Mgr Henryk Hoser
S.A.C.
Bruxelles
« Pourquoi les Méthodes
Naturelles ? »
2. Comment en est-on arrivé
là ?
Ø
Nous sommes en France. Sa vie
multiple et « plurielle » nous intéresse et ne nous laisse pas
indifférents. Notre vie personnelle et familiale, notre insertion
professionnelle en dépendent.
Ø Nous sommes chrétiens : c’est notre identité. La foi éclaire nos
choix, nous guide au quotidien, oriente notre regard sur l’actualité et sur
l’évolution de la société. L’Eglise est notre famille élargie : sa voix
nous concerne.
Ø Nous tenons à la famille, fondée sur le couple et installée dans la durée.
Nous découvrons tous les jours la richesse de la complémentarité de l’homme et
de la femme, de la paternité et de la maternité, la redécouverte de l’amour
incarné.
Ø Dans cette perspective nous avons fondé nos associations, nos mouvements et
nos organismes qui se mettent au service de l’amour conjugal et/ou familial.
Ils englobent des « charismes fondateurs » de nos pères d’autrefois.
Certes, ces intuitions reflètent l’état du monde à l’époque de la fondation,
répondent aux défis d’autrefois mais elles portent aussi les marques d’esprit
intemporel et universel.
Ø Nous avons élaboré les contours de nos messages, produit des textes et des
outils pédagogiques et des parcours éducationnels. Les archives sont pleines de
nos réalisations : une sorte de patrimoine à ne pas dilapider, mais au
contraire, à valoriser dans des activités renouvelées.
Ø Les composants du phénomène humain auxquels nous sommes sensibles, ne font
pas abstraction de l’intimité de la personne, contenue dans le trinôme :
sexualité -> fertilité - > fécondité. Ainsi l’intérêt pour les méthodes
de planification familiale était et reste présent dans nos programmes d’action.
Nous informons autour de nous sur leur existence et aussi nous essayons de les
enseigner avec une conviction variable. Nous nous posons, peut être, des questions sur
l’avenir.
Ø Les mutations de plus en plus rapides et profondes de la société nous
inquiètent interpellent. Nos certitudes d’autrefois sont ébranlées. Avec les
autres nous cherchons les points de repère. Les coupures se succèdent :
entre les générations, entre les parents et les enfants, entre l’Eglise et la
société.
1.
Comment résumer le
« charisme fondateur » et des raisons d’être de mon
association/mouvement ? 2.
Quelle évolution avons-nous
subi dès le début jusqu’à nos jours ? 3.
Quelle place occupe-t-elle la
PFN dans nos activités ? -
couples en démarche de
mariage -
jeunes -
couples vivant les Méthodes
Naturelles -
couples en recherche 4.
Pour quelles raisons ? 5.
Quels sont nos projets
d’avenir ? |
ü Il y a plus de 13 millions de Françaises et de Français qui vivent seuls[1].
ü En quarante ans les divorces ont été multipliés par quatre : 30 000 en
1964, 120 000 aujourd’hui pour moins de 300 000 mariages.
ü 3,8 millions d’enfants vivent avec un seul de leurs parents dont 2,7
millions au sein d’une famille monoparentale et 1,1 million dans une famille
recomposée.
ü En vingt ans, la France a connu la plus forte chute du nombre des mariages
en Europe : -36%. Le nombre des couples non mariés a augmenté de 60% entre
1990 et 1998. Ainsi aujourd’hui 2,5 millions sur env. 14 millions de couples
vivraient en concubinage (soit 18% des couples contre 3% au début des années
soixante-dix).
ü En 2002, 47% des naissances ont lieu hors mariage (contre moins de 20% en
1985 et 6% en 1967).
ü Trois Françaises sur quatre âgées entre 20 et 44 ans utilisent une méthode
de contraception (les plus grandes utilisatrices de méthodes médicales de
contraception au niveau mondial).
ü Le nombre d’avortement (env. 200 000 par an) reste stable et élevé. 30% des
grossesses sont non prévues, 2/3 d’entre elles surviennent chez une femme
utilisant une contraception. La moitié de ces grossesses non prévues se termine
par une interruption de grossesse[2]
.
