l’obsession de la continence pour éviter une grossesse : si nous notre préoccupation majeure est d’éviter la grossesse, nous sommes promoteurs de contraception. Il faut dire « éviter ou faciliter une grossesse ».

Le matériel pédagogique est très important : il faut chercher dans la nature ce qui rappelle le fonctionnent du corps, cela accroche mieux. Les jeunes ont besoin de communication.

 

Marianne Goldschmidt, de l’Union Evangélique Médicale et Paramédicale

La réflexion anthropologique est très importante. Les couples qui ont une telle réflexion sont plus bardés contre les agressions et pressions pour amniocentèse et autres diagnostics prénataux.

 

Philippe Lafont, du Centre Billings France

L’utilisation de la PFN est descendue à 4 % en Italie, peut-être, mais ce serait encore moins si nous n’étions pas là.

Le charisme du témoignage est très important, c’est notre travail. Le témoignage de couple à couple a grande valeur.

Les méthodes sont aussi là pour favoriser les grossesses.

 

Lucia Rovelli, d’INER

L’homme a besoin d’être accompagné dans le temps : une formation à 15 ans ne suffit pas, plus tard ça va être la contraception, pas forcément la pilule, mais une contraception mentale …qui conduit au diagnostic prénatal et à l’IVG.

 

Père Yannick Bonnet

Les lycéens ont tous fait l’expérience de l’amour passion, qui les a conduits au désastre, mais ils n’ont pas fait l’expérience de l’amour vrai. Mais justement, c’est un bon point de départ.

 

France Auphan, des AFC Lyon

Aux AFC à Lyon, nous montrons la merveille de l’amour, pas seulement la PFN.

 

Pierre Benoit, de l’Institut des Sciences de la Famille (ISF) à Lyon

Il faut faire attention que la philosophie ne soit pas une idéologie. Il n’y a pas d’accord social actuellement sur la philosophie de l’homme. Il faut faire attention de ne pas produire de choc social. Il faut plutôt découvrir les principes à partir de l’observation. Lier la sexualité au rapport à l’enfant, donc le besoin de longue durée, donc une éthique, donc des choix sociaux. Ainsi, on désenclave la sexualité de la jouissance, et on l’ouvre à plus large. La prise en compte de l’homme produit la philosophie.

 

 

SYTHESE, par Rolande Faure

 

Nous recevons une grâce, aujourd’hui, de porter un regard attentif sur tout le travail qui se fait, un travail important qui englobe la PFN.

Chacun porte dans son cœur le projet d’en développer une vision globale. Pour l’avenir, nous devrons enraciner la PFN dans une vision plus large et globale de l’homme. Beaucoup de jeunes, de couples, de chrétiens, n’ont pas eu la chance de pouvoir la découvrir. Emerveillement, accueil, champ immense, un travail de fond à faire grandir, et chacun peut apporter des éléments.

 

 

ATELIER 2

1. Comment présentez-vous la proposition de votre Eglise sur la régulation des naissances ?

2. Quels outils utilisez-vous ?

3. Quels publics touchez-vous ?

4. Percevez-vous des doutes quant au bien fondé de la PFN ? Pourriez-vous les formuler ?

 

Thierry Veyron-Lacroix, pour la Pastorale familiale de Lyon

1.     C’est une bonne nouvelle ! Mais nous ne la présentons pas en direct, sauf pour la formation des personnes qui interviennent pour les fiancés. La morale ne sauve pas ; c’est la foi qui sauve. Le Christ ne s’est permis des paroles de morale que s’il y avait eu une conversion avant. Je trouve très heureux en vous entendant qu’on soit sorti de la moralisation. La bonne méthode ne fait pas le bon couple.

2.     Les outils : ce qui est nécessaire, c’est la stratégie de savoir ce qui va être efficace et fécond.

3.     Toucher les jeunes, les fiancés, est plus facile et efficace. Le message est facile d’accès. Il faut du temps.

4.     Nous n’avons pas de doutes personnels, mais on perçoit des doutes auprès des personnes qu’on reçoit ; ces doutes demeurent liés au cheminement personnel de chacun. Il y a toujours un moment de débat, malgré la pédagogie et la délicatesse.

« Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne homme. »

Le magazine « Simples questions sur la vie », des évêques français, est excellent.

 

Germaine Pommier et Axelle Rousse, pour le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH)

1. Présentation

De par leur structure même, nos églises n’ont pas de position « officielle » sur la PFN. De plus, cette question a été, sauf exception, largement ignorée, voire occultée. De ce fait, l’influence de la pensée contraceptive est largement dominante, même si quelques signes encourageants montrent une évolution aussi dans ce domaine.

2. Outils

Diffusion de livres, brochures, notre site internet, conférences, séminaires, débats de jeunes, enseignement dans les paroisses et autres milieux associatifs.

3. Publics

L’ensemble du protestantisme (principalement évangélique) toutes tendances confondues.

4. Doutes

Variable suivant le cheminement des personnes. De notre côté, conviction totale !

Le CPDH n’a aucun doute, mais il y a des doutes dans notre milieu, par méconnaissance, manque d’ouverture, et besoin de cheminement personnel.

 

Père Alain Bandelier, pour le Foyer de charité de Combs-la-Ville

1. Présentation

Sa triple pertinence écologique, anthropologique, théologique.

Le débat écologique est dans l’air du temps, il rejoint l’attente d’arrêter de massacrer la nature, de respecter ses rythmes. Le mot « naturel » est à décoder. Il y a aussi des points de vue anthropologiques (relations humaines) et théologiques (lien entre union et procréation).

2. Outils

Nous ne nous situons pas au niveau opératoire.

3. Publics

Variés, majoritairement chrétiens pratiquants, mais régulièrement des personnes en recherche, parfois des gens de la frange, ou des personnes récemment converties qui veulent construire la maison de leur foi.

4. Doutes

Non, sauf la communication.

Il y a beaucoup de présupposés, de préjugés. Comment annoncer cette bonne nouvelle ? J’ai un doute sur la communication : quels lieux et quelles personnes pour assurer cette communication ?

 

Marie-Josèphe Creps, pour le CLER Amour et Famille

1. Présentation

La position de l’Eglise est un sujet toujours à approfondir par des réflexions, des textes. Je compte sur « Les Cigognes » pour cela.

Le CLER Amour et Famille est à la pointe des Méthodes d’Auto-Observation (M.A.O.), il a le devoir de les faire connaître.

2. Outils

Ceux que notre commission MAO a développés.

3. Publics

-   Avant le mariage

-   Après des récollections

-   Après des temps forts

-   Les sessions pour couples, où il y a tous âges mais beaucoup de jeunes et de fiancés.

4. Doutes

Oui nous percevons des doutes, et plus que des doutes :

-   des oppositions,

-   « C’est trop difficile à vivre »

-   « Ce n’est pas sûr »

Concernant les doutes, le CLER Amour et Famille officiel n’en a pas, mais certains de ses membres en ont. Tout le monde dans le sein de l’association n’est pas convaincu. Les M.A.O. ne sont pas toujours bien reçues dans les sessions de formation, chez les gens qui viennent chez nous se former. Nous avons aussi des doutes sur la société et les pouvoirs publics.

 

Esperenza Coll, pour l’AEPPFN (Espagne)

1. Présentation

Dans notre pays il y a une insuffisante connaissance, de la part de l’Eglise, avec quelques exceptions, sur la matière de la Planification Familiale Naturelle. Cette ignorance est la cause d’une attitude souvent de méfiance de la PFN. C’est pour ça que les Méthodes Naturelles ne sont pas enseignées dans la majorité des cours de préparation matrimoniale.

2. Outils

-   D’accord avec le Manuel de l’OMS (1978) et les protocoles des organisations internationales plus avancées en la matière (IEEF et WOOMB), RENAFER utilise son matériel d’enseignement (power point, graphiques, diapositives, web …) préparé spécifiquement pour chaque public.

-   Le Manuel Basique de PFN. Ed. Esin. Barcelone. 2ème éd. 2001, publié par l’association.

-   Les Actes des différentes rencontres internationales.

-   Autres publications scientifiques, documents d’anthropologie, livres etc.

3. Publics

Nous nous adressons aux couples qui ont montré un intérêt à propos de la PFN. Nous offrons aux universités l’enseignement de la PFN comme matière de crédits de libre configuration. En ce moment treize universités publiques et privées sont engagées dans la proposition de PFN. La PFN est soit une matière, soit incluse dans les cours de gynécologie.

4. Doutes

Il n’y a pas de doutes chez RENAFER, mais ailleurs…

-   L’ignorance sur la bonté de la PFN, comme élément de croissance de l’amour conjugal.

-   L’ignorance des différences entre la PFN et la contraception.

-   L’ignorance des bases scientifiques de la PFN, et pourtant méfiance de son efficacité.

 

Angela de Malherbe, pour TeenSTAR

1. Présentation

La pédagogie TeenSTAR tient compte de l'intégralité de la personne. Les cinq aspects de la vie sexuelle : physiologique, émotionnel, intellectuel, social, spirituel.

L'Eglise propose les méthodes naturelles car elles respectent le don total des époux dans le mariage.

Le point de vue de L'Eglise est contenu implicitement dans les parcours, il ne devient explicite que pour les catholiques.

Nous n’enseignons pas une méthode de PFN, ce n’est pas de leur âge. Nous leur apprenons les signes de la fertilité. On ne dit pas qu’il faut le croire parce que l’Eglise le dit, mais parce que c’est vrai. « Est-ce que le don total est possible avec une contraception ? » Ils voient que non. Nous enseignons la théologie du corps et sa mise en pratique. Nous en parlons directement seulement lorsqu’il s’agit de chrétiens. Après nos formations, nous notons chez les garçons une attitude différente vis-à-vis des femmes.

« Fertility Awareness ».

2. Outils

Nous utilisons « Humanae Vitae », « Orientations éducatives sur l’amour humain », « La théologie du corps selon Jean-Paul II ».

Nous avons différents parcours, en collège, en lycée. Nous avons un parcours pour mère adolescentes, mais pas en France. Nous avons des cours pour jeunes filles musulmanes, pour lesquelles les animatrices se déplacent chez elles.

3. Publics

Catholique, protestants (évangéliques), musulmans

4. Doutes

Aucun doute quant au bien fondé de la PFN ! Elle est à enseigner à tous comme sujet urgent pouvant sauvegarder l’avenir de l’humanité !

