RELATION DE VOYAGE

Participation à la VII ème Assemblée Plénière  de l’ ACERAC

( Association des Conférences Episcopales de la Région de l’Afrique Centrale)

N’Djamena (Tchad) – 17 -26 Janvier 2005

 

Thème : Les jeunes dans la Société et dans l’Eglise

 

 

17 Janvier- 23H30 Décollage Roissy, terminal II F rénové, compagnie Air France.

 

18       4H30 Atterrissage à N’Djamena, accueilli à l’aéroport et conduit à Bakara, centre

d’accueil Béthel face au Grand Séminaire où se déroule l’Assemblée, commencée depuis Dimanche..

             Premier contacts dans l’après-midi

 

19      L’assemblée compte 70 participants dont 50 évêques plus 20

     « assimilés » (sic), j’y suis inscrit au titre d’Aide à Eglise en

     Détresse (partout « AED », sur la porte de ma chambre etc..) et il me

faut rectifier : je ne viens pas pour parler d’AED mais de la

            Prévention du SIDA chez les jeunes, mêmes si je suis invité

grâce à l’entremise d’AED ! Je m’apprivoise à ce groupe sympathique qui vient des 6 pays de la « Sous–Région » : Cameroun, Congo (Brazzaville) , Gabon, Tchad, Centrafrique, Guinée Equatoriale.

 

20  Ma causerie a lieu ce matin. Le secrétaire général me donne  « 15 minutes » !

Heureusement les évêques me posent des questions et me disent de ne pas tenir compte du temps imparti. Mon intervention sur  « L’Education pour la Vie dans le contexte du SIDA » va durer une heure et demie. Elle est suivie de 2 interviews à la Radio Nationale et à celle de l’Opposition : « Radio Liberté ». Suivent surtout de nombreuses conversations de couloir durant les jours qui suivent, avec les évêques qui montrent beaucoup d’intérêt. : On projette des sessions locales dans plusieurs pays : affaire à suivre.

 

21    Je fais mes comptes : j’ai vendu tous mes livrets ! J’ai aussi fait connaissance d’un délégué de MISEREOR, Mr Mönikes (responsable du département Afrique) qui s’étonne que MISEREOR ne m’ait encore jamais aidé…et me donne des noms de personnes à contacter en son  nom. Après tout Aix la Chapelle est à deux pas de Paris ! Il les préviendra de ma venue…Ce midi je contacte aussi Mme Jennifer Nazaire du CRS ( Catholic Relief  Services, USA ) après un déjeuner diplomatique avec le groupe. J’en profite pour lui rappeler que son homologue à Baltimore Matthew Hanley n’a pas répondu à mes emails. Elle m’autorise à mentionner notre conversation pour lui rappeler ma surprise. Il m’avait écouté « avec sympathie » l’an dernier à Pretoria.

 

22  Ce matin, une chance ! Les évêques, ennuyés  qu’on m’ait accordé si peu de temps avant-hier et surtout que les jeunes, représentants des 6 pays de la sous région n’aient pas été présents à mon intervention, me donnent toute la matinée pour parler à ces jeunes. Je passe avec eux 3 heures complètes, expliquant l’Education pour la Vie et répondant à leurs interrogations. Ils sont intéressés mais leur âge (autour de 25 ans) est déjà un peu élevé pour qu’ils se lancent personnellement dans des choix radicaux .l’un ou l’autre me contactera pourtant dans la suite.

Cet après-midi réception à la Présidence du Tchad. C’est curieusement ici que  l’Assemblée est officiellement déclarée close par le Premier Ministre Tchadien (musulman) ; je garde en tous cas une belle impression de ce groupes d’évêques

 

Africains et Européens vivant une convivialité toute fraternelle dans une grande simplicité de rapports avec prêtres et laïcs.

 

23  Dimanche : Liturgie Eucharistique festive à la Paroisse de Chagoua, en ville.  La

Cérémonie se tient à l’extérieur de l’église, on estimera la foule à 50 000 personnes, elles sont soit assises sous les acacias, soit debout. Une chorégraphie processionnelle d’introduction  de la Bible portée sur la tête dans un couffin est d’une beauté à vous couper le souffle. Une homélie originale marquée au coin de la belle intelligence du  Cardinal Tumi. Célébration de 3 heures sans longueurs et  la température autour de 25° est très agréable.