« Cette crise sans précédant mine le
corps social et revient par un effet boomerang sur le couple et la famille.
Mais n’est-ce pas d’abord, comme dans un cancer, la cellule qui n’a pas
supporté une agression extérieure entraînant tout le corps dans la
maladie ? Bien que ses causes soient multiples et interactives, la crise
de la société procède de la crise de la famille, la crise de la famille procède
de la crise du couple, la crise du couple procède de la crise de l’amour.
Mais la crise de l’amour, d’où vient-elle ? » Philippe
Oswald
La situation actuelle résulte
d’une évolution qui a pris presque tout le XX siècle. Deux phénomènes sont à
retenir :
-
la séparation de la sexualité et de la
fertilité/fécondité,
-
suivie de la négation de la masculinité et de la
féminité comme « différences fondatrices ».
v La
première s’est
installée progressivement suite à la médicalisation de la procréation. Cette
« escalade technique » (expression de F. Guy) a passé par trois étapes :
Ø Les
pratiques contraceptives non définies (« artisanaux », non
médicalisés),
Ø L’introduction
de la contraception mécanique (« méthodes ponctuelles »),
Ø La
contraception hormonale – 1955 (« méthodes systémiques »).
L’escalade technique était
assortie de celle juridique à quelques ans près.
Ø 1967 :
Loi Neuwirth qui autorise la contraception,
Ø 1974 :
Remboursement de la contraception (pilule et stérilet),
Ø 1975 :
Loi Veil sur l’interruption volontaire de la grossesse – IVG
Ø 1982 :
Remboursement de l’avortement,
Ø 1988 :
La mise autorisée sur le marché de la pilule abortive RU 486,
Ø 1994 :
Loi bioéthique autorisant la procréation médicalement assistée,
Ø 1999 :
Loi relative au Pacs,
Ø 2000 :
La vente libre dans les pharmacies de la « pilule du lendemain »
Ø 2003 :
L’autorisation de l’utilisation « thérapeutique » de l’embryon.
Ø 2004 :Remboursement
de l’avortement médicamenteux
v La
deuxième,
la négation de la différentiation sexuelle homme/femme comme donné
anthropologique fondamentale, génère la culture homosexuelle. Ce phénomène est
nouveau même si l’homosexualité comme telle a toujours fonctionné en marge de
la société, sans pour autant trouver sa légitimation[3].
De nouvelles lois sont en
préparation :
Ø Loi
contre l’homophobie, qui musellerait toute critique fondamentale,
Ø Loi
sur l’homoparentalité - adoption des enfants par des
homosexuels,
Ø Loi sur le
mariage homosexuel [4]
– l’égalisation avec le mariage hétérosexuel.
On ne connaît ni le terme de cette
dynamique ni l’étendu de la transgression possible.
Ø Ces deux
processus : médical et juridique enracinent la « mentalité
contraceptive » et aussi ses corollaires : ils contribuent à
l’éclosion de la « culture de la mort ».
1.
Comment mon organisme/mouvement a-t-il vécu cette
mutation de la société et de la culture ?
2. Avons nous
changé des stratégies ? Déplacé des accents ? Modifié des
programmes ?
3. Connaissons-nous
l’enjeu des transformations imposées ou acceptées ?
4. Quels sont
ces enjeux ?
Ø L’Eglise, dans
son expression officielle, (Magistère) suit attentivement l’évolution de la
société dans tous ce qui touche à la vie humaine (« principe de
l’humanité »).
Ø Sa méthode
est toujours la-même : il ne s’agit pas de
décréter la loi positive au grès des décisions arbitraires, ce qui est permis,
ce qui est interdit. Il s’agit de trouver des conclusions pratiques, résultat
d’une analyse de la vérité profonde (physique et méta-physique)
de la personne : homme et femme.
Ø Son attitude
est constante : un éventuel refus est
toujours accompagné d’une solution alternative, d une proposition, d’un projet
de vie, d’un idéal.
Ø
Casti Connubii – Pie XI – 1930.
Cette encyclique, entièrement consacrée au mariage et à la famille, réagie à un
fait nouveau : la contestation de l’institution familiale et l’apparition
de la contraception dans sa version « ponctuelle ». L’auteur parle de
l’artifice des hommes qui prive l’acte conjugal de sa puissance
naturelle de procréer la vie et qui offense la loi de Dieu et la loi
naturelle.(CC 40). C’est un refus des pratiques stérilisantes.