 

Louis Marie et Anne Joelle Paquet, pour le Centre Billings France (agréé par la WOOMB)

1. Présentation

Notre présentation est selon le public. Nous expliquons pourquoi la PFN est un chemin de bonheur, et pourquoi la contraception est un poison pour l’amour.

-   Pour une soirée d’information : la proposition de l’Eglise n’est pas explicite, mais le respect de la nature peut conduire à Dieu.

-   Lors de formation proposées aux jeunes, nous expliquons pourquoi l’Eglise affirme que les M.N.R.N. sont un chemin de bonheur qui libère l’homme et pense que la contraception est un poison de l’amour. Et, pour cela, nous faisons intervenir un prêtre épanoui dans sa vocation.

-   Lors de formation des foyers moniteurs Billings

-   Nous explicitons et commentons la position de l’Eglise concernant la morale conjugale notamment grâce aux enseignements de Jean Paul II.

-   Nous demandons une adhésion à l’esprit d’« Humanae Vitae » : Cela figure dans la charte (14 points) que tous les foyers moniteurs Billings s’engagent à respecter. Cette condition d’agrément a été demandée par R & M Sentis depuis la création du Centre Billings France en 1982.

2. Outils

-   Montages diapositive (agrées par le CBF)

-   Vidéo de la WOOMB (Billings International)

-   Supports sur CD  -  2 versions :

-   Physiologie & Méthode en 1 séance

-   Physiologie & Méthode en 2 séances séparées

-   Tableaux aimantés (exercices)

Les nouveaux tableaux aimantés sont des exercices très efficaces.

-   Bibliographie abondante :

-   Atlas Billings (WOOMB)

-   Plaquettes de présentation (+ gommettes autocollantes)

-   Livres de Centre Billings France (R&M Sentis)

3. Publics

-   Les jeunes fiancés et jeunes mariés

-   Les jeunes parents (allaitement)

-   Des couples poussés par des motivations religieuses : chrétiens, musulmans (plus rarement)

-   Des couples poussés par des motivations diverses :

-   Recherche d’une plus grande communication dans leur relation

-   Recherche d’une harmonie sexuelle, conjugale…

-   Respect de la nature

4. Doutes

Au CBF : aucun doute sur le bien fondé de l’enseignement de l’Eglise concernant les MNRN.

H.V. (Paul VI - 1968) était prophétique : comment à l’époque pouvions-nous penser que la contraception (considérée comme un moindre mal) nous conduise aux drames actuels (avortement, pacs…) ?

Plus récemment, la théologie du corps et de la personne (développée par Jean Paul II) est pour nous un grand motif d’espérance.

L’enseignement de la MOB (à temps et à contre temps) fait partie de la nouvelle évangélisation.

Le Centre Billings France est très motivé !

 

Xavier et Sabine Causse, pour Amour et Vérité (branche de l’Emmanuel)

2. Outils

-   Diaporamas Power Point, montages diapos du CLER, enseignements, écoute personnelle, bibliographies, diffusion de listes de moniteurs pour orienter les couples demandeurs.

-   Présentation explicite, conforme à l’enseignement de l’Eglise, dans le souci de rejoindre chacun avec délicatesse et miséricorde.

-   Enseignement inclus dans une proposition plus large sur la vision humaine et chrétienne de la sexualité (plan de Dieu sur l’homme et la femme, fertilité, chasteté, harmonie sexuelle, fécondité).

-   L’enseignement d’Amour et Vérité est toujours enrichi par des témoignages, des conseils pratiques, des temps de dialogue personnel ou en couple, des temps de prière, la proposition de recourir au sacrement de réconciliation et à l’Eucharistie.

-   Il s’agit moins de « dicter une norme » que de proposer un chemin de conversion, appuyé sur l’expérience d’une rencontre profonde avec Dieu, dans l’Eglise.

3. Publics

-   jeunes célibataires,

-   concubins avec ou sans projet de mariage,

-   fiancés,

-   couples mariés religieusement ou non,

-   jeunes couples.

4. Doutes

-   Certains couples vivant les MAO doutent du bien-fondé de leur choix, découragés devant les difficultés, contraintes et exigences.

-   Ignorance et/ou rejet massif de la société face à la PFN (France).

-   Pas de doute pour les responsables et membres actifs d’Amour et Vérité (nous ne sommes pas exempts du combat spirituel normal et permanent).

-  Comment toucher des gens loin de l’Eglise reste une question pour nous.

 

Rolande Faure, pour Claire-amitié

1.     Compte tenu des jeunes qui sont accueillies (blessées de la vie, sans forcément de croyance), le travail consiste à les accueillir et les rejoindre telles qu’elles sont. Les personnes qui accueillent se nourrissent du discours de l’Eglise. Mais les foyers sont subventionnés par la DDAS et sont contrôlés, même dans les paroles données aux jeunes.

2.     Nous avons des programmes de formation avec des intervenants extérieurs, sur les questions liées à la vie. Souvent ce sont des intervenants du CLER Amour et Famille.

La vie est précieuse.

 

Lucia Rovelli, pour INER (Suisse)

1. Présentation

Comment présenter la position de l’Eglise ?  Avec tout l’amour et la passion pour l’homme, en soulignant les effets positifs dans le couple.

2. Outils

Une traduction simple, non simplifiée, des leçons reçues par des prêtres et des théologiens

3. Publics

Tout public :

-   Couples mariés

-   Jeunes avant le mariage

-   Écoliers

-   Couples mère-fille

Nous avons des formations pour couples mère-fille sur la féminité, un peu sur le modèle de CycloShow.

Nous avons deux types de publics :

-   les chrétiens pratiquants : les questions sur la position de l’Eglise viennent du public lui-même qui la connaissent déjà et qui ont un préjugé positif la plupart du temps.

-   le public laïc qui arrive de trois gynécologues de la région qui présentent positivement les méthodes naturelles : ce sont des femmes qui en ont marre de la pilule, qui ne se sentent plus femmes. Nous leur demandons de venir en couple, même s’ils ne sont pas mariés.

 

Jean-Marie Andrès, pour les AFC (vice-président)

1. Présentation

Les AFC ont pour vocation d’expliquer ce que les autres font, elles sont un cadre offert à ceux qui veulent servir la famille, expliciter la doctrine sociale et familiale de l’Eglise, mais ses membres (40 000 familles adhérentes) sont aconfessionnels. Les AFC ne sont pas un lobby des familles catholiques. Les AFC font donc la promotion de ce que les autres associations font en matière de PFN.

4. Doutes

Le premier problème qui vient n’est pas l’enseignement moral de l’Eglise sur la PFN mais la diversité, l’incompatibilité voire les ambiguïtés, que les divers enseignements pratiques des PFN laissent apparaître. Tout se passe comme si un enseignement un peu théorique « émanait de l’Eglise » et que les enseignements pratiques venaient les corriger, les rectifier… au point que nous nous contentons lâchement de ne prendre aucune position ni sur la matière ni sur les mouvements dans leur diversité »… tant pis pour l’efficacité de la diffusion ?

Nous avons un problème croissant : la PFN est un thème tabou. Sur les 500 chantiers éducation existant, rien n’est remonté concernant ce sujet ! La « lutte » entre le CLER Amour et Famille et le Centre Billings France pose aussi un problème énorme aux AFC. Les parents aussi ne savent pas transmettre, le problème est grandissant. Il y une foison d’initiatives désordonnées face au besoin tellement fort. C’est le signal d’une très grande demande / détresse. Il est indispensable de sortir des idéologies : Humanae Vitae est très bien accueillie aux AFC (le degré d’abstraction est élevé), mais rien ne va plus quand on veut l’appliquer au jour le jour. On est d’accord sur les idées, mais quand on veut traduire dans le concret, plus personne n’est d’accord…) La problématique de trouver des mots pour annoncer des choses est très importante.

 

 

ECHANGES

 

Félicien Adotevi

On enseigne mieux ce qu’on est que ce qu’on dit. Comment adhérer à la doctrine de l’Eglise, si on n’en vit pas ?

 

Jean-Marie Andrès, des AFC

Le couple est lui-même blessé, comment peut-il enseigner l’esprit de la PFN à ses enfants alors qu’il a un problème lui-même avec la PFN ? C’est ça le problème. Mais il ne faut pas attendre d’être parfait. Il faut s’accepter tel que l’on est. On a parfois l’impression que ce qui est proposé est un tout petit peu idéal.

La pornographie existe, du coup il n’est pas facile de redonner du sens, et le sens des mots disparaît.

Les AFC sont perplexes, car à chaque proposition on voit une volée de bois vert, on dit que ça a tels et tels défauts.

 

Claire Chassang

Comme nous l’avait rappelé le Cardinal Philippe Barbarin il y a quelques années, n’oubliez jamais de dire que dans la famille tout n’est pas toujours idéal et facile.

 

Père Yannick Bonnet

Ceux qui font le choix de la PFN pour obéir à l’Eglise obtiennent un résultat déformé. Il faut une véritable conversion des maris pour passer de la morale (application des normes) au bonheur, sinon ce sont les femmes qui trinquent (elles sont ignorées en période fertile et sont « baisées » en période infertile).

 

Michele Barbato, du CAMEN (Italie)

Il n’y a rien de plus inutile qu’une réponse donnée à une question non posée. Il faut donc provoquer les gens à faire des demandes.

L’urgence, c’est retourner à la question de fond : c’est l’éducation tout court.

 

Xavier Causse, d’Amour et Vérité

L’idéalisation du couple est aussi diffuse dans la société et mélangée avec la passion.

L’éducation à la maitrise de soi commence dans la petite enfance avec l’éducation à la maitrise du désir.

 

Véronique Verkimpe

Les femmes aussi ont besoin d’être éduquées, elles ont besoin d’apprendre à écouter leur mari. En entretien de PFN, nous le voyons, et nous renvoyons vers des conseillers conjugaux.

 

Intervenant

Les adolescents ont toujours la logique du permis-défendu. Le permis-défendu est nécessaire parfois. Il fait partie de la vie.

 

France Auphan, des AFC Lyon

Chaque année à Lyon, au salon Primevère des écologies et des alternatives, nous rencontrons des « écolos » et nous essayons de les amener à autre chose. Mais la « contraception écolo pour pas faire de mal » aboutit à l’avortement, de la même manière que la contraception classique.

 

Philippe Lafont, du Centre Billings France

C’est pas parce qu’on est blessé qu’il ne faut pas transmettre.