Puis repas de clôture dans un « grand » restaurant. : grand  par la dimension plus que par la cuisine : avec mes doigts gourds, n’ayant ni cuiller ni fourchette je m’acharne  sur un conglomérat d’os et de ligaments qui prétendent au statut de viande tandis que je découvre une fois encore que carnivore, sans doute, je ne suis pas pour autant carnassier. Le ballet en soft- érotico- touristique dont le vacarme  ne nous laissera pas une minute de repos, ne me facilite pas la tâche. Heureusement il y a la conversation joviale avec les Soeurs Libanaise assises à la même table Et puis, bah ! C’est la fête !

 Et le soir mon appétit prendra sa revanche dans une gargote de quartier avec une bonne platée de riz et un morceau de capitaine pêché dans le Chari.

Car ce soir je suis transféré au Centre d’accueil de Kabalaye en ville, maison  tenue par des Religieuses Japonaises : j’admire leur capacité d’adaptation.

 

24  Repos en ville, heureux de compter  2 « commandes fermes » de sessions d’Education pour la Vie dans la région, l’une début Septembre à Port Gentil (Gabon) et l’autre- ou les autres- en Janvier prochain à Pala et peut-être Moundou (Tchad), toutes négociées avec les Ordinaires des lieux et aussi Alain un jeune de Moundou et Dominique, jeune prêtre en charge des jeunes du même diocèse.

 

25  Changement de perspective : c’est la journée PFN (Mme Judith Batakao) et ATD Quart Monde

Mme Batakao vient me prendre à 11H à Kabalaye avec un taxi « ami ».Commence  alors un vrai parcours du combattant. C’est d’abord le CNLS (Comité National de Lutte contre le SIDA) du Tchad. Partout :  « ma soeur une telle», « mon frère untel » : elle le dira de toutes les personnes de sa connaissance. Réception amicale et conversation très sympathique.

Puis l’Ambassade de France où je salue le Consul, lui dit deux mots de l’ACERAC et en profite pour lui présenter Judith :  « une femme dynamique » - « C’est de celles-là que nous avons besoin au Tchad ! » affirme-t-il, péremptoire  «Je vous mettrai en rapport avec mon collègue en charge de la santé et du SIDA ? Mr J-P  A… » Judith est ravie, et prend note !

Succède la visite à ses Pasteurs de l’Association des Eglises Evangéliques : un brin de causette et de prière ensemble, ils nous montrent les locaux où Judith tient ses réunions.

De là nous passons au siège de l’action gouvernementale auprès des jeunes, partie du Ministère de la Culture, la Jeunesse et les Sports, le jeune en charge qui nous reçoit  appartient à la même Eglise que Judith. A travers tout cela je découvre l’immense réseau d’amis de la famille Batakao. Dans toutes ces visites nous sommes accompagnés d ’associés de Judith dans le PFN (Mme Delachance, au visage rayonnant, et un jeune) Apparemment tous appartiennent à la même Eglise mais Judith est aussi très à l’aise avec les Catholiques,  évêques ou laïcs, comme avec son chauffeur de taxi, musulman qui nous laisse de temps en temps pour aller faire sa prière  dans un coin de rue ou sur un trottoir. Partout cette vague d’affection et de bonté qui ne se dément avec personne, surtout pas quand, revenus  chez elle, elle reçoit un coup  de téléphone de son « bien-aimé » Mr Batakao, Docteur à l’OMS absent depuis 3 semaines, perdu près d’Abéché à 900 Kms dans les camps de réfugiés du Darfour  où il travaille. Une fois encore au vu de ces personnes je ne peux qu’être impressionné de la qualité d’attention mutuelle et d’affection vécue par les couples qui pratiquent la PFN.

 

Il est 15H : son fils Michael et la benjamine des enfants Nathalie ont préparé le repas. Temps de mettre au point l’entrée nous mangeons vers 16H en self-service un repas élégamment préparé et très appétissant.

 

Mais ma mission au Tchad n’est pas terminée car je recherche une personne pour le compte d’ATD-Quart Monde, elle appartient au Forum Permanent d’ATD mais ne donne plus de nouvelles. Par chance Mme Delachance la connaît. On repart, fi de la sieste aujourd’hui ! On finit par dénicher cette personne chez elle, ancienne Présidente du Comité des Droits de l’Homme pour le Tchad , conversation très intéressante sur le pays, la déception de la population du Tchad qui pensait profiter de l’argent du pétrole qui coule à flot mais n’en voit rien venir.

 

20H Un dernier effort, je reprend mes bagages à Kabalaye, repas  frugal chez les Batakao et direction l’aéroport. Mission remplie !

 

26  00H10 Nous décollons. A 6H10 nous atterrissons dans le froid de Roissy, un frère est là qui m’attend : super et merci !

 

Georges Marie LOIRE