En même temps l’encyclique reconnaît le problème de la planification
familiale et confirme que la vie sexuelle du couple ne se limite pas à la
procréation : Il ne faut pas non plus accuser d’actes contre la nature
les époux qui usent de leur droit suivant la saine et naturelle raison, si,
pour des causes naturelles, du (…) à des circonstances temporaires, (…) une
nouvelle vie n’en peut pas sortir (CC 42).
§
Dans des mêmes années, deux chercheurs :
Ogino et Knaus, ont situé les phases infertiles du
cycle féminin.
§ Cette
découverte permet d’élaborer la méthode de calendrier.
§ Création des
Equipes N-D – 1939.
Ø Pie XII – 1951
Dans son célèbre discours aux sages femmes le Pape confirme la position de son
prédécesseur. Les méthodes naturelles sont appropriées et la fonction unitive
des rapports conjugaux soulignée.
§ Les méthodes
naturelles deviennent symptomatiques : la méthode de température est
utilisée à grande échelle.
§ Lancement de
la pilule contraceptive – Pincus 1955.
Ø
Humanae Vitae – Paul VI – 1968 ( !).
Le Conseil Vat. II a laissé la décision concernant le problème de la
régulation des naissances à la compétence du Magistère pontifical. Les
circonstances de la prise de cette décision sont bien connues. La réponse vient
comme un événement significatif, appelé plus tard « le séisme » de
HV.
§ Phrases
clés :
ü Cette
doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien
indissoluble que l’homme ne peut rompre de son initiative entre les deux
significativement de l’acte conjugal : union et procréation.
ü Parlant des
méthodes naturelles (PFN) et de la contraception : En réalité, il
existe entre les deux cas une différence essentielle : dans le premier
cas, les conjoints usent légitimement d’une disposition naturelle ; dans
l’autre cas, ils empêchent le déroulement des processus naturels.
ü L’intelligence
découvre, dans le pouvoir de donner la vie, des lois biologiques qui font
partie de la personne humaine.
ü Il faut
nécessairement reconnaître des limites infranchissables au pouvoir de
l’homme sur son corps et sur ses fonctions, qu’il soit simple particulier
ou revêtu d’autorité, n’a le droit d’enfreindre.
ü Et ces
limites ne peuvent être déterminées que par le respect qui est dû à
l’intégrité de l’organisme humain et de ses fonctions.
§ Focus :
ü
L’auteur de HV applique le principe de totalité exposé auparavant par
le Pape Pie XII : totalité de la
personne, totalité de la nature spécifique humaine, totalité organique et
fonctionnelle de l’organisme humain.
ü
La sexualité/fertilité devrait être intégrée dans
cette réalité complexe mais cohérente.
ü
Son exercice n’est pas arbitraire ni extrait du
contexte de vie et de bien d’autrui.
§ Réception.
ü
Au lendemain de Mai 68, l’encyclique a reçu
un très mauvais accueil : la contestation est de toute part.
ü Les mass-médias ont déjà anticipé la certitude : l’Eglise
accepte la contraception sous sa forme moderne (systémique). C’est donc un
tollé général, un refus catégorique du contraire.
ü L’industrie
pharmaceutique
craint la perte d’un marché juteux : c’est elle en outre qui finance la
presse médicale.
ü Au sein
de l’Eglise
règne la méfiance et la contestation. Paul VI affronte le scepticisme et
l’opposition d’une grande partie du clergé et de l’épiscopat.
ü La
pratique pastorale évacue la référence au Magistère de l’Eglise. Les thèmes
relatifs la sexualité, fertilité et fécondité disparaissent de la prédication,
de la catéchèse et de la préparation au mariage : une affaire des médecins
– répète-on.