 

Félicien Adotevi

Dans le dialogue avec les couples, nous dépistons les blessures, et c’est le lieu de proposer d’autres types d’aides. Pour les jeunes, il faut poser le permis et le défendu, en les justifiant, pour les comprendre, et pas pour faire peur.

 

Jean-Marie Andrès, des AFC

Un des repères majeurs est la créature qui a le libre arbitre de passer outre. Il faut donner des repères clairs, tout en laissant aussi la liberté.

 

Esperenza Coll, de l’AEPPFN (Espagne)

 

Claire Chassang

Le « CycloShow » est un outil pédagogique pour les filles de 9 à 12 ans. La physiologie du cycle est présentée comme une pièce de  théâtre, le théâtre de la vie, dans un décor soulignant la beauté et l’orientation vers la vie. La représentation en est faite au cours d’une demi-journée, avec une quinzaine de filles et leur mère. C’est un moment unique où les mères peuvent parler de leur propre cycle, de leurs premières règles, avec leurs filles.

 

Caroline Roux, d’Alliance pour les Droits de la Vie (ADV)

A l’ADV, nous sommes à l’écoute de personnes souvent loin de l’Eglise, nous sommes confrontés à des difficultés de contraception. Et nous avons des problèmes pour envoyer vers des sites web car il sont marqués Eglise. Il y a un amalgame préjudiciable entre les méthodes d’Eglise et les méthodes naturelles.

En 2002 le gouvernement avait fait une campagne pour la contraception. De notre côté, en réaction, nous avons fait une publicité « Contraception : le futur est au naturel » notamment avec un site web. Le problème est d’avoir des antennes d’écoute neutres.

 

Père Alain Bandelier, du Foyer de charité de Combs-la-Ville

Dans la formation des séminaristes, il y a actuellement un silence radio prudent sur la PFN, ou une franche opposition du milieu ambiant.

 

Monseigneur Henryk Hoser

Il y plusieurs obstacles :

- Un document pour la formation des séminaristes à ce sujet existe, mais il est inconnu…

- Il y a un manque global de formateurs pour les séminaristes.

- La formation reste trop théorique (philosophique, théologique), il n’y a pas assez d’interaction avec la pastorale. Ceux qui quittent l’Institut du Latran ne sont pas préparés. Il faut une « évangélisation de l’intimité ».

 

Père Yannick Bonnet

Il y a une absence d’éducateurs au séminaire. On a des professeurs, mais pas assez d’éducateurs, de « pères », qui savent au besoin donner des « coups de pieds au cul ». Un certain nombre de séminaristes vivent dans l’affectif, cela donne des prêtres très fragiles. Il n’y a pas assez de points de repères paternels.

 

 

SYTHESE, par Françoise Pinguet

 

Nous avons un public très large : des catholiques blessés, ayant des difficultés pour transmettre des idées, ne sachant pas les incarner, des croyants ou des non croyants et nous avons le souci de les écouter et de les accueillir, des jeunes, des prêtres.

Nous avons des outils : le papier, les outils électroniques (web), l’accompagnement personnel (donc une demande de relation et de temps), le témoignage (une expérience personnelle incarnée), une stratégie, le langage et les bons mots à utiliser, mais aussi la prière et les sacrements.

Nous percevons beaucoup de doutes dans notre entourage (les fausses images répandues, le poids de l’histoire, la difficulté inhérente aux choses qui touchent l’intimité, l’ignorance, mais aussi le péché originel).

Nous ne voyons pas l’Eglise comme une norme avec seulement une loi, mais comme un cheminement à découvrir. Chacun doit être accompagné pour découvrir la loi inscrite en lui. Une loi, mais incarnée. Une morale, mais du bonheur. Nous sommes à la ligne de crête entre la norme éclairée et l’enracinement dans une terre en quête de sens. Il s’agit de l’évangélisation de l’intimité du couple.

 

 

ATELIER 3

Les enjeux de la PFN

 

Evelyne Maire

A. Enjeu théologique : création et procréation

1. Le concept de l'homme (homme/femme) créé « en image de Dieu », « à sa ressemblance »

-   Le couple image de Dieu : «  Puisque la sexualité est le moyen de la reproduction,  que l'auteur ne l'ignorait évidemment pas et qu'il rapporte la bénédiction : « Soyez féconds… », on peut se demander s'il n'a pas encore une autre pensée. Il y aurait dans la procréation – cette grâce mystérieuse faite à l'homme et  la femme, mettre au monde un être-image de Dieu ! - un reflet de la création divine. Ce mot procréation donne à penser. L'homme et la femme sont séparément images de Dieu et ils le sont ensemble en procréant comme il a créé (...) En Genèse 5,3 l'engendrement de Seth, image et ressemblance  de son père, suit immédiatement le rappel de la création en ressemblance divine, mâle et femelle, Indices éloquents... » Henri Blocher, Révélation des origines, PBU, Lausanne 1979, p.86

-   Question : la façon dont le couple va s'y prendre (intention, moyens) pour transmettre la vie est-elle indifférente ? Que reflète-t-elle ?

2. Le lien sexualité (plaisir)/procréation (séparer ce que Dieu a uni ?)

-   Lien sexualité/procréation : « A quelle norme ordonner la sexualité humaine ? Aujourd'hui  où l'humanité va pouvoir de plus en  plus séparer la relation sexuelle de son aboutissement dans la procréation, comment usera-t-elle avec justesse de cette sexualité ? » André Dumas, Le contrôle des naissances, opinions protestantes, (Paris : Les Bergers et les Mages, 1965) p. 88.

-   Question : sachant que, dans l'ordre de la Création, c'est le même acte qui permet à l'homme et à la femme de se rencontrer, de se « connaître » et de transmettre la vie, est-il anodin et sans conséquence de séparer de façon radicale (et souvent définitive) les deux aspects de la sexualité humaine (plaisir et procréation) ?

B. Enjeu socioculturel, la mentalité technicienne

-   « Il peut arriver que demain, le plus grand problème soit de préserver la valeur expressive et signifiante de la sexualité (...) Les partisans du birth control devraient être conscients que la contraception, considérée généralement comme une simple technique, contribue à précipiter la sexualité dans l'insignifiance. » Paul Ricoeur, 1964 (Wonder, Erotism and Enigma, in Cross Currents, 14)

-   Question : est-il judicieux de confier à la Technique ce qui est de l'ordre de la transmission de la vie (qui plus est « en image de Dieu ») ? A quoi touche-t-on ? Quelles conséquences cela peut-il entraîner en terme de vision du monde et de système des valeurs et donc de comportement (cf. Jacques Ellul) ?

C. Enjeu relationnel, sur les plans personnel, familial, conjugal

-   « Si la civilisation moderne permet scientifiquement et invite démographiquement les hommes et les femmes à dissocier procréation et relation sexuelle, n'est-ce pas la famille elle-même qui peut chavirer dans cette dissociation ? » André Dumas (Ibid)

-   Question : « Le contrôle des naissances n'est-il pas ainsi, à côté de l'allongement de la vie et de l'affinement des subjectivités un grand phénomène contestateur de la durée familiale et de la permanence du lien conjugal ? » André Dumas (Ibid)

Conclusion en contre-point

« Le mode de vie que propose la planification familiale naturelle est une approche noble, nous sommes là sur un terrain sacré. Permettre à une vie d'éclore nous fait entrer dans une intime coopération avec Dieu, dans un acte de foi doublé d'un engagement personnel responsable. (...) C'est une question d'honnêteté, de rigueur et de précision qui concerne l'affirmation de notre propre corps. Au-delà de cette démarche de reconnaissance et d'acceptation de soi nous trouvons un respect renouvelé de ce qui fait de nous des créatures en même temps qu'une prise de conscience émerveillée de l'œuvre du Créateur. C'est la source d'une profonde et inébranlable affirmation de la VIE. » Walter Trobisch (Préface de « An experience of love : understanding N.F.P. »)

Deux enjeux me semblent importants :

- Le concept de l’homme créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance.

- Le lien entre sexualité et procréation.

 

Michele Barbato, pour le CAMEN (Italie)

Pour motiver le couple à utiliser PFN, le travail est au point de vue éducatif. 40 % des couples viennent de la contraception, tous ont une mentalité contraceptive. Si on se limite à l’aspect technique, nous offrons un service qui en fait augmente le mensonge… Notre première tâche est la vérité, donc la conversion de notre intelligence. Nous devons rendre raison du choix de la PFN. La PFN a comme particularité d’ouvrir au mystère, au sens religieux de la vie. Le moniteur est un éducateur qui appelle l’autre dans la liberté, vers un cheminement graduel authentique dans une culture et avec responsabilité. La culture dominante actuelle n’accepte pas que soient posées les questions sur la vérité de l’amour humain. Et ce n’est pas seulement la culture, mais c’est aussi une censure au-dedans de chacun de nous, car la PFN est liée à une vérité sur l’homme. Nous sommes obligés de reconstruire l’humain. Le parcours éducatif est de faire découvrir la sexualité comme un mystère, de montrer que toute la personne en totalité unifiée est en jeu dans la sexualité, de montrer que le « moi » se tend vers le « toi », de faire reconnaître que nous avons un père, que nous sommes créature, que nous appartenons à l’autre ; mais cela n’arrive que dans l’intimité d’une maison, jour après jour, grâce à l’observation quotidienne. Nous sommes la première génération à laquelle il est donné d’accéder à une paternité et une maternité responsables.

 

Xavier et Sabine Causse, pour Amour et Vérité (branche de l’Emmanuel)

-   La PFN permet de transmettre un message de vérité sur l’amour humain et la sexualité, à partir d’une vision juste de la personne humaine, créée à l’image de Dieu et appelée à se réaliser dans le don total d’elle-même. Elle met en lumière le sens du corps, le sens du mariage, de l’engagement réciproque et définitif qui concerne la personne toute entière, le sens de l’union conjugale comme communion dans le don intégral de soi par amour.

-   Le témoignage de couples chrétiens vivant la PFN est signe, image de l’amour du Christ et de l’Eglise. Renoncer à cet aspect de l’enseignement de l’Eglise peut conduire à obscurcir pour nos contemporains la découverte de l’Amour de Dieu et la splendeur de la sexualité et du mariage chrétien, vécus, même pauvrement, en cohérence avec le projet du Créateur.

-   Promouvoir l’enseignement de la PFN est un moyen précieux d’éducation affective et sexuelle auprès des jeunes, car il favorise la connaissance et la maîtrise de soi, le respect de la différence sexuelle, la communication au sein du couple, la générosité et la  communion dans l’amour.