ü Le Père
Henri Caffarel, qui soutenait la position
prise par Paul VI, abandonne la direction des Equipes Notre-Dame en 1973. Il se
retire à Troussures où il fonde une école de prière.
o
Cependant, les organismes/associations/mouvement
qui se sont spécialisés dans la pédagogie de PFN (CLER, Amour et Vérité,
autres…) «tiennent le cap » dans une conjoncture extrêmement défavorable.
o
Techniquement, les méthodes sympto-thermiques
arrivent à leur perfectionnement. Elles sont fiables, elles peuvent être très
efficaces (pratiquées correctement), satisfaisant des utilisateurs.
o
Les programmes d’enseignement et de
formation en PFN affichent la maturité dans beaucoup de pays. Ils éprouvent des
difficultés financières importantes.
Ø Théologie
du corps – Jean-Paul II, 1978 – 2004.
Au début de son pontificat le Pape hérite, dans le
domaine de la famille, d’une situation critique et dépressive.
La PFN est l’objet d’un
ostracisme. A leur propos, les pensées semblent anesthésiées. Tout se passe
comme si le silence autour d’elles était le résultat d’une injonction ; en
parler, les proposer, n’est pas politiquement, voire même scientifiquement
correcte . Le débat sur le sujet est toujours passionné, parfois agressif.
D’où naissent toutes ces
idées délétères ? Comment sont elles alimentées, quand les défenseurs de
la planification naturelle se terrent dans un trous de souris ? Quel drôle
de combat où David est si petit qu’on en peut le voir. On est en droit de
s’interroger sur les motivations de Goliath à continuer le combat avec un
adversaire si peu visible et si peu et si peu offensif pur lui. Que craint
Goliath ?
L’hypothèse est que la
vision de l’Homme que la PFN véhicule est l’objet principal du rejet. Isabelle Ecochard
Coauteur de la Constitution conciliaire Gaudium et Spes et de l’encyclique Humanae
Vitae, Jean-Paul II entame une longue (quatre ans) catéchèse « du
mercredi » sur l’anthropologie de l’amour humain : « une
bombe à retardement théologique » dira plus tard l’américain George
Weigel. Ce pontificat, un des plus long de l’histoire, constitue un
développement inédit de la vision complète et très approfondie de l’homme et de
la femme. La théologie du corps digne de ce mot, est née[5].
o En
bref :
§ En réaction
à la mutation profonde et radicale de la société (« une brèche
anthropologique ») l’Eglise propose, bien au-delà de ses fidèles, une
vision universelle de l’homme, un être charnel et spirituel, capable d’aimer.
§ L’amour
englobe tous les composants de la personne dans son unité, son unicité et son
intégralité.
§ La
sexualité/fécondité atteint le niveau véritablement humain lorsqu’elle
communique l’un à l’autre, sans diminution ni altération, un don réciproque de soi-même.
§ La transcendance
n’est pas absente d’un tel amour qui tend à s’installer dans la durée.
§ La sexualité
et la fertilité/fécondité se dénaturent, une fois isolées de la totalité de la
personne humaine.
§ Les méthodes
naturelles supposent une telle anthropologie.
1.
Comment présentez-vous la proposition de l’Eglise
catholique sur la régulation des naissances ?
2. Quels outils
utilisez-vous ?
3. Quels
publics touchez-vous ?
4. Pourriez
vous formuler les doutes qui s’installent dans votre association concernant l’enseignement
moral de l’Eglise sur la PFN ?
La paternité et la maternité responsables : nouveaux aspects aujourd’hui
CITE DU VATICAN, Mardi
30 novembre 2004 (ZENIT.org) –
"La paternité et la maternité responsables expriment concrètement
l'aboutissement d'une mission qui revêt de nouveaux aspects de nos jours",
a déclaré le cardinal Alfonso López
Trujillo, président du Conseil pontifical pour la Famille.
Le cardinal est
intervenu ce matin à Doha - sur le thème de "La complémentarité de l'homme
et de la femme. Reconnaître les talents de la mère et du père" - dans le
cadre de la Conférence internationale sur la Famille, qui s'achevait ce soir.
Le Vatican Information Service publie ce compte-rendu de l’intervention du
cardinal Trujillo
"Dans toute culture et dans toute religion une vérité est présente, la
famille fondée sur le mariage, le seul espace approprié à l'amour
conjugal", où "il y a une donation totale et réciproque des époux... L'enfant
est le don le plus précieux de Dieu, fruit de cette donation, et les parents,
par leurs caractères spécifiques, sont associés à Dieu, qui est la source de la
vie... Dans la procréation, le rapport du toi et du moi devient le nous,
c'est-à-dire une famille".
"De nos jours
-a-t-il ajouté- une idéologie hostile à la famille se diffuse dans nombre de
parlements... Et de fait, ces dernières années, la complémentarité homme femme
et le dépassement d'une certaine opposition des sexes a curieusement été niée.
Les abus issus d'une culture de domination machiste...ne valent rien aux yeux
d'un féminisme exacerbé qui considère mariage et famille un esclavage, la
maternité et la paternité une charge insupportable et qui fait peur".
Le cardinal a ensuite
dit qu'il faut "s'opposer au polymorphisme sexuel", rappelant que
"la reconnaissance des unions de fait, qui sont une fiction légale,
propose l'union homosexuelle en alternative au mariage, et invente des mariages
nouveaux inacceptables allant jusqu'à l'adoption. Ce sont là de graves signes
de déshumanisation... Dire ceci n'est pas discriminatoire, mais c'est protéger
les époux et leurs enfants".
"Les époux
coopèrent avec le Créateur dans l'amour", a-t-il ajouté, et c'est pourquoi
"la paternité et la maternité responsables expriment concrètement
l'aboutissement d'une mission qui revêt de nouveaux aspects de nos jours... Le
rôle de la mère et celui du père sont complémentaires et indissociables car ils
permettent des relations inter-personnelles
privilégiées entre parents et enfants".
"La maternité - a
poursuivi le Cardinal - est étroitement liée à la structure personnelle de
l'être et à la dimension personnelle du don de la vie. L'apport de la mère est
décisif pour établir les bases d'une personnalité nouvelle... La fonction du
père, souvent négligée, est fondamentale pour la formation des enfants et les
décisions clef à prendre pour leur avenir... Leur influence réciproque se
manifeste dans la complémentarité entre le rôle maternel et le rôle paternel
dans l'éducation".
"La famille est
une société naturelle antérieure à l'état, à toute organisation politique ou
ordre juridique. C'est pourquoi l'identité familiale fondée sur le mariage doit
être reconnue légalement".
"On s'inquiète de
la grave dévaluation de la place de la maternité dans notre société. Or la
maternité c'est... la vie au service d'une vocation de la plus haute importance
pour les personnes, le foyer et la société toute entière... Les véritables
politiques familiales doivent s'en souvenir". Puis le Cardinal López Trujillo a souligné "la nécessité d'une majeure
sensibilisation au rôle du père dans l'éducation familiale".
"La protection de
la famille par l'état -a-t-il conclu- coïncide avec les intérêts de l'une comme
de l'autre. C'est le premier lieu de formation du capital humain sous tous ses
aspects, la première ressource pour former une personne éduquée et responsable,
la preuve d'une mission bien accomplie. C'est ce qu'expose Jean-Paul II dans
l'Encyclique Centesimus Annus.
La famille est la structure première et fondamentale de l'écologie humaine, là
où l'être reçoit les premiers éléments de vérité et de bonté".
v Il y a presque 40 ans, le CLER a lancé une discussion sur les aspects
anthropologiques de la planification familiale (1966). L’auteur d’un excellent
essai, le P. Stanislas de Lestapis, avait distingué
deux types d’anthropologie du sujet :
Ø Anthropologie A. Elle prône la modération en fonction de ce qu’est chaque
couple : éviter les excès, aussi éviter de chercher le plaisir comme une
fin en soi. Il n’y a pas d’inconvénient, pour la liberté du couple, à
interférer « intelligemment » avec les fonctions physiologiques, pour
obtenir la « protection » désirée. Le choix des moyens compte
peu : c’est l’intention qui compte. En ce qui concerne le contrôle des
naissances, l’on se refuse tout d’abord à faire une distinction entre les
moyens (chasteté, périodes stériles de la femme, coitus
interuptus, moyens chimiques ou mécaniques), l’on
tient généralement que le problème est celui de la décision et non de moyens (Jacques
Ellul). Cette anthropologique traduit plutôt la position du milieu protestant.