-   La PFN permet de rappeler la juste place de l’homme, co-créateur, face au mystère du don de la Vie. Elle contribue à mettre en évidence la Sagesse de l’Eglise, prophétique face aux tentatives de déshumanisation de la sexualité et aux défis de la bioéthique.

 

Germaine Pommier et Axelle Rousse, pour le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH)

-   Enjeux humains et sociologiques : comprendre les raisons de la déstabilisation sociale et ses conséquences sur les rapports humains et plus particulièrement sur la sexualité.

-   Enjeux spirituels

Cette double perspective, dans une meilleure prise de conscience du rôle de l’Église de Jésus-Christ dans la société, doit :

 - dynamiser notre action,

 - et surtout l’ancrer dans sa réalité première : la relation de l’homme avec son Créateur.

 

Louis Marie et Anne Joelle Paquet, pour le Centre Billings France (agréé par la WOOMB)

Notre  Mission est urgente :

-   Freiner cette culture de mort : En 1970, John Billings disait déjà : « le but des MNRN est d’éliminer l’avortement de la surface du globe »

-   Remettre la Joie au cœur des familles: de même Evelyn Billings confiait son désir de diffuser la MOB pour  «le bonheur des familles »

-   Agir pour que ce message de bonheur et d’épanouissement puisse être encore accueilli dans notre monde d’aujourd’hui qui s’asphyxie

-   La MOB est un moyen de décentrer l’homme de lui-même

 

 

 

CONFERENCE, par le Cardinal Philippe Barbarin

La PFN et les enjeux pour le couple et la famille

 

Je vous salue tous avec joie et avec quelques tremblements intérieurs parce que vous êtes des spécialistes et moi pas. Mais enfin je suis un prêtre, donc il y a une grâce, et puis j’ai reçu la mission d’être pasteur dans l’Eglise donc vous m’invitez, donc je vous parle, comptant sur vos questions, votre stimulation. Dans ce genre de rencontre il y a aussi un extraordinaire effet en retour c’est à dire tout ce que nous entendons ici, après nous le transmettons aux autres évêques, nous attirons l’attention, on voit que d’autres cherchaient, on dit : « justement j’ai rencontré des chrétiens qui et que.. ; de ton diocèse de ci de ça…. » et je m’aperçois comment vous êtes aussi un bon cadeau, peut être parfois sans vous en rendre compte, pour l’ensemble de la conférence des évêques. Alors n’hésitez pas à me poser de bonnes questions que je répercuterai, ou à stimuler…

Je suis d’abord assez touché par la publication récente du Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, précisément par sa configuration, c’est à dire que je ne sais pas ce qu’il en est dans les autres pays mais dans un pays comme la France ou comme Italie, il y a grosso modo 2 domaines, si vous voulez, qui sont le domaine familial et le domaine social. Donc défendent  les valeurs familiales les catholiques de droite, et s’engagent pour le tiers monde et les valeurs sociales les catholiques de gauche… Or je crois qu’il est important de voir que c’est dans un même souffle « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et tu aimeras ton prochain comme toi même » que l’Eglise donne son enseignement familial et social. Ca, c’est très important ! Je bénis le Seigneur du fait que dans la conférence des évêques de France, on vienne justement de changer cela et il y a maintenant une commission épiscopale des affaires familiales et sociales. Dans le diocèse de Lyon on vient de faire exactement pareil : il y a un vicaire épiscopal chargé des questions familiales et sociales.

C’est d’ailleurs l’ordre des commandements de Dieu. Les commandements de Dieu ne sont pas des phrases juxtaposées, mais c’est le fondement même de l’anthropologie et ce sont des commandements qui sont donnés dans l’ordre : alors cela, c’est souvent peu dit ou peu vu. Je prends un exemple : le premier suffit à tout : tu adoreras le Seigneur ton Dieu. Celui qui adore Dieu, il ne va pas voler, mentir, commettre l’adultère…, ce n’est pas la peine de lui dire la suite. Mais comme on n’est pas très sûr d’être vraiment des adorateurs de Dieu, c’est bien qu’on nous explique la suite. On pourrait dire la même chose avec beaucoup d’autres grands textes comme les Béatitudes, le Notre Père, etc… Alors, ces commandements, puisque vous dites que la perspective est d’abord anthropologique, sont à mon avis le meilleur manuel d’anthropologie ! Au fond, nous avons 3 commandements qui sont sur nos racines et notre enracinement en Dieu : « Tu adoreras Dieu » et pas l’argent, et pas l’idole des jeunes et pas ton corps et pas ta carrière… enfin, c’est très difficile d’échapper aux idolâtries. Deuxièmement, Il sera ta respiration, c’est à dire tu prieras le Seigneur Dieu chaque jour en sanctifiant Son Nom. Troisièmement, tu montreras qu’il est le maître du temps, parce que ce n’est pas toi qui as choisi ta date de naissance, ni la date de ta mort… qui sont donc les très grands enjeux culturels d’aujourd’hui, et donc comme c’est lui qui est maître de ta vie et de ton temps, cette maîtrise du temps sera marquée dans le sabbat ; c’est à dire qu’il y a un jour qui est jour du Seigneur. Et vous savez comment dit l’Exode ? Il dit : quand tu auras terminé tout ton travail (alors on dit : ben ça m’arrive jamais…) alors il y a un jour où tu arrêteras tout, et tu seras comme si tu étais déjà dans ses mains et dans le Royaume, pour bien te rappeler que toute ta vie est entre ses mains. Je trouve que c’est très pédagogique. Et puis alors évidemment nous sommes dans une civilisation difficile ce qui fait une circonstance atténuante, c’est que les contraintes sociales sont telles que nous sommes maîtrisés par tout le monde et il n’y a plus qu’un jour qui est à nous, alors que dans la Bible, c’est l’inverse, nous sommes les maîtres pendant 6 jours où nous faisons notre ouvrage, et c’est nous qui décidons comment nous allons nous occuper de notre bétail, ou de nos champs, ou de nos activités. Nous sommes les maîtres et il y a un jour où nous ne sommes pas le maître. Et la civilisation est tellement terrible qu’elle fait l’inverse : elle nous réduit en esclave où nous ne sommes plus maîtres de rien du tout avec nos horaires et nos transports et nos ceci et nos cela pendant 6 jours. Et il n’y a plus qu’un seul jour, et souvent c’est le lieu de respiration où enfin j’ai le droit d’être un peu moi- même. Je dis cela justement pour disculper une grosse difficulté aujourd’hui de nos contemporains qu’il ne faut surtout pas accuser mais voir dans la miséricorde, quand la société se présente comme le monstre du Loch Ness, le commandement est drôlement difficile à appliquer… Ca, ce sont les 3 premiers.

Les 6 derniers sont dans notre rapport au monde : j’ai été mis au monde, et la première chose quand je me présente devant les autres, c’est leur vie, donc tu ne tueras pas. Jésus complète et il dit : «  attention, pour ne jamais tuer, il faut aller attaquer le péché de meurtre dès qu’il est naissant en toi, et quand tu dis à ton frère « racaille » et tout çà, tu sais bien que c’est déjà le meurtre qui commence…. ». Ce n’est pas pour nous en rajouter avec des obligations supplémentaires. Le passage de Matthieu 5, n’est pas que Jésus en fait du rab, par rapport à l’Ancien Testament. Ce serait insupportable, parce que déjà les 10 commandements on les applique très mal. Très souvent, vous avez appris qu’il a été dit « … » eh bien moi je vous dis : « c’est épouvantable, parce que les gens disent : mais, déjà j’ai pas appliqué les 10 commandements, et encore il rajoute des couvercles par au-dessus, donc j’en peux plus ! On n’a même pas le droit de regarder une femme dans la rue (enfin il n’y a pas marqué dans la rue d’ailleurs), il faut en plus tendre l’autre joue… enfin toutes sortes d’autres choses… », et finalement ces choses deviennent tellement lourdes qu’on les enlève, à cause d’une présentation moralisatrice avec des obligations en plus. Telle n’est pas du tout la perspective de Jésus qui dit au contraire : « je vous avertis, quand ça commencera à venir, et dès qu’il y a ça, attention vous êtes en mauvais chemin… ». Donc au fond, c’est une pédagogie affinée. Et Il nous explique qu’est-ce qui a conduit les gens au meurtre, qu’est-ce qui a conduit les gens à l’adultère, d’ailleurs on le sait très bien, mais c’est bien qu’Il nous le dise, comme ça on est avertis plus tôt si je puis dire.

La première chose qui compte dans la vie des hommes c’est la Vie, la deuxième c’est l’amour (tu ne commettras pas d’adultère), et puis la troisième, c’est leurs biens (tu ne voleras pas), et puis le fondement du lien social c’est la parole (tu ne mentiras pas), c’est dans l’ordre, tout ça est dans l’ordre. Ce serait une des très importantes réponses à la question du SIDA d’ailleurs, à propos de la position de l’Eglise. Quel est le pivot là-dedans ? Eh bien le quatrième ! Le quatrième commandement est manifestement le pivot de l’anthropologie. Pourquoi ? C’est le seul commandement, vous savez, qui est assorti d’une promesse, comme l’Ecriture elle-même le dit. Et on voit bien que mes parents, qui sont des pauvres pécheurs comme tout le monde, en fait pour moi ils ne sont pas comme tout le monde parce qu’ils sont mes procréateurs, c’est à dire qu’ils sont ceux qui ont été choisis par Dieu pour que je vive : il n’y a qu’une seule paternité (ou père et mère) qui est Dieu,  mais quand même ça prend le visage de mon papa et de ma maman. Et ce sont eux qui m’ont mis au monde. Donc je pars dans les commandements suivants (tu ne tueras pas, tu ne commettras pas l’adultère, tu ne mentiras pas, tu ne voleras pas) à partir de mes parents qui d’ailleurs m’ont appris cela, pour vivre avec les autres. Et on voit que ce commandement là est absolument le pivot du tout. Voilà.

Alors, ce commandement est souvent assez mal présenté, c’est-à-dire, tu obéiras à ton papa et ta maman, tu respecteras ton papa et ta maman… On apprend aux enfants à ne pas être impertinents, à obéir à leurs parents, c’est très étriqué comme perspective. Ce n’est pas ce que dit le texte de la Bible. Il dit un verbe très étrange, choquant même : il dit : «  tu glorifieras ton père et ta mère ». Pourtant la gloire, c’est que pour Dieu, c’est vrai –Gloire à Dieu au plus haut des cieux, il n’y a que Dieu que l’on glorifie - eh bien là justement, il y a une exception. Eux, tu ne les glorifieras pas parce qu’ils sont meilleurs que les autres. Tu glorifieras, ça veut dire, en fait : quand tu partiras dans le chemin vers Dieu qu’est la source de ta vie, sur qui tu vas tomber d’abord : tes parents. Et donc, en glorifiant ton père et ta mère, tu verras qu’ils n’ont été que le relais de Dieu qui t’as créé. Et c’est dans cette glorification des parents que tu arriveras à rendre véritablement gloire à Dieu au plus haut des cieux.

Ainsi, le chapitre premier de la doctrine sociale de l’Eglise, c’est la famille. Jamais il ne faudrait accepter que ce soit dissocié.

Une des choses qui m’a touché dans ma première rencontre avec les Ecochard justement - un jour il y a déjà 2 ou 3 ans, vous m’aviez invité à Irigny - : c’est votre amour pour l’Afrique. Et je me suis dit : « ça, ça me plaît ! » C’est à dire, quand quelqu’un défend cette anthropologie fondamentale en ayant dans l’immédiat et tout de suite et vissé avec, cette attention aux grandes misères du monde et ce véritable amour concret du tiers monde, je suis très content parce que je trouve que chez nous c’est un petit peu dissocié ou trop dissocié, ça ne sonne pas juste. En fait c’est avec l’amour du pauvre, du pauvre pécheur que je suis, que Dieu me parle, que se trouvera le ton juste pour dire les choses concernant la famille. Alors que très souvent, je les entends comme les défenseurs des valeurs, défenseurs d’une civilisation qui s’écroule, défenseurs contre tout ce qui va mal avec une espèce de manière de vilipender une société qui n’est certainement pas le chemin de la miséricorde. C’est pourquoi j’ai beaucoup aimé les dernières phrases qui ont été rapportées par René : tout sonnait très juste à mon avis dans le ton, et vous savez que dans ce domaine pour donner un témoignage authentique, clair, limpide, la justesse du ton est quelque chose d’essentiel.

J’insiste beaucoup là-dessus, si vous ne vous êtes pas procuré ce livre, pour que précisément vous ne soyez jamais des hommes et des femmes d’un aspect, même si vous vous situez à un endroit - parce qu’on ne peut pas être spécialiste de tout - mais pour que vous compreniez que c’est un petit maillon de tout un ensemble anthropologique. Et que c’est la même raison pour laquelle on lutte pour l’écologie, ou pour la paix, ou contre la déforestation dans le tiers monde, ou pour le paiement de la taxe que la France ne fait pas. Ce sont les même raisons humaines qui font qu’on mène un combat identique à la même ligne qui circonstanciellement - mais on s’en fiche complètement - dans la société française n’est pas dans les mêmes clous, les mêmes canons sociaux et politiques. Etre chrétien, c’est autre chose que d’être situé socialement et politiquement dans une société. Etre chrétien, c’est appartenir au Christ. Et être chrétien, c’est écouter Dieu dans l’Ecriture nous dire ce qu’est un homme.

Donc nous sommes sortis des mains de Dieu, et Dieu nous dit des choses pour que notre vie ne s’abîme pas. Les commandements sont d’abord des paroles de miséricorde. Le mot de commandement est mauvais d’ailleurs ; vous savez que dans la Bible il est dit : « ces paroles qui sont des paroles de Vie, je te dis ça pour que tu vives bien, pour que ta vie ait sa beauté et sa dignité…. »

Personnellement, je pousse un petit cran plus loin, et j’entends les commandements, non pas seulement comme des paroles pour ma vie, mais même comme des promesses. Je m’explique : « tu aimeras ton prochain comme toi même ». Comment veux tu que j’aime mon prochain comme moi-même alors que ça fait plus de 50 ans que je fais le contraire et tous les jours je suis pris en défaut par rapport à ça ?…. « Chut, tais- toi ! Tu aimeras ton prochain comme toi-même, tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas… » Mais j’ai menti plein de fois… « Tu ne mentiras pas, c’est une promesse que je te fais. Laisse-moi faire, laisse-moi agir en toi, et tu verras, tu ne mentiras pas.

Je crois qu’il serait très important que ces paroles là, présentées comme des commandements, ce qui n’est pas le terme même de la Bible, soient entendues comme des paroles de Vie, et comme des promesses qu’Il nous fait si enfin nous nous dessaisissions, si enfin nous le laissions avoir la maîtrise dans notre vie et que nous puissions dire comme dans Galates 2,20 : « ce n’est pas moi qui vit, c’est Lui qui vit » Vous changez le verbe et vous mettez tout ce que vous voulez : ce n’est pas moi qui aime, mais c’est Lui. Ce n’est pas moi qui parle, mais c’est Lui qui, etc…etc… Et il me semble que beaucoup de choses de notre pédagogie, ou de la présentation de notre conviction profonde qui nous vient de la Révélation bien entendu (c’est-à-dire qu’on n’aura pas été capable de trouver cela tout seul), arrive de la Bible dans nos vies comme une promesse. Et c’est Dieu donc qui nous explique ces choses là.

Ici j’ai trouvé le texte très beau, dans ce Compendium, très simple, et plein de nuances. Je vais prendre un exemple, qui n’est pas directement dans le débat, celui du clonage. J’ai souvent entendu dire : «  l’Eglise catholique est contre toute forme de clonage ! » et je me suis dit : mais s’il s’agit de reproduire une cellule à l’identique, quel est le problème si ça peut guérir quelqu’un ? Et le catéchisme dit : oui, en soi c’est une merveille biologique et une grande trouvaille, et on est tout à fait pour ; mais attention, dans la mentalité de tout le monde aujourd’hui ça veut dire fabriquer des embryons pour, à partir de ces embryons… alors là non ! Ni thérapeutique, ni reproductif bien entendu ! Mais c’est très nuancé, et je crois que c’est très juste. Une découverte biologique : bravo ! Qui permet de fabriquer des cellules qui pourraient guérir quelqu’un : peut-être ! Mais la fabrication d’un être humain, ou négliger ce qui est une véritable personne humaine dans son premier stade : impossible ! Incompatible avec notre foi ! Mais je le trouve à la fois très précis et en même temps très nuancé. Et encore une fois, j’attire l’attention sur le plan qui est choisi, parce que vous devinez quels seront les chapitres après celui de la famille, vous aurez donc le travail, la vie politique, la vie internationale, la guerre et la paix etc… etc… tout ça est très logique.

 

Ceci va aussi avec une pédagogie, c’est à dire que quand Dieu a créé l’homme et la femme à sa ressemblance et à son image, et dans leurs différences, souvent cette différence n’est pas dite ni expliquée. Je vais prendre un exemple par comparaison : chez les juifs, vous le savez peut-être, il y a 613 commandements. Donc il y en a 2 fondamentaux qui sont : la circoncision et le sabbat, il y en a 10 qui sont ceux que j’ai racontés, et en fait il y en a 613, pour une raison, dit le talmud - moi je n’ai pas vérifié ça, mais enfin il y a pas mal de médecins qui pourraient me dire si c’est vrai ou faux – que dans le corps il y a 248 os dit le Talmud. Et dans l’année, ça c’est vrai, il y a 365 jours. Alors, chose très étonnante, les femmes sont dispensées des 365. Les femmes ont 248 commandements, et les hommes 613. Pourquoi ? Pour une raison qu’on ne dit jamais aux enfants catholiques, mais qui est quand même une vérité vraie et qu’on ferait bien de leur dire, dans une éducation qui ne serait pas unisexe. C’est de dire que le corps de la femme est marqué par le temps, et le corps de l’homme non. Et donc être soumise au temps, elle sait ce que c’est dans son corps chaque mois, tandis que lui ne sait pas. Et c’est la raison pour laquelle il est souvent dominateur comme disent les premières pages de la Bible. Parce que comme il n’est pas soumis, et que ce n’est pas inscrit directement dans son corps, eh bien on a besoin de le mater plus, si je puis dire, ou de le soumettre à toutes sortes d’autres commandements. Moi, je trouve ça anthropologiquement très juste, très intéressant ou à dire par analogie, parce qu’une éducation qui ne tient pas compte de cette diversité là manque quelque chose quant à la vérité de l’éducation qui est donnée. Je ne fais pas du Talmud un texte sacré, mais j’en fais un texte vénérable dans lequel une parole qui m’est très chère à moi, et qui est la Thorah, a été donnée à expliquer à certains de mes frères aînés, et je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas utile à lire aussi comme un éclairage complémentaire qui est donné à propos d’une phrase qui est pour moi vitale.

Je prends un autre exemple de commentaire talmudique : alors ça je le sais depuis jeudi dernier puisqu’on a fait le commentaire en commun de ce passage avec le grand Rabbin de Lyon, et c’est un commentaire que je n’avais jamais entendu, mais qui est merveilleux pour les chrétiens aussi. « Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur… » Alors dans l’hébreu il y a une lettre qui est redoublée, on se demande pourquoi, et le Talmud dit : parce qu’il y a 2 côtés dans notre cœur, il y a le côté bon et le côté mauvais, il y a plein de désirs mauvais dans notre cœur et qu’est ce qu’on en fait ? Et alors le Talmud dit : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de TOUT ton cœur » c’est à dire avec le côté bon, et avec le côté mauvais. Et les désirs bons ou les désirs tordus, mauvais ou malades qui sont dans ton cœur peuvent et DOIVENT servir à la charité, à l’amour de Dieu, à la glorification de Dieu. Ainsi, on est bien obligé de tenir compte du fait qu’à l’intérieur de nous, tout ne va pas dans la direction de Dieu ou du bien, et on sait que tout peut contribuer à la gloire de Dieu, y compris ce qui à priori tenterait de m’en éloigner. Moi je trouve ça assez extraordinaire et merveilleux.

 

Dans ce système de la planification naturelle des naissances, PFN, ce qui me touche le plus, c’est qu’en fait le corps de l’autre est un sanctuaire, surtout celui de la femme. Et c’est très important pour l’homme de savoir que le corps de la femme est un sanctuaire. Au fond quelque chose de mystérieux qui devra toujours et beaucoup être respecté. Comme vous avez dit, nous sommes la première génération où techniquement cela peut être oublié, mais c’est une question éternelle quand même ou réglementairement cela pouvait être oublié. Et finalement on est toujours mis devant le mystère d’un corps, le mystère d’une personne, etc… et c’est une difficulté supplémentaire qui vient d’arriver dans notre génération mais je pense que c’est une question profonde et ancienne.

Je pense par exemple aux débats intérieurs de Charles Péguy, quand il se convertit, et qu’il va voir sa femme, et qu’il lui dit « eh bien moi maintenant je vais aller à la messe, j’aimerais bien communier, or on est en état de concubinage, donc s’il te plaît on pourrait aller à l’église voir un prêtre puis se marier comme ça je pourrais communier… ». Alors elle lui dit « moi ? Aller voir un curé ? Jamais de la vie ! (Vous savez qu’elle s’est convertie après sa mort.) Alors toi tu peux manger toutes les hosties que tu veux, ça ça te regarde, mais moi jamais de la vie j’irai voir un curé, ni dans une église… débrouilles-toi ! » Or, je vous dis pour le réglementaire, qui est aujourd’hui par analogie ce qu’on déplore avec le triomphe de la technique, Maritain et d’autres bons amis, comme les bons amis de Job écrivent à Péguy en disant : « c’est ta femme, une femme est soumise à son mari, par conséquent tu l’obliges sinon plus de relations sexuelles et finalement comme ça tu pourras aller communier à la messe. » Déplorable ! C’est-à-dire que le mystère d’une femme est supprimé par le règlement ; aussi déplorable que le mystère du corps féminin supprimé par une technique au fond. Et Péguy répond, et c’est splendide : « je n’ai pas l’habitude de violer ma femme ; je lui ai donné ma foi et mon respect dans le respect total de sa liberté. Elle dit non, ce sera non ! » Ensuite il est allé à l’église, et il disait : « j’étais comme une statue de pierre au fond de l’église, je n’avais pas le droit de communier, les gens pensaient que j’étais excommunié, mais moi je savais bien que je n’étais pas « exchristianisé ». Superbe, comme combat intérieur ! C’est-à-dire, je ne céderai pas à des règlements en béton, je ne céderai pas à une technique en béton, parce que je sais que ma femme dit non, et elle a tout à fait le droit. C’est une souffrance pour moi, eh bien je souffre, mais elle, elle a une beauté, une noblesse à laquelle j’ai donné la totalité de ma vie et de ma foi et je ne vais pas y renoncer pour la tyrannie d’une technique, ou pour la tyrannie d’un règlement. Voilà. Ca c’est une première chose à l’intérieur de la vie d’un couple.

 

J’ai l’impression, je me fie là-dessus à quelques amis médecins, notamment mon frère que certains d’entre vous connaissent et qui me dit : « maintenant les gens ne se confessent plus au curé, ils viennent se confesser au médecin et c’est insupportable etc… Et puis il me dit ceci : « tu peux être tranquille que dans 90 % des cas des divorces, c’est un manque de respect du corps de l’autre ». Alors ça, évidemment je suis très mal placé pour m’en rendre compte, je ne sais pas si c’est vrai, mais c’est une phrase qui m’a beaucoup choqué, beaucoup frappé … Est ce que c’est vrai ? Est ce que ça ne mériterait pas d’être dit d’avantage ? Parce que quand on a le sentiment que la vie et le corps de l’autre, est vraiment un mystère auquel on doit obéir, et auquel on doit se soumettre, parce que c’est une vérité qui nous dépasse, qui est comme un don de Dieu, qui est quelque chose dont on n’a pas la maîtrise, et qu’à ce moment là, ça donne à la femme une noblesse et une dignité extraordinaires, évidemment, plutôt que la question (et à mon avis la question la plus avilissante), c’est quand on dit « bon, t’as pris ta pilule ? », avec tous les sous-entendus épouvantables que cela peut représenter, qui sont au fond une dégradation profonde avec une révolte après qui sera le sentiment : « Mais qu’est ce qu’on a fait de moi ? Qu’est ce que je suis devenue ? »

Un jour, c’est une des choses qui m’a le plus touché peut-être à ce sujet de la contraception chimique ou artificielle, un couple que je connaissais et que j’aimais beaucoup, qui faisait partie avec moi d’une équipe d’A.C.I., et leur fille de 17-18 ans va vraiment de dépressions en dépressions assez graves, avec un bord de suicide ; mais on l’aimait beaucoup, elle était toute douce mais toute défaite etc… Et les parents en parlent tout le temps, quand un de leurs enfants souffre, ce qui est normal, et nous nous en parlions aussi, et j’en parlais avec eux, jusqu’au jour où la maman m’a dit : « elle crie la détresse de tous les petits frères et sœurs qu’elle n’a pas eus. Parce que nous, on a décidé, alors qu’on avait les moyens, et psychologiques et affectifs et matériels d’avoir d’autres enfants, … et à deux on a dit : « c’est fini, ça dérange, etc… etc… stop ! » Contraception automatique. Et la maman (c’est pas la fille qui avait dit ça), la maman disait (là-aussi c’est une phrase dont je ne sais pas la vérité moi, mais bon je la dit comme celle du médecin tout à l’heure, ou d’une paroissienne que j’écoutais), la  maman disait : « la dépression nerveuse de ma fille ou ses tentatives de suicide, est le cri de détresse pour les petits frères et sœurs qu’elle n’a pas eus. » Ce sont des phrases qui m’ont beaucoup touché, à cause de la dépossession profonde aussi que suppose l’arrivée d’un nouvel enfant. Il n’y a pas très longtemps, j’étais dans une famille où venait d’arriver le quatrième, et alors je leur faisais raconter, et ils me disaient que l’arrivée d’un enfant, ça change tout ! Toute l’harmonie de la famille, tout dans le rapport du couple, tout est changé, rien que parce qu’un pt’it bonhomme nouveau, c’est toutes les proportions des uns aux autres qui sont complètement transformées !  Eh bien ça bouge ! Ca bouge beaucoup, ça déménage comme on dit ! Et j’ai trouvé que c’était très beau aussi comme formule pour me montrer la dépossession – même s’il y a aussi des aspects possessifs et captateurs chez les parents, ce sont des pauvres pécheurs comme tout le monde – mais ce que cela peut avoir de très beau et d’appauvrissant, au beau sens de la pauvreté spirituelle, le fait d’accueillir un enfant avec ce qu’il sera et avec tous les bouleversements que ça va impliquer à l’intérieur de la vie de notre famille.

 

Enfin, mes dernières réflexions toucheraient plutôt sur un domaine plus théologique, ou au fond même de notre foi.

La première touchera la Genèse dans ce qu’on appelle le « dominum natum » (remplissez la terre et soumettez la). C’est vrai que nous avons une vraie maîtrise. C’est un énorme problème, et c’est peut-être là (je ne les ai pas entendus) les doutes dont vous parliez tout à l’heure. Je trouve que ça mériterait d’être réfléchi et approfondi. Assurément nous sommes les rois et les « liturges » de la création, c’est-à-dire que l’homme est au sommet de la Création, donc il a une véritable maîtrise, et au fond la découverte biologique du clonage, si ça peut être utile dans le monde  des animaux, ou dans la guérison d’un corps humain, pourquoi pas… A la condition bien sûr que rien, rien, rien, ne fasse de nous des fabricateurs d’hommes, des fabricateurs d’embryons, ou des fabricateurs d’êtres humains parce que jamais l’embryon humain ne sera une chose ! Alors oui à la maîtrise de la nature et non à l’exploitation d’une situation ! Au fond, c’est la question analogique de l’écologie. L’écologie par exemple en France c’est un domaine trouble, parce que c’est arrivé dans un machin politico-comme-ci-comme ça, de gens qui se situaient sans trop se situer, il y avait un aspect doux-rêveur, mais il y a des fondations bibliques majeures évidemment. C’est-à-dire que le rapport de l’homme à l’ensemble de la création vient de cette phrase - une fois j’ai entendu, j’étais à un congrès d’écologistes et il y en avait un qui a dit : « tout le mal vient de la Bible, quand Dieu a dit emplissez la terre et soumettez là ». Alors j’ai dit « je comprends... C'est-à-dire que là, ce sont devenus des idolâtres de la nature, et donc il y a la nature, c'est-à-dire sa majesté l’arbre, ou sa majesté la rivière et il y a un environnement gênant, c’est les hommes qui nous saccagent tout… » Donc ça, c’est complètement anti-biblique. En revanche, le fait que l’homme soit le maître et le Seigneur de la nature l’a amené à une maîtrise qui devient un orgueil fou, où il se croit le droit de profiter de tout ou d’exploiter tout, y compris le corps de l’autre bien entendu.

Je ne sais pas si d’autres prêtres ici ont la même expérience que moi, mais quand j’ai commencé à expliquer (souvent c’est pas tellement moi qui vais au devant, c’est quand leurs questions m’y amènent doucement) la position de l’Eglise à propos de la contraception : je n’ai jamais eu aucune difficulté à l’expliquer pour ceux qui sont écolos, jamais ! Et ils voient comment à l’intérieur, accepter une nature telle qu’elle est, ça veut dire aussi accepter son corps tel qu’il est, et que ceci suppose un rapport qui soit aussi un rapport de respect à ce qui nous est donné. Tenez, l’Eglise s’est réveillée récemment sur le sujet : dans le concile Vatican II vous n’avez rien sur l’écologie, vraiment rien. Et vous ouvrez le Catéchisme de l’Eglise Catholique et vous en avez de très abondants paragraphes dans l’explication de la création et, chose encore plus étonnante, dans le commandement « tu ne voleras pas ». Et c’est très juste de dire aux chrétiens : « quand vous abîmez la nature, les forêts et les rivières, vous volez la génération d’après qui n’aura pas le droit de profiter de la nature comme vous vous l’avez eue. »

Donc, j’applique ça pour notre corps : dans notre maîtrise de la nature, dans notre maîtrise du corps, de la santé, tout ce qui nous est donné par la chirurgie et par les  progrès de la médecine, nous avons un discernement. Pas de dictature de la technique, et en même temps pas de pusillanimité par rapport aux réels progrès de la technique ou de la médecine. Je me trouvais il n’y a pas très longtemps à Lyon - c’est ici que nous avons maintenant je crois le champion du monde de la greffe de cœur, le professeur Corniglion (?), qui doit en être à 24 ans de greffe cardiaque - et alors il me dit : « Mgr, je voudrais que vous parliez le premier à ce congrès de l’Adot (?), parce que tout le monde croit que l’Eglise est contre. » Et alors j’ai pris la parole en disant : « c’est vrai que l’Eglise est contre beaucoup de choses dès que cela dégrade l’homme, dès que cela transforme l’homme en une chose, mais là je peux vous dire qu’elle est pour, parce qu’il y a un progrès de la technique qui permet à une vie reçue de Dieu de se sauver, de se prolonger, et tout et tout, et là alors on n’a aucune difficultés… » .

Donc que l’homme soit vraiment maître d’une situation, au fond ça dépend ce qu’il en fait, si c’est pour le service de la vie et dans le respect de la vie, on sera content, et si c’est pour s’ériger en démiurge ou se mettre à la place de Dieu, et devenir le maître orgueilleux de l’ensemble de l’univers, à ce moment là on dira non !

 

Par derrière je dirais aussi qu’il y a un des fruits de l’Esprit, vous allez me dire c’est le dernier mais enfin quand même il est dans Galates 5,23-24, qui est la maîtrise de soi. Je sais que par exemple quand je prépare les jeunes au sacrement de la confirmation, je ne vais pas leur faire des grands discours sur la sexualité, l’affectivité et tout et tout, mais je leur dis : « voilà, vous allez recevoir le Saint Esprit et vous verrez à la suite de votre confirmation si vraiment vous lui avez ouvert les portes et si le germe de la confirmation peut s’épanouir en vous. Saint Paul vous donne des critères, apprenez-les par cœur s’il vous plaît… ». Donc je leur copie sur une feuille que je leur donne, et alors ça s’appelle l’amour : on sait bien que c’est majeur. Après la joie : la joie ça va, ça vient... La paix intérieure : si on est toujours en tumulte, c’est sans doute que l’Esprit Saint ne peut pas agir comme Il le voudrait. Et la douceur, la serviabilité, etc… Et la maîtrise de soi. Et on explique, un peu, comment c’est un fruit de l’Esprit Saint. Je trouve que ce sont des mots qui sont très intéressants pour voir si nous sommes uniquement des êtres biologiques ou aussi des êtres spirituels, puisque nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et ce calque, ou ce tamis, ou ce point de discernement, ou ces critères si vous voulez, les fruits de l’Esprit dans Galates 5,23-24 je trouve que c’est très intéressant pour nous.

 

Enfin, ce par quoi je voudrais terminer, c’est une perspective unifiante de la théologie. Je trouve et je déplore qu’on ait compartimenté tout cela. Ainsi par exemple, certains d’entre vous ont du faire au séminaire ou ailleurs des études de théologie ; alors on a l’Ecriture Sainte, et puis après on a la Christologie, et l’Incarnation, la Rédemption, la Résurrection ; après on a l’Anthropologie, après on a la Théologie morale, et après on a les Sacrements, par exemple avec l’Eucharistie, le Baptême et tout ça… Et chez Saint Irénée par exemple, pour prendre un exemple bien lyonnais, c’est incroyablement uni. Je pense en particulier au livre 5 de l’Adversus Hereses, où quand il médite et qu’il commente la phrase de Jésus « ceci est mon corps livré pour vous », on voit que c’est hautement nuptial, matrimonial, ce sont des sacrements, le sacrement du mariage, c’est le sacrement de mon corps qui est livré pour toi. Et quand vous assistez à la messe si vous êtes marié, vous savez bien que l’histoire de Jésus que le prêtre vous raconte, c’est la votre : « ceci est mon corps livré pour toi » dites vous à votre épouse ou à votre époux. Ou si vous avez un bébé dans le ventre comme certaines d’entre vous, vous dites au bébé : « ceci est mon corps livré pour toi » et le bébé le sait très bien d’ailleurs parce qu’il en profite à fond. Et donc quand vous entendez cette phrase de Jésus vous dites : « comme elle me va bien ! Ceci est mon corps livré pour toi ». Mais si vous regardez le prêtre qui est en train de célébrer, vous dites « ah oui c’est son histoire à lui aussi. Il est en train de nous dire que lui il vit la phrase de Jésus ». Et il dit aux chrétiens : « Mes chrétiens ! Ceci est mon corps livré pour vous ». Donc dans cette phrase là, j’ai à la fois la christologie, parce que c’est l’histoire du Christ. J’ai la sacramentaire, parce que tous les sacrements sont là, du mariage et de l’eucharistie. J’ai la morale, parce que par exemple c’est le combat des jeunes, quand on leur dit : « non ne faites pas de votre corps ce que simplement il vous pousserait à faire. Il faut aussi que vous résistiez à cela car donner son corps, c’est donner toute sa vie. Et quand tu diras à quelqu’un : « ceci est mon corps livré pour toi » c’est toute ta vie qui est engagée et que tu jettes dans le feu de cet amour. Et donc c’est un combat, un combat pour toi, un combat pour l’autre mais aussi un combat contre toi que tu dois mener… » Toutes les générations le mènent et jamais personne n’a une parfaite maîtrise de son corps, et c’est à la fois beaucoup de douceur, beaucoup de souplesse parce qu’il faut énormément d’affection pour lui, parce que sans lui on ne peut rien faire. Et en même temps, c’est une partie de nous-mêmes qui est à combattre parce que des fois elle se révolte et nous conduit dans le royaume du n’importe quoi… Une phrase superbe de Marie Noëlle que j’ai trouvée dans ses notes intimes : « la sexualité du jeune homme : le combat de Dieu contre Dieu » C’est beau ! Effectivement sa sexualité c’est un don de Dieu, mais en même temps la parole de Dieu l’amène à combattre cela. Et au fond je trouve que c’est très beau et vrai cette phrase.

Alors mon désir, qui donc étend le point par lequel j’ai commencé, c’est que cela ne soit pas seulement une unité dans la parole anthropologique et sociale de l’Eglise, mais au fond dans la parole théologique globale. Et quand nous réfléchissons à la question concrète du rapport au corps à l’intérieur du lien conjugal entre un époux et une épouse, on ne le dissocie jamais du sacrement de l’eucharistie, de l’aventure pascale de Jésus, de l’ensemble de la théologie morale, du fond anthropologique.

Je suis très heureux de voir ici comment vous avez mis que c’est sur un fond anthropologique, et au fond c’est un adjectif vous pourriez encore développer avec ce qui le précède, c’est à dire biblique vous l’avez dit, et c’est-à-dire christologique, et c’est-à-dire sacramentel, et c’est-à-dire trinitaire au fond etc… etc….

Et alors à mon avis à l’intérieur de cet ensemble là, on voit comment cette parole concrète tombe tout à fait juste. Voilà ce que je voulais dire.

Et juste pour terminer, mon assentiment profond avec une chose qu’a dite René Ecochard, c’est que ces choses là qui provoquaient une très grande violence dans les propos il y a seulement 15 ou 20 ans redeviennent audibles, donc dicibles, et peut-être que c’est à nous aussi de beaucoup travailler notre façon de le dire et surtout de demander au Seigneur la grâce double d’une clarté limpide et d’une grande humilité. Si les choses sont embrouillées et qu’elles ne sont pas claires, aucun message ne passera, et si elles sont orgueilleuses ou de jugement, rien non plus ne passera aussi. Et il me semble que dans ce domaine, on est vraiment dans un moment favorable.

 

DEBAT

Quel avenir ? Et maintenant que fait-on ?

 

Intervenant

Nous avons mis la PFN en perspective historique, fait l’état des lieux du travail, maintenant comment pouvons-nous travailler ensemble ? Où allons-nous ? Quelles perspectives imaginer ?

 

Angela de Malherbe, de TeenSTAR

La première cible, ce sont les jeunes, parce qu’ils sont les plus réceptifs. Ils sont déformés, mais ils sont révélables à eux-mêmes à travers les 5 registres ou dimensions de Teen Star. Nous avons à les aider à s’émerveiller sur ce qu’ils sont.

 

Jean-Marie Andrès, des AFC

Il faut toujours voir dans les autres mouvements uniquement les choses positives qu’ils apportent. S’il y a une diversité de charismes, c’est qu’il le faut. Il ne faut pas se consumer dans des regards négatifs, mais au contraire bénéficier de nos richesses mutuelles.

 

Intervenant

La mutualisation doit être possible sur certains points (mise à jour des connaissances, mutualisation de la recherche scientifique pour gagner du temps, par exemple).

 

Intervenant

Face à la machine de guerre de la désinformation contre la vie, il faut donc améliorer nos moyens de communication. (Exemple de publicités, internet, journaux.)

 

Isabelle Ecochard

Il y une difficulté au niveau pédagogique commune pour toutes nos associations. Nous devrions faire un travail commun de pédagogie sur la théologie du corps (comment la faire passer), sur la pédagogie anthropologique, pour nos associations, pour nos préparations au mariage.

 

Père Alain Bandelier, du Foyer de charité de Combs-la-Ville

Je vois à la fois des diversités et des convergences. Quelles paroles pouvons-nous apporter dans un monde qui n’entend plus ? On ne peut communiquer sur la PFN si on ne communique pas sur la vision, sur les enjeux. Il faut partir du fond d’humanité qu’on partage avec tout le monde. Comment révéler cette vision chrétienne, biblique ? Ce n’est pas de la pub pour mon organisme.

 

Félicien Adotevi

Il faudrait plus de solidarité et d’ouverture vers les autres (ceux qui ne partagent pas nos convictions, comme ceux qui à travers le monde les partagent). Il faut faire le lien avec les autres lieux, avec les même combats, dépasser l’hexagone ! Par exemple, vous ne pouvez pas savoir le vide énorme ressenti en Afrique avec la suppression de la revue Amour et Famille… Nous passons progressivement d’un rejet, à une écoute mais sans croire que nous sommes fiable, à finalement de l’intérêt (« et si finalement ils avaient raison ? »).

 

Caroline Roux, d’Alliance pour les Droits de la Vie (ADV)

Pourquoi ne pas communiquer sur des choses audibles par nos contemporains ? Comme par exemple les personnes touchées par l’infertilité, qui font des FIV, et qui sont très demandeurs d’autre chose (aide à la conception). Il faut communiquer là-dessus, par internet notamment, sans décliner toute l’anthropologie derrière. Les personnes pourront la découvrir après.

 

Philippe Verkimpe

Il faudrait se faire inviter dans les séminaires pour participer à la formation des futurs prêtres, et dialoguer avec les jeunes prêtres.

 

Jean-Marie Andrès, des AFC

Pour être entendu, il est important de comprendre ensemble les visions péjoratives que nous dégageons. Quelles sont les demandes auxquelles on ne répond pas et pour lesquelles les couples vont chercher hors de la PFN ? Par exemple, quels sont les désirs et les libertés abimées ? Voir dans quel milieu vivent nos contemporains (exemple de la pornographie). Voir dans quelle sociologie nous vivons, pourquoi le monde réagit comme ça, pour mieux le rencontrer et lui répondre.

 

Michele Barbato, du CAMEN (Italie)

La proposition que nous avons à faire doit répondre à ce que le cœur de l’homme attend, en priorité. Nous devons être des témoins.

 

Cardinal Philippe Barbarin

Le fond anthropologique à travailler, c’est le désir et la liberté.

Est-ce qu’on connaît assez les travaux faits par l’ADV, sur le renouvellement du regard ? Ce n’est pas de la stratégie seulement, mais un véritable travail de conversion. Il faut convertir sa manière de dire, voir si on est des serviteurs de Dieu, de la Vérité. Avant la stratégie, c’est d’abord son langage qu’il faut changer. C’est souvent notre simplicité et notre audace qui sont pris en défaut : il y a de la lâcheté dans le trop de pudeur des prêtres et des autres personnes. Il faut parler au fond du cœur du sujet et de la personne, être convaincu que Dieu se sert de nous pour parler, que la parole dite le rejoindra un jour. Exemple d’une parole donnée à deux personnes homosexuelles : « Vous le faites parce que vous pensez que c’est le mieux pour vous, mais au nom du Seigneur je vous le dis, ce n’est pas le meilleur. »

Exemple d’une parole donnée par un fils à ses parents, au sujet de la cohabitation juvénile, contrairement à ce qu’ils pensaient : « Non, je ne me suis pas fait avoir… » Contre les multiples agressions, la génération matraquée et blessée peut ainsi sécréter de puissants anticorps chez certains chrétiens.

Notre foi est mise à l’épreuve.

 

Père Yannick Bonnet

Des vulgarisateurs sont nécessaires aujourd’hui tous azimuts, pour exprimer en termes accessibles les choses profondes (anthropologie, sexualité, amour). Si on parle du bonheur et du sens de la vie, ils écoutent. Il faut n’avoir aucun complexe et s’exprimer en termes simples, compréhensibles pour tout le monde.

 

Isabelle Ecochard

Les programmes CycloShow, TeenSTAR, et d’autres marchent très bien. Soyons inventifs en anthropologie.

 

Jean-Paul Perez

Un autre colloque après celui-ci est-il prévu ? La caution d’un évêque est-elle nécessaire ?

 

Jean-Marie Andrès, des AFC

Il est dangereux de dire « Les parents sont trop cons, je vais faire le travail à leur place».

 

Intervenant

Oui, les parents sont essentiels, mais le message passe jusqu’à 11-12 ans, et après il faut des relais.

 

Angela de Malherbe, de TeenSTAR

Les parents sont les premiers éducateurs. A TeenSTAR, nous ne nous accordons pas le droit de proposer notre programme d’éducation sans que les parents ne soient au courant.

 

Philippe Lafont, du Centre Billings France

Au centre Billings France, nous avons les Jeunes Témoins de la Vie Humaine (JTVH) : ce sont des jeunes qui témoignent aux jeunes.

 

René Ecochard

En Afrique cela se fait aussi.

 

Jean-Marie Andrès, des AFC

Le travail sur l’éducation à l’amour est le seul espoir pour les associations pro-vie. La PFN est la seule éducation « pro-vie » car elle donne le sens de l’amour et de la vie.

Il y a le risque d’une professionnalisation.

 

Félicien Adotevi

L’adaptation du discours à l’auditoire nécessite de l’humilité, de l’effort, et aussi le courage de dépasser nos complexes de supériorité, mais aussi d’infériorité. Il faut aussi garder ses convictions.

 

Intervenant moniteur Billings

J’expérimente la souffrance de pas avoir de succès dans l’évangélisation quand j’exerce mon activité de moniteur Billings. Notre société n’a pas du tout la mentalité de la maitrise de soi.

 

Lucia Rovelli, d’INER (Suisse)

La pédagogie doit être adaptée à l’auditoire, donc un travail personnel est nécessaire. Je voudrais parler de l’humilité de mon travail et du grand travail fait. Comme dans le livre de Job où il y a contradiction dans les traductions, il y aussi contradiction dans les méthodes. C’est pourtant une richesse de comprendre différemment. Les mots peuvent être difficiles, mais l’éducation en PFN est l’occasion d’une rencontre. Pour le bonheur, il faut suivre quelqu’un qui est pour moi un maître, un père.

 

Louis Marie Paquet, du Centre Billings France

Pourquoi le milieu « catho » est-il anti-vie ? Le Centre Billings France est perçu comme trop chrétien.

 

Jean-Paul Perez

En France on pense cela. Mais je vous garantie que ce n’est pas le cas dans d’autres pays.

 

Cardinal Philippe Barbarin

La contestation romaine a lieu dans les pays orgueilleux… (Suisse, Allemagne, France)

 

Michele Barbato, du CAMEN (Italie)

En Pologne, il y a obligation d’avoir un enseignement en PFN avec moniteur pour que le mariage à l’Eglise catholique soit autorisé. Cela donne des résultats au niveau statistique : c’est le seul pays qui a une augmentation de la PFN !!! C’est la conférence des évêques polonais qui l’impose.

 

Cardinal Philippe Barbarin

C’est certain qu’en France ce n’est pas possible. Les catholiques « tradis » canardent l’épiscopat… Pourtant maintenant les évêques s’expriment, on n’était pas habitué. On est un bateau en marche ensemble. Et les médecins catholiques français ? Ils ne parlent jamais…

On ne parle plus d’obéissance, les catholiques ont déserté le mot… C’est pourtant un terme très important. Obéir à son corps, à une parole…

 

Germaine Pommier et Axelle Rousse, du Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH)

Nous avons soif que la PFN se développe dans les milieux évangéliques. Nous attendons des propositions de partenariat.

 

Evelyne Maire

Dans les milieux protestants, moi je remarque plutôt que la PFN est une option intéressante, mais de là à se faire former… Il n’y a pas de passage à l’acte. C’est une option, une alternative à la contraception, plutôt qu’une voie extraordinaire dans le couple.

 

Marianne Goldschmidt, de l’Union Evangélique Médicale et Paramédicale

C’set un cheminement de conversion.

 

Intervenant

Et l’auditoire, on va le chercher où ?

 

Père Yannick Bonnet

Dans les lycées.

 

Béatrice Mathon, de Cana

Il faut le vivre à fond dans les lycées, mais aussi faire du travail de fond dans la vie du chrétien : les préparations au baptême, aux divers sacrements, ne pas brader les temps de préparation.

 

Félicien Adotevi

Chez nous, légalement, toutes les méthodes doivent être proposées aux couples. Il faut réinvestir la sphère publique.

Le clergé est aussi un nouvel auditoire à investir. On ne peut pas soutenir la PFN au niveau de Rome sans que les prêtres ne soient formés !

 

René Ecochard

En France, la santé est captée par les médecins.

 

Isabelle Ecochard

Il ne faut pas avoir d’attitude « commerçante », gommer son identité pour adapter son image auprès du public, essayer de plaire, faire du marketing. Cela ne marche pas. Enseignons la PFN d’abord à ceux qui souffrent de ne pas la connaître et qui l’attendent. J’ai du mal à supporter la souffrance de gens qui se demandent pourquoi ils ont mis tant de temps à connaître la PFN.

Adressons-nous à ceux qui ont une base anthropologique. Une idée serait le programme « Elle et lui », comme le parcours « alpha » pour les couples.

 

René Ecochard

Récemment, j’ai failli lancer à Lyon un Diplôme Universitaire de PFN. Tout était prêt et tout le monde d’accord. Mais au dernier moment, il y a eu un refus… J’en conclus que les portes ne s’ouvrent que si on enseigne d’abord la vision de l’homme, et pas la PFN qui est une conséquence de la vision de l’homme.

 

Jean-Marie Andrès, des AFC

Le non mariage aujourd’hui est perçu comme le choix de la liberté.

 

Père Yannick Bonnet

Attention à bien faire la distinction entre le libre arbitre, qui est l’équipement, et la liberté, qui est le résultat du bon usage de l’équipement.

 

Xavier Causse, d’Amour et Vérité (branche de l’Emmanuel)

Il faut être sans complexe sur le témoignage. Les jeunes sont marqués par les séparations conjugales et sont intéressés par le témoignage d’une vie, et sensibles aux témoignages de fidélité. C’est nouveau depuis 20 ans. Beaucoup rêvent de la fidélité avec quelqu’un qu’ils aimeraient.

 

Michele Barbato, du CAMEN (Italie)

Nous sommes au temps de la dictature du relativisme. Mais c’est aussi le temps d’une dictature (tyrannie) du plaisir. Il est difficile de savoir quel est le bon à désirer.

 

 

SYTHESE, par Monseigneur Henryk Hoser

 

Plusieurs lignes directrices et perspectives utiles sont visibles :

 

L’investissement dans la jeunesse : elle est plus réceptive, pas encore immunisée, courageuse, désorientée, privée de maîtres et de témoins.

 

Le problème de la communication :

- Il faut déceler les causes du blocage. Langage non adapté ? Il faut le purifier des calques ou de l’argot sectoriel, qui rend les gens insensibles à ce que nous disons, comme les prêches des prêtres. Nous supposons les thèmes connus. Non, ils ne le sont pas.

- Il faut y ajouter la méthode maïeutique : faire sortir des gens ce qu’ils savent déjà, et quelles sont leurs questions. Nous répondons trop à des questions non posées… Pour avoir ces questions, il faut créer le climat de confiance et de liberté.

- La pédagogie : elle doit être intelligente, adaptée. Il faut un message et des messagers témoins de ce qu’ils disent.

 

- Le monde d’aujourd’hui que nous affrontons est un défi grandissant. Nous avons tendance à perdre la compréhension du monde actuel. S’agit-il de mutations spontanées, ou orientées, dirigées ? Quelle attitude prendre : combattre ou prendre une attitude bienveillante de compréhension et de dialogue ? Maîtriser ou obéir ? Le dénominateur commun est notre rapport à la liberté. Le refus d’obéissance très développé aujourd’hui est l’adhésion à un certain type de liberté qui refuse l’obéissance. Quelle liberté et pour qui ? C’est le noyau du débat aujourd’hui. (Cf. Veritatis splendor) Il n’y a plus de critère objectif !