Ø Anthropologie B. Elle soutient que dans la personne humaine telle que le
Créateur l’a réalisée, c’est l’ordre supérieur qui explique la constitution de
l’ordre inférieur et non pas l’inverse. Le couple humain, dans le nombre des
maternités qu’il décide « d’avoir » se tient pour lié par la nature
de la sexualité qui lui permet ou non d’être fécond. Comme moyen, les méthodes
naturelles s’imposent. Anthropologie B exprime surtout la pensée du milieu
catholique.
v Cette réflexion fondamentale a laissé place à la « querelle de
méthodes » : MAO # contraception, MST # MOB (MST = méthode sympto
thermique, MOB = Méthode d’ovulation Billings)et
autres. Il s’agissait d’une période de perfectionnement des méthodes
symptomatiques, de leur codification, efficacité, applicabilité etc. Vers les
années quatre-vingt les méthodes naturelles sont parvenues à leur
optimalisation : correctement codifiées, efficaces, et satisfaisantes (I.
Ecochard). Le perfectionnement technique et l’application correcte des méthodes
ont éclipsé et parfois obnubilé la motivation et leurs raisons d’être. Le débat
anthropologique a déserté la scène. Les partisans et les promoteurs des MAO se
sont sentis de plus en plus marginalisés. A présent ils trouvent un nouveau
souffle.
v L’expérience aidant, force est de constater que la pratique de méthodes de
régulation de naissance n’est pas limitée aux seuls aspects physiologiques. Ces
pratiques génèrent des conséquences qui touchent à la psychologie et à la
spiritualité des utilisateurs et finalement, modèlent l’ambiance, le climat et
la dynamique de l’amour humain. Elles ont des retombés sociales qui vont
parfois très loin. L’anthropologie et la réflexion fondamentale reviennent
en force.
L’anthropologie
signifie ici ensemble de requêtes fondamentales impliquées par la nature de la
personne humaine, et susceptibles de servir d’axe de références, pour juger du plus
ou moins grand degré de normalité, c’est-à-dire de vérité et, d’authenticité,
des conduites librement adoptées par un être humain. « Conception de
l’Homme », « Principe de l’humanité » sont des notions
apparentées.
v Nous partageons la conviction exprimée par la constatation suivante et
ultime :
A la lumière de
l’expérience de tant de couples et des données des diverses sciences humaines,
la réflexion théologique peut saisir – et elle est appelée à l’approfondir – la
différence anthropologique et en même temps morale existant entre la
contraception et le recours aux rythmes périodiques : il s’agir d’une
différence beaucoup plus importante et plus profonde qu’on ne le pense
habituellement et qui, en dernière analyse, implique deux conceptions de la
personne et de la sexualité humaine irréductibles l’une à l’autre. Familiaris Consortio n° 32.
[1] Selon l’INSEE « en l’espace de trente
ans, la proportion de personnes vivant seules a doublé » (juillet 2001)
[2] enquête Cocon 2004 : 2800 femmes depuis l’an 2000.
[3] « Si l’homosexualité
a non seulement droit de cité mais égalité des droits avec l’hétérosexualité,
cela veut dire que cette dernière, sous la forme du mariage et de la filiation
qu’elle induit, ne saurait prétendre à aucune forme de normativité. Y prétendrait-elle,
qu’elle serait dénoncée comme insupportable. Et c’est bien ce qui se passe
concrètement.” - Gérard Leclerc -
[4] déjà en place aux Pays Bas et en Belgique.
[5] A consulter. Cette liste est donnée à titre indicatif!
Aline LIZOTTE, Le don des époux, Signe de l’Amour invisible, Editions du Serviteur.
Yves SEMEN, La sexualité selon Jean-Paul II, Presses de la Renaissance.
Autres documents : qui appartiennent au « corpus » de cet enseignement
novateur :
1) Familiaris Consortio, l’exhortation apostolique post synodale du
1981 ;
2) Orientations éducatives sur l’amour humain. Traité d’éducation sexuelle,
Sacrée Congrégation pour l’Education catholique, 1983 ;
3) La dignité de la femme et sa vocation, lettre apostolique de
Jean-Paul II, 1988 ;
4) Lettre aux familles du Pape Jean-Paul II du 1994 ;
5) Vérité et signification de la sexualité humaine, Conseil Pontifical
pour la Famille, 1995 